Vendredi, alors que le sous-variant BA.2 de COVID-19 poursuivait son assaut, on a signalé plus de 1,5 million d’infections dans le monde, et plus de 4.000 personnes sont décédées de complications liées à leurs infections. Actuellement, cette version de la souche Omicron représente 90 pour cent de tous les virus séquencés.
La semaine dernière, le nombre de décès dans le monde a également augmenté de 40 pour cent, après avoir baissé depuis le déclin du variant BA.1. Près de 46.000 personnes ont succombé aux infections qui ont augmenté dans le monde entier. Au total, près d’un demi-milliard de personnes ont été infectées et plus de six millions sont morts. Pourtant, on sait que ces chiffres astronomiques sont largement sous-estimés, la meilleure estimation situant la surmortalité mondiale à plus de 20 millions.
Alors même que ces statistiques montrent que la pandémie est loin d’être terminée, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié son plan stratégique de préparation, d’intervention et de réaction pour mettre fin à l’urgence mondiale liée à la COVID-19 en 2022. L’organisation internationale de la santé a noté que deux objectifs clés devraient être atteints: la réduction des infections de COVID et le diagnostic et le traitement précoces des cas pour réduire le nombre de décès. Comme le résume le Hill, «l’OMS a déclaré que ces objectifs pouvaient être atteints en renforçant la surveillance et le suivi, en améliorant l’équité en matière de vaccins au niveau mondial, en renforçant les systèmes et les fournitures de soins de santé, ainsi qu’en améliorant la recherche et les analyses de données».
Aucune de ces mesures objectives n’a été atteinte. Au contraire, elles se sont aggravées à mesure que les pays, les uns après les autres, ont sommairement mis fin à toute réponse de santé publique à la menace actuelle. Ces déclarations, comme l’expérience l’a montré, ne sont qu’un prélude à l’acceptation par l’OMS des pressions exercées par les gouvernements capitalistes qui contrôlent étroitement ses activités.
Le directeur général Tedros Adhanom Ghebreyesus note dans le rapport: «Nous nous trouvons maintenant à un moment charnière et dangereux dans la lutte contre la COVID-19. Bien que ce soit impossible de prédire précisément l’évolution du virus SRAS-CoV-2, nous savons que de nouveaux variants apparaîtront à mesure que la transmission se poursuivra et, dans de nombreux cas, s’intensifiera. Et pourtant, nous pouvons regarder vers l’avenir avec un sentiment d’espoir que nous pouvons mettre fin à la pandémie de COVID-19 en tant qu’urgence mondiale grâce à nos actions.»
Ces commentaires sont une trahison envers la classe ouvrière internationale et son bien-être. Le mélange de vérité et d’optimisme rhétorique ne peut que signifier que l’OMS, en tant qu’organisation de santé publique, a abandonné ses principes pour tenter de satisfaire les exigences du capital financier.
Aux États-Unis, où le nombre de cas s’est stabilisé à une moyenne de plus de 30.000 par jour au cours des trois dernières semaines, le BA.2 étant devenu le variant dominant, les gouverneurs de nombreux États ont déjà annulé l’état d’urgence COVID de leur État. D’ici le 22 avril, seuls trois États – l’Arizona, le Nevada et la Virginie-Occidentale – conserveront leur état d’urgence «jusqu’à nouvel ordre». Et l’augmentation du nombre de cas survient alors que tous les fonds destinés à la réaction à la COVID-19 ont été épuisés. Comme les exigences de déclaration sont réduites, les États vont naviguer à tâtons à travers la tempête BA.2 qui prend de l’ampleur chaque jour.
Ce qui est peut-être plus inquiétant, c’est la détection d’une nouvelle version du variant Omicron au Royaume-Uni qui combine BA.1 et BA.2. Dans leur bulletin épidémiologique hebdomadaire COVID-19 publié le 29 mars 2022, on peut lire: «Le variant recombiné XE [BA.1 et BA.2] a été détecté pour la première fois au Royaume-Uni le 19 janvier, et plus de 600 séquences ont été rapportées et confirmées depuis. Les premières estimations indiquent un avantage de dix pour cent en termes de taux de croissance communautaire par rapport au BA.2, mais cette constatation doit être confirmée».
L’OMS a reconnu dans sa réponse que la confirmation serait plus difficile en raison de «la récente réduction significative des tests de dépistage du SRAS-CoV-2 par plusieurs États membres. Les données deviennent progressivement moins représentatives, moins opportunes et moins solides. Cela entrave notre capacité collective à déterminer où se trouve le virus, comment il se propage et comment il évolue: des informations et analyses qui restent cruciales pour mettre fin efficacement à la phase sévère de la pandémie».
Selon l’Office for National Statistics au Royaume-Uni, les infections de COVID-19 ont atteint un niveau record à la fin du mois de mars où près de cinq millions de personnes ont été infectées en une seule semaine. Cela représente une personne sur 13 atteinte de COVID en Angleterre. Parallèlement à l’augmentation du nombre de cas, les hospitalisations ont dépassé le pic de BA.1. Le taux de mortalité quotidien moyen de la COVID a continué à grimper et se situe actuellement à 220 et se rapproche rapidement de son niveau précédent.
Le continent européen, et en particulier l’Allemagne, voit le BA.2 continuer à faire rage. Malgré les «anomalies de déclaration» en Allemagne, où plusieurs États n’ont pas communiqué de données depuis plusieurs jours, les cas continuent de grimper. Le taux d’infection par habitant en Allemagne est désormais plus élevé que le pic atteint aux États-Unis et au Royaume-Uni lors de leur vague Omicron. Le taux de mortalité augmente également chaque jour.
