Les CDC et Reuters suppriment les avertissements sur une transmission aérienne de la variole du singe.

Vendredi, les CDC (Centres de contrôle et prévention des maladies aux États-Unis) et l’agence de presse Reuters ont intensifié leurs attaques contre ceux qui mettent en garde contre la transmission par voie aérienne du virus mortel de la variole du singe.

Dans un article de «vérification des faits» publié par Reuters, ce média affirme que les messages diffusés sur les réseaux sociaux dévoilant les changements inexpliqués apportés fin mai aux directives des CDC sur la variole du singe, «ne tiennent pas compte du contexte» de ces changements.

L’article de Reuters a été publié après que Dana Parish, auteur et défenseur des personnes souffrant de la COVID longue durée, a écrit une série de tweets, le 30  juillet, montrant que les directives des CDC avaient été «nettoyées» de toute référence claire au danger de transmission aérienne de la variole du singe.

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Parish comparait le Livre jaune des CDC, qui fournit des informations sur la santé et les maladies aux personnes voyageant à l’étranger, à leur FAQ actuelle sur la variole du singe, qui présente des directives contradictoires. Le Livre jaune, publié tous les deux ans et dernièrement en 2020, dit que «la transmission de la variole du singe d’une personne à l’autre est principalement respiratoire; le contact avec des lésions cutanées ou des croûtes infectieuses est un autre moyen, quoique moins courant, de transmission d’une personne à l’autre».

En revanche, les directives les plus récentes des CDC affirment que le «contact direct» est le principal mode de transmission. «Les sécrétions respiratoires» – terme qui n’est ni défini ni expliqué – est listé comme mode de transmission secondaire, tout au plus. Pour renforcer ses affirmations, le CDC écrit encore que «dans l’épidémie actuelle de variole du singe, le virus se propage principalement par contact personnel étroit», y compris les rapports sexuels.

L’idée que la vaiole se transmet surtout par voie sexuelle a été massivement promue depuis le début de cette pandémie, début mai. L’OMS (Organisation mondiale de la santé) et pratiquement toutes les agences sanitaires des principaux gouvernements capitalistes ont fait valoir que 98  pour cent des cas confirmés à ce jour concernaient des hommes sexuellement actifs avec d’autres hommes. En réalité, les tests ont été largement limités à ce groupe démographique, presque tous les pays non endémiques refusant d’effectuer des tests à grande échelle pour déterminer l’étendue de la maladie dans l’ensemble de la population.

Il est significatif qu’en Afrique, où la variole du singe est endémique dans certains pays et où au moins 350  cas ont été détectés cette année, 60  pour cent de tous les cas concernent des hommes et 40  pour cent des femmes.

Historiquement, on a longtemps reconnu que la transmission par voie aérienne était l’une des voies-clés de passage de la variole du singe d’une personne à l’autre, et la science du virus n’a pas changé d’un jour à l’autre au cours de l’actuelle épidémie qui est sans précédent. Un récent article préimprimé étudiant l’épidémie de cette année au Royaume-Uni montre que «trois des quatre échantillons d’air recueillis» au cours de l’étude se sont révélés positifs pour la variole du singe, indiquant que la maladie est transmise par voie aérienne. Au Nigeria, pays où les épidémies de variole sont plus fréquentes, les directives sanitaires relatives à cette maladie prévoient toujours des «précautions contre la transmission aérienne».

En juillet, le ministère américain de la Sécurité intérieure (DHC) a publié un rapport détaillé sur la variole du singe, indiquant qu’elle peut se propager par aérosols, et recommande aux professionnels de la santé de porter des masques  N95 pour se protéger.

Dans un long fil de discussion défendant Parish contre l’attaque de Reuters, le défenseur anti-COVID Lazarus Long documente de nombreuses sources qui notent la transmission par voie aérienne de la maladie, y compris de multiples captures d’écran de directives antérieures du CDC.

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Parish a commenté ainsi l’article de Reuters au World Socialist Web Site: «les vérificateurs de faits sont censés utiliser des faits, pas des ouï-dire gouvernementaux sans aucune donnée pour les étayer. Le gouvernement a refusé de tester les femmes, les enfants et les hommes hétérosexuels en affirmant que le virus ne se propageait que chez les hommes ayant eu des rapports sexuels avec d’autres hommes. Cela n’indique pas un mode de transmission, mais montre qu’une communauté a été testée et d’autres pas. Si l’on savait qu’un virus était surtout transmis par voie aérienne avant l’actuelle épidémie, quelle preuve a-t-on que ces cas là ne sont pas transmis par voie aérienne? Avoir des rapports sexuels rapprocherait ces hommes pendant une période suffisamment longue pour avoir une dose infectieuse».

«Vous vous rappelez quand le gouvernement a dit que vous n’attraperiez la COVID que si vous étiez en contact avec quelqu’un pendant 15  minutes. C’était faux et sans fondement, et tout cela me semble étrangement familier».

