Modi s'engage à défendre les profits de l'oligarchie financière alors que le tsunami Omicron ravage l'Inde

Alors qu’un tsunami de cas de COVID-19 se répand dans toute l’Inde, le Premier ministre Narendra Modi a une fois de plus promis à l’oligarchie financière qu’aucun confinement national ne viendra interrompre le flux de profits de l’oligarchie financière. Toutes les industries et entreprises doivent continuer à fonctionner, obligeant les travailleurs à être sur leurs postes malgré la situation dangereuse de la pandémie.

Le 13 janvier, Modi a présidé une «réunion de haut niveau» sur la pandémie avec les ministres en chef des États afin de «passer en revue l’état de préparation de la santé publique pour la COVID-19 et les progrès de la vaccination», selon le site Internet officiel du Premier ministre indien. L’«examen» de Modi n’avait toutefois pas pour but de souligner le danger que représente le variant Omicron, hautement infectieux, qui est actuellement à l’origine d’une augmentation exponentielle des infections par coronavirus.

Le Premier ministre indien, Narendra Modi, s’exprimant à Houston en 2019. (AP Photo/Michael Wyke)

En fait, Modi, dans ses remarques lors de la réunion, a une fois de plus clairement indiqué que la politique de son gouvernement, comme celle de nombreux autres gouvernements capitalistes dans le monde, est de permettre au coronavirus d’infecter littéralement chaque Indien. Notant que le variant Omicron «infecte les masses beaucoup plus rapidement que les variants précédents», il a déclaré sans ambages: «Nous devons veiller à ce qu’il n’y ait pas de panique».

Les remarques de Modi ne visaient pas à prévenir la panique, mais à empêcher toute action qui vise à stopper les infections de masse. Le Bharatiya Janatha Party (BJP), le parti suprématiste hindou de Modi au pouvoir, organisait des rassemblements électoraux très importants dans cinq États où le scrutin est imminent. Parmi eux se trouvait l’Uttar Pradesh, jusqu’à ce que la commission électorale du pays impose finalement une interdiction des rassemblements au début de l’année.

D’autres événements publics au cours desquels des milliers de personnes se rassemblent se déroulent également. L’un de ces événements de grande envergure est la foire religieuse annuelle de 47 jours «Magh Mela-2022», où des dizaines de milliers de dévots hindous se baignent dans trois rivières à Prayagraj, dans l’Uttar Pradesh contrôlé par le BJP, l’État le plus peuplé de l’Inde avec plus de 200 millions d’habitants.

Lorsqu’il s’agit de parler des intérêts lucratifs de l’oligarchie financière, en revanche, Modi s’est montré très ferme. «En concevant toute stratégie» sur la COVID-19, il a insisté que «nous devons garder à l’esprit qu’il doit y avoir un minimum de dommages aux moyens de subsistance des gens du peuple et aux activités économiques, et que le dynamisme de l’économie doit être préservé».

Étant donné que les politiques de Modi ont fait basculer des centaines de millions de personnes dans l’extrême pauvreté au cours de la pandémie, sa référence aux «gens du peuple» est totalement mensongère. Son message ne s’adresse pas aux travailleurs indiens, mais aux aristocrates financiers qui ont augmenté leur richesse personnelle de dizaines de milliards de dollars pendant la pandémie. Au milieu d’un déferlement exponentiel de cas d’Omicron, la parole de Modi n’a qu’un seul sens: quelle que soit la catastrophe qui va se produire, «le dynamisme de l’économie», c’est-à-dire la surexploitation des travailleurs, «doit être préservé».

Pour justifier cette politique pro-business au milieu de l’afflux massif de cas de COVID-19, il a proposé de «se concentrer davantage sur le confinement local» plutôt que sur un verrouillage national, et sur «l’isolement à domicile» plutôt que sur la recherche stricte des contacts, les tests de masse et d’autres politiques clés de santé publique.

Modi et ceux qui conçoivent ses politiques savent bien que même ces mesures limitées ne sont pas efficaces dans un pays aussi vaste que l’Inde. La plupart des Indiens vivent dans de petits immeubles, des bidonvilles surpeuplés et de petites huttes dans des condition d’hygiène déplorables, sans eau potable. Tout en appelant à l’isolement à domicile des patients atteints du COVID-19, il n’a pas dit un mot sur l’aide financière ou alimentaire à apporter aux personnes infectées et à leurs familles. Il n’a pas dit non plus un mot sur l’aide aux dépenses médicales pour ceux qui ont besoin de soins.

Son appel à «se concentrer davantage sur le confinement local» ne marque pas seulement l’abandon d’un programme coordonné au niveau national, même limité, pour lutter contre la pandémie.

Le jour même où Modi a fait ces remarques, l’Inde a enregistré plus de 247.000 cas quotidiens en 24 heures, soit une augmentation de 27 pour cent par rapport au décompte de la veille. Le même jour, on a confirmé 380 nouveaux décès, ce qui porte le bilan officiel, largement sous-estimé, à 485.035 personnes. Au 19 janvier, six jours après le discours de Modi, le nombre total d’infections atteignait 33,2 millions de cas, et le nombre de cas actifs approchait les 2 millions.