La situation va très probablement s’aggraver, car des plans sont en cours pour mettre fin à la quarantaine obligatoire pour la plupart des gens. Plus de quatre millions de personnes sont actuellement isolées en raison d’une infection, ce qui a un impact sur la capacité des entreprises à extraire de la valeur ajoutée. Le ministre de la Santé, Karl Lauterbach, a demandé que l’isolement soit volontaire et que les travailleurs infectés puissent reprendre le travail pour répondre à ces préoccupations.
Le mépris total pour la propagation des infections et l’évolution continue du virus vers des formes plus contagieuses et résistantes à l’immunité auront un impact significatif sur la population mondiale au cours de la troisième année de la pandémie.
La Chine, qui a tenté jusqu’à présent de contenir le virus en appliquant une stratégie «zéro COVID», subit de plein fouet la négligence néfaste qui caractérise les politiques employées par tous les autres pays pour faire passer les profits avant les vies pendant la pandémie. Le virus qui avait émergé de Wuhan a été redirigé contre la Chine en tant qu’agent pathogène plus dangereux et plus redoutable. La réaction au virus est devenue une ligne politique dans le sable.
En effet, endiguer le sous-variant BA.2 d’Omicron, hautement contagieux, s’avère un défi difficile pour les autorités chinoises, puisqu’on a signalé plus de 100.000 cas de COVID dans le pays en mars. Dans le meilleur des cas, les efforts actuels ont permis de limiter la propagation communautaire des infections qui ont touché de nombreuses villes et provinces et ont laissé les responsables de la santé publique perplexes.
La Commission nationale de la santé de la République populaire de Chine a indiqué que le nombre de cas recensés vendredi était le plus important jamais enregistré en une journée, soit un total de 9.875 cas au 1er avril 2022.
On a recensé environ 4.500 de ces cas à Shanghai, l’épicentre actuel de la pandémie en Chine et l’un des centres financiers du monde. Les deux banques centrales de la ville – La Banque de construction de Chine et la Banque de Chine – qui opèrent par l’intermédiaire du ministère des Finances du gouvernement central, sont responsables de la gestion des fonds d’investissement des entreprises publiques.
Le confinement de la ville, mis en œuvre en deux phases, a perturbé le capital financier mondial. Sans mâcher ses mots, le Financial Times, le porte-parole des oligarques financiers, a affirmé sans ambages que «la Chine aura besoin d’une stratégie pour sortir du zéro COVID et vivre avec le virus». Les implications de larges transmissions incontrôlées auront des conséquences désastreuses pour la classe ouvrière chinoise. Le Wall Street Journala noté qu’un grand hôpital de soins aux personnes âgées de Shanghai se bat contre une épidémie de COVID-19. Il indique que certains patients sont morts à cause de leurs infections, mais les autorités chinoises n’ont pas corroboré ces rapports.
Selon le Journal, «Six aides-soignants remplaçants de l’hôpital de soins pour personnes âgées de Donghai, recrutés après que les travailleurs qu’ils remplaçaient ont été envoyés en quarantaine, ont déclaré au Wall Street Journalqu’ils ont vu ou entendu que plusieurs corps avaient été retirés de l’établissement où, selon eux, au moins 100 patients avaient subi un test positif à la COVID-19».
On peut raisonnablement penser que ce reportage est exact et qu’il serait cohérent et conforme à ce qu’on sait de la létalité de la COVID-19. Un médecin de Shanghai a déclaré au WSWS: «J’ai l’impression que la Chine ressent la douleur économique et qu’elle lève progressivement ses politiques».
Ces développements ne font que souligner la nécessité de faire avancer les stratégies d’élimination du virus et de garantir la protection de la vie et des moyens de subsistance. Mais compte tenu des pressions exercées sur la Chine par les exigences financières mondiales, ce sera plus difficile de soutenir une stratégie nationale «Zéro COVID» au niveau national, car une stratégie d’élimination doit être poursuivie au niveau international. À cet égard, l’État chinois sera incapable de trouver une voie progressiste pour sortir de la crise actuelle.
Entre-temps, la deuxième phase du confinement de Shanghai a commencé vendredi. Toutefois, compte tenu de la propagation persistante du virus, les autorités ont déclaré que les restrictions qui touchent les zones situées à l’est et au sud de la rivière Huangpu resteraient en place pendant au moins trois à dix jours supplémentaires. Cela signifie que la ville entière, qui compte 26 millions d’habitants, est désormais soumise à des ordres de confinement dans l’espoir de ramener le nombre de cas à zéro. Les tests de masse se poursuivent pour localiser et situer chaque infection.
À l’annonce d’un confinement de toute la ville qui durera plusieurs jours, Moody’s Analytics a rapidement ajouté: «La plus grande ville de Chine étant fermée pendant neuf jours, l’économie subira indéniablement un coup dur pour qui va se poursuivre au deuxième trimestre de l’année». Wu Zunyou, épidémiologiste en chef des Centres chinois de contrôle et de prévention des maladies, a répliqué dans le Global Times: «Sur la base de l’expérience accumulée au cours des deux dernières années et de notre compréhension des mutations du virus, je pense que la Chine est encore capable de réaliser la dynamique Zéro COVID».
La ville de Jilin a annoncé qu’elle sortait du confinement après trois semaines, malgré la persistance de 700 cas quotidiens environ. Il sera crucial de suivre la trajectoire des cas de COVID dans la capitale de la province du nord et d’évaluer la réaction des autorités. De l’avis général, il est prématuré de lever ces mesures strictes. Mais les déclarations de Moody et Wu font ressortir les contradictions fondamentales que seule la classe ouvrière peut résoudre.
(Article paru en anglais le 2 avril 2022)