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Les Etats Unis proposent «des opérations limitées» en Somalie

Par Chris Talbot
Le 18 décembre 2001

L'administration Bush examine toujours la possibilité d'une action militaire en Somalie, bien qu'elle ait reconnu n'avoir trouvé aucun camp d'entraînement d'Al-Qaida dans ce pays. Il est également prévu des «poursuites actives» des membres d'Al-Qaida qui se seraient réfugiés en Somalie, et il est dit que les Etats-Unis souhaitent être assistés par l'armée éthiopienne ou par les différentes milices menées par des seigneurs de guerre pour mettre la main sur les membres d'Al-Qaida.

Selon le Wall Street Journal, du 12 décembre, un rapport des services de renseignement américains a conclu qu'il y avait une présence «peu nombreuse» d'Al-Qaida en Somalie et que celle-ci pourrait être «extirpée par le biais d'interventions limitées par les forces des Etats-Unis ou de leurs alliés».

Après les attentats du 11 septembre, une organisation islamique fondamentaliste somalienne du nom de Al Itihaad al Islamiya a été placée sur la liste américaine des organisations terroristes, et a été décrite à plusieurs reprises comme ayant des liens avec Al-Qaida. Le rapport des services de renseignement a trouvé «qu'il se pourrait» qu'Al Itihaad abrite des terroristes recherchés par les Etats-Unis, mais un officiel aurait déclaré que «c'était à un niveau insignifiant».

Un article du 11 décembre du Washington Post rapporte qu'un spécialiste du renseignement a dit «la reconnaissance aérienne intense n'a pas réussi à produire des objectifs tangibles tels que des camps d'entraînement de terroristes et qu'Al Itihaad «n'est pratiquement pas visible» parce qu'elle avait «reçu une raclée» par l'armée éthiopienne il y a quatre ans. L'article du Post explique qu'une force d'interdiction constituée de 30 à 40 navires, de sous-marins, et d'avions P3 américains associés à des bâtiments britanniques, français, italiens, canadiens et australiens patrouille dans la mer d'Arabie depuis le mois dernier à la recherche de membres d'Al-Qaida essayant de se réfugier en Somalie. En moyenne, de 30 à 40 bateaux sont interceptés chaque jour et certains d'entre eux sont inspectés, mais il n'a été trouvé aucune personne qui tentait de s'échapper. Un article dans le Times britannique rapportait qu'il n'avait été trouvé aucun élément probant après avoir fouillé l'île de Ras Kamboni, au large des côtes sud de la Somalie. Cette île était censée servir de base à des activités terroristes.

Les Etats-Unis surveillent également les avions qui atterrissent en Somalie, mais encore une fois sans trouver de preuve d'activités terroristes. Selon l'article du Washington Post, on supposait que les vols réguliers en provenance du Yémen avaient un rapport avec les activités d'Al-Qaida. «Mais les officiels se sont rendus compte que la plupart des passagers étaient des contrebandiers yéménites qui importaient du khat, une plante feuillue mâchée par beaucoup de personnes en Somalie pour ses effets narcotiques doux.»

Tout indique que les Etats-Unis ne disposent d'aucune preuve d'opérations d'Al-Qaida en Somalie, mis à part des allégations fournies par le gouvernement éthiopien et par les seigneurs de guerre somaliens. Mais cette source d'information est fortement suspecte, comme l'a montré Ken Menkhaus, un ancien conseiller des Nations unies pour la Somalie et à l'heure actuelle conseiller du gouvernement américain. Menkhaus a dit qu'Al Itihaad n'existe plus en tant qu'organisation militaire. Il a déclaré: «Les politiciens américains devrait éviter d'accorder trop de crédit aux informations fournies par le gouvernement éthiopien, parce qu'il a un intérêt direct à exagérer les activités d'Al Iitihaad afin de recevoir de l'aide pour combattre le groupe». Menkhaus a prévenu «Il faut se garder d'une confiance excessive dans les groupes locaux désirant combattre Al Itihaad, parce que la plupart de ces groupes sont probablement plus intéressés à continuer à recevoir de l'aide américaine qu'à éliminer vraiment toute menace terroriste.

