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Le WSWS organise une réunion à New York contre la campagne de guerre des États-Unis

Par Bill Vann
17 décembre 2002

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Le directeur du comité de rédaction du World Socialist Web Site, David North, a accusé l'administration Bush d'utiliser la question des «armes de destruction massive» pour lancer une guerre contre l'Irak qui aura des implications énormes à travers le monde aussi bien que pour les relations sociales aux États-Unis.

Devant une assistance nombreuse à New York le 15 décembre, North a souligné l'anxiété croissante de millions de personnes devant la guerre qui paraît de plus en plus inévitable. «La guerre se prépare sous nos yeux, tel le proverbial accident de train au ralenti.

«Les délires du gouvernement américain et la propagande stupide des médias tentent non pas de convaincre, mais bien d'endormir le public. Aucun des arguments avancés par l'administration Bush ne peut résister à un examen critique. Le principal prétexte pour la guerre - que l'Irak représente une menace immense et immédiate à la sécurité nationale des États-Unis - est une fraude gigantesque et transparente. L'administration Bush insiste qu'il faut détruire les "armes de destruction massive" irakiennes. Mais elle est incapable de donner une seule preuve que de telles armes existent.

«Aucun pays au monde n'a subi une surveillance aussi massive et invasive que l'Irak. On lui a enlevé la plupart des prérogatives qui reviennent à un État souverain. Depuis plus d'une décennie, une grande partie de son territoire subit des bombardements répétés par les États-Unis et le Royaume-Uni. Les satellites américains transmettent chaque jour aux agences militaires et de renseignement des milliers d'images informatisées de chaque mètre carré du sol irakien jugé suspect du point de vue de la sécurité. À présent, il y a des dizaines "d'inspecteurs en armement" qui sillonnent le pays, équipés de matériel très performant. On n'a rien trouvé.»

North a remarqué, cependant, que l'administration Bush a déclaré que l'incapacité de démontrer qu'il existe des armes de destruction massive irakiennes est «une preuve que de telles armes existent».

«Leur dernière demande est de faire quitter l'Irak aux scientifiques irakiens pour les interroger, a-t-il dit. Cette demande sans précédent, que l'inspecteur en armement de l'ONU, Hans Blix, a décrite comme un enlèvement, doit donner aux États-Unis la possibilité de provoquer une confrontation avec l'Irak. Si l'Irak refuse de livrer une personne que réclament les États-Unis, on déclarera que c'est une "violation patente" de la résolution du Conseil de sécurité. Et si l'Irak s'incline devant la demande, comme il l'a fait jusqu'ici, les États-Unis truqueront le processus pour donner une justification pour un assaut militaire. Les scientifiques irakiens "qui mentiront ou qui refuseront de parler" seront renvoyés en Irak - où ils risquent la mort aux mains d'un Saddam Hussein méfiant. Par contre, les scientifiques irakiens qui diront ce que les États-Unis veulent entendre seront richement récompensés. Bref, les États-Unis extorqueront des renseignements à des personnes sans défenses en leur faisant une offre qu'ils ne pourront refuser.»

North a cité un éditorial cynique du Washington Post du 8 décembre qui prétendait que les inspecteurs n'étaient pas en Irak pour agir «en tant que détectives» à la recherche d'armes. Une telle mission, selon le journal, serait futile «dans un territoire hostile de la taille de la Californie».

Cette idée - qu'il est impossible de trouver les armes - se développe au fur et à mesure qu'il devient évident que l'Irak n'a pas les armes que Washington insiste qu'il possède depuis cinq ans, a déclaré North. «Mais si tel est vraiment le cas - si on ne peut pas s'attendre à ce que les inspecteurs trouvent quoi que ce soit - pourquoi les États-Unis se sont ils tellement plaints du départ des inspecteurs en décembre 1998?

