Les enseignants français lancent une grève d’un jour contre la politique sanitaire de Macron

Aujourd’hui les enseignants français lancent une grève d’un jour contre le gouvernement d’Emmanuel Macron et son protocole sanitaire dans les écoles. Les inspecteurs des écoles et les infirmières rejoignent le mouvement, sur fond de colère et d’inquiétude grandissante face à l’envolée du variant Omicron en Europe.

Cette grève fait partie d’une mobilisation internationale de travailleurs et de jeunes contre la subordination des vies et de la santé au profit par les gouvernements capitalistes. La semaine dernière, alors que la grève se préparait en France, les profs à Chicago ont voté contre un retour en présentiel, vote que les syndicats et l’administration locale tentent d’invalider. Des manifestations et des pétitions circulent contre l’éducation en présentiel pendant la vague d’Omicron à New York, à San Francisco, à Boston et au-delà.

Des parents, enseignants et élèves du lycée Eugène Delacroix manifestent devant l'hôpital Avicenne avec des banderoles sur lesquelles on peut lire 'COVID à l'école égale parents hospitalisés' ,à gauche, ou 'Classes surchargées, égale hôpital saturé', à droite, lundi 29 mars 2021 à Bobigny, au nord de Paris. (AP Photo/Michel Euler)

La crise des écoles françaises résume le désastre provoqué à l’international alors que les écoles continuent en présentiel sans véritables mesures de sécurité, et 7 millions de personnes s’infectent au Covid chaque semaine en Europe. La semaine dernière, selon les derniers chiffres, 3,2 pour cent des élèves et collégiens et 4,7 pour cent des lycéens en France étaient positifs au virus. Avec Omicron, ces taux d’incidence doublent au moins une fois par semaine. Aujourd’hui, plus de 5,6 pour cent des Français ont le virus.

Le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer n’a même pas voulu informer les personnels des protocoles sanitaires pour la rentrée le 3 janvier. Il a dévoilé un premier protocole aux médias le 2, moins de 24 heures avant la rentrée des classes. Dévoilés chaotiquement, modifiés constamment, et visant à garder les classes ouvertes alors que les cas de Covid-19 explosent, les protocoles sont un véritable désastre.

75 pour cent des enseignants se préparent à suivre la grève. Ce soutien de masse reflète d’amères expériences que les travailleurs ont vécues dans presque tous les pays pendant la pandémie, alors que le gouvernement imposait la réouverture d’écoles et de lieux de travail non-sécurisés, ce qui a coûté plus de 123.000 vies en France et 1,5 millions en Europe.

Une enseignante a dit au WSWS: «On a des élèves qui ont perdu leurs parents ou grand-parents et qui pensent que c’est eux qui sont responsables … c’est dans nos bras qu’ils pleurent ou craquent! Ça compte! On vit des trucs moches!»

«Je suis en colère, très en colère», a-t-elle dit pour dénoncer des protocoles et des tests imposés par Blanquer: «Ça change tous les 3 jours, du jour au lendemain suite aux déclarations dans la presse. C'est insupportable pour les personnels qui sommes face aux parents le lendemain sans confirmation officielle! Visiblement, le gouvernement a abandonné l'idée de protéger les écoles du Covid.»

Une autre enseignante a parlé au WSWS de ses craintes pour des générations d’enfants touchés par les Covid Longs: «Je suis dépitée parce que les données sur les adultes ou les enfants, même s’ils sont encore mal connus, montrent que le virus est persistant et entraîne des effets négatifs à long terme. … Je suis très en colère qu’on laisse filer le virus sans limite dans les écoles, sans savoir ce que toutes ces générations subiront en termes de conséquences sanitaires».

L’éruption de colère a finalement forcé les syndicats français à autoriser une grève. Les même syndicats ont lâché des enseignants en grève contre un retour dangereux en présentiel en novembre 2020, attaqués par les forces de l’ordre envoyées par Macron.

Le syndicaliste Stéphane Crochet a dit à France Info: «Il y a un ras-le-bol de tous les enseignants: de la maternelle au lycée. On a des collègues en pleurs qui passent leurs soirées à envoyer des messages aux familles pour leur faire comprendre la nouvelle procédure … Sur le terrain, la tension est extrêmement forte. On n'a jamais vu ce niveau d'exaspération et d'épuisement.»

