A peine formé, le gouvernement Borne est déjà affaibli

Répudié dans les urnes lors des élections législatives du 19 juin, le gouvernement de la technocrate Borne est minoritaire et impopulaire. Ce gouvernement dépend de la volonté des partis de l’opposition parlementaire de ne pas le renverser.

Bien que Macron accorde sa confiance à Élisabeth Borne, cette dernière qui avait remis sa démission après le résultat des législatives, reste sur un siège éjectable. Vendredi Élisabeth Borne rencontre Emmanuel Macron pour discuter deux semaines après le résultat des législatives d’un remaniement du gouvernement.

Macron a échoué à former un gouvernement d’unité nationale allant du PCF au LR. Une rencontre entre le dirigeant du PCF et candidat à la présidentielle de 2022 et Macron a eu lieu à ce sujet. Roussel indiqua qu’il s’abstiendrait d’appeler à une motion de censure contre son gouvernement et que si ce n’était sa crainte de la réaction des travailleurs, le PCF rejoindrait une union sacrée avec Macron.

La coalition Ensemble du président Macron n’a pas réussi à obtenir la majorité à l’Assemblée lors du second tour des législatives n’obtenant que 246 sièges sur les 577 qu’en compte l’Assemblée. Des poids lourds d’Ensemble ont subi des défaites humiliantes. L’ancien ministre de l’Intérieur et président du groupe parlementaire de la République en Marche Christophe Castaner a perdu face à un candidat NUPES. L’ancien président de l’Assemblée nationale et leader de LREM Richard Ferrand a lui aussi été battu.

Nommé dans le gouvernement Borne mi-mai, la ministre de la santé Brigitte Bourguignon, la ministre de la Mer Justine Benin et la ministre de l’Ecologie Amélie de Montchalin n’ont pas réussi à se faire réélire et devront quitter le gouvernement. Mercredi prochain, la première ministre Borne doit présenter la politique générale du gouvernement qui doit être suivi selon la tradition parlementaire d’un vote de confiance.

Ce gouvernement dépend de la volonté des partis d’opposition. En minorité à l’Assemblée, Borne affirme que le camp présidentiel devra «bâtir des majorités sur des textes. Je pense qu’on peut trouver des partis républicains», sans préciser si cela incluait le RN et LFI. La prétention de Macron d’affaiblir l’extrême droite est un mensonge qui a vécu.

Le gouvernement prend la forme d’une dictature parlementaire dirigée contre les travailleurs. Aucun des partis de l’opposition présents à l’Assemblée nationale ne représente une réelle alternative pour les travailleurs. Sur les questions de la guerre, de la politique d’infection de masse dans la pandémie ou encore des plans de relance accordés aux banques qui for exploser l’inflation, il existe une unanimité de ces partis sur les positions impopulaires du gouvernement Borne.

Aucune des questions auxquelles sont confrontés les travailleurs n’a de réponse nationale. La NUPES, alliance entre le PS, le PCF, LFI et EELV, est pleinement impliqué dans la politique de Macron. Le leader de cette alliance et troisième candidat de la présidentielle, Mélenchon n’a pas cherché à mobiliser les travailleurs et les jeunes qui ont voté pour lui durant la présidentielle contre le futur vainqueur de la présidentielle.

Fort de plus de 7,7 millions de voix et arrivé en tête dans 11 des 16 métropoles, Mélenchon avait dans son électorat de larges sections de travailleurs et de jeunes qui voulaient une politique de gauche marquant leur hostilité à la fois à Macron et à Le Pen – notamment des travailleurs musulmans visés par Le Pen et la loi « anti séparatiste » islamophobe de Macron.

Une telle action, menée contre les menaces de guerre de l’Otan contre la Russie et l’incurie officielle face à la Covid-19, aurait encouragé à la lutte des classes à l’international, comme l’a fait la grève générale de Mai 68.

Mélenchon a préféré se proposer en tant que premier ministre soit de Macron soit de la néofasciste Marine Le Pen. Dans une interview sur BFMTV pendant le second tour des présidentielles, Mélenchon avait souligné que son attitude envers le néofascisme est devenue moins hostie au courant des 50 années depuis la fondation du Front National.

Mélenchon avait passé sous silence l’endettement massif de la France pendant la pandémie pour financer des plans de relance qui ont massivement bénéficié aux super-riches durant la pandémie, responsable de l’inflation des prix de l’énergie et alimentaires et aussi des décès des travailleurs conséquence de la politique d’immunité collective.

Sur la guerre en Russie, Mélenchon dénonce la Russie comme l’unique responsable du conflit entre l’Otan et la Russie, se rangeant derrière l’impérialisme français. La formation d’un gouvernement NUPES sous la présidence Macron ou Le Pen mènerait la même politique cyniquement sous un faux jour « militant » que celle menée par un gouvernement Borne.

Par conséquent la perspective d’une opposition à l’Assemblée nationale de la NUPES contre Macron est déjà en faillite. Les questions soulevées par le contexte politique en France sont en fait internationales et ne peuvent être résolues que par la mobilisation consciente de la classe ouvrière.

Les travailleurs en Europe et dans le monde entre de plus en plus directement en lutte contre leur gouvernement ce qui est notamment le cas au Royaume-Unis avec les travailleurs du rail. Des grèves sont annoncées durant l’été dans les aéroports, le rail, dans les hôpitaux contre la vie chère et pour des augmentations de salaires. C’est vers les luttes de la classe ouvrière à l’international que les travailleurs en France doivent se tourner. C’est là que se trouve la force objective qui peut mener une lutte contre la guerre, l’inflation et la pandémie.

Les travailleurs ne doivent pas se tourner vers la NUPES mais rompre avec celle-ci et unifier leur lutte avec les travailleurs à travers le monde, en créant des comités d’action liés à l’Alliance internationale ouvrière des comités de base fondé par le Comité international de la IVe Internationale.

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