Le gouvernement Johnson lance une campagne belliciste de mensonges et de menaces contre la Russie

Le Royaume-Uni fait office de chien d’attaque pour le gouvernement Biden en justifiant un conflit militaire avec la Russie. Sa dernière provocation était une tentative transparente de fournir un casus belli, en accusant Moscou d’une escalade vers la guerre provoquée par les États-Unis.

Samedi soir, le Foreign Office a publié un communiqué de presse, signé par la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, qui affirmait que le gouvernement de Vladimir Poutine « cherche à installer un dirigeant prorusse à Kiev alors qu’il envisage d’envahir et d’occuper l’Ukraine.  »

Samedi soir, le Foreign Office britannique a publiéun communiquéde presse, signépar la ministre des Affaires étrangères Liz Truss, affirmant que le gouvernement de Vladimir Poutine « cherche àinstaller un dirigeant prorusse à Kiev alors qu’il envisage d’envahir et d’occuper l’Ukraine  .»(capture d’écran: Foreign, Commonwealth & Development Office)

On a cité l’ancien député ukrainien Yevhen Murayev comme «  un candidat potentiel  »en affirmant qu’il a des liens avec les services de renseignement russes, tout comme Serhiy Arbuzov, ancien vice-Premier ministre puis Premier ministre par intérim de l’Ukraine, Andriy Kluyev, autre vice-premier ministre et chef de cabinet de l’ancien président Viktor Yanukovich, Vladimir Sivkovich, ancien chef adjoint du Conseil de sécurité nationale et de défense ukrainien, et Mykola Azarov, ancien premier ministre.

La plupart des personnes citées résident en Russie, ce qui, selon l’Observer britannique fait que « leurs liens avec les dirigeants russes relèvent moins du subterfuge que du domaine public  ». Murayev, président putatif de l’Ukraine, a déclaré au journal : « Je suis interdit de séjour en Russie. Non seulement cela, mais l’argent de la société de mon père a été confisqué.  »

L’histoire a prouvé que tout ce qui émane du gouvernement et des services de sécurité britanniques concernant le risque de guerre et les responsables doit être considéré comme un tissu de mensonges.

En 2002-2003, le gouvernement travailliste de Tony Blair a fourni ses services au gouvernement Bush pour préparer la guerre contre l’Irak. En mars 2002, Blair a rencontré Bush à Crawford, au Texas, après avoir promis qu’il soutiendrait la guerre contre l’Irak et, selon le secrétaire d’État, Colin Powell, «proposerait des idées  »sur la manière de « présenter publiquement et de manière crédible les menaces que l’Irak fait peser sur la paix internationale  », et « gère des appels pour une bénédiction [du Conseil de sécurité[des Nations unies] qui est susceptible d’accroître notre soutien dans la région et auprès du public britannique et européen.  »

Le MI5 et le MI6, avec le soutien de la CIA, ont ensuite rassemblé des preuves qu’ils savaient fausses pour faire avancer des objectifs de guerre déjà décidés —le dossier de septembre 2002 qui affirme que l’Irak possédait des armes de destruction massive et le «dossier douteux» de février 2003, en grande partie plagié d’une thèse d’un étudiant diplômé.

Une fois de plus, un mensonge monstrueux est élaboré pour justifier un acte de violence impérialiste aux conséquences potentiellement inimaginables. La même alliance répugnante est en jeu, le Royaume-Uni cherchant à renforcer l’affirmation du gouvernement Biden, le 20  janvier, selon laquelle les services de renseignement russes recrutaient des fonctionnaires ukrainiens, anciens et actuels, pour prendre le pouvoir après une invasion.

L’impérialisme britannique a toujours cherché à capitaliser sur sa relation avec les États-Unis afin de projeter ses propres intérêts au niveau mondial. Cette politique criminelle a pris une importance encore plus grande après le Brexit, comme moyen de contrer le déclin de la position mondiale de la Grande-Bretagne et de relever le défi de ses rivaux européens.

Aujourd’hui, le gouvernement conservateur du Premier ministre Boris Johnson, érinthé par une crise économique qui fait rage, largement détesté pour sa politique meurtrière d’immunité collective et désireux de mettre fin à toutes les mesures qui visent à ne serait-ce qu’améliorer la pandémie, s’empare d’une volonté de guerre comme moyen de se sauver. L’objectif n’est pas de renforcer une lutte prétendument «  défensive  »de l’Ukraine, mais de créer les conditions d’une offensive anti-russe agressive des puissances de l’OTAN.

Pour que cela soit clair, le communiqué de presse du Foreign Office était accompagné d’un autre qui présente Johnson comme luttant pour établir une nouvelle version de la « coalition des volontaires  » de Blair, cette fois une alliance anti-russe.

Il était centré sur les critiques de la France et de l’Allemagne, ainsi que sur la vantardise de la plus grande détermination de la Grande-Bretagne à affronter la Russie. Il présentait Johnson comme le défenseur d’une OTAN unifiée. Le communiqué de presse a attaqué la suggestion du président français Emmanuel Macron d’une réponse indépendante à la crise ukrainienne par un pilier de défense européenne plus fort comme une forme d’apaisement. « Ces derniers jours, le Premier ministre a clairement indiqué à ses homologues que ce n’était pas le moment, face à la spirale d’agressions à la frontière, d’entamer une conversation sur l’autonomie stratégique de l’Europe  », peut-on lire. On note également l’opposition déclarée de Johnson au gazoduc Nord Stream 2 transportant du gaz russe vers l’Allemagne, qu’il considère comme «  un problème stratégique majeur pour la sécurité européenne  ».

