Le Washington Post fait la promotion de l’autre «gros mensonge» de Trump: la théorie du laboratoire de Wuhan

Jeudi, le Sénat a tenu une audience publique qui a documenté la façon dont l’ancien président Donald Trump a utilisé son «gros mensonge» sur l’élection de 2020 pour justifier une tentative de coup d’État fasciste visant à abolir le transfert pacifique du pouvoir et à transformer les États-Unis en une dictature.

Mais le même jour, le Washington Posta publié un éditorial faisant la promotion de l’autre gros mensonge de Trump: l’affirmation selon laquelle la COVID-19 est un virus créé par l’homme à l’Institut de virologie de Wuhan, en Chine.

Le conseiller en matière de commerce de la Maison-Blanche, Peter Navarro (à droite), a qualifié la COVID-19 de «virus offensif» créé par le Parti communiste chinois. Trump a qualifié à plusieurs reprises la COVID-19 de Kung-Flu et de virus de la Chine. (AP Photo/Alex Brandon) [AP Photo/Alex Brandon]

Le Post avance l’«hypothèse» selon laquelle «l’infection pourrait avoir résulté d’un accident de laboratoire ou d’un déversement accidentel lié à l’Institut de virologie de Wuhan (IVW)». Il ajoute: «À l’époque, l’IVW menait des expériences avec des virus génétiquement modifiés similaires à la souche pandémique».

Le Post cadre sa promotion de la tentative raciste de Trump d’accuser la Chine d’être responsable de la pandémie de COVID-19 en déclarant que «deux grandes hypothèses sont apparues sur la façon dont le virus a d’abord infecté les humains à Wuhan à la fin de 2019».

C’est comme dire qu’il y a «deux grandes hypothèses» sur la validité des résultats de l’élection présidentielle de 2020. Non, il n’y en a pas. Il y a la vérité, et il y a une théorie du complot de droite.

L’affirmation de Trump selon laquelle l’élection de 2020 a été volée n’a aucune preuve à l’appui et constitue une falsification transparente. Elle ne nécessite pas d’examens médico-légaux des machines à voter, des isoloirs ou des registres électoraux. Tout politicien ou journaliste qui accorde le moindre crédit à cette affirmation est un sympathisant fasciste.

Le mensonge électoral de Trump a été concocté par les conseillers de Trump, Stephen K. Bannon, Peter Navarro, Jason Miller, et leurs co-conspirateurs, organisés autour du podcast de Bannon, «War Room: Pandemic» de Bannon. Le 5 janvier, la veille de la tentative de coup d’État de Trump, Bannon a déclaré: «Ça va barder demain».

Bannon a créé son podcast cependant pour promouvoir un autre mensonge. Le 25 janvier 2020, Bannon a rebaptisé son podcast, alors intitulé «War Room: Impeachment», pour se concentrer sur l’affirmation selon laquelle la Chine avait créé la COVID-19 comme arme biologique pour attaquer les États-Unis. Il l’a appelé «War Room: Pandemic», qui reste son nom à ce jour.

Sur la photo ci-dessus, publiée par CNN, Wang Ding Gang, qui semble être à l’origine de l’affirmation selon laquelle la COVID-19 était un virus créé par l’homme, est photographié avec Rudy Giuliani, l’avocat de Trump, alors que Bannon est représenté en arrière-plan. Li-Meng Yan, qui défend la thèse de la fuite de laboratoire et, selon Bannon, est une «lanceuse d’alerte», peut être vue dans un miroir. (Photo: CNN)

Dans le premier épisode du podcast, enregistré le 25 janvier, Bannon a invité le chroniqueur du Washington Times, Bill Gertz, à parler d’un article à venir (dont Bannon avait connaissance à l’avance) qui affirmait que «le coronavirus pourrait provenir d’un laboratoire lié au programme de guerre biologique de la Chine».

Quelques jours plus tôt, le partenaire d’affaires et collaborateur de Bannon, l’expatrié chinois Miles Guo, avait publié un article qui affirmait que «la véritable source du coronavirus est “un laboratoire à Wuhan” lié à ses programmes secrets d’armes biologiques».

Trump, Navarro et le secrétaire d’État Mike Pompeo allaient tous avancer l’affirmation selon laquelle la COVID-19 était une arme biologique créée par le Parti communiste chinois. Le conseiller adjoint à la sécurité nationale de Trump, Matthew Pottinger, allait faire la promotion d’une variante de ce mensonge en affirmant que la COVID-19 avait été libérée par accident.

Cette théorie du complot a été adoptée par le comité éditorial du Wall Street Journal et du Washington Post, ainsi que par les principaux chroniqueurs du New York Times.

Au milieu de cette tempête de droite, menée par les tabloïds fascistes (Breitbart, The National Pulse, Newsmax, OAN) et soutenue par les «principaux médias», l’Organisation mondiale de la santé a publié son rapport provisoire sur les origines de la COVID-19 en mars 2021.

Le rapport a rejeté d’un revers de main l’affirmation selon laquelle la COVID-19 aurait été développée comme une arme biologique. Il a conclu que cela «est exclu par d’autres scientifiques suite à des analyses du génome».

Il a déclaré que la possibilité que la COVID-19 se soit propagée à l’homme à partir d’une fuite de laboratoire était «extrêmement improbable». Il a continué: «Il n’y a aucune trace de virus étroitement liés au SRAS-CoV-2 dans aucun laboratoire avant décembre 2019, ou de génomes qui, combinés, pourraient fournir un génome du SRAS-CoV-2».

