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Arrestations de masse durant le mini-sommet de l'OMC à Montréal

Par François Legras
31 juillet 2003

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Plusieurs centaines de personnes ont été arrêtées le premier jour du mini-sommet de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) qui s'est tenu à Montréal du lundi 28 au mercredi 30 juillet.

L'opération policière avait le caractère d'une arrestation de masse préventive, orchestrée dans le but d'intimider tous ceux, surtout les jeunes, voulant manifester contre les politiques de l'OMC.

Annoncée depuis plusieurs mois, cette rencontre de l'OMC vise à préparer le prochain sommet de l'organisation qui se tiendra en septembre prochain au Mexique.

Plusieurs manifestations avaient été annoncées à l'avance et des mesures de sécurité intenses mises en place pour rendre inaccessible le lieu de la rencontre et intimider les manifestants. Des conteneurs vides ont été alignés pour former un barrage et des unités de l'escouade anti-émeute étaient sur place aux premières heures dès le lundi matin.

Selon le compte rendu des rapports de police disponibles, lundi matin vers 7:30 deux groupes de manifestants, totalisant près de 400 personnes, se sont dirigés vers le lieu du mini-sommet. Arrivés près des lieux, ils ont fait face à une escouade policière et ont changé de direction. En fin de compte, les manifestants n'ont jamait atteint l'hôtel Sheraton, le lieu de la rencontre et ont été pris en chasse par la police à travers les rues du centre-ville. Une tentative d'encerclement des manifestants a échoué et vers 8:45 ces derniers se sont dispersés.

Durant cette période de confusion, les vitrines d'un Burger King, d'un magasin GAP et d'un centre de recrutement de l'armée ont été brisées et plusieurs autres petits méfaits ont été commis sous les caméras des médias. Personne n'a été arrêté à ce moment.

Ce n'est que deux heures plus tard, à douze coins de rue plus loin, que l'arrestation de masse a eu lieu. Une centaine de personnes ont été arrêtées alors qu'elles se trouvaient loin du lieu du sommet dans une zone déclarée «verte» par les organisateurs de la manifestation. C'était le point de rassemblement pour permettre aux gens de se retrouver, pour manger (de la nourriture était distribuée), discuter et relaxer. Il y avait des jeunes de partout à travers le Canada.

Après la dissolution de la première manifestation, la police anti-émeute s'est dirigée en force vers la zone verte pour l'encercler et y arrêter toutes les personnes qui s'y trouvaient. Plusieurs passants, des gens n'ayant absolument rien fait d'autre que de se trouver à cet endroit, ont été embarqués dans la rafle.

Ils ont été détenus des heures dans des fourgons cellulaires avant d'être transportés au poste de police. Plus de 160 personnes ont été gardées détenues du lundi matin au mardi soir suivants, une dizaine jusqu'à mercredi après midi. Pour être libérées, toutes les personnes devaient s'engager à ne plus participer aux manifestations contre la réunion de l'OMC.

Les mesures répressives de la police, sanctionnées par les chefs politiques des gouvernements et des cours de justice, visent à criminaliser toute forme opposition aux politiques pro-capitalistes des gouvernements et doivent être dénoncées.

Dans la journée de lundi, près de 340 personnes ont été arrêtées sur un total de 400 manifestants. Ce type d'opération policière n'est que la dernière de toute une série: le 23 sept 1999, 280 élèves du secondaire se sont fait embarquer par les flics; le 15 mars 2000, 114 personnes ont été arrêtées; le 1er mai 2000, 146; et le 15 mars 2002 plus de 300. La technique de l'arrestation de masse a également été employée contre des manifestants anti-mondialisation qui s'étaient rassemblés lors du sommet des Amériques de 2001: des centaines de personnes ont été arrêtées à cette occasion alors que les véritables casseurs n'ont pas été troublés.

Le scénario est sensiblement le même à chaque fois: quelques individus masqués aux allures de Punk arrivent subitement pour faire la casse et se sauvent; ils ne sont jamais arrêtés et rien n'écarte la possibilité que ces gens soient des agents provocateurs pour justifier le déploiement de l'anti-émeute et l'arrestation massive des manifestants légitimes qui s'en suit.

C'est un mode d'opération qu'utilise de plus en plus couramment la police lors de manifestations à caractère politique et impliquant des jeunes proches des milieux anarchistes. Mais cela fait aussi partie de préparatifs pour l'emploi de ces mêmes méthodes anti-démocratiques contre des mouvements d'opposition plus larges venant de la majorité travailleuse elle-même.

Il est clair que la dernière vague d'arrestations n'avait aucune base légale et était uniquement à titre préventif. Elle visait plusieurs buts: empêcher les personnes arrêtées de manifester durant les prochains jours du sommet; permettre aux policiers de monter un dossier sur chacune de ces personnes, avec photo, empreinte digitale et adresse à l'appui; et obliger les personnes arrêtées à s'engager à ne plus participer à une manifestation (sauf si elle est «légale» et «paisible») et à ne plus se rendre dans le centre-ville de Montréal. Pour certaines personnes, un dépôt d'argent a aussi été exigé. Ces «conditions» de remise en liberté demeurent jusqu'à la fin des procédures criminelles qui peuvent durer plusieurs années.

Quant au ministre de l'industrie et du commerce Pierre Pettigrew, l'hôte de la réunion, il n'avait que du mépris à exprimer pour les jeunes manifestants, allant jusqu'à les accuser d'être responsables de la pauvreté en Afrique: «S'ils veulent nous arrêter, c'est bien, je leur souhaite bonne chance. Mais ils devraient prendre conscience que ce qu'ils tentent réellement de faire c'est de nuire au producteur de coton africain ainsi qu'aux victimes africaines du SIDA», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Montréal.


 

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