«La théâtralité du moment choisi et les circonstances rocambolesques de la divulgation des renseignements, qui est intervenue au milieu d’un scandale politique qui ébranle le pays, ont soulevé une question plus cynique  », a écrit le New York Times. «  À savoir : certains membres du gouvernement britannique sont-ils simplement désireux de détourner l’attention des problèmes qui menacent de faire tomber le Premier ministre Boris Johnson […] Certains législateurs conservateurs avertissent que la Grande-Bretagne ne peut pas se permettre une bataille désordonnée au sommet du pouvoir à un moment comme celui-ci. Un discours dur sur la Russie plaît également àla droite conservatrice, et les critiques disent que certains responsables ambitieux profitent des tensions.  »

Parmi ces responsables ambitieux, le président conservateur de la commission parlementaire de la défense des Communes, Tobias Ellwood, a déclaré à la BBC : « Il ne s’agit pas seulement de l’Ukraine, il s’agit de Poutine qui veut absolument établir une sphère d’influence bien au-delà de l’Ukraine elle-même […] L’OTAN doit se donner un nouvel objectif  ». Le secrétaire à la Défense Ben Wallace a écrit dans le Times que l’« agression  »russe en Ukraine se trouvait motivée par «  l’ethno nationalisme au cœur de ses ambitions […] et non par l’homme de paille qu’est l’empiètement de l’OTAN.  »

Tous les efforts visant à présenter la Russie comme l’agresseur sont réfutés par une note de recherche officielle du gouvernement britannique, intitulée Military Assistance to Ukraine, publiée le 18 janvier.

Ce document fait état de l’extension majeure des relations militaires avec Kiev par le Royaume-Uni, les États-Unis et l’OTAN, en commençant par l’opération Orbital en 2015, lorsque le Royaume-Uni a commencé à former l’armée ukrainienne, et englobant maintenant une « coopération renforcée en matière de défense  », un mémorandum d’intention sur le développement des capacités navales de l’Ukraine et le déblocage d’un financement massif de 1,7  milliard de livres sterling.

Des navires de la Royal Navy ont été régulièrement déployés dans la région de la mer Noire « pour mener des exercices d’entraînement conjoints avec la marine ukrainienne, le plus récemment à l’été 2021 dans le cadre de l’exercice Cossack Mace et de l’exercice annuel “Sea Breeze”de l’OTAN  » —ce qui a conduit en juin 2021 à une altercation entre le HMS Defender et des avions russes.

La Grande-Bretagne dirige déjà un groupement tactique de 1200 hommes en Estonie, impliquant 830  soldats britanniques, aux côtés de 300 soldats français, et compte 140 soldats britanniques en Pologne dans le cadre de la mission de présence avancée renforcée de l’OTAN.

Les largesses de la Grande-Bretagne font toutefois pâle figure face aux 2,6 milliards de dollars fournis par Washington entre 1990 et 2000 ; et environ 5 milliards de dollars pendant la campagne orchestrée par les États-Unis pour installer un gouvernement anti-russe en 2014 qui a précipité l’annexion défensive par la Russie de la Crimée ; une région portuaire stratégique pour le contrôle de la Mer noire. L’OTAN a en outre intensifié sa coopération maritime avec l’Ukraine et la Géorgie, dans le cadre d’une longue liste d’exercices, dont l’exercice « Joint Endeavour  »en 2020, avec des troupes britanniques, américaines et canadiennes.

Il s’agit d’une politique d’encerclement de la Russie, axée sur l’élargissement de l’adhésion à l’OTAN et le stationnement de forces et d’équipements militaires directement aux frontières de la Russie ou à distance de frappe.

La semaine dernière, le Royaume-Uni a envoyé 30  soldats supplémentaires du régiment des Rangers en Ukraine et a livré 2000  lance-missiles antichars. Plus généralement, le Royaume-Uni envisage d’envoyer des centaines de soldats supplémentaires chez les voisins de l’Ukraine membres de l’OTAN afin d’avoir un effet « dissuasif  »sur la Russie, selon des sources de défense. D’autres États membres de l’OTAN envisagent des mesures similaires, a déclaré une source au Times.

Cette information fait suite au Reportage publié dimanche par le New York Times, selon lequel le gouvernement Biden a discuté du déploiement de 1000 à5000 soldats en Roumanie et dans les républiques baltes d’Estonie, de Lettonie et de Lituanie, avec la possibilité de porter ce nombre à50 000. La marine américaine a envoyé le sous-marin lanceur d’engins USS Georgia en Méditerranée orientale, où il rejoint le groupe de combat du porte-avions Harry S. Truman. Une cargaison américaine de 90 tonnes d’« aide létale  »est arrivée à Kiev samedi, dans le cadre d’un programme de soutien à la sécurité de 200 millions de dollars approuvé en décembre.

Voilà la campagne massive de provocations militaires dont les bellicistes conservateurs sont complices et à laquelle les travailleurs et les jeunes doivent s’opposer résolument.

Comme toujours, Johnson et sa clique criminelle sont soutenus à bout de bras par le parti travailliste. Sir Keir Starmer a écrit un article d’opinion dans l’organe interne du Parti conservateur, le Telegraph, intitulé « La Grande-Bretagne doit rester ferme face à l’agression russe  ».

« Non seulement les travaillistes comprennent la menace que représente la Russie de Poutine, mais ils soutiennent résolument la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de l’Ukraine  », fulmine-t-il. « Depuis trop longtemps, le message implicite adressé à Moscou est que Poutine peut faire ce qu’il veut et que l’Occident ne fera pas grand-chose pour riposter.  »

(Article paru d’abord en anglais le 25janvier 2022)

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