Travailleurs, étudiants dans le sud de la France dénoncent la guerre et Macron

Hier, pour la deuxième manifestation contre la réforme des retraites de Macron, les travailleurs et les étudiants se sont fortement mobilisés et radicalisés depuis la manifestation du 19 janvier. Les manifestations dans le sud de la France soulignent que l’opposition des manifestants ne se limite pas à cette réforme mais conteste plus largement le gouvernement et la guerre.

A Marseille, les syndicats ont compté 205. 000 manifestants, soit 50.000 de plus que le 19 janvier. A Nice 25.000 personnes ont manifesté, 80.000 à Toulouse, 28.000 à Nîmes. A Grenoble, 40.000 personnes étaient dans les cortèges. A Lyon où les écoles, les transports et les raffineries étaient perturbés, il y a eu 45.000 manifestants. Selon France3, Montpellier compte 25.000 manifestants et Perpignan, ville tenue par le RN, 14.000. A Nantes, les syndicats annoncent 65.000 manifestants.

A Nice, nos reporters ont rencontré Vincent, étudiant qui demande le retrait de la réforme des retraites : « Comme tout le monde, je demande le retrait pur et simple d’une réforme injuste. Cette réforme permet de faire peser le gros d’une réforme sur une tranche d’âge de 50 à 60 au lieu de le répartir sur tout le monde. On arrive bien à trouver 400 milliards d’euros pour l’armée, 20 milliards on peut les trouver pour les retraites ».

Sur l’annonce d’augmentation du budget de l’armée en parallèle de la baisse des dépenses sociales avec la réforme des retraite, Vincent nous dit : «Le timing est mauvais. On choisit d’annoncer une allocation à l’armée qui est démentielle, après on va réclamer aux Français de faire gagner à l’État des milliards d’euros par leur travail. On a peur d’une généralisation du conflit, alors que les véritable enjeux se trouvent dans l’écologie et non dans l’armée ».

Une travailleuse dans le milieu médicale raconte que les grèves pour les salaires n’ont pas permis de compenser l’inflation : « Mon salaire n’a pas augmenté de 15 pour cent comme les aliments ont pu augmenter. J’ai voulu prendre une meringue à la boulangerie, avant elle était à 2 euros maintenant elle est à 2,30. Elle a augmenté de 15 pour cent, mon salaire non. Il y a eu une grève chez nous, nous avons eu qu’un pour cent d’augmentation. C’est minable. Quand cela va revenir à la normale, les prix des aliments et de l’énergie » ?

Selon Mathieu, travailleur indépendant venu à la manifestation contre cette réforme des retraites et la montée de la guerre de l’OTAN contre la Russie en Ukraine: «C’est toujours les mêmes qui se font avoir c’est une sombre arnaque beaucoup de gens souffrent en Ukraine et dans d’autres pays en guerre. La troisième guerre mondiale est possible ».

Mathieu a expliqué l’importance internationale de cette mobilisation : «Cette réforme affecte la société française et mondiale, car on nous regarde. C’est important d’être ici. Macron travaille pour les riches, les grosses entreprises. Les politiques s’en moquent du peuple, ils inventent de faux problèmes pour nous faire croire qu’il faut que l’on serre la ceinture et s’en mettent plein les poches. On se fait tous écraser par le capitalisme ».

A Marseille, le WSWS a rencontré Chantal, fonctionnaire au ministère des finances: «Je suis là pour ma retraite, j’ai signé pour 37,5 annuités, mais je vais devoir faire 43 ans de cotisation et un départ à 63 ans parce que je suis cadre. Cette réforme est une offense pour les travailleurs. On nous vole nos vies, notre santé. Par rapport aux femmes c’est une violence, je m’aperçois comme on a eu des carrières hachées à cause des enfants, on doit aller au-delà de 42 ans. Là on va devoir faire plus pour avoir moins d’argent car on ne pourra plus compenser notre décôte ».

Chantal a expliqué les gros cadeaux que Macron a fait en tant que président des riches : « Macron quand il est arrivé au pouvoir il a fait une modification des impôts ou les taxes des dividendes des entreprises ... Si on applique l’ancien taux de 21 pour cent sur les dividendes distribué et les 12,8 qui sont appliqués, c’est encore 5 à 6 milliards qui vont passer à la trappe en cadeau pour les entreprises».

Sur les appareils syndicaux, Chantal a dit : «Il y a un certain nombre de fois où on n’aimerait pas qu’ils négocient, car cela donne un accord et un aval à quelque chose qui me pose problème. … On peut aussi rêver d’une organisation politique d’une gauche rassemblée ».

Jane, étudiant en prépa science, a dit être là «contre la réforme des retraites, contre le gouvernement Macron. J’attends qu’il y ait une continuité. J’ai entendu que l’on pouvait prendre le rythme d’une manif par jour, augmenter la mobilisation des AG des jeunes. On va donner des centaines de milliards à l’armée au lieu du social ».

Jane dit accorder plus de confiance à la rue qu’aux appareils syndicaux: «Les syndicats sont divisés en ce moment, j’ai plus confiance dans la mobilisation citoyenne détachée des syndicats. Il faut un rapport de force avec les syndicats, qui font trop de concessions. Au début les ‘gilets jaunes’ étaient radicaux. Ce mouvement a été récupéré, méprisé, ils ont perdu en éclat mais c’est quelque chose qu’il faut comprendre et qui a servi ».

Sur l’envoi de chars à l’Ukraine, Jane affirme son opposition : « Envoyer des chars clairement c’est stupide, cela veut dire que l’on est présent. Cela donne au conflit une dimension autre. Je ne suis pas calée en stratégie militaire mais je trouve que c’est flippant, cette escalade militaire. La Russie est dépendante de la Chine et celle-ci des Etats-Unis».

Jean, retraité, a dit au WSWS : «Je ne veux pas que mes enfants et mes petits-enfants et puis la population en général soient victimes de la loi qui sera votée. Je pense que la rue et les gens doivent se manifester le plus largement possible. Dans un premier temps c’est un départ comme la manifestation de la semaine dernière ; cela doit prendre de l’ampleur et que tous les syndicats suivent et ne lâchent pas en cours de route, ce qui arrive systématiquement. Il faut que les ouvriers étudiants travailleurs et ouvriers prennent leur affaire en main et disent non à la réforme et pas seulement non au profit, non au système injuste avec une minorité qui dise à tout le monde quoi faire ».

Sur l’augmentation du budget de la défense par Macron, Jean a dit : « Je suis antimilitariste, c’est au niveau des partis politiques et des populations qui doivent décider des budgets. Les préparatifs de guerre, c’est dangereux pour nous. Mais y a pas que le budget de l’armement, il y a les injonctions de Bruxelles. C’est un ensemble de chose qu’il faut combattre globalement ».

« Que l’on envoie des chars en Ukraine et l’augmentation du budget pour l’armée, moi personnellement je ne me retrouve pas là-dessus», a-t-il poursuivi. « Envoyer des chars en Ukraine c’est mettre des doigts dans l’engrenage qui va pousser la Russie à dire qu’elle se défend car acculée de tous les côtés. C’est grave, on pourra ensuite faire passer les programmes de toutes sortes, l’état d’urgence, retraites comme aujourd’hui … »

Sur la nécessité d’une lutte internationale des travailleurs, indépendants des appareils syndicaux, Jean a dit : « L’alliance des travailleurs à l’échelle internationale, c’est important … On se rend compte que les forces du capital ont toujours un temps d’avance en fin de compte. Aujourd’hui on est là pour se défendre».

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