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La théorie de l'« auto-organisation »

Interview avec Luis Zamora du mouvement Autonomie et liberté d'Argentine

Par David Walsh
Le 2 juin 2003

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Luis Zamora, leader du mouvement Autonomie et liberté (Autonomia y Libertad) est une personnalité politique importante en Argentine. Député au congrès national, Zamora a joué avec l'idée de se présenter aux dernières élections présidentielles - il fut même pendant un temps en tête dans les sondages - avant d'abandonner finalement l'idée l'automne dernier en soutenant que la « prise du pouvoir » n'était pas l'objectif de son organisation « socialiste-libertaire ».

Au premier tour des élections du 27avril, l'ancien président péroniste Carlos Menem (au pouvoir de 1989 à 1999) menait les suffrages avec 24 % des voix, suivi par Néstor Kirchner, un autre péroniste, qui récoltait 22 %, du droitiste Ricardo López Murphy avec 16 %, et de la candidate centre-gauche Elisa Carrió de l'ARI (Alternativa por una República de Iguales -Alternatives pour une république des égaux) et d'un troisième candidat péroniste, Adolfo Rodríguez Saá, les deux avec 14 % des suffrages. La Gauche unie (une coalition de partis de gauche comprenant le Parti communiste) a remporté 1,75 % du vote national et 8 % du vote à Buenos Aires. Le Parti socialiste a remporté 1,13 % des voix et le Partido Obrero (Parti ouvrier) pseudo-trotskyste 0,76 %.

Quatre jours seulement avant le scrutin de ballottage du 18 mai, Menem s'est retiré de la course, cédant ainsi dans les faits la présidence à Kirchner, le gouverneur de la province méridionale de Santa Cruz, sans nécessité de second tour. Menem a déclaré que son adversaire, le président actuel Eduardo Duhalde, un fervent partisan de Kirchner, rendait tout vote équitable impossible. « Je dis à M. Kirchner qu'il peut bien garder son 22 %, moi j'ai le peuple avec moi », déclarait démagogiquement l'ancien président. En fait, Menem est des plus détestés, et il a abandonné car le « peuple », selon tous les sondages d'opinion, s'apprêtait à lui faire connaître la défaite électorale la plus écrasante de sa vie dans une proportion estimée de 70 contre 30. Il en résulte que Kirchner assume la présidence d'un pays ravagé par une crise économique, dans des circonstances très bizarres et instables, avec seulement 22 % du vote populaire.

Dans l'année qui a précédé les élections, les partis de la gauche ont manigancé pour s'assurer une position, tentant diverses alliances pour accroître leur importance. L'été dernier, Zamora participait à plusieurs forums aux côtés de Carrió de l'ARI et du leader syndical Víctor De Gennaro de la CTA (Central de los Trabajadores Argentinos - Confédération des travailleurs d'Argentine) autour du slogan « À la porte ! » (« Que se vayan todos! »), un slogan populaire lors des manifestations antigouvernementales de 2001. Finalement, Carrió est devenu candidate, mais pas Zamora.

La popularité bien entretenue de Zamora provient du fait qu'il est le seul député du Congrès argentin qui pouvait marcher dans la rue pendant les manifestations de décembre 2001 sans se faire cracher dessus ou agresser. Il a conservé son soutien populaire considérable en faisant jouer sa réputation d'ancien « trotskyste » et d'opposant au péronisme et aux autres partis bourgeois.

Cependant ses lettres de créance méritent d'être regardées de plus près. Zamora est un ancien leader du MAS (Movimiento al Socialismo - Mouvement vers le socialisme), une organisation qui se prétend trotskyste, fondée et dirigée par Nahuel Moreno (1924-1987) jusqu'à sa mort. Moreno était bien connu pour son opportunisme national, notamment pour son adaptation au péronisme. Son organisation pris même le nom de « péronisme ouvrier révolutionnaire » (« Peronismo Obrero Revolucionario ») à une époque, et au début des années 1960, elle publiait les portraits du général Juan Peron, l'ancien dictateur du pays, et du président cubain Fidel Castro en tête de son journal.

Fondé en 1982, le MAS qui soutenait être « le plus grand parti trotskyste » au monde, éclata en divers fragments à la fin des années 1980, notamment le MST (Movimiento Socialista de los Trabajadores - Mouvement socialiste des travailleurs) actuel, le PTS (Partido de Trabajadores por el Socialismo - Parti des travailleurs pour le socialisme) et les restes du MAS même.

