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Des opposants à la guerre italiens bloquent des convois militaires américains

Par Marianne Arens
Le 27 février 2003

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Depuis vendredi dernier, des milliers d'opposants italiens à la guerre ont organisé le blocus des trains militaires utilisés pour transporter des troupes, des armes et des tanks américains. Ces convois partent d'une base américaine située en Italie du nord vers le port de Livourne d'où ils doivent continuer leur voyage par bateau.

Le ministre de la Défense italien, Antonio Martino, a donné aux Etats-Unis l'autorisation d'utiliser les infrastructures publiques à compter du 21 février pour le transport d'équipements et d'approvisionnements militaires ainsi que de soldats pour la préparation d'une guerre contre l'Irak. Un total de 26 convois étaient prévus pour transporter des armes ainsi que d'autres équipements d'une caserne à Ederle, dans la région de Vicenza vers la base américaine de Camp Darby.

Camp Darby est, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, une des bases américaines les plus importantes d'Europe. Cette base est installée entre Livourne et Pise sur la Riviera italienne. Elle est reliée à Livourne et à la Base Aérienne de Pise. C'est le terminus italien pour la continuation des transports de troupes et de matériels vers la Turquie et vers le Golfe Persique.

La constitution italienne stipule que l'utilisation de l'espace aérien italien, des installations et des infrastructures (voirie, chemins de fer, ports, aéroports, etc) par une puissance étrangère doit être soumise à l'approbation du parlement. Néanmoins, le gouvernement Berlusconi a donné son feu vert sans qu'il y ait eu vote du parlement italien et pour cela, il a reçu le soutien du président italien, Carlo Azeglio Ciampi.

Le 21 février, alors que les premiers convois quittaient Padoue pour Pise, ceux-ci ont été bloqués pendant plusieurs heures à Monselice, près de Padoue. Un groupe de 100 personnes obstruaient les voies, jusqu'à ce qu'ils aient été déménagés de force par des unités spéciales de la police, les DIGOS ( Divisione Investigazioni Generali e Operazioni Speciali).

Les unités spéciales appelées DIGOS, ont gagné une sinistre réputation après leur intervention lors du sommet du G8 à Gênes en juillet 2001 où ils avaient violemment envahi le bâtiment scolaire Diaz qui abritait des opposants au sommet. Ils ont utilisé des méthodes tout aussi brutales pour traiter les manifestants qui bloquaient les voies. De nombreux manifestants ont été attaqués à coup de matraque, ont reçu des coups de pied et des coups de poing. A Monselice, la police a fiché les manifestants qui sont depuis menacés de poursuites en justice.

Il appartient au vice-procureur général, le Dr Gaetano Santomauro, de décider ou non de déclencher des poursuites contre ceux qui ont participé au blocus, suite aux accusations des DIGOS.

D'autres actions ont eu lieu, comme des blocus symboliques, près de Vincenza et à Padoue, à Vérone, à Brescia, à Bologne ou à Pise. A plusieurs occasions, les trains ont été contraints soit à rebrousser chemin, soit à changer d'itinéraire pour ne rencontrer que de nouveaux blocus. Des manifestations de solidarité avec les actions anti-guerre se sont également déroulées de façon spontanée à Milan, à Florence et à Pise.

A Fornovo, un petit village près de Parme, un grand nombre des habitants ont exprimé leur solidarité avec les manifestants et le maire d'un village à proximité s'est couché sur les voies, portant ses insignes officiels. Des habitants du coin ont apporté des drapeaux blancs, ont mis le feu aux voies, et ont bu du vin et du grappa avant d'être évacués par la police.

A Pise, plus de 400 policiers ont été rassemblés pour accompagner un convoi de la gare jusqu'à la base de la force aérienne. En plus de bloquer la gare, les manifestants ont dressé des piquets devant la base aérienne d'où devait être envoyé du ravitaillement. Des manifestants, arborant des drapeaux aux couleurs arc-en-ciel, ont réussi à entrer de force dans le camp et ont essayé d'empêcher les mouvements de tanks et de véhicules militaires.

A Migliarno, le conducteur d'un train passager a refusé de continuer son voyage, afin d'empêcher les trains de transport militaire de continuer à utiliser les voies. Il a fallu attendre plusieurs heures, et suite à des menaces de perdre son emploi pour qu'il accepte de débloquer les voies.