Plus crucial encore, le rapport n’a pas recommandé d’enquêtes supplémentaires sur les origines potentielles de la COVID-19 en laboratoire, coupant court aux efforts des bellicistes, xénophobes et démagogues des deux partis pour transformer l’enquête scientifique sur les origines de la COVID-19 en une expédition de recherche de sorcières qui pourrait être utilisée pour accuser la Chine de dissimulation.

La presse américaine à sensation a hurlé d’indignation, les principaux journaux américains condamnant les conclusions et lançant des attaques personnelles contre Peter Daszak, membre de la commission et l’adversaire le plus virulent de la théorie du complot au sein de la communauté scientifique.

Sous la pression incessante du département d’État américain, qui soutient officiellement la théorie du complot, l’Organisation mondiale de la santé a dissous son comité sur les origines de la maladie et en a formé un nouveau: le groupe consultatif scientifique sur les origines des nouveaux agents pathogènes (SAGO).

Ce groupe a publié son rapport préliminaire jeudi. Entre les deux rapports, les preuves de l’origine zoonotique de la COVID-19 n’ont fait que croître. Des coronavirus extrêmement similaires à la COVID-19 ont été identifiés dans la nature, et on a maintenant davantage d’informations qui lient l’épidémie initiale au marché humide de Huanan, qui pratiquait un commerce important d’animaux sauvages.

En même temps, il n’y a eu aucune nouvelle preuve indiquant une origine de laboratoire de la COVID-19, s’ajoutant aux preuves antérieures inexistantes, ce qui porte à zéro le nombre total de preuves soutenant la théorie de la conspiration.

Reflétant cette réalité, le rapport SAGO conclut: «À l’heure actuelle, les données épidémiologiques et de séquençage actuellement disponibles suggèrent que les souches ancestrales du SRAS-CoV-2 ont une origine zoonotique, les virus génétiquement les plus proches étant les bêta-coronavirus, identifiés chez les chauves-souris Rhinolophus en Chine en 2013 (96,1 pour cent) et au Laos en 2020 (96,8 pour cent)».

Il ajoute qu’«aucune nouvelle donnée n’a été rendue disponible pour considérer le laboratoire comme voie d’entrée du SRAS-CoV-2 dans la population humaine».

Mais tout en reconnaissant que de nouvelles découvertes scientifiques ont contribué à réfuter la théorie du complot, le SAGO, sous la pression politique incessante des États-Unis, a déclaré qu’il «reste important d’envisager… la possibilité de l’introduction du SRAS-CoV-2 dans la population humaine par un incident de laboratoire».

Cette affirmation est intervenue malgré les protestations de trois membres du Comité, qui ont déclaré: «aucune nouvelle preuve scientifique n’existe qui permet de remettre en question la conclusion de l’étude mondiale convoquée par l’OMS sur les origines du SRAS-CoV-2: la partie qui concerne la Chine du rapport de la mission publié en mars 2021».

En d’autres termes, après que l’Organisation mondiale de la santé a dissous son équipe chargée d’enquêter sur les origines du COVID-19 sous la pression politique de la droite, écarté tous les opposants déclarés à la théorie du complot et fait appel à des personnalités favorables à la campagne de la droite, tout ce que le rapport a pu trouver est fondamentalement la même conclusion que l’étude précédente: «À l’heure actuelle, les données épidémiologiques et des séquençages actuellement disponibles suggèrent que les souches ancestrales du SRAS-CoV-2 ont une origine zoonotique».

Commentant l’étude du SAGO, une source proche d’une étude antérieure conjointe OMS-Chine sur les origines de la COVID-19 a observé que «même s’ils ont écarté les membres “en conflit”, ils aboutissent toujours à la même conclusion!»

«L’ironie est que nous avions une fenêtre où la Chine fournissait de nouvelles données. La droite a exercé une pression politique contre le travail de l’équipe de l’OMS, elle a fait dissoudre l’équipe, a fait appel à un groupe préconisant la fuite de laboratoire, a tassé les personnes qui prétextaient une absence de preuves et qui étaient politiquement efficaces, et maintenant nous avons une équipe qui exige des informations de laboratoire de la Chine dans une atmosphère politiquement chargée, sans aucune preuve pour soutenir cette ligne d’enquête».

La source a ajouté: «L’article du Postne fait qu’ajouter à la politisation de cette affaire et, ironiquement, il continuera à fermer la fenêtre à toute compréhension réelle des origines de la COVID».

La promotion par le Post du mensonge du laboratoire de Wuhan est manifestement politique. Le mois dernier, le secrétaire d’État américain Anthony Blinken a déclaré, dans un important discours sur les relations entre les États-Unis et la Chine, «nous resterons concentrés sur le défi à long terme le plus sérieux pour l’ordre international: et c’est la République populaire de Chine qui le pose».

Il a poursuivi: «La Chine est le seul pays qui a l’intention de remodeler l’ordre international et, de plus en plus, la puissance économique, diplomatique, militaire et technologique pour le faire… Nous défendrons nos intérêts contre toute menace».

Les efforts du Post pour promouvoir le mensonge du Wuhan Lab visent à attiser la haine xénophobe envers la Chine pour promouvoir les objectifs militaires des États-Unis. Ils doivent être rejetés avec le mépris qu’ils méritent.

(Article paru en anglais le 11 juin 2022)

Loading