À la fin des années 1980, le Workers Revolutionary Party britannique qui avait scissionné du Comité International de la Quatrième Internationale en 1986, tenta d'organiser une fusion avec le groupe de Moreno. Cet effort dénué de principe n'aboutit à rien, en partie à cause que l'orientation de ces partis vers les bureaucraties syndicales et staliniennes s'avéra non viable suite à l'effondrement des régimes d'Europe de l'Est et de la désagrégation de l'URSS. Alors que le MAS se scinda, le WRP, sous la direction de Cliff Slaughter, se liquida rapidement par la suite.

Nous nous sommes entretenus avec Luis Zamora quelques jours avant le premier tour des élections présidentielles à son bureau du centre-ville de Buenos Aires qui fait face au Congrès. Ancien avocat, Zamora (né en 1948) apparaît un homme sincère et ouvert, mais il fut difficile d'obtenir une explication sérieuse de son évolution et de celle des événements politiques. L'Argentine a subi de sévères traumatismes au cours des dernières années, et la trajectoire politique de Zamora a connu des changements importants. Ses commentaires sur ces développements furent plutôt brefs et prévisibles. Mais Zamora est devenu très animé lorsque le temps est venu de souligner son rejet de certaines conceptions marxistes qu'il partageait autrefois.

Nous avons d'abord demandé à Zamora son opinion à propos des élections présidentielles, ce à quoi il a répondu : « D'abord je dirais que ces élections sont frauduleuses car en n'étant que présidentielles, elles empêchent toute possibilité de changement au niveau institutionnel. Mais là n'est pas le plus important. Ce que le processus électoral révèle réellement, c'est que l'écart entre la population et la direction politique continue de se creuser. C'est un écart énorme, bien qu'il ne soit pas encore total. C'est pourquoi le peuple a encore l'intention de voter ».

Était-ce à cause de ce « caractère frauduleux » qu'il a décidé de ne pas se présenter comme candidat?

« Oui, c'était la décision de notre mouvement. Nous avons décidé de ne présenter aucun candidat, mais nous avons quand même participé au processus en menant une campagne en faveur du rejet des élections C'est-à-dire que nous avons proposé que la population exprime ses sentiments par voie de scrutin; qu'elle vote pour les mettre "à la porte", pour exprimer qu'"ils sont tous pareils" etc. ».

Lorsque nous lui avons demandé de parler du programme de son parti et comment il pensait sortir le pays de la crise, Zamora expliqua que l'objectif de son organisation était de « contribuer au processus d'organisation [populaire] », bien qu'il n'a jamais bien expliqué cette formulation. Il a poursuivi, « nous avons l'impression que pour nous opposer à la barbarie du capitalisme et à nos rapports de soumission face aux États-Unis et aux divers organismes financiers, la population est la seule force capable de mener cette lutte de ses propres mains, en Argentine comme ailleurs dans le monde ».

Il semble que Zamora interprète cela comme si son organisation ne pouvait tenter de convaincre la population d'adhérer à des politiques ou un programme. « On peut proposer l'unité de l'Amérique latine ou l'unité du mouvement antimondialisation, mais cela dépend en bout de ligne de la population. Fondamentalement, nous faisons pression en ce sens, ce qui est contraire à notre ancienne conception selon laquelle la solution aux problèmes passe par la construction d'un parti qui mènera le changement », dit-il.

Il s'en est ensuivie une question évidente : « Que pensez-vous de l'histoire du mouvement socialiste relativement à la question de la direction et de l'avant-garde »?

Par dessus tout, Zamora soutient que les socialistes ne doivent pas lutter contre la conscience prévalant, que l'« auto-organisation » des masses suffit. Il explique : « je crois que l'une des leçons des 150 ans du mouvement socialiste est que d'une façon ou d'une autre, les gens ont toujours tenté de construire le socialisme de haut en bas en prenant le pouvoir d'État, alors que le défi est de le construire de la base vers le haut, car il n'y a pas d'autres façons d'apporter une alternative au capitalisme ».

Le mouvement ouvrier socialiste n'a jamais conçu que le socialisme devait être construit « par le haut ». Si Zamora fait référence aux divers substituts du socialisme auquel cette idéologie a été associée ou alliée, qu'il s'agisse de la tendance moreniste en Argentine, du stalinisme ou du castrisme, alors sa caractérisation est tout à fait exacte. Mais ce sont justement des substituts petits-bourgeois à des véritables mouvements socialistes, et partant intrinsèquement antidémocratiques et hiérarchiques de par leur nécessité de subordonner la classe ouvrière à leurs intérêts étroits.

Pour éclaircir ce point, nous lui avons demandé à brûle-pourpoint si « la conscience spontanée [réelle] est adéquate pour faire la révolution sociale »? Ce à quoi Zamora nous a répondu : « Nous formons une organisation politique. C'est là une exploration. Nous avançons en nous questionnant, comme disent les zapatistes. Nous n'avons pas de réponse. Selon nous, elle émergera collectivement. C'est à la population de créer les formes organisationnelles, et non à l'enseignant. Ce que nous faisons, c'est appuyer et défendre ces mouvements - comme par exemple le processus des assemblées [comités de quartier] en Argentine. La construction d'une organisation politique n'est qu'un complément. L'essentiel, c'est de promouvoir les processus d'auto-organisation ».

