Au troisième jour des audiences sur le 6  janvier

Un juge fédéral à la retraite prévient que Trump tentera un nouveau coup d’État électoral

Plus de 17  mois après que l’ex-président Donald Trump et ses partisans fascistes au Parti républicain ont tenté d’annuler l’élection de Biden, un juge fédéral à la retraite a averti, lors de l’audience de jeudi sur le 6  janvier, que Trump et ses alliés «tenteraient d’annuler l’élection présidentielle de 2024 de la même manière qu’ils ont tenté d’annuler celle de 2020».

Ce message sévère a été délivré par John Michael Luttig, qui, avec Greg Jacob, l’avocat de la Maison-Blanche assigné à l’ancien vice-président Mike Pence, était l‘un des deux témoins vedettes de la troisième journée d’auditions de la Commission spéciale sur le 6  janvier, chargée d’enquêter sur l’attaque du Capitole.

Michael Luttig, juge fédéral à la retraite et conseiller de l’ex-vice-président Mike Pence, témoigne lors d’une audience de la Commission spéciale de la Chambre chargée d’enquêter sur l’attaque du Capitole le 6  janvier 2021, au Capitole à Washington, le jeudi  16  juin 2022 (AP Photo/Susan Walsh).

Luttig, un républicain de toujours qui figurait sur la liste restreinte de l’ex-président George W. Bush pour nomination à la Cour suprême, a averti que Trump, «ses alliés et ses partisans sont un danger clair et présent pour la démocratie américaine».

Il a ajouté: «Aujourd’hui encore, l’ancien président, ses alliés et ses partisans s’engagent à ce que, lors de l’élection présidentielle de 2024 – si l’ancien président ou son successeur désigné comme candidat républicain à la présidence devait perdre cette élection – tenteront de renverser cette élection de 2024 de la même manière qu’ils ont tenté de renverser celle de 2020, mais en réussissant… là où ils ont échoué en 2020».

Luttig, ancien clerc du juge Antonin Scalia à l’époque, a terminé sa déclaration et l’audience en déclarant: «L’ancien président et ses alliés exécutent ce plan pour 2024 au vu et au su du public américain».

Avant l’audience, la Commission avait révélé d’autres détails du complot de Trump. Dans le cadre de ses efforts de pour rester au pouvoir, le principal avocat du coup d’État, John Eastman, avait correspondu avec Virginia «Ginni» Thomas, épouse du juge de la Cour suprême Clarence Thomas. Cela fait suite aux révélations montrant que Virginia Thomas avait envoyé des textos au chef de cabinet de la Maison-Blanche Mark Meadows, l‘incitant à faire appel à l’avocat d’extrême droite Sidney Powell et à envoyer les ennemis politiques de Trump à Guantanamo Bay.

Bien que le contenu des emails n’ait pas été révélé, il ne fait aucun doute qu’ils concernaient les efforts de Trump pour rester au pouvoir. Dans de précédents textos avec Meadows, Virginia Thomas avait exprimé son «dégoût» face à la réticence de Pence à renverser la Constitution.

Pour la première fois jeudi, Thomas a accepté de témoigner devant la Commission. Elle a dit qu’elle espérait dissiper toute «idée fausse» sur son rôle dans le coup d’État de Trump.

Soulignant le danger de l’attaque du Capitole et réfutant en même temps les affirmations que celle-ci était une «émeute spontanée» ayant juste «échappé à tout contrôle», la Commission a cité la déclaration faite par un informateur confidentiel dans le cadre du procès pour conspiration séditieuse contre cinq membres de la milice des Proud Boys.

L’informateur, connu sous le nom de «Témoin-1» dans les documents, a déclaré que les Proud Boys visaient Pence et la présidente de la Chambre des représentants Nancy Pelosi lors de l’attaque du Capitole, et que s’ils avaient capturé l’un ou l’autre de ces politiciens, il est probable que les Proud Boys les auraient tués.

La Commission a révélé que lorsque la horde des partisans de Trump avait fait irruption dans le Capitole, elle se trouvait à un moment donné à environ 12 mètres de Pence et de son entourage qui fuyaient de la salle du Sénat.

L’audience de jeudi, comme les deux qui l’ont précédée, a été dominée par des témoins et des témoignages de républicains. Cela fait partie de la stratégie délibérée du Parti démocrate d’utiliser les audiences pour présenter le récit d’un Parti républicain «sain», en opposition à Trump et aux «fous» comme les avocats républicains de longue date John Eastman et Rudolph Giuliani.

Comme pour le deuxième procès en destitution de Trump, les démocrates et les républicains de la Commission ont passé leur temps à féliciter Pence de ne pas avoir fait une chose manifestement illégale et anticonstitutionnelle. Bennie Thompson (démocrate du Mississippi) a commencé l’audience en récitant une citation de Pence. Liz Cheney, membre la plus haute de la Commission (républicaine du Wyoming), a montré durant ses commentaires d’ouverture une vidéo de Pence où celui-ci fait exactement la même citation et présentant Pence comme un vaillant défenseur de la démocratie par opposition à son patron Trump.

Cette fausse présentation ne tient pas compte du fait que pendant plus de quatre ans et jusqu’au 6  janvier 2021, en tant que vice-président de Trump, Pence a consciencieusement suivi l’exemple de ce dernier. Après la victoire de Biden, Pence a continué à soutenir l’affirmation de Trump que l’élection était illégitime. En novembre 2020, il a fait un discours devant le CNP (Council for National Policy) déclarant que lui et Trump allaient «continuer à se battre jusqu’à ce que chaque vote légal soit compté et que chaque vote illégal soit rejeté».

Lors de ce discours devant ce puissant groupe de réflexion républicain, qui compte Virginia Thomas parmi les neuf membres de son conseil d’administration, Pence a déclaré aux membres «nous attendons les résultats de notre élection» alors que l’élection avait déjà été déclarée en faveur de Biden.

Pence a refusé de témoigner devant la Commission et ne s’est pas exprimé publiquement sur de nombreux aspects du coup d’État, continuant de protéger Trump et ses complices dans le complot. Néanmoins, cela n’a pas empêché la Commission de louanger l’ancien gouverneur de l’Indiana comme un modèle de démocratie.

Les démocrates ont obtenu la présidence et le contrôle des deux chambres du Congrès lors des élections de 2020, mais ils ont immédiatement proclamé leur désir d’«unité» avec un parti qui avait cherché à mener un coup d’État. «Nous avons besoin d’un Parti républicain fort», a déclaré Biden.

Durant l’année et demie qui a suivi, les démocrates ont systématiquement dissimulé l’ampleur et l’importance de la tentative de coup d’État du 6  janvier, recherchant le soutien des républicains pour mener une politique de l’infection de masse et de l’agression militaire. Cela n’a fait qu’enhardir les fascistes qui dominent le parti républicain.

Les révélations continues sur l’échelle massive de la conspiration du 6  janvier et les mises en gardes à propos d’une nouvelle tentative de coup d’état de la part de Trump montrent clairement que les travailleurs ne peuvent pas défendre les droits démocratiques à travers le mécanisme du Parti démocrate. La lutte contre la dictature exige la mobilisation indépendante de la classe ouvrière sur la base d’une perspective socialiste.

(Article paru d’abord en anglais le 17 juin 2022)

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