Soutenez les chauffeurs de bus d’Arriva South! Pour une grève à l’échelle de Londres afin de briser le gel des salaires imposé de facto par Unite!

Chez Arriva London South (ALS), environ 1.000 chauffeurs de bus sont en grève les 11, 16 et 17 mai pour réclamer une augmentation de salaire conforme à l’inflation. Ils ont rejeté une offre inférieure à l’inflation de seulement 3 pour cent de la part d’Arriva et du syndicat Unite.

À l’issue des négociations salariales du 4 mai, Arriva a proposé une augmentation de 3 pour cent seulement, avec un décalage de cinq mois, ainsi qu’une somme forfaitaire de 300 livres sterling. Mais la propre revendication salariale d’Unite, le 7 avril, n’était guère différente: 3 pour cent avec effet rétroactif jusqu’en avril 2021 et une somme forfaitaire de 750 livres sterling!

Les chauffeurs de l’ALS ne sont pas seulement en lutte contre Arriva, propriété du géant des transports Deutsche Bahn Group (valeur nette de 16,73 milliards de livres). Ils entrent également dans une confrontation frontale avec Unite. Avec un taux d’inflation de 7 pour cent pour les 12 mois qui précèdent le 1er avril 2022 (période couverte par les négociations salariales), l’offre d’Unite à Arriva représente une baisse de salaire significative.

Lors des négociations salariales du 10 mai, Arriva a refusé de céder sur son offre salariale. Elle est déterminée à tenir la ligne au nom des opérateurs de bus, qui craignent que toute augmentation salariale supérieure à l’inflation chez ALS ait un effet d’entraînement sur les négociations salariales de cette année.

De l’aveu même d’Unite, le syndicat a présidé à quatre années d’accords salariaux inférieurs à l’inflation.

Il y a un an, pendant les grèves salariales à la RATP [filiale anglaise de la RATP française, N.d.T.], Michelle Braveboy d’Unite a déclaré que le syndicat traçait une «ligne dans le sable», car les conducteurs n’avaient «pas reçu d’augmentation de salaire depuis trois ans». Mais Unite a divisé les conducteurs entre les trois filiales de la RATP — London United, London Sovereign et Quality Line, affaiblissant l’opposition avant de faire passer de nouveaux accords salariaux inférieurs à l’inflation, en hausse de seulement 1,5 pour cent.

Depuis, l’inflation est montée en flèche, atteignant 9 pour cent en avril et devrait atteindre 10 pour cent dans les semaines à venir. Une nouvelle hausse de 32 pour cent des prix du gaz et de l’électricité est prévue en octobre, ce qui portera la facture annuelle des ménages à plus de 2.600 livres sterling. La politique belliciste de l’OTAN à l’encontre de la Russie, y compris les sanctions, fait grimper les prix du carburant à des niveaux record. Les pénuries d’engrais et de céréales russes vont réduire la production agricole mondiale, entraînant la pauvreté et la faim pour des millions de personnes.

Les chauffeurs d’Arriva South ont dit que c’en était assez. Ils ont déjà rejeté des offres salariales de 1,5 et 3 pour cent. Beaucoup ont déclaré que tout ce qui est inférieur à 5 pour cent pour l’année dernière est inacceptable.

La compression salariale la plus longue et la plus coûteuse depuis 1822 (Credit: TUC)

Les travailleurs du monde entier réclament des mesures pour rattraper des décennies de réduction des salaires, avec des grèves importantes des travailleurs du transport en Allemagne, en Espagne, en Inde, au Canada, aux États-Unis et au Brésil. En 2021, les travailleurs britanniques ont connu la plus longue chute des salaires depuis les guerres napoléoniennes. Selon l’Institut d’études fiscales (Institute for Fiscal Studies – IFS), la baisse des salaires depuis deux décennies a réduit le revenu disponible moyen de 42 pour cent.

Les syndicats ont été les principaux responsables de ce désastre social, s’associant aux employeurs pour supprimer les grèves et accroître l’exploitation. Les grèves sont à un niveau très faible depuis les années 1980, ce qui a permis aux conseils d’administration des entreprises d’engranger des bénéfices record. Des avantages durement gagnés comme la journée de huit heures, les heures supplémentaires à un tarif élevé et d’autres avantages sociaux ont été mis en pièces. La fatigue des conducteurs et les accidents sont monnaie courante dans le secteur des bus. L’introduction prévue de l'authentification sécurisée à distance nous placera à la disposition de l’entreprise 24 heures sur 24, 7 jours sur 7.

Les quatre dernières décennies ont été marquées par une suppression sans précédent des grèves par les syndicats (Crédit: Bureau pour des statistiques nationales – Office for National Statistics).

Ceux qui présentent la secrétaire générale d’Unite, Sharon Graham, comme une amie des travailleurs des bus, jettent de de la poudre aux yeux. La revendication d’Unite d’être en dessous de l’inflation chez Arriva fait partie d’un modèle, démontrant son partenariat corporatiste avec les entreprises. Chez Arriva North West, le syndicat a suspendu la grève en novembre dernier pour faire passer un accord salarial de 3 pour cent. Il a mis fin à une grève de cinq semaines chez Arriva Wales sur la base du même chiffre. Chez Stagecoach, Unite a bloqué une action de grève nationale, divisant l’action des conducteurs en 20 conflits distincts qui n’ont abouti qu’à deux grèves majeures. Après 17 jours d’action chez Stagecoach Wales, Unite a célébré une augmentation horaire à 10,50 livres sterling, soit seulement 1 livre sterling de plus que le salaire minimum.