«À l'époque, les États-Unis insistaient que le régime irakien tentait de bloquer les inspecteurs. Une campagne massive de bombardement, qui a duré quatre jours, a suivi le rappel des inspecteurs. Depuis lors, les avions américains ont bombardé la zone aérienne interdite des centaines de fois.

«En plus, depuis cinq ans les États-Unis insistent, ad nauseam, que les inspecteurs doivent pouvoir fouiller les palais présidentiels, qui pourraient servir de lieux de production ou d'entrepôts pour les armes. Mais maintenant que les inspecteurs ont accès à ces lieux, comme d'ailleurs à chaque mètre carré de l'Irak, il est clair que l'on n'a rien trouvé d'important. Donc l'administration Bush et ses complices dans les médias, sans vergogne, proclament que l'on ne peut s'attendre à ce que les inspecteurs "trouvent facilement du matériel caché dans un territoire hostile de la taille de la Californie".

«Permettez-nous de demander pourquoi il est impossible de découvrir et surveiller les armes de destructions en Irak - qui a "la taille de la Californie? " Les traités de réduction d'armement entre les États-Unis et l'URSS - qui avait 50 fois la taille de l'Irak - se basaient sur l'idée que la haute technologie rendait possible la détection et la surveillance des installations et des opérations militaires de l'adversaire. À la fin des années 1980, quand les médias ont largement loué l'invocation par Ronald Reagan d'un dicton russe - "faire confiance mais vérifier" - quand il a signé un des derniers programmes mutuels de désarmement avec l'URSS. L'idée que les Soviétiques auraient pu fabriquer des armes nucléaires qui auraient pu échapper aux processus officiels de détection était ridiculisée dans la presse établie comme une fantaisie paranoïaque de l'extrême-droite. À présent, ce même type de fantaisie sert de justification pour une guerre.»

North a aussi cité l'éditorial du Post, qui prévoyait que le coût d'une guerre contre l'Irak «pourrait bien être très grand,» mais que Bush doit réaliser ce qu'il a menacé de faire après avoir misé «tout le prestige de son gouvernement sur l'affirmation que l'Irak possède des armes de destruction massive.»

«Bref, l'administration Bush ne peut pas ne pas éviter la guerre, parce que cela aurait des conséquences politiquement dévastatrices pour sa crédibilité», North a dit. «Il doit y avoir une guerre parce que c'est une nécessité politique.»

North s'est interrogé pour savoir pourquoi les États-Unis étaient sur le point de lancer leur quatrième guerre à grande échelle depuis un peu plus de dix ans - et leur deuxième telle guerre depuis l'année dernière.

«Laissons de côté pour l'instant le caractère frauduleux de la campagne contre les "armes de destruction massive", cette sorte de propagande médiatique banale ne donne aucune base sérieuse pour analyser un phénomène sociopolitique aussi profond que la guerre, a-t-il dit. Si l'histoire du vingtième siècle prouve quoi que ce soit, c'est que les communiqués officiels des gouvernements qui ont initié les combats sont bien le dernier endroit où chercher les causes d'une guerre.

«En considérant les causes de la guerre, on doit considérer les intérêts géopolitiques internationaux plus larges qui motivent la politique extérieure des États-Unis. Il est incontestable que l'accès sans entraves au pétrole et au gaz est un but essentiel et critique des États-Unis. Les trois dernières décennies ont vu un renforcement continu des forces armées américaines dans le Golfe Persique.

«La chute de l'URSS a mis en question l'avenir des réserves largement intactes de pétrole et de gaz dans la région Caspienne. Étant donné les quantités limitées de cette matière première critique, les États-Unis considèrent que leur domination des régions productrices de pétrole est essentielle pour le fonctionnement de leur économie nationale et pour leur capacité de dominer le système capitaliste mondial. Les stratèges de l'impérialisme américain sont convaincus que la domination des ressources de pétrole donnera à l'élite dirigeante américaine un avantage massif vis-à-vis tous leurs rivaux dans l'époque à venir.»

