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Les États-Unis saisissent les documents de l'Irak destinés à l'ONU pour faire campagne pour la guerre

par Bill Vann
12 décembre 2002

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La saisie par l'administration Bush de la déclaration de 12.000 pages sur l'état de l'armement que l'Irak a fait parvenir aux Nations unies samedi dernier montre combien désespérée elle est de fabriquer un prétexte pour faire sa guerre.

Dans un geste que l'on ne peut qualifier autrement qu'une extorsion, des diplomates se sont rendus dans les bureaux du chef des inspecteurs en désarmement, Hans Blix, et se sont emparés des documents quelques heures seulement après leur arrivée à New York. Auparavant, Blix avait annoncé que l'ONU avait l'intention de passer à travers les documents avant d'en fournir une copie à chacun des membres du Conseil de sécurité vers la fin de la semaine.

Washington a depuis fait parvenir une copie des documents aux quatre autres membres permanents du Conseil de sécurité, la France, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine et entend ne fournir qu'une copie censurée aux dix membres temporaires, prétendument pour empêcher que soient transmises des informations sur les techniques de fabrication d'armes chimiques, biologiques ou nucléaires.

Ce vol qualifié de la déclaration a donné plus de marge de manoeuvre à Washington pour monter sa cause contre le régime irakien. Les officiels américains ont déclaré que leur unique préoccupation était de s'assurer que le matériel serait reproduit dans un environnement sécuritaire. «Vous ne pouvez pas envoyer ces documents chez Kinkos [une chaîne de commerces spécialisés dans la photocopie]» a dit un officiel. Cette prise de possession unilatérale des documents ouvre toutefois la porte à la possibilité d'y incorporer du matériel qui incriminant l'Irak ou au contraire d'éliminer des informations qui l'exonéreraient.

On s'attend à ce que Washington exige une réunion d'urgence du Conseil de sécurité dans les deux semaines qui viennent pour demander que l'Irak soit déclaré en «violation substantielle» de la résolution sur l'inspection des armements qui a été votée le mois passé. Ceci fournirait un prétexte pseudo légal pour amorcer la guerre contre l'Irak.

Quiconque est d'avis que Washington n'irait pas jusqu'à la fraude pour avoir un prétexte pour mener sa guerre ne connaît pas grand-chose à l'histoire américaine. Lors de la dernière guerre du Golfe Persique, l'administration de Bush père a lancé son attaque en déclarant que des photos satellites montraient qu'un quart de million de soldats irakiens s'était massé à la frontière de l'Arabie saoudite. En fait, les photos satellites avaient plutôt montré sans l'ombre d'un doute que les troupes irakiennes se retiraient du Koweït. Des années auparavant, la résolution qui autorisait l'augmentation du nombre des soldats au Vietnam avait été votée après que des officiels gouvernementaux aient faussement déclaré que des navires de la marine américaine avaient été la cible d'une attaque non provoquée par des avisos-torpilleurs vietnamiens dans le golfe du Tonkin.

Aujourd'hui, Washington monte un dossier frauduleux sur les prétendus programmes de développement d'armes de destruction massive dans le but de mener une guerre qui n'a d'autres buts que de faire un protectorat américain de l'Irak et que de mettre solidement sous contrôle américain l'ensemble du pétrole du Golfe Persique.

En s'appropriant la déclaration irakienne, l'administration Bush s'est donné un avantage crucial, particulièrement dans un contexte où les services du renseignement américains et britanniques admettent qu'ils n'ont aucune preuve concrète qu'un programme d'armement interdit existe en Irak. La reprise des inspections des sites irakiens qui prétendument participaient à la production d'armement n'a fort probablement pas réussi à fournir la moindre preuve qui étayerait les allégations américaines.

La saisie de la déclaration irakienne est une démonstration incriminante de l'impotence de l'ONU et du rôle essentiel qu'elle joue en tant que siège de l'organisation des agressions impérialistes contre les pays opprimés. Dans une entrevue qu'il donnait à la British Broadcasting Corporation, le secrétaire-général de l'ONU, Koffi Annan, a donné le qualificatif «infortuné» au geste américain tout en niant avec difficulté les accusations que l'organisation internationale était une marionnette au service des intérêts américains.

Les officiels américains ont fait pression sur l'ambassadeur colombien aux Nations unies, le président du Conseil de sécurité ce mois ci, pour qu'il leur remette les documents. Washington a forcé la Colombie à acquiescer à ses demandes au moyen de l'intimidation et de la corruption.

Le secrétaire d'État, Colin Powell, s'est rendu à Bogota la journée avant le dépôt de la déclaration par l'Irak, annonçant que les États-Unis augmenteraient significativement leur aide militaire au régime de droite du président Alvaro Uribe bien en deçà des 537 millions de dollars déjà promis pour l'an prochain. Alors que Powell avait reporté plusieurs fois son voyage dans la capitale colombienne, il a été reprogrammé aussitôt que l'ambassadeur colombien est devenu président du Conseil de sécurité.

