Les scientifiques espagnols s’opposent à la demande du PSOE-Podemos de traiter le COVID-19 comme la grippe

Une opposition croissante des scientifiques se développe à l'égard du gouvernement du Parti socialiste (PSOE) - Podemos qui accepte ouvertement les infections et les décès massifs dus au COVID-19 et appelle à traiter le COVID-19 comme une «maladie endémique» comme la grippe saisonnière. Ceci alors que les cas de COVID-19 en Espagne atteignent des niveaux records et que les décès augmentent rapidement.

Lundi dernier, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a été le premier dirigeant européen à demander à l’Union européenne (UE) de débattre de la possibilité de traiter le COVID-19 comme une maladie endémique comme la grippe. Il a déclaré sur la radio Cadena SER: «La situation n’est plus celle que nous avons connue il y a un an. Je pense que nous devons considérer l’évolution du COVID vers une maladie endémique, comparé à la pandémie à laquelle nous avons été confrontés jusqu’à présent».

Des personnes portant des masques faciaux pour se protéger de la propagation du coronavirus marchent dans une rue commerciale du centre-ville de Madrid, en Espagne, samedi 5 juin 2021. (AP Photo/Manu Fernandez)

Plus tard dans la semaine, la ministre de la Santé Carolina Darias a proposé de modifier les protocoles de surveillance du COVID-19 en Espagne pour les aligner sur le système utilisé pour surveiller la grippe. Elle a déclaré: «Nous devons passer d’une vigilance de type urgence à une vigilance de meilleure qualité et compatible avec d’autres phénomènes respiratoires». Elle a ajouté: «L’Espagne veut mener ce débat» au sein de l’UE et au niveau international.

L’appel à rendre le COVID-19 endémique n’a rien à voir avec la science. Une endémie signifie la présence constante et la prévalence d’une maladie au sein d’une population dans une zone donnée.

Aux États-Unis, le gouvernement fédéral n’exigera plus des hôpitaux qu’ils communiquent le nombre de personnes qui meurent chaque jour de COVID-19. Dans l’UE, l’Espagne prend l’initiative de limiter les rapports sur la COVID-19, avec la volonté politique de dissimuler les infections et les décès massifs. Les scientifiques ont tiré la sonnette d’alarme.

Lorenzo Armenteros, porte-parole de la Société espagnole des médecins généralistes et de famille, a déclaré à El Confidencial que cette politique vise à «minimiser la situation et à faire l’autruche». Il a insisté sur le fait que pour traiter le COVID-19 de cette manière, il faudrait qu’il s’agisse d’une «maladie stable, sans mutations possibles ou très peu, avec un faible degré d’infection et une option thérapeutique pour pouvoir traiter certains cas avec des médicaments.» La politique du gouvernement PSOE — Podemos, a-t-il ajouté, est «plus proche de la dissimulation de données qui peuvent être établies ou provoquer une alarme parce qu’elle évoque une situation devenue incontrôlable».

De même, l’épidémiologiste Vicente Martín, de la Société espagnole des médecins de soins primaires (Semergen), a déclaré que traiter le COVID comme la «grippe» est «précipité». Il a déclaré: «Devons-nous considérer que 200 décès quotidiens sont normaux? Quel est le nombre de décès qui doit être compris comme acceptable?» Il a critiqué le fait de «précipiter ou banaliser la COVID en disant que c’est comme la grippe, car ce n’est pas le cas».

Martín a insisté pour que l’on soit plus exigeant dans la lutte contre la grippe, qui provoque également 15.000 décès par an. Plutôt que de «rendre la COVID comme la grippe», il a appelé à «rendre la grippe comme la COVID» et à ce que 99,9 pour cent des professionnels de santé soient vaccinés contre cette maladie, comme cela se fait contre le COVID-19.

L’épidémiologiste et ancien fonctionnaire de l’OMS Daniel López Acuña a déclaré à RTVE.es: «nous n’allons pas cesser d’avoir le problème parce que nous arrêtons de compter». Il a poursuivi: «L’erreur est de penser que le problème n’existe plus en ne comptant pas les infections, ou en réduisant le nombre de jours d’isolement, ou en établissant des quarantaines dans les écoles de cinq enfants au lieu de garder ce que nous avions.... Le problème continue d’être là, et il faut s’y attaquer.» Il a ajouté: «Si nous cessons d’agir, nous aurons davantage de contagions.»

Acuña a également fait référence à la récente politique du gouvernement PSOE-Podemos consistant à laisser le virus se propager rapidement dans la population. En moins de deux semaines, le gouvernement a annoncé qu’il pourrait cesser d’enregistrer les données relatives aux infections, a réduit la période de confinement de 10 à 7 jours, a décidé de ne mettre en quarantaine les élèves des salles de classe que lorsque cinq cas sont détectés et a réduit son programme de recherche des contacts.

