Opposition de masse au retour en classe en présentiel ce lundi en Ontario et au Québec

Les gouvernements provinciaux de l’Ontario, du Québec, du Manitoba et de la Nouvelle-Écosse veulent forcer des millions d’enfants, d’enseignants et de membres du personnel de soutien à se rendre dans les salles de classe le 17 janvier, avant même que le pic de la cinquième vague de la pandémie, provoquée par Omicron, ne soit atteint. Le World Socialist Web Site exhorte les éducateurs et tous les travailleurs à résister à cette décision meurtrière, qui entraînera des centaines de milliers d’infections et des milliers d’hospitalisations et de décès supplémentaires. Ils doivent préparer des débrayages et des grèves de masse pour fermer les écoles à l’apprentissage en personne dans le cadre d’une stratégie mondiale visant à éliminer la COVID-19.

La réouverture imminente des écoles dans les provinces les plus peuplées du Canada, l’Ontario et le Québec, fait suite à la décision des gouvernements du Nouveau Parti démocratique de la Colombie-Britannique et du Parti conservateur uni de l’Alberta de reprendre l’enseignement en classe lundi dernier.

La réouverture des écoles dans l’Ouest canadien a déjà déclenché une forte résistance de la part des éducateurs. Quatre enseignants de l’école primaire Armstrong, près de Vernon, en Colombie-Britannique, ont déposé des plaintes pour travail dangereux la semaine dernière, invoquant de mauvaises conditions de classe et un approvisionnement insuffisant en masques, ce qui a obligé l’école à fermer pendant deux jours. Le taux d’absentéisme des enseignants en Colombie-Britannique ont fortement augmenté cette semaine, sans doute en raison de la combinaison de l’augmentation des infections à la COVID et de l’opposition à la réouverture inconsidérée des écoles.

En Alberta, le Conseil de l’éducation de Calgary a signalé une pénurie de 681 enseignants, dont 208 n’étaient toujours pas pourvus le premier jour de classe. À Edmonton, 454 enseignants et 252 assistants pédagogiques étaient absents le premier jour. Si bon nombre de ces absences sont sans aucun doute liées aux infections de COVID-19, de nombreux autres éducateurs refusent de se rendre au travail.

La colère des parents et des travailleurs de l’éducation a atteint son point d’ébullition en réponse à la justification purement propatronale du renvoi des enfants dans des classes surpeuplées et mal ventilées, propices à la propagation du virus. Le mépris total des gouvernements pour les enfants, les travailleurs de l’éducation et leurs familles a touché une corde sensible au sein de la classe ouvrière, qui passe rapidement à la lutte ouverte contre ces politiques d’immunité collective.

Comme l’a écrit un utilisateur de Twitter, Mat Wright (@matpVI), de Nanaimo, en Colombie-Britannique: «Ce n’est pas de la santé publique, c’est de la mort publique. Faites mieux... DBH [le médecin en chef de la Colombie-Britannique, la Dre Bonnie Henry] fait en sorte que des générations souffriront de la COVID longue.»

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Avec la bénédiction et les encouragements du gouvernement libéral fédéral dirigé par Justin Trudeau, les provinces sont déterminées à garder les écoles ouvertes au milieu d’un tsunami d’infections sans précédent et d’un nombre croissant d’hospitalisations et de décès, afin que les parents soient libérés de leurs responsabilités en matière de garde d’enfants et puissent aller travailler et ainsi produire des profits pour les entreprises canadiennes. Les représentants du gouvernement et les responsables de la santé publique affirment de plus en plus ouvertement que l’infection massive est un bienfait car elle produira une «immunité collective». En réalité, le fait de permettre au virus de se répandre aussi rapidement a conduit le système de santé au point d’effondrement, obligeant les hôpitaux à rationner les soins au détriment de la santé et de la vie des patients, tout en créant des conditions parfaites pour que le virus mute, produisant potentiellement des variants encore plus virulents.

