wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

La capture de Saddam Hussein n'est pas la fin du bourbier irakien

Par le comité éditorial
15 décembre 2003

Utilisez cette version pour imprimer

La capture de l'ex-dictateur de l'Irak Saddam Hussein, qui fut trouvé dans un trou aux abords de la ville de Tikrit en Irak central a provoqué une explosion d'allégresse au sein de l'administration Bush, des autorités de l'occupation américaine en Irak et des médias américains.

Ceux qui furent un temps opposés à l'invasion illégale américaine ont été balayés par la vague de triomphalisme de Washington. Le chancelier allemand Helmut Schröder et le président français Jacques Chirac se sont précipités pour offrir leurs lâches félicitations à George Bush.

Il n'y a aucun doute que la jubilation de la Maison blanche et des médias continuera pour plusieurs jours. Après avoir fait de Hussein l'équivalent de Hitler, son arrestation est vue comme un jalon dans la naissance d'un Irak «libre» et «démocratique». Cette interprétation des événements oublie toutefois de considérer un certain nombre de questions embarrassantes.

La première fut celle que posa un journaliste à la conférence de presse organisée au quartier général du Conseil du gouvernement provisoire irakien à Bagdad pour annoncer la capture : «Était-il possible qu'il ait dirigé la guérilla caché dans un trou?»

Clairement, la réponse est non. Saddam Hussein n'était pas le cerveau qui coordonnait les attaques qui ont récemment atteint les 55 par jour sur tout le territoire irakien. Il était traqué, apparemment allant de cachette en cachette entièrement préoccupé d'assurer sa survie. Des sources de l'armée américaine ont souligné qu'on n'avait trouvé aucun moyen de communication, pas même un téléphone cellulaire, dans la cache de Hussein et de ses deux compagnons.

Les États-Unis ont refusé de donner des détails sur la façon dont ils ont appris où se cachait Hussein et sur la rançon de 25 millions pour sa capture. Il y a eu une certaine spéculation sur le fait qu'il aurait été trahi par des éléments qui lui seraient hostiles au sein de son ancien parti, le Baas.

Le succès tactique de l'arrestation de Hussein aura peut-être pour effet à court terme de renforcer le prestige chancelant de l'occupation. Toutefois, elle est loin de résoudre les problèmes inextricables auxquels se bute la tentative américaine de recoloniser l'Irak ou même d'empêcher que ne croisse la résistance nationaliste du peuple irakien.

Curieusement, dans les reportages qu'ils diffusent sans arrêt sur les célébrations en Irak depuis l'annonce de l'arrestation de Hussein, les grands réseaux de télévision américains ont montré à répétition deux manifestations à Bagdad. La première était celle de partisans du Parti communiste irakien qui brandissaient des drapeaux rouges avec le marteau et la faucille et la seconde était organisée par les chiites musulmans avec des portraits d'ayatollahs. Bien que ces deux tendances aient collaboré à un certain degré avec les forces américaines d'occupation, elles ne semblent pas offrir une base très solide pour la formation d'un nouveau régime appuyé par les Américains.

Des représentants de l'administration américaine ont refusé de clarifier ce qu'elle ferait de Hussein maintenant qu'il était sous les verrous. Le général Ricardo Sanchez, le commandant des forces d'occupation en Irak, a évité de répondre aux questions lorsqu'on lui demandait s'il le remettrait au Conseil du gouvernement irakien ou s'il l'amènerait devant un tribunal extraordinaire dont la création avait été annoncée quelques jours plus tôt. Il s'est limité à dire que l'armée américaine continuerait le «traitement» l'ex-président irakien.

Peu importe ce qui arrivera, Hussein subira la justice des vainqueurs. Le Conseil du gouvernement irakien et le nouveau tribunal ont tous deux été créés par Washington et n'ont aucune légitimité. L'Autorité des forces d'occupation américaines n'a aucun pouvoir selon la loi internationale d'organiser un tribunal pour juger les anciens dirigeants irakiens.

Il faut le dire, si des accusations de crimes de guerre devaient être faites en relation avec l'Irak, les plus sérieuses seraient portées contre l'administration Bush pour avoir conçu et mené une guerre d'agression sans provocation.

Il y a plusieurs bonnes raisons pour Washington d'éviter toute poursuite publique de Hussein. Les dirigeants de la force d'occupation l'ont décrit comme «coopératif» depuis son arrestation samedi dernier. Ce terme est aussi le plus approprié pour décrire son attitude face aux différentes administrations américaines au fil des ans.

En fait, les plus grands crimes de son régime contre le peuple irakien, que ce soit la guerre Iran-Irak, la répression des Kurdes et des chiites ou le reste, ont été commis avec l'appui actif de Washington. Cet appui a été donné directement par les personnes mêmes qui jouent un rôle clé pour définir aujourd'hui les politiques américaines, tel le secrétaire à la Défense Donald Rumsfeld et le nouvel envoyé spécial de Bush, l'ancien secrétaire d'État James Baker.

Qui est l'homme maintenant arrêté par les États-Unis et comment est-il arrivé à cette situation peu enviable? La réponse à ces questions est liée à la domination pour toute la seconde moitié du vingtième siècle de l'Irak par les États-Unis et à l'évolution du nationalisme arabe.

Le processus qui a mené Hussein au pouvoir en Irak débute en 1957 lorsqu'âgé de vingt ans, il se joignait au Parti socialiste arabe de Renaissance (le Baas). Les baasistes ont fréquemment été décrits dans les médias comme des «national-socialistes», mais cette définition n'est exacte que dans une limite étroite. Comparer le baasisme au nazisme et Hussein à Adolf Hitler, comme l'ont souvent fait Washington et le régime sioniste en Israël, est une distorsion délibérée.

L'Irak est un pays peu développé économiquement et historiquement opprimé, pas une puissance impérialiste cherchant la domination mondiale. Hussein a été à la tête d'une dictature impitoyable qui a systématiquement réprimé la classe ouvrière irakienne. Mais il y a une différence nette entre le type de mouvement nationaliste qu'il a dirigé