North a indiqué les vastes implications de la tentative américaine d'utiliser sa puissance militaire écrasante pour établir une position d'hégémonie mondiale. «Quelles que soient les conséquences immédiates d'une guerre contre l'Irak, elle mettra en marche un approfondissement des antagonismes entre les États-Unis et un vaste réseau de rivaux actuels ou potentiels. Dans le système capitaliste des États-nations, la logique de ce processus d'antagonismes internationaux et impérialistes, à moins que le prolétariat international n'intervienne, aboutit à une série de guerres de plus en plus sanglantes qui menacent même de détruire le monde.

«Il y a un décalage immense entre les ambitions mondiales quasi illimitées des États-Unis et les ressources économiques limitées dont ils disposent. C'est une contradiction à laquelle la presse ne fait pas allusion. Cependant, la dépendance croissante des États-Unis sur leur puissance militaire pour arriver à leurs fins de domination mondiale se déroule sous des conditions - ou, l'on pourrait dire, provient - d'un déclin économique suivi et impossible à arrêter.

«Historiquement, il est évident que la position objective des États-Unis dans l'économie mondiale est plus faible qu'il y a 57 ans, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale. Les États-Unis possédaient à l'époque, vis-à-vis de leurs rivaux capitalistes potentiels, une supériorité militaire écrasante. Mais leur force militaire était moins importante que leur position économique dominante dans le capitalisme mondial. On trouvait environ 75 pour cent de la capacité productrice du monde capitaliste à l'intérieur des frontières américaines.

«Malgré la force militaire américaine, la situation aujourd'hui est très différente; la crainte d'être dépassé par des rivaux - en Europe, en Chine, et au Japon - trouve son expression dans les politiques effrénées et frénétiques des États-Unis. Ses activités ressemblent à celles du type social le plus dangereux - le vieillard pressé. L'administration Bush tente d'utiliser la force militaire pour contrebalancer les conséquences du déclin économique.»

North a souligné que le facteur décisif qui sous-tend la poussée vers la guerre est la crise grandissante de l'économie américaine et les tensions de classe immenses qui grandissent au sein de la société américaine.

«L'éclatement de la bulle de Wall Street a montré toute la fausseté de l'auto-glorification qu'on trouvait dans les déclarations selon lesquelles les années 1990 constituaient une renaissance colossale des capacités productrices du capitalisme américain. Il est clair maintenant que la décennie précédente a constitué un gaspillage immense de ressources financières: des billions de dollars ont nourri des entreprises spéculatives qui étaient au mieux improductives, et le plus souvent complètement gaspilleuses. Cette tentative de créer une apparence de valeur par des activités spéculatives indépendantes du processus productif a profondément influencé le caractère du capitalisme américain et de la physionomie de son élite dirigeante.

«L'activité des corporations prend un caractère de plus en plus criminel. Les activités journalières de l'élite dirigeante, concentrée de plus en plus frénétiquement sur son enrichissement, ont pris la forme d'un pillage de plus en plus ouvert des actifs sociaux. Leur degré étonnant d'enrichissement trouve son reflet social dans la stagnation et la détérioration de la position sociale de larges masses des travailleurs. Au début de ce siècle, les États-Unis étaient devenus le pays le plus socialement inégal de tous les pays capitalistes avancés. Une statistique indique la très grande polarisation sociale que l'on trouve aux États-Unis: les revenus annuels des 13.000 familles les plus riches sont supérieurs à ceux des 20 millions de familles les plus pauvres.

«L'augmentation et la concentration massive des richesses chez un pourcentage très réduit de la population ont produit une société que l'on décrirait mieux comme une oligarchie. Les activités de l'élite politique, qui est entièrement soumise à l'oligarchie, se concentrent sur la défense des richesses et des privilèges de l'élite. L'attaque massive contre les droits démocratiques entreprise par l'administration Bush n'est que superficiellement une réponse aux évènements du 11 septembre 2001. Elle est, fondamentalement, le résultat de la polarisation sociale aux États-Unis.»

