Visant travailleurs et immigrés, Darmanin augmente les forces de police à Marseille

En visite à Marseille en août, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a annoncé le renfort de trois unités de forces mobiles, soit 240 agents des forces de l’ordredans la zone Marseille/Arles. Darmanin avait, en parallèle de sa visite, accordé une longue interview au journal le JDD pour faire le lien entre l’immigration et la délinquance en poursuivant sa campagne anti-immigration.

Accueillant65 nouveaux policiers nationaux, portant au total à 95 agents supplémentaires depuis le début de l’année sur Marseille, Darmanin a annoncé l’arrivée d’une centaine de policiers nationaux d’ici décembre faisant partie du plan “Marseille en grand”, annoncé en septembre dernier par Emmanuel Macron. Le président avait promis le renfort de 300 policiers nationaux dans le département des Bouches-du-Rhône d’ici 2023.

Darmanin a affirmé : « J’ai décidé de mettre, à demeure, sous l’autorité de la préfète de police, trois unités de forces mobiles soit 240 agents des forces de l’ordre pour intensifier encore la lutte contre la drogue et l’insécurité dans la zone Marseille/Arles ». En plus des 240 renforts sur Marseille/Arles, il y en aura 160 entre Montpellier et Béziers et 80 à Perpignan. En tout, onzenouvelles unités d’agents de forces mobiles, qui seront sous la tutelle des préfets. Les autres unités seront réparties autour de Lille, de Lyon, et dans la zone située entre Cannes et Nice.

Les déclarations de Darmanin ont été applaudies par l’ensemble des partis politiques établis. Ainsi le député des quartiers Sud Lionel Royer-Perreaut (app. Renaissance) a-t-il dit : « Merci de doter Marseille d’une 3ecompagnie de CRS et de maintenir le cap de l’affectation de 300 policiers nationaux supplémentaires d’ici à la fin de l’année. L’ordre républicain en tous lieux et en tout temps. La fermeté avant tout !»

Présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence et du conseil départemental des Bouches-du-Rhône, Martine Vassal (DVD), a insisté : « La sécurité doit être l’affaire de tous. Le département des Bouches-du-Rhône a déjà investi 97,6 millions en 6 ans pour la sécurité publique des communes. Merci pour les Provençaux !»

Le ministre de l’Intérieur a prétendu vouloir lutter contre les rodéos et les trafics de drogue. Dans un tweet sur les rodéos, Darmanin a écrit : « Les ‘rodéos’ peuvent être criminels. Nous les combattons fermement. Sur les 2 derniers mois, 8000 opérations de contrôle menées, 1200 interpellations, 700 engins saisis. J’ai demandé aux forces de l’ordre de renforcer encore notre action : 10000 opérations seront menées en août ».

Au détour de l’interview au JDD, Darmanin a indiqué que «48 % des gens interpellés pour des actes de délinquance à Paris, 55 % à Marseille et 39 % à Lyon sont des étrangers. Bien sûr que l'étranger n'est pas par nature un délinquant. Mais il est évident que nous avons un problème de délinquance étrangère. Un étranger qui commet un acte de délinquance grave doit être expulsé très vite, parce qu'il crache sur le sol qui l'accueille ».

En se rendant sur Marseille pour y accueillir 65 nouveaux policiers et en annonçant des centaines d’autres, Darmanin mène une campagne puante contre les quartiers populaires de Marseille, parmi des plus pauvres de France. Dix-septpour cent de la population y vit sous le seuil de pauvreté et quatorze pour cent habite un logement en situation de suroccupation. La participation de la population au marché du travail est en outre plus faible qu’ailleurs : le taux d’emploi des 25-54 ans est de 4 points inférieur à la moyenne de France métropolitaine.

L’envoi de forces de l’ordre sur Marseille n’aurait pas été possible sans l’aval de la mairie de Marseille et des partis de la Nouvelle alliance populaire dirigée par Jean Luc Mélenchon. La mairie de Marseille, dirigée par une alliance PS-EELV, a insisté que cela était insuffisant. La municipalité a lancé depuis 2020 une campagne de recrutement afin de doubler le nombre de policiers municipaux. Depuis le début de l’année 2022, 47 policiers municipaux ont été recrutés. En deux ans, les effectifs de la brigade de nuit ont doublé.

Yannick Ohanessian (PS), adjoint au maire de Marseille, avait insisté: «Six cents manquent encore pour rétablir l’égalité républicaine avec les autres communes. Nous continuerons de demander l’attention de l’État pour la 2eville du pays ». Quant au maire de Port-de-Bouc, Laurent Belsola (PCF), il ne cesse de demander la réouverture d’un commissariat de plein exercice.

Le renfort des forces de l’ordre fait partie de la campagne anti-immigration du gouvernement Macron qui prépare une attaque de grande ampleur contre les immigrés. Le gouvernement Macron veut présenter un projet de loi qui propose de supprimer le droit des immigrés à faire appel d’une expulsion. Il propose également la suppression des exemptions aux expulsions. Ceci est un avertissement contre le danger que pèse sur la classe ouvrière.

Mais plus largement, cela fait partie d’une politique de classe impitoyable qui prépare un État policier. Le gouvernement Macron est confronté à une radicalisation des travailleurs et des jeunes dans les grandes villes qui ont voté majoritairement pour Mélenchon, qu’ils l’identifient faussement comme une alternative de gauche à Macron depuis la présidentielle.

La rentrée sociale s’annonce explosive. La crainte d’une 8ème vague de Covid qui a fait plus de 150.000 morts rien qu’en France, le danger d’une guerre, la montée de l’inflation et la « fin de l’abondance » annoncée par Macron signifieront une augmentation stupéfiante de la pauvreté et des conflits sociaux dans des conditions de crise sociale déjà aiguë.

Cette année a déjà vu une éruption de la lutte des classes à l’échelle internationale, attirant des couches de plus en plus larges de travailleurs. La réponse à la politique de la classe dirigeante d’attaque des droits démocratiques, d’infection en masse du Covid, d’austérité, de guerre, et d’État policier doit être un programme politique conscient qui représentera les intérêts de la classe ouvrière et unifiera les luttes des travailleurs dans tous les secteurs de l’industrie et au-delà des frontières nationales.

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