Les «militants» d’Unite prétendent que Graham [La secrétaire générale de Unite depuis le 26 août 2021, N.d.T.] mènera la lutte pour un accord salarial supérieur à l’inflation pour 2022. Mais le syndicat poursuit une stratégie d’isolement et de division. Il est de connivence avec les entreprises en organisant des négociations salariales séparées chez Arriva South, Arriva North, Go-Ahead, Abellio, Metroline et RATP.

Alors que la lutte s’intensifiait chez Arriva South, Unite a discrètement bloqué la grève chez London United, filiale de la RATP. En février, environ 1.000 chauffeurs de sept garages de London United dans le sud et l’ouest de Londres ont voté la grève, rejetant une série d’offres salariales inférieures à l’inflation pour 2021/2, y compris un dérisoire 3,2 pour cent et une somme forfaitaire de 200 livres sterling. Unite a gardé les deux luttes séparées.

Les chauffeurs d'Arriva sont mécontents du retard de l'augmentation salariale de l'année dernière et souhaitent obtenir une augmentation d'au moins 10 pour cent pour cette année, conformément à l'inflation. Mais les conducteurs d'ALS ne peuvent pas gagner seuls.

Arriva South doit devenir la rampe de lancement d’une action de grève à l’échelle de Londres pour briser le gel de facto des salaires. Cela signifie briser le contrôle d’Unite sur le conflit et former des comités de la base dans chaque garage. Les chauffeurs doivent exiger des scrutins simultanés pour une action industrielle dans toutes les entreprises, afin de briser la conspiration d’Unite avec les opérateurs.

Dans sa mise à jour sur les négociations salariales du 26 avril, Unite a déclaré: «nous ne voulons pas que l’entreprise fasse faillite». Mais ce n’est pas Arriva qui fait faillite, c’est nous!

Arriva crie famine tout en annonçant des revenus records en 2021 et un retour à la rentabilité cette année (Graphic: WSWS Media)

Arriva crie famine, affirmant que «nous avons fait la meilleure offre que l’entreprise puisse se permettre dans un climat extrêmement difficile.» Quelle supercherie! Les revenus de DB Group, la société mère d’Arriva, ont augmenté de 18,4 pour cent en 2021 pour atteindre 47,3 milliards d’euros, avec un bénéfice net de 5 milliards d’euros. Go-Ahead a affiché un bénéfice de 115,5 millions de livres sterling l’an dernier, dont 65 millions pour sa division bus. La société mère de Metroline, ComfortDelGro, a réalisé 210 millions de dollars de bénéfices en 2021. Les bénéfices de Stagecoach ont doublé pour atteindre 32,9 millions de livres, et le bénéfice d’exploitation de First s’est élevé à 285,8 millions de livres. Ces mêmes entreprises ont reçu des milliards de subventions pour le COVID, alors même que leur négligence criminelle a entraîné la mort de 73 travailleurs des bus londoniens à cause du COVID-19.

Les chauffeurs de bus londoniens ont des alliés puissants. En mars, les grèves du métro ont paralysé les services, démontrant la puissance et la capacité de lutte de la classe ouvrière. Mais le syndicat «Chemin de fer maritime et transport» (Rail Maritime and Transport – RMT) travaille avec le syndicat des chauffeurs ASLEF pour bloquer une action unifiée, permettant à un vote de grève de milliers de chauffeurs, d’employés des quais et de la billetterie, d’agents de maintenance et de signaleurs d’expirer alors même que TfL supprime des centaines d’emplois et se prépare à mettre en place une réforme des retraites.

La crise financière déclenchée par la pandémie a été utilisée pour déclencher une attaque historique contre les travailleurs des transports londoniens. Des coupes de 2 milliards de livres sont en train d’être élaborées par le maire travailliste Sadiq Khan au nom du gouvernement Johnson. Dans le même temps, 40.000 travailleurs du rail sont appelés à faire grève au niveau national contre une nouvelle vague de privatisation de Great British Rail. Des milliers d’emplois, de conditions et de pensions sont voués à la destruction.

Il est grand temps pour les travailleurs du bus, du rail et du métro de s’unir dans un combat commun. Des comités de base, reflétant l’unité, la force et l’initiative créative des travailleurs du transport, doivent être établis dans chaque garage et dépôt. Ces comités doivent rédiger des revendications pour une augmentation salariale supérieure à l’inflation et organiser une campagne de soutien, y compris auprès des 300.000 employés de la Deutsche Bahn, dont 195.000 en Allemagne.

La privatisation et la subordination des transports aux profits des entreprises se sont avérées être un désastre. Si des géants du transport tels qu’Arriva affirment qu’ils ne peuvent pas offrir des salaires et des conditions décentes ou des tarifs abordables aux passagers, ils devraient devenir propriété publique et être placés sous le contrôle démocratique de la classe ouvrière. Les milliards de livres sterling gaspillés en dividendes et profits des actionnaires doivent être libérés à des fins socialement utiles.

Nous invitons les travailleurs des bus et des transports qui sont d’accord avec ce combat à contacter le London Bus Rank-and-File Committee.

(Article paru d’abord en anglais le 11 mai 2022)

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