La seule conclusion que l’on puisse tirer de l’examen des règles de réouverture des écoles est que les gouvernements provinciaux de Toronto et de Québec veulent que le plus grand nombre possible d’éducateurs et d’élèves soient infectés. Le gouvernement de l’Ontario a annoncé au début du mois qu’il ne recueillera ni ne signalera plus de cas parmi les élèves et le personnel. Les autorités du Québec réduisent également l’enregistrement des cas, et on ne sait pas encore si elles continueront à déclarer publiquement les cas dans les écoles. Les parents de l’Ontario et du Québec ne seront plus informés des épidémies survenant dans les classes de leurs enfants. Si une infection est enregistrée dans une école, les élèves de la même classe ne seront plus envoyés en quarantaine. Selon le gouvernement de l’Ontario, les autorités de santé publique ont déclaré qu’une notification ne sera envoyée aux parents que si plus de 30 % du personnel ou des élèves sont absents.

Une note de service du ministère de l’Éducation de l’Ontario aux conseils scolaires déclare cyniquement qu’en cas de «taux élevé d’absentéisme prévu» parmi le personnel, les écoles pourraient «combiner les classes et assigner les élèves à des classes différentes pour assurer la supervision.» En d’autres termes, le ministère ordonne aux écoles de créer des événements de type «super-propagateur» en augmentant la taille des classes, déjà importante, de 25 ou 30 élèves à 40, 50 ou 60 dans des salles mal aérées.

Au Québec, où le gouvernement admet qu’un «très grand» nombre de membres du personnel scolaire seront touchés par la COVID-19, on ordonne aux écoles d’élaborer des plans d’urgence pour faire venir des parents n’ayant absolument aucune formation d’enseignant «pour surveiller» les classes. Cette proposition à elle seule démasque totalement le caractère mensonger des affirmations de l’élite dirigeante selon lesquelles les écoles doivent rester ouvertes à l’apprentissage en personne pour le bien de l’éducation et de la santé mentale des enfants. La terrible vérité, c’est que l’establishment politique et les médias bourgeois considèrent les écoles comme des entrepôts où les élèves sont «supervisés» par quiconque peut «garder un œil» sur eux pendant que leurs parents produisent des profits au service des grandes entreprises.

Le gouvernement de la Coalition Avenir Québec refuse également de fournir des masques N95 aux enseignants et justifie cette décision par l’affirmation mensongère que les masques chirurgicaux sont tout aussi efficaces. Les enseignants peuvent également se voir ordonner de diriger deux classes à la fois avec l’appui d’un parent en cas de pénurie de personnel.

Ce programme meurtrier de guerre des classes menace d’une catastrophe sanitaire bien pire que tout ce qui a été vu depuis le début de la pandémie. Si la classe dirigeante arrive à ses fins, les hospitalisations et les décès pédiatriques augmenteront en flèche, et d’innombrables enfants souffriront des effets encore mal compris de la COVID longue.

Il a été démontré que les cas de COVID-19 causés par le variant Omicron provoquent des maladies plus graves chez les enfants. En raison de la lenteur du gouvernement fédéral à approuver la vaccination des enfants, la majorité des enfants canadiens ne sont pas vaccinés ou n’ont reçu qu’une seule dose du vaccin, ce qui les rend plus vulnérables à la maladie.

Avant même la réouverture des écoles, la situation en Ontario et au Québec est désastreuse.

En Ontario, le nombre d’hospitalisations et d’admissions dans les unités de soins intensifs s’élève respectivement à 3814 et 527, soit un bond considérable par rapport à la semaine précédente. Les mêmes chiffres pour le Québec sont de 3085 et 275. L’Ontario a enregistré 46 décès le 12 janvier, et le Québec 62 décès le 11 janvier, deux sommets pour la vague actuelle qui s’approchent des pics des vagues précédentes, alors qu’une proportion beaucoup plus faible de la population était vaccinée.