Parish a également évoqué le manque de recherche véritable dans l’article de «vérification des faits». «Pourquoi Reuters a-t-il écrit que le CDC expliquait que la voie respiratoire était un mode de transmission primaire sans montrer aucune preuve que ce n’est plus le cas? De même, pourquoi Reuters a-t-il parlé du document du ministère de la Sécurité intérieure sans expliquer qu’il demandait aux travailleurs de la Santé d’utiliser des N95 au minimum autour des patients atteints de variole du singe, et qu’il parle aussi dans ce document de la propagation par voie aérienne?» demande-t-elle.

Elle ajoute: « Reuters a confirmé que jusqu'à l'épidémie actuelle, le CDC et d'autres experts savaient que la transmission aérienne était la principale voie de transmission, mais n'ont fourni aucune preuve montrant que ce n'était pas le cas, ni aucune explication sur la façon dont un virus peut soudainement ne plus être transmis par l’air, d'autant plus que les cas se propagent si rapidement. »

Parish a également noté que Reuters avait contacté uniquement le CDC pour son article et n’avait pas demandé à Parish de commenter. Autrement dit, on tente de discréditer et de réduire au silence ceux qui défendent le principe de précaution qui exige que tout l’arsenal des mesures sanitaires soit déployé contre une épidémie virale mortelle dont on ignore encore beaucoup de caractéristiques.

Le moment où l’article de Reuters a été publié suggère que diverses discussions de haut niveau ont lieu dans l’État américain sur sa réponse à la nouvelle pandémie. Le jour même de la publication du «fact check», la FDA (Food and Drug Administration – Administration des denrées alimentaires et médicaments) a autorisé l’utilisation du vaccin antivariolique Jynneos pour les enfants de moins de 18  ans potentiellement exposés à la variole du singe dans une garderie de l’Illinois, malgré l’absence d’essais cliniques pour tester la sécurité et l’efficacité du vaccin pour cette population.

La décision de la FDA suggère que le gouvernement sait que lors des épidémies précédentes, comme l’indique le rapport du Nigeria, «la majorité des décès sont survenus dans des groupes d’âge plus jeunes». L’autorisation immédiate du vaccin Jynneos contraste fortement avec le délai prolongé pour l’autorisation d’utiliser d’urgence des vaccins anti-COVID pour enfants ces deux dernières années.

En même temps, les cas sont en augmentation chez les jeunes. Au cours du week-end, la Floride a signalé trois nouveaux cas de variole du singe chez des moins de quatorze ans, ce qui porte à au moins huit le nombre total d’infections chez des enfants aux États-Unis. On compte désormais plus de 7.500  cas aux États-Unis et près de 29.000  dans le monde. Le nombre de décès, selon Our World In Data, s’élève actuellement à neuf.

Comme pour la pandémie de coronavirus, la classe ouvrière dans son ensemble doit se demander: «Que sait le gouvernement des dangers de la variole du singe et quand l’a-t-il su?» Il est de plus en plus clair que les mêmes tractations sournoises que celles du début de la pandémie de COVID-19, destinées à garantir qu’on soutienne la bourse aux dépens des vies humaines, se répètent, et qu’on cache à la population américaine et mondiale les immenses dangers de la variole du singe.

Nicolas Smit, expert en transmission aérienne et en masques, a déclaré au WSWS: «Les CDC ont l’habitude de cacher au public les preuves de la transmission aérienne et de l’induire délibérément en erreur en lui faisant croire qu’elle n’existe pas, jusqu’à ce qu’ils soient forcés de l’admettre. Les CDC ont admis la transmission aérienne pour la COVID en janvier 2020, puis ils ont dit au public pendant plus d’un an qu’il n’y avait aucune preuve d’une transmission aérienne. Les CDC n’ont admis la transmission aérienne qu’une semaine après l’OMS, en mai 2021».

Smit ajoute: «Le CDC et le président Biden ont déclaré qu’une fois la transmission par voie aérienne confirmée, ils recommanderaient l’utilisation généralisée d’ÉPI pour transmission aérienne comme les N95. Mais quand c’est arrivé, ils ont continué de recommander les masques en tissu et ont gardé le secret sur des options supérieures comme les respirateurs en élastomère».

Les inquiétudes sur la transmission aérienne de la variole du singe sont particulièrement importantes au moment de la réouverture des écoles. Les écoles, comme les usines, les bureaux et autres lieux de travail, se sont avérés être des vecteurs essentiels de transmission des virus opérant par voie aérienne, tels que le coronavirus et la variole du singe. Le fait que les avertissements concernant la transmission aérienne du virus de la variole soient supprimés suggère que le gouvernement connaît les dangers et qu’il tente de supprimer l’opposition sociale à la propagation incontrôlée chez les enfants d’un deuxième virus pandémique mortel.

«L’essentiel est que nous avons besoin de transparence et d’orientations claires, fondées sur des données scientifiques, afin de protéger les enfants, leurs familles, les enseignants et l’ensemble de la communauté», écrit Parish. «Au lieu de dépenser tant d’énergie à essayer de travailler leur image en me discréditant, moi et d’autres qui les ont interpellés et sommes légitimement inquiets, les CDC et tous les responsables de la santé publique devraient se concentrer comme des lasers sur la compréhension et l’atténuation de l’épidémie, et sur communiquer directement au public comment se protéger».

(Article paru d’abord en anglais le 8 août 2022)

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