L'année dernière, il avait été essayé de mettre en place un gouvernement somalien basé dans la capitale Mogadiscio, après une décennie pendant laquelle aucun Etat central n'avait existé dans le pays. A la suite de la tenue d'une conférence réunissant les chefs de clans, les intellectuels, les anciens fonctionnaires et quelques seigneurs de guerre à Arta, Djibouti, le gouvernement national transitoire (GNT) a été mis en place avec le soutien des Nations unies et un soutien symbolique, si ce n'est de l'aide, de la plupart des gouvernements occidentaux. À l'heure actuelle, le GNT ne contrôle qu'une partie de Mogadiscio, alors que le reste du pays est toujours sous la domination des différents seigneurs de guerre. Dans les années 1990, quelques milices claniques dominaient le pays, mais dans son rapport aux Nations unies, Menkhaus écrit que maintenant «les factions qui étaient auparavant relativement unies, se sont éclatées en milices sous-claniques s'entre querellant, de sorte que la plupart des conflits armés depuis 1995 (quand les troupes onusiennes se sont retirées du pays) se sont déroulés à l'intérieur des clans plutôt qu'entre ces mêmes clans. Ceci signifie que le pays est moins vulnérable aux conflits armés majeurs, mais plus sujet à des hostilités armées entre voisins et entre villes plus petites, plus localisées et moins prévisibles.»

Quelques seigneurs de guerre opposés au GNT sont maintenant regroupés dans une organisation rivale, le Conseil de Réconciliation et de Reconstruction de la Somalie (CRRS), soutenue par l'Ethiopie voisine, qui a depuis longtemps des ambitions régionales en Somalie. Selon la magazine britannique Ethiopia Confidential, la plupart des informations affirmant l'implication d'Al-Qaida en Somalie qui ont été fournies par le gouvernement éthiopien à l'administration américaine proviennent du CRRS. Africa Confidential affirme: «Les Ethiopiens veulent la neutralisation du GNT et sont irrités par l'extension du mandat de l'Office Politique des Nations unies pour la Somalie. La propagande éthiopienne prétend que non seulement quelques dizaines de radicaux islamiques mais aussi des membres de premier rang du gouvernement GNT, y compris le président Abdiqasim Salad Hassan, coopèrent avec Al-Qaida.

Aucune des conférences de presse de l'administration américaine n'a cité d'autres sources de renseignements que celles provenant de l'Ethiopie et du CRRS. Néanmoins, le Secrétaire d'Etat adjoint à la Défense américain, Paul Wolfowitz, a cette semaine réaffirmé que la Somalie «a déjà une présence certaine d'Al-Qaida». Dans ces conditions, Al Barakaat, le principal organisme financier utilisé par les Somaliens de l'étranger pour virer des fonds, a été fermé le mois dernier par l'administration Bush, punissant une population appauvrie qui dépend lourdement de fonds envoyés de l'étranger par des parents.

Il semble que Washington ignore également le gouvernement GNT. Selon une émission du 9 décembre de la BBC, le premier ministre somalien Hassan Abshir Farah a fermement rejeté les accusations d'une présence d'Al-Qaida et a envoyé «à l'administration Bush une lettre d'invitation à venir ici pour voir ce qui s'y trouve. Nous sommes prêts à combattre les terroristes.»

Le vice-président du CRRS n'est autre que Hussein Aideed, le fils du seigneur de guerre Mohamed Aideed, que les Etats-Unis ont tenu personnellement responsable de la mort de soldats américains lors de l'intervention désastreuse de 1993 en Somalie. La citation suivante, rapportée par Reuters, est tout à fait représentative de la mentalité d'Aideed: «Les terroristes d'Al Itihaad et d'Al-Qaida qui se sont échappés d'Afghanistan rentrent déjà au compte-goutte en Somalie. Ces groupes disposent de fonds illimités en provenance d'ONG islamiques et d'Etats arabes qu'ils utilisent pour attirer à eux des Somaliens dans l'indigence».

Il semble que Aideed et le CRRS puissent déjà être considérés comme des atouts pour la CIA dans le cas d'une intervention américaine en Somalie. Alors qu'une collaboration ouverte pourrait compromettre «un soutien arabe plus large à la guerre contre le terrorisme» explique le Wall Street Journal, et alors que l'Ethiopie n'a reçu aucun feu vert pour lancer une offensive militaire d'envergure, l'article confirme des rumeurs que des officiels américains auraient rencontré des dirigeants de l'Armée de Résistance Rahanwein (ARR), qui est alliée au CRRS de Aideed. Les pourparlers étaient menés par une équipe de cinq représentants américains, probablement des agents de la CIA, qui étaient accompagnés d'officiers de l'armée éthiopienne. Il est affirmé que les leaders de l'ARR ont parlé à l'équipe américaine de l'emplacement supposé d'un camp d'entraînement d'Al Itihaad près de la frontière du Kenya.

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