Le parlement finlandais approuve la proposition d’adhésion à l’OTAN

Le Parlement finlandais a voté mercredi en faveur de la proposition de son gouvernement d’adhérer à l’OTAN, 12 législateurs sur 200 étant en désaccord. Le même jour, la Russie a annoncé qu’elle mettait définitivement fin à sa participation au Conseil des États de la mer Baltique (CEMB), une organisation intergouvernementale de 11 membres chargée de gérer les questions liées à la sécurité et au développement économique dans la région.

Tandis que la Finlande et la Suède soumettaient officiellement mardi leurs demandes d’adhésion à l’OTAN, le ministère des Affaires étrangères de Moscou a déclaré que: «les gouvernements de l’OTAN et de l’Union européenne au sein du CEMB rejettent le dialogue égalitaire et les principes sur lesquels cette structure régionale dans les pays baltes a été construite et la transforment systématiquement en un instrument de politique anti-russe». Il a décrit l’atmosphère au sein de la CEMB comme étant une atmosphère de «russophobie» et de «mensonges».

La première ministre de la Finlande, Sanna Marin, au Parlement finlandais à Helsinki, en Finlande, le lundi 16 mai 2022 (AP Photo/Martin Meissner) [AP Photo]

En mars, l’organisation a suspendu l’adhésion de la Russie et a déclaré qu’elle pourrait être réadmise si elle adhérait aux «principes fondamentaux du droit international». La Biélorussie, qui avait le statut d’observateur au sein du CEMB, a été éjectée au même moment.

Dans un commentaire publié dans le média financier russe Kommersantappelant Moscou à répondre à la crise de la Baltique avec retenue, le politologue russe Andrei Kortunov a exposé les implications de ce qui vient de se passer.

La mer Baltique est en train de devenir un «lac de l’OTAN» qui nécessitera des mesures de rétorsion pour renforcer la présence navale, les forces de défense aérienne et les systèmes de missiles terrestres, etc., de la Russie. Comme la distance de la frontière entre la Russie et l’OTAN va doubler si la demande d’admission de la Finlande à l’alliance transatlantique est approuvée, Moscou devra militariser encore plus sa frontière nord-ouest, en renforçant considérablement ses forces en Carélie et autour de Mourmansk.

L’effondrement de la CEMB, créée en 1992 dans le but exprès de promouvoir la coopération interétatique dans l’ère post-soviétique, est une manifestation de la crise qui frappe l’ordre mondial alors que les États-Unis et l’OTAN foncent tête baissée vers une guerre mondiale. D’autres institutions cèdent également.

Mercredi, le ministère russe des Affaires étrangères a envoyé à la Douma (parlement) une liste d’organisations internationales desquelles le pays pourrait se retirer. Cette liste comprend l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), ainsi que dix autres organisations au moins. Déjà, 14 membres de l’OMC ont mis fin au statut de la Russie en tant que partenaire commercial «préféré».

Le départ de la Russie de l’OMS dans des conditions où la pandémie de COVID-19 est, malgré toutes les déclarations officielles du contraire, à peine sous contrôle, va gravement compromettre la coordination scientifique autour de la surveillance et du traitement de la maladie avec un pays qui occupe un dixième de la masse continentale du monde.

Le Canada, les États-Unis et les pays scandinaves ont suspendu leur participation à toutes les réunions du Conseil de l’Arctique qui est actuellement présidé par la Russie et chargé de responsabilités similaires à celles du Conseil des États de la mer Baltique, mais dans la région polaire du nord.

Dans une déclaration faite mercredi, Nikolai Patrushev, chef du conseil de sécurité de la Russie, a qualifié la situation actuelle de «crise géopolitique sans précédent». Il a accusé les États-Unis et l’OTAN d’avoir provoqué «l’effondrement de l’architecture mondiale de sécurité et du système international [de] lois et d’accords». Il a insisté sur le fait que les politiques de l’Occident menacent «le statut d’État et l’existence même de la Russie» et affirmé que le conflit en Ukraine sert à «mener une guerre non déclarée contre la Russie».

Dans un article d’opinion publié le même jour, le comité éditorial du Washington Posta demandé que la guerre en Ukraine se poursuive et que les efforts pour négocier un cessez-le-feu soient interrompus. Si les récents efforts de la France, de l’Allemagne et de l’Italie pour mettre fin à l’effusion de sang sont «compréhensibles», estime le journal, «les risques de relâcher la pression sur M. Poutine avant qu’il ne soit complètement battu, et peut-être même pas à ce moment-là [c’est nous qui soulignons], sont trop élevés». Le Posta exhorté Paris, Berlin et Rome à ne pas laisser «leur désir d’écourter cette guerre destructrice – donc de limiter les dégâts pour l’Ukraine et pour leurs propres économies durement éprouvées» être un obstacle.

Si un Poutine «complètement battu» n’est pas suffisant, qu’est-ce qui l’est? La réponse est la suivante: la guerre avec la Russie jusqu’au bout, jusqu’à ce que la Russie elle-même soit détruite.

Le fait que, comme le reconnaît tacitement le Washington Post, l’Ukraine sera transformée en terrain vague et que les économies européennes seront plongées dans la crise en conséquence est le prix à payer pour faire des affaires.

(Article paru en anglais le 18 mai 2022)

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