En réalité, des études scientifiques ont montré que le nombre réel de décès en Inde est dix fois plus élevé, entre 3 et 5 millions de morts.

En outre, les experts émettent de sérieux doutes sur les chiffres officiels des cas et des tests de COVID-19. Le 15 janvier, un Reportage de NDTV a montré que les tests quotidiens en Inde n’ont pas suivi la vitesse à laquelle les cas ont augmenté en décembre, ce qui indique une sous-déclaration considérable des cas de COVID-19. «Les cas ont augmenté de 265 pour cent, mais les tests n’ont augmenté que de 4 pour cent». En ce qui concerne le taux de positivité, qui est actuellement de 19,65 pour cent et ne cesse d’augmenter, NDTV a conclu: «Cela montre que de plus en plus de tests s’avèrent positifs».

Pourtant, ni Modi ni l’élite dirigeante indienne dans son ensemble ne considèrent la situation comme suffisamment alarmante pour appuyer sur le bouton d’alerte.

Ignorant les innombrables rapports montrant qu’une politique de vaccination seule ne peut pas combattre la COVID-19 et en particulier les variants hautement infectieux et résistants aux vaccins comme Omicron, Modi, dans ses remarques aux ministres en chef, a déclaré que «la vaccination est l’arme la plus efficace pour lutter contre le coronavirus».

Au cours des réunions, Modi s’est vanté des chiffres de l’Inde en matière de vaccination. Cependant, même dans ce domaine, il dissimule des chiffres cruciaux. Sur les 940 millions d’adultes de plus de 18 ans en Inde éligible à la vaccination, 640 millions ont reçu au moins une dose, laissant 300 millions d’adultes à risque d’infection.

Même si le gouvernement Modi a annoncé la vaccination de la tranche d’âge 15-18 ans à partir du 3 janvier, NewsClick écrit: «Elle progresse à un rythme lent, comme d’habitude». Pendant ce temps, alors que les écoles et les collèges rouvrent leurs portes, la population des moins de 18 ans est de plus en plus infectée. Pendant ce temps, contrairement à de nombreux autres pays, l’Inde ne fournit pas de troisième dose de rappel à la population. Bien que Modi ait récemment promis des rappels à 30 millions de travailleurs de la santé et d’autres travailleurs de première ligne, même cette promesse est «scandaleusement tardive», rapporte le site d’information.

Pour faire croire que son gouvernement se préoccupe de la pandémie, Modi a déclaré: «Nous devons continuer à développer nos infrastructures médicales et notre personnel et mettre l’accent sur les connaissances scientifiques dans le domaine de l'information». L’expérience amère de ces deux dernières années raconte une tout autre histoire.

Même après les expériences désastreuses de la pandémie, l’allocation budgétaire de l’Inde pour les soins de santé s’élevait à 1,8 pour cent de son PIB, soit l’un des plus bas niveaux de tous les gouvernements du monde. Malgré les discours creux sur «développer nos infrastructures médicales et notre personnel», des milliers de travailleurs de première ligne, y compris des employés de la santé, sont descendus dans la rue à plusieurs reprises avec de nombreuses revendications, notamment des salaires décents.

Modi et l’élite dirigeante indienne ont laissé le peuple dans l’ignorance de la dégradation de la situation. Les médias font déjà état d’une augmentation du nombre de cas d’hospitalisation. Après la mort d’au moins 1.700 médecins en Inde pendant la pandémie de COVID-19, des milliers de travailleurs de la santé tombent malades dans les hôpitaux de Delhi, de Mumbai et de l’État du Maharashtra. Cette situation contraint un certain nombre d’hôpitaux à cesser de traiter les patients non-COVID atteints de maladies non transmissibles critiques comme le diabète chronique.

Malgré toutes les références de Modi à «mettre l’accent sur les connaissances scientifiques dans le domaine de l'information», il a, dès le début de la pandémie, encouragé les superstitions, invoquant l’énergie cosmique pour chasser le virus SRAS-CoV-2 en exhortant le public à battre des gongs et à souffler dans des conques à des heures propices. Deux ans plus tard, les scientifiques s’inquiètent de l’absence de données scientifiques appropriées sur tous les aspects du COVID-19, notamment les infections, les décès et l’efficacité des vaccins.

Modi is notorious for these types of public stunts aimed at gaining petty popularity, like printing his image on vaccine certificates. However, history will record that the Indian ruling elite’s pandemic policy was a horrific failure, driven entirely by the profit interests of Indian and international capital.

Modi est connu pour ce type de coups d’éclat publics et les mesures mesquines visant à accroitre sa popularité, comme l’impression de son portrait sur les certificats de vaccination. Cependant, l’histoire retiendra que la politique de l’élite dirigeante indienne en matière de pandémie a été un échec cuisant, entièrement motivé par les intérêts lucratifs du capital indien et international.

(Article paru d’abord en anglais le 19 janvier 2022)

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