Fait significatif, selon El País, on a déjà expérimenté secrètement le nouveau système de surveillance sur le modèle de la grippe dans cinq régions et neuf hôpitaux. Il est en préparation depuis l’été 2020, peu de temps après que le PSOE-Podemos ait levé les mesures strictes de confinement qu’il avait du mettre en œuvre. Ceci après qu’une vague de grèves sauvages dans les secteurs de l’automobile, de l’industrie manufacturière et de l’emballage de la viande, principalement en Europe du Sud et en Amérique du Nord, ait forcé les gouvernements à imposer des confinements stricts au printemps 2020. Cette politique n'a finalement pas été mise en œuvre, apparemment sur la base de calculs selon lesquels il était prématuré d'appliquer cette stratégie.

Le variant Omicron, hautement contagieux, a cependant fait exploser les espoirs des élites dirigeantes de faire face au COVID-19 par une stratégie uniquement vaccinale. Elles se sont tournées vers une politique d’immunité délibérée via une infection de masse.

Le PSOE et le parti de pseudo-gauche Podemos prévoient d'assouplir les restrictions sanitaires alors même que la variante Omicron bat tous les records en Espagne depuis le début de la pandémie en février 2020. Une personne sur 33 en Espagne - 3 % de la population - a été testée positive au COVID-19 au cours des deux dernières semaines. Mercredi, l'Espagne a battu son record du plus grand nombre d'infections au COVID, avec 180 000 nouveaux cas. Au cours des trois dernières semaines, on a enregistré plus de 1 700 décès dus au COVID.

Près de 8 millions de personnes (soit 17 pour cent de la population espagnole) ont été infectées. Il s’agit toutefois d’une sous-estimation, car les tests médicaux se sont effondrés et de nombreuses personnes utilisant des kits d’autodiagnostic ne confirment pas leurs résultats positifs aux autorités sanitaires.

La propagation rapide du virus entraîne une pression croissante sur les hôpitaux. Plus de 17.000 patients atteints de COVID-19 sont actuellement sous traitement, dont 2.228 dans des unités de soins intensifs (USI). Dans 26 provinces, les patients atteints de COVID-19 occupent plus de 25 pour cent des lits de soins intensifs.

Au milieu de cette catastrophe sanitaire et des efforts du gouvernement pour dissimuler le taux réel d’infection et de décès, le principal débat qui a dominé l’actualité a été une campagne contre l’impact des fermes industrielles sur le bien-être des animaux, après qu’on a publié des remarques du ministre stalinien de la consommation, Alberto Garzón, dans The Guardian fin décembre. Le traitement des porcs et des vaches a dominé l’actualité, plutôt que la politique sanitaire criminelle des classes dirigeantes qui menace de tuer des millions de personnes.

L’appel du PSOE-Podemos à rendre le virus endémique est l’équivalent espagnol de la phrase tristement célèbre du Premier ministre britannique Boris Johnson: «Plus de putains de confinements! Laissez les corps s’empiler par milliers»! Cela signifie laisser le virus se répandre largement au sein de la population pour privilégier les profits aux vies, même si cela signifie des millions d’infections et de décès. Cette politique a déjà entraîné la mort de plus de 115.000 personnes en Espagne, et de plus de 1,5 million dans toute l’Europe.

La décision de Podemos de soutenir cette politique criminelle le rend complice de la mort de masse et fait écho au président fasciste du Brésil, Jair Bolsonaro, qui a minimisé le virus comme étant «une simple petite grippe».

C’est aussi une mise en accusation des affiliés de Podemos à l’international, tel que Bernie Sanders aux États-Unis, Jean-Luc Mélenchon en France, ou Syriza en Grèce. Il est impossible de lutter contre la pandémie en élisant ces forces de pseudo gauche au pouvoir. En Allemagne, le Parti de gauche impose les mêmes politiques mortifères au niveau régional.

Pour la classe ouvrière, il n’y a pas de stratégie électorale pour lutter contre le COVID-19. Seule une stratégie d’élimination peut contribuer à endiguer les nouvelles pertes de vies humaines, ce qui nécessite un tournant international vers la lutte des classes. Seul un mouvement de masse conscient de la classe ouvrière espagnole, européenne et mondiale dirigé contre la bourgeoisie et ses politiques d’infection massive peut mettre fin à la pandémie et sauver des vies.

(Article paru d’abord en anglais le 17 janvier 2022)

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