Mais pourquoi alors, lui avons-nous demandé, faudrait-il un parti? Il expliqua que son organisation n'était pas un parti en fait. « Nous tenons à nous appeler un mouvement, et non un parti. Cinq points essentiels nous unissent : l'anti-capitalisme, l'anti-impérialisme, l'internationalisme, l'autodétermination et l'"horizontalisme". Pour nous, ces principes justifient l'existence d'un mouvement politique offrant à la population une contribution au processus organisation. Parallèlement, cela nous permet d'avoir une attitude ouverte afin d'apprendre de l'expérience et des faits nouveaux, comme le mouvement des assemblées, un mouvement que nous n'aurions jamais pensé voir arriver. Notre mouvement en est un qui contribue et reçoit constamment ».

Zamora suggère qu'un débat à la Hamlet avait lieu dans son mouvement à savoir s'il devait être ou ne pas être. « Nous savons que la voie est compliquée, car nous ne sommes pas certains sur quelles assises définies on peut justifier la construction d'un mouvement politique, mais en même temps, nous devons recueillir de l'expérience de ce que les peuples vivent ».

Nous avons souligné qu'à l'origine, l'idée du parti découlait pour les marxistes de la nécessité d'intervenir au sein de la classe ouvrière puisque la conscience socialiste ne peut se développer automatiquement de la vie économique au jour le jour. Zamora était-il en désaccord sur ce point?

« C'est une idée de Lénine, répondit Zamora, qui dit que la conscience doit provenir de l'extérieur car elle ne peut émerger spontanément. J'ai des doutes quant à cette conception. Il est difficile pour moi de penser que la conscience ne peut venir que de l'extérieur. Je pense plutôt que la conscience est une idée issue d'un échange entre des égaux ».

Ce concept n'est pas de Lénine, mais de la social-démocratie allemande et autrichienne. Dans Que faire? (1902), Lénine cite le passage suivant du programme du parti social-démocrate autrichien de 1901 : « Comme doctrine, le socialisme a évidemment ses racines dans les rapports économiques actuels au même degré que la lutte de classe du prolétariat; autant que cette dernière, il procède de la lutte contre la pauvreté et la misère des masses, engendrées par le capitalisme. Mais le socialisme et la lutte de classe surgissent parallèlement et ne s'engendrent pas l'un l'autre; ils surgissent de prémisses différentes. La conscience socialiste d'aujourd'hui ne peut surgir que sur la base d'une profonde connaissance scientifique. En effet, la science économique contemporaine est autant une condition de la production socialiste que, par exemple, la technique moderne, et malgré tout son désir, le prolétariat ne peut créer ni l'une ni l'autre; toutes deux surgissent du processus social contemporain ».

Les nombreuses références de Zamora à l'« organisation » des masses éludent la question centrale sur quelle base politique et programmatique fonder l'organisation? Les émeutes de décembre 2001 ont fourni de nombreux exemples des capacités des travailleurs argentins en matière d'auto-organisation : grève générale, barrages routiers, manifestations bruyantes, assauts contre les banques et ainsi de suite. Mais de quoi a accouché ce grand mouvement de protestation ? D'un nouveau gouvernement réactionnaire entièrement subordonné aux États-Unis et au FMI, accompagné d'un remaniement de la même élite politique qui dirige toujours le pays vers le désastre, et même de la réapparition de Menem, le politicien le plus détesté d'Argentine.

Malgré les énormes privations et de nombreuses expériences politiques amères, la classe ouvrière argentine ne s'est toujours pas organisée elle même en un mouvement de masse révolutionnaire. Pourquoi? Parce qu'un tel mouvement ne peut être créé que par la lutte scientifique quotidienne pour l'internationalisme socialiste contre toutes les illusions et les fausses conceptions produites et renforcées par le milieu politique national et ses institutions, y compris les syndicats.

Lénine expliqua ce point il y a un siècle de cela : « On parle de spontanéité. Mais le développement spontané du mouvement ouvrier aboutit justement à le subordonner à l'idéologie bourgeoise car le mouvement ouvrier spontané, c'est le trade-unionisme or le trade-unionisme, c'est justement l'asservissement idéologique des ouvriers par la bourgeoisie. C'est pourquoi notre tâche, celle de la social-démocratie est de combattre la spontanéité, de détourner le mouvement ouvrier de cette tendance spontanée qu'a le trade-unionisme à se réfugier sous l'aile de la bourgeoisie, et de l'attirer sous l'aile de la social-démocratie révolutionnaire ».