Plusieurs des pays membres du Conseil de sécurité, y compris la Syrie, le Mexique et la Norvège ont manifesté leur opposition aux actions des Américains, particulièrement envers la décision de n'offrir qu'une version tronquée des documents aux membres non permanents du Conseil de sécurité.

Bien qu'ils n'auront que des versions «aseptisées» des documents auxquels il manquera des portions substantielles, on demandera à ces dix membres temporaires du Conseil de sécurité de décider si oui ou non l'Irak a répondu aux exigences de la résolution du Conseil de sécurité quant à la production d'une «déclaration à jour, exacte et complète».

Cette déclaration ne doit pas seulement rendre compte des prétendus programmes d'armement de l'Irak, mais aussi de toutes les sociétés civiles impliquées dans la production de matériel biologique, chimique ou nucléaire qui pourrait être utilisé dans la production d'armes. Pour concocter une condamnation de l'Irak, les États-Unis cherchent à utiliser ce qu'ils appellent les technologies à double usage qui sont des procédés et des produits de l'industrie biologique et chimique largement utilisés dans l'industrie en général afin de les présenter comme des programmes secrets d'armement.

Parmi les sections qui n'apparaîtront pas dans les documents transmis aux membres temporaires du Conseil de sécurité, il y aura la liste des fabricants d'armes qui ont approvisionné le régime de Bagdad et la liste des officiels gouvernementaux qui ont négocié la vente des armements. Ces informations démontreraient clairement que les officiels gouvernementaux et les sociétés américains et britanniques ont contribué et sont les complices de l'Irak dans le développement des programmes d'armes chimiques et biologiques alors que ce dernier était en guerre contre l'Iran au début des 1980. On craint que de telles révélations ne viennent miner la tentative de créer un climat hystérique sur la question de l'existence de tels programmes aujourd'hui.

«Il est difficile de justifier cela en termes de sécurité nationale» a dit l'ancien inspecteur en désarmement David Albright au sujet de la censure sur les anciennes ententes de vente d'armes. «Mais je suppose que cela peut se justifier pour éviter un embarras national.»

Le cambriolage par effraction de la déclaration de l'Irak par les États-Unis montre combien déterminée est l'administration Bush lorsqu'il s'agit d'empêcher que son échéancier pour la guerre ne soit retardé par les inspections des armements, par la diplomatie ou par le respect de la loi internationale.

Plus de 60.000 soldats américains sont déjà aux frontières irakiennes alors que la force de frappe massive de quatre porte-avions et des bâtiments qui les accompagnent sont en route vers les eaux qui bordent ce pays du Moyen Orient. Les planificateurs du Pentagone ont choisi janvier et février comme les meilleurs mois pour une guerre parce qu'ils sont plus frais et que les nuits sont plus longues, ce qui donne un avantage supplémentaire aux troupes américaines à cause de leur équipement de vision de nuit.

Le chef du commandement central de l'armée américaine, le général Tommy Franks, s'est rendu à Qatar ainsi qu'environ un millier d'officiers et de membres de l'état-major américains et britanniques pour mener un exercice dénommé «Internal Look» (regard intérieur) qui a été décrit comme une répétition générale pour l'appareil de coordination et de direction qui a été mis en place pour l'invasion de l'Irak. Le même nom de code avait déjà été utilisé pour une opération du même type qui avait eu lieu juste avant la guerre du Golfe il y a plus de dix ans.

Le caractère barbare qu'aura la guerre que Washington prépare est montré dans un document que la Maison blanche a présenté au Congrès cette semaine qui avertissait qu'elle se préparait à utiliser «une force prépondérante», y compris l'arme nucléaire, en réponse à tout usage par l'Irak d'armes chimiques ou biologiques contre les troupes américaines. Le document, qui porte le titre de «Stratégie nationale de combat contre les armes de destruction massive» a soulevé la crainte au Moyen Orient qu'une invasion de l'Irak pourrait signifier le déclenchement de la première guerre atomique depuis les bombardements d'Hiroshima et de Nagasaki en 1945.

Au même temps, le Pentagone a annoncé qu'il se réservait le droit d'utiliser des mines en Irak comme partie de son assaut sur le pays. USA Today a écrit que les forces américaines avaient stocké une grande quantité de mines anti-personnel à Bahrayn, au Qatar, à Oman, au Koweït, en Arabie Saoudite et sur la colonie britannique insulaire de Diego Garcia dans l'Océan Indien où les Américains ont également une base militaire.

Washington avait promis que dès 2003, les militaires américains cesseraient d'utiliser des mines anti-personnelles où que ce soit à l'exception de la péninsule coréenne. Chaque année, ces armes nucléaires tuent plus de 20.000 personnes, 80 pour cent d'entre elles des civils, plus d'une sur trois étant un enfant. Elles vont continuer à tuer bien après que les opérations militaires se seront terminées.

Un porte-parole du Pentagone a déclaré que les mines continuaient à jouer un «rôle vital et crucial» et que les commandants américains auraient l'autorisation de les utiliser dans une guerre contre l'Irak.

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