Rejetant tous les appels à l’apprentissage à distance, les syndicats ont répondu aux plans de réouverture homicides en se plaignant de ne pas avoir été impliqués dans la rédaction des règles de maintien des écoles ouvertes. Dans le même temps, ils indiquent clairement qu’ils ne feront absolument rien pour mobiliser leurs membres afin de protéger leur santé et leur vie même. Cette attitude est conforme au rôle des syndicats tout au long de la pandémie, qui a consisté à être le fer de lance de la campagne de retour à l’école menée par l’élite dirigeante et à saboter toute opposition à l’apprentissage dangereux en personne par les éducateurs et les travailleurs. Une fois de plus, ils s’efforcent d’imposer le retour à l’école, même si cela signifie l’infection, les effets handicapants de la COVID longue et la mort pour beaucoup de leurs membres.

En Alberta, trois syndicats du secteur public, dont l’Alberta Teachers’ Association, ont publié cette semaine une lettre ouverte à l’intention de Jason Kenney, le premier ministre du Parti conservateur uni, un parti très à droite, le suppliant d’imposer ce qu’ils appellent des mesures «coupe-circuit». Ces mesures n’ont rien à voir avec le confinement nécessaire pour stopper la propagation du virus. Les syndicats excluent explicitement la fermeture des écoles, affirmant que les enfants ne devraient être renvoyés chez eux pour un apprentissage à distance qu’en «dernier recours», si tout le reste échoue. Les secteurs de la fabrication et de l’extraction des ressources ont également été exemptés, malgré les nombreuses épidémies. Comme on pouvait s’y attendre, le gouvernement Kenney a immédiatement rejeté cet appel d’un revers de la main.

La classe ouvrière du monde entier entre dans une confrontation ouverte avec les gouvernements pourvoyeurs de maladies et de morts en masse et leurs laquais syndicaux.

Le débrayage de milliers d’enseignants de Chicago, indignés d’être envoyés en classe alors que le variant Omicron battait des records quotidiens d’infection, a entraîné la fermeture des écoles pendant plusieurs jours jusqu’à ce que le syndicat des enseignants de Chicago négocie un accord misérable avec la mairie démocrate qui a renvoyé les enseignants au travail avant même qu’ils aient eu la possibilité de voter.

Dans l’ensemble des États-Unis, les travailleurs de l’éducation et les étudiants ont organisé des débrayages et des arrêts maladie pour montrer qu’ils ne se laisseront pas mener comme du bétail à l’abattoir au nom des profits des sociétés. Une grève nationale d’une journée des enseignants en France, jeudi, était animée du même sentiment.

Les éducateurs de l’Ontario, du Québec et de tout le Canada doivent se joindre à ce mouvement et chercher à en faire le fer de lance d’une mobilisation beaucoup plus large de la classe ouvrière. Ce que les deux premières années de la pandémie ont démontré, c’est que la lutte contre le virus est une lutte politique: une lutte contre les grandes entreprises et leurs mercenaires politiques qui, dans la poursuite de leurs propres intérêts économiques et géopolitiques égoïstes, cherchent à tout prix à bloquer les mesures scientifiques nécessaires pour sauver des vies.

Des débrayages et des grèves de masse doivent être préparés pour fermer toutes les écoles à l’apprentissage en personne, dans le cadre d’une stratégie COVID Zéro qui inclut l’arrêt de toute production non essentielle, combinée au paiement des pleins salaires à tous les travailleurs, et un programme complet de mesures de santé publique pour éradiquer la transmission du virus et soigner les malades.

Nous exhortons tous les enseignants qui souhaitent lutter pour ce programme à contacter le Comité de sécurité pancanadien du personnel scolaire de la base à l’adresse cersc.csppb@gmail.com et à assister à sa prochaine réunion publique le dimanche 23 janvier à 13h, heure de l’Est.

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