Une confrontation de classe se prépare entre les enseignants et le gouvernement. Alors que la France affiche quotidiennement des infections record, avec 368.149 cas hier, Macron fait signe qu’il entend ne rien lâcher sur des politiques d’infection de masse adoptées à travers l’Union européenne, aux États-Unis, et à l’international.

Le premier ministre Jean Castex, qui a dit le mois passé qu’il miserait sur le tout-vaccinal contre le virus, se vante du fait que la France serait «le pays qui a le plus gardé ses écoles ouvertes». Il a insisté que les classes ne fermeront pas si on y découvre des cas positifs, car «sinon toutes les écoles de France et de Navarre seraient fermées», et ajouté: «On ne ferme ni les écoles ni le pays.»

Blanquer, qui a imposé le gel des salaires sous Macron, ne masque pas son mépris pour les enseignants qui s’opposent à sa stratégie d’utiliser les écoles comme des garderies pour que l’État puisse forces les parents d’élève à aller faire des profits pour les banques. Exigeant «l’unité de la Nation autour de ses écoles», il les a taxés d’un manque de patriotisme: «on ne fait pas une grève contre un virus».

Les enseignants doivent mener une lutte politique sans merci contre Macron; leurs alliés naturels sont les travailleurs qui entrent en lutte autour du monde contre des politiques d’infection massive.

Des grèves des écoles et des manifestations montent aux USA, et à travers l’Europe des partisans d’écoles sécurisées comme Lisa Diaz au Royaume-Uni subissent les dénonciations des médias pour s’être opposés à l’envoi d’enfants dans des écoles dangereuses. Et une colère explosive monte dans les usines et autres lieux de travail autour du monde contre la politique officielle d’infection menée sur bientôt deux ans de la pandémie en Europe.

Pour lutter politiquement contre Macron, les enseignants doivent ôter le contrôle des luttes aux appareils syndicaux. Ayant évité d’agir pendant les deux années de la pandémie, ces appareils ont longtemps organisé puis vendu des grèves d’un jour afin d’arriver à des compromis avec divers gouvernements français et européens.

La pandémie de Covid-19 a démontré plus clairement que jamais qu’il n’y a rien à négocier avec Macron. De telles négociations ont déjà sabordé les retraites, la sécurité de l’emploi et les salaires et conventions collectives des cheminots – le tout dans l’intérêt des banques. A présent, ce ne sont pas juste les niveaux de vie, mais les vies et la santé de centaines de milliers voire de millions de personnes autour du monde qui sont en jeu.

En novembre, avant l’émergence d’Omicron, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a projeté que le Covid-19 ferait 500.000 victimes en Europe avant avril 2022. A présent, chaque semaine, 1.500 personnes en France, 20.000 en Europe et 46.000 dans le monde meurent de Covid. Mardi, l’OMS a averti que la moitié de l’Europe attrapera le variant Omicron en deux mois, à partir des protocoles actuels, débordant les hôpitaux et une escalade des morts. Mais Paris et les autres gouvernements européens ont réagi non pas en restreignant mais en relâchant les protocoles.

Contre des gouvernements capables de mesures si monstrueuses, il faut forger un puissant mouvement international dans la classe ouvrière pour écraser la résistance de l’élite dirigeante à une politique scientifique dans l’intérêt des masses de la population laborieuse.

Pour aller de l’avant, il faut construire des comités de base internationalement, indépendants des syndicats, pour coordonner grèves et actions pour imposer une politique sanitaire scientifique et mondialement coordonnée pour stopper la pandémie et éliminer la transmission du virus. Ils peuvent aussi lutter contre la propagande néofasciste contre la vaccination et les mesures sanitaires, et éduquer travailleurs et jeunes sur comment stopper la pandémie. Ceci nécessite un confinement, la fin de l’enseignement en présentiel et une politique de Zéro Covid.

Le Parti de l’égalité socialiste en appelle aux enseignants, aux jeunes et aux travailleurs qui voudraient bâtir de tels comités dans leurs pays et stopper la pandémie, à contacter le World Socialist Web Site et lutter pour construire l’Alliance ouvrière mondiale des comités de base.

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