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La sortie de L'histoire vivante :

Le livre où Hillary Clinton « dit tout » mais ne dit rien sur la « conspiration de droite »

Par Bill Vann
10 juin 2003

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Avec la sortie cette semaine de son livre autobiographique L'histoire vivante, Hillary Rodham Clinton s'est embarquée sur une nouvelle phase de sa carrière politique et professionnelle. De larges couches de la société considèrent l'ancienne femme du Président et l'actuelle sénateur du New York comme chef de file de ce qui passe pour l'aile réformiste du Parti démocrate. Cependant, son livre démontre clairement la capitulation de cette couche politique face à ce qu'elle avait une fois ­ correctement ­ décrit comme une « vaste conspiration de droite ».

On présente le livre comme le nec plus ultra des narrations de l'affaire Monica Lewinsky, une large part de l'attraction étant le récit par Mme. Clinton de sa réaction à la confession de son mari Bill qu'il avait eu des rapports sexuels avec la stagiare à la Maison Blanche.

Il y a sans doute d'importants motifs financiers derrière cette présentation des mémoires de Clinton. Les éditeurs sont convaincus que le sexe se vend et que le public sera plus intéressé par des racontars sur une histoire sensationnelle que par une analyse politique des machinations qui ont presque renversé un Président élu. Mme. Clinton, qui reçoit $8 millions pour le livre, collabore pleinement à cette approche ; elle a donné une série d'interviews télévisés racontant ses difficultés conjugales.

Cette méthode de présentation, cependant, sert une fonction politique bien définie. Elle attire l'attention du public encore une fois sur les faiblesses personnelles de Bill Clinton, plutôt que sur les buts de la cabale de droite qui a voulu utiliser l'affaire Lewinsky pour mener à bien sa longue conspiration d'effectuer un coup d'État politique.

Dans les premières phases du scandale Lewinsky ­ quand les médias circulaient les rumeurs les plus crues et prédisaient la chute de Clinton ­ Mme. Clinton a fait une des dénonciations les plus explicites de l'attaque sur l'administration Clinton. Dans un interview en janvier 1998 sur le programme Today, elle a décrit le scandale engendré par les relations de son mari avec Monica Lewinsky comme « une tentative de défaire les résultats des deux dernières élections ».

Elle a ajouté que l'histoire qui méritait vraiment l'attention des médias était l'existence d'une « vaste conspiration de droite qui conspire contre mon mari ». Elle parlait de l'Investigateur Indépendant Kenneth Starr ­ qui a ranimé l'affaire Lewinsky après n'avoir pu utiliser les investissements des Clinton dans immobilière Whitewater et d'autres histoires pour renverser Clinton ­ comme étant un « procureur politiquement motivé, allié aux adversaires de droite de mon mari ».

En parlant de L'histoire vivante les médias ont surtout parlé du sentiment de « trahison » de Mme. Clinton en apprenant la confession de son mari sur Lewinsky, suggérant que le commentaire sur la « vaste conspiration de droite » était simplement le produit d'une déception conjugale. Selon la logique absurde des médias, si Clinton a avoué son infidélité il n'y a donc pas eu de conspiration politique pour renverser son administration.

Le livre ne le dit pas, mais Mme. Clinton a essayé d'adoucir sa première déclaration. Elle écrit que l'administration Clinton se voyait attaquée par « un réseau compliqué de groupes et d'individus qui veulent revenir en arrière sur beaucoup des progrès que notre pays a fait, des droits civiques à ceux des femmes à la règlementation pour protéger les consommateurs et l'environnement ».

Dans un interview avec Time publié cette semaine, on lui a demandé si la « vaste conspiration de droite » était « plus grande que vous ne le pensiez quand vous avez apporté ce terme à notre vocabulaire ».

Elle a répondu : « Je ne sais pas comment le juger. Ce n'était peut-être pas le langage le plus adroit, car ce n'était pas vraiment une conspiration, mot qui semble suggérer quelque chose de fait secrètement ou à l'ombre. Ce sont des buts que l'on vise très ouvertement ».

Dans son interview avec Barbara Walters sur le programme « 20/20 » de la chaîne ABC, Clinton a remarqué que depuis, elle avait établi des liens politiques avec certains des membres républicains les plus conservateurs du Congrès qui était au centre de la conspiration de 1998-9.

« Nous pouvons ne pas être d'accord, et bien sûr nous ne le sommes pas, mais j'ai trouvé des alliés sur toutes sortes de questions » a-t-elle dit. « J'ai même commencé à travailler avec [le chef des républicains à la Chambre] Tom DeLay sur l'adoption ­ une question qui nous tient tout deux à coeur ».

En effet, les actions de Mme. Clinton pendant ses deux ans et demi au Sénat démentent sa réputation comme chef de la « gauche » Démocrate. Elle a établi des relations étroites avec le Conseil de Leadership Démocrate, la faction conservatrice qui a soutenu son mari, et était un des sénateurs à donner carte blanche à l'administration Bush pour son agression contre l'Irak.

La réalité est que la « vaste conspiration de droite » dont parlait Mme. Clinton il y a cinq ans et demi détient aujourd'hui tous les éléments essentiels du pouvoir à Washington. Loin de ne pas être « adroit », le terme « conspiration » décrivait très bien un procureur fanatique de la droite Républicaine qui travaillait main dans la main avec les fondations et les think tanks de droite pour trouver quelque chose ­ n'importe quoi ­ qui pourrait renverser le président élu des Etats-Unis.

Puisque ses buts politiques militaient contre ceux de la vaste majorité des Américains ­ et visaient à protéger ceux d'une petite élite financière prédatoire ­ elle ne pouvait confronter ouvertement l'administration Clinton, mais devait employer des méthodes de conspiration.

Ayant de justesse manqué leur but, ces mêmes forces se sont rassemblées pour les élections de 2000. Ils ont employé de semblables méthodes conspiratoires ou de gangster pour arrêter le décompte des voix en Floride et pour installer grâce à la Cour Suprême un candidat qui n'avait pas obtenu la majorite des voix.

Mme. Clinton ne décrit jamais l'identité ou les buts politiques des conspirateurs qu'elle a décrit en 1998 ou du « réseau compliqué » qu'elle mentionne dans son livre.

Quand elle a fait sa première déclaration en 1998, le World Socialist Web Site a commenté que la vendetta de droite contre l'administration Clinton n'était pas simplement une question de haine subjective. Il a insisté que « des forces sociales puissantes et objectives » s'exprimaient par la fabrication d'un scandale politique.

« Les forces qui cherchent a renverser Clinton veulent continuer plus systématiquement et avec plus de férocité la destruction des programmes sociaux, l'élimination de tout impôt sur la richesse, et l'utilisation sans restriction des forces militaires américaines à travers le monde », a prévenu le WSWS. « De telles politiques prennent inévitablement le caractère d'une conspiration contre les droits démocratiques, car elles sont profondément anti-populaires et la vaste majorité du peuple américain s'y oppose ».

L'arrivée au pouvoir de ces forces avec l'installation de Bush a pleinement démontré l'exactitude de cette analyse. Les méthodes de conspiration ont joué un rôle de plus en plus proéminent depuis le 11 septembre 2001, s'élaborant sous le prétexte d'une « guerre contre le terrorisme » mondiale et servant à justifier une guerre d'agression basée sur des faux. En même temps, l'administration Bush a réussi à faire passer les baisses d'impôt pour les riches les plus grandioses de l'histoire, et une attaque directe contre les libertés civiques et les droits démocratiques.

Comme le WSWS l'a expliqué à l'époque, la réticence de Mme. Clinton à nommer les conspirateurs contre son mari et à exposer leurs buts politiques n'était pas un accident. L'administration Clinton et le Parti Démocrate étaient fatalement compromis par leur proximité précisément avec ces éléments de droite. S'étant accomodé pendant son premier mandat aux ordres des grandes corporations et ayant mis en oeuvre une large portion du programme politique de la droite ­ la destruction de l'assistance sociale, des baisses d'impôt pour les riches, la continuation de l'agression militaire dans le Golfe Persique ­ l'administration Clinton ne pouvait aucunement confronter la « conspiration de droite ».

Dans l'analyse finale, l'attaque sur la présidence Clinton était un conflit au sein de l'élite dirigeante du pays, combattu de telle façon à obscurcir les vraies questions politiques pour le peuple américain et miner ses droits démocratiques. La poussée pour renverser l'administration exprimait le refus d'une élite financière réactionnaire de tolérer n'importe quel délai dans le transfert des richesses des pauvres et des travailleurs vers ses larges comptes en banque.

Cinq ans après, Hillary Clinton, à présent sénateur du New York, s'est accomodé encore plus aux forces politiques qui ont tenté de destituer son mari. Même avant son contrat de publication de $8 millions, elle et Bill Clinton représentaient fidèlement les intérêts de l'élite financière dont ils sont eux-mêmes des membres. Son livre, comme d'ailleurs ses actions dans le Sénat des Etats-Unis, sont une indication de plus de la dégenerescence du réformisme et de la virée du Parti Démocrate vers la droite.

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