En Sardaigne, des heurts violents se sont déroulés entre la police et un millier de manifestants qui bloquaient la base de l'OTAN sur l'île de La Maddalena. La police a utilisé des grenades lacrymogènes.

Le principal organisateur des actions était les « Disobbedienti », un groupe basé sur la politique de « désobéissance civile ». Il y avait d'autres participants comme les militants du syndicat COBAS, des membres du Rifondazione Comunista (Parti Communiste Refondateur), les Verts italiens, ainsi que de nombreuses personnes qui manifestaient à titre individuel.

Luca Casarini, chef des « Disobbedienti » a déclaré, qu'il fallait faire porter la responsabilité du blocus des transports publics au seul gouvernement parce que ce dernier avait donné la permission pour les transports sans consulter le parlement. « De quel droit utilise-t-on les trains et les installations ferroviaires à des fins militaires et ceci en prévision d'une guerre dont le peuple ne veut pas ? » a-t-il demandé.

Des cheminots qui avaient reçu l'ordre d'accompagner ces convois ont requis le soutien de leur syndicat, la CGIL pour pouvoir refuser de telles missions. Le secrétaire régional syndical de la CGIL pour la Toscane, Roberto Martelli, a affirmé qu'en principe les cheminots ne pouvaient pas être obligés d'assister à des convois transportant des « matériaux de mort et de destruction ». Il a affirmé que le transport de « matériels qui doivent être utilisés pour la guerre » présentait également un risque pour la sécurité de la population dans son entier.

Néanmoins, Guido Abbadessa, le secrétaire général de la section transports de la CGIL, a regretté que le syndicat ne puisse pas apporter son soutien aux cheminots qui refusent d'exécuter leur mission pour des raisons de conscience, parce que les chemins de fer italiens ont certaines obligations envers le ministère de la Défense italien. En tant que secrétaire général, il a argué qu'il devait en premier lieu obéir à la loi tout en défendant les intérêts de ses membres.

Le secrétaire général au niveau national de la CGIL, Guglielmo Epifani, a exigé des négociations avec le gouvernement. De son côté, un porte parole du parti gouvernemental, Forza Italia, le parti du premier ministre, Silvio Berlusconi, a dit qu'à ses yeux, les boycotts et les protestations relevaient du « terrorisme rouge ».

Au cours des derniers jours, des convois supplémentaires ont été placés sous la protection rapprochée des carabinieri et des militaires, mais malgré cela le passage libre des trains n'était pas assuré. Jusqu'à jeudi soir, seuls six trains avaient atteint leur destination. Lundi et mardi des passagers ont actionné la sonnette d'alarme d'un certain nombre de trains de voyageurs et ceci dans le but de bloquer la ligne Padoue-Pise.

Entre-temps, la CGIL a accepté de faire un appel à la grève pour soutenir les mesures de boycott des dockers qui refusent de charger du matériel militaire. Dans l'édition du 26 février du journal La Stampa, Guido Abbadessa confirmait cette menace de grève.

Un blocus général des « trains de mort » était prévu pour le 26 février. Des milliers de personnes ont manifesté le long de la voie Vicenza-Padoue-Ferrare-Bologne ­ Florence-Pise vers Camp Darby. Un porte-parole du Forum social européen à Florence a expliqué : « Nous avons l'intention de continuer ce que nous avons fait au cours de ces derniers jours, en ne prenant aucun risque, ni pour nous-mêmes, ni pour les autres. Nous ne voulons causer aucun problème à l'ensemble de la population et nous ne répondrons à aucune provocation. »

A Gênes, une manifestation contre la guerre était prévue devant l'entrée principale de l'usine Fiat pour tous les ouvriers de cette usine qui souhaiteraient manifester contre la guerre. Une manifestation centrale était également prévue à Pise. Des manifestations sont prévues à l'échelle nationale samedi prochain.

Face aux manifestations, le gouvernement italien pense à détourner les convois vers le port de Brindisi en Italie du sud. D'après le journal Il Manifesto d'autres convois ferroviaires doivent passer par les Balkans. Pour ce faire, les autorités militaires américaines ont fait mardi dernier une demande officielle auprès du gouvernement slovène afin d'obtenir la permission de faire passer 20 trains transportant des soldats, des tanks et des armes à travers ce pays pour continuer leur voyage vers la Turquie.

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