Zamora rejette cette proposition sans même essayer d'expliquer comment tous les efforts « spontanés » du passé ont échoué.

Pour ce qui est de l'état de la gauche argentine, Zamora a commenté dans la même veine, « je vois la gauche partisane justement trop partisane et dogmatique. Elle ne démontre pas le moindre intérêt à apprendre par l'expérience ou l'autocritique et se cantonne ainsi dans la tradition, c'est à dire à la nécessiter de construire un parti pour diriger la population [mondiale] et prendre le pouvoir ».

À la question à savoir comment la population mondiale devrait confronter la menace représentée par l'impérialisme américain, Zamora nous a donné une réponse similaire : « par l'auto-organisation... la population confronte déjà l'impérialisme, en manifestant et en luttant. Mais la question est de savoir comment l'emporter. Le seul moyen, c'est l'auto-organisation, en jouant le rôle de protagonistes dans l'organisation en marche ».

Sur la place de Trotsky et du trotskysme de nos jours - même chose. Zamora déclare : « je respecte toujours autant Trotsky qu'avant. Mais la différence est que j'ai maintenant réexaminé certaines de ses positions d'un angle plus critique - essentiellement, les concepts de la construction d'un parti et de la nécessité de prendre le pouvoir. Il serait intéressant de voir ce que Trotsky, et surtout Lénine, penseraient de leurs positions de nos jours. C'étaient des révolutionnaires qui voulaient mettre en échec le capitalisme et qui étaient ouverts à différentes avenues pour y parvenir, sans s'empêtrer dans des règles rigides ».

Que pense t-il du MAS? Il a très peu à dire sur cette expérience qui renferme pourtant des leçons essentielles pour la classe ouvrière, et pas seulement en Argentine.

« De l'expérience du MAS, commente Zamora, il y a bien des choses dont je peux parler avec beaucoup de fierté, et il y a d'autres choses que je réexamine. Mais si je n'étais pas passé par cette expérience, je n'aurais pas les moyens aujourd'hui de penser à de nouvelles voies. Essentiellement, j'en tire l'expérience des deux aspects dont j'ai fait référence avant : le concept du parti centralisé, qui selon moi n'est pas la bonne voie, et l'idée de diriger; c'est-à-dire se comporter comme un professeur. Penser que quelqu'un peut avoir toutes les réponses à toutes les questions transforme un parti politique en une secte religieuse, quand bien même il compterait quelques milliers de membres ».

Pourquoi le parti a-t-il éclaté? Ici Zamora a été assez honnête pour admettre que l'effondrement du stalinisme et des partis communistes, vers lesquels - en plus du péronisme - le MAS était orienté, a eu un impact dévastateur sur le parti.

« Ce sujet continue de susciter des débats, mais selon moi, la réalité nous est apparue clairement lorsqu'en 1989 le Mur de Berlin s'est écroulé et que toute la gauche dans le monde a été ébranlée. Les partis rigides ne sont pas assez souples pour permettre des débats, car leurs vérités sont tellement rigides que, dès qu'ils reçoivent un coup, ils craquent et s'effondrent. Ils ne peuvent soutenir les coups constants de la réalité capitaliste. Dans notre cas, nous n'avons pas été capables de discuter sur ce qui se passait dans le monde ou ce que nous voulions et de l'intérioriser. Puisque nous étions centralisés et que nous adhérions à des dogmes si rigides, la direction fut incapable d'accepter la vérité et fut dans l'impossibilité de réagir ».

Et pour finir nous avons parlé du CIQI : « Nous sommes membres du Comité International de la Quatrième Internationale, fondé en 1953, et dont le Workers Revolutionary Party [WRP] au Royaume-Uni était autrefois une section. À la fin des années 1980, le MAS et une section de l'ancien WRP entretinrent des négociations. À cette époque, ces personnes s'étaient séparées de nous. Nous essayons de comprendre ce qui s'est passé ».

Zamora souligna, peut-être à son insu, l'opportunisme de la direction du WRP : « ce groupe britannique est venu vivre en Argentine, pensant qu'il y avait des possibilités de construire un parti trotskyste qui jouirait d'une influence considérable. Lorsque le MAS éclata, l'accord avec le WRP fut déchiré et ses membres retournèrent dans leur pays. J'étais l'un des dirigeants du MAS à l'époque de la scission, mais je suis alors allé vers une autre faction et j'ai perdu tous mes contacts avec le groupe britannique. J'ai joint le MST, un groupe qui fait maintenant partie de la Gauche unie ».

Un électeur attendait pour voir Zamora nous sommes alors partis après cela.

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