North a discuté du conflit des travailleurs des transports en commun de New York au cours duquel le gouvernement a menacé les travailleurs d'amendes et de prison et les médias locaux ont suggéré d'emprisonner ou même d'assassiner son dirigeant syndical qui n'est pourtant que modérément réformiste. Un tel évènement, North a dit, «démontre l'état de guerre de classe qui fait rage sous la surface de la vie quotidienne».

North a souligné l'importance de baser une lutte contre la guerre sur un programme qui vise à mobiliser la classe ouvrière contre la source économique de la guerre - le capitalisme. Une politique anti-guerre doit s'adresser en premier lieu aux intérêts sociaux des larges masses des travailleurs, selon North.

Ceci, a-t-il dit, est la leçon à tirer des mouvements de protestation de masse contre la guerre au Vietnam. Ceux qui dirigeaient le mouvement n'ont pas adressé les problèmes de la classe ouvrière, tandis que les travailleurs eux-mêmes refusaient de plus en plus de faire des sacrifices pour la guerre.

Tandis que les luttes militantes des travailleurs étaient objectivement opposées à la guerre, North a souligné qu'une telle lutte doit finir par s'opposer consciemment à l'impérialisme. «Un syndicalisme militant ne peut résoudre les problèmes de l'humanité», a-t-il dit.

North a indiqué l'importance des évènements politiques à venir en 2003, remarquant que 2003 marquera le 100e anniversaire du Congrès du Parti ouvrier social-démocrate de Russie, qui a établi le bolchevisme comme tendance politique. Lénine avait préparé ce développement, a-t-il dit, en publiant son pamphlet, Que faire?.

Le contenu essentiel de cet ouvrage, a-t-il dit, n'était pas un manuel d'organisation pour le parti révolutionnaire de la classe ouvrière, mais plutôt la conception que «le parti révolutionnaire devait diffuser la conscience socialiste à travers la classe ouvrière».

Il a ajouté que c'était le rôle principal du World Socialist Web Site depuis son lancement il y a cinq ans.

«Nous devons reconstruire la conscience socialiste de la classe ouvrière, qui a souffert terriblement et de la réaction capitaliste et du stalinisme», soulignant que la tâche la plus critique dans l'année à venir sera la transformation du soutien énorme dont jouit le World Socialist Web Site à travers le monde en un mouvement politique de masse dirigé par le Parti de l'égalité socialiste.

Parmi ceux qui ont assisté à la réunion se trouvaient des travailleurs, des étudiants et des professionnels qui avaient lu le site depuis des années mais qui n'avaient jamais assisté à une réunion publique organisée par le WSWS et par le Parti de l'égalité socialiste. Deux travailleurs sont venus du Maine pour écouter la conférence, tandis que d'autres sont venus du New Jersey, de la vallée de la Hudson, et d'autres zones à l'extérieur de la ville. La plupart ont pris connaissance de la conférence grâce à une annonce sur le site ou par une notification par email envoyée à tous les souscripteurs du WSWS.

«Je lis le site depuis le procès de destitution de Clinton, a dit un des travailleurs du Maine. Nous téléchargeons les écrits, nous les imprimons et les distribuons à des manifestations et des meetings dans différentes parties de l'État.»

Un étudiant du New Jersey a dit qu'un ami lui avait fait un message depuis la Thaïlande pour lui demander d'assister à la réunion pour qu'il puisse lui en parler plus tard.

Il y a eu une réponse très vigoureuse à la conférence, suivie d'une discussion vive avec un nombre important de questions sur des sujets aussi variés que l'importance des derniers mouvements des forces américaines contre l'Irak et les problèmes du développement de la conscience politique de la classe ouvrière américaine.

Bon nombre de personnes ont indiqué leur désir de devenir membres du PES. Une collecte pour un fonds de développement du World Socialist Web Site a obtenu des contributions au-delà de 1800 $ et des engagements de plus de 3000 $; on a acheté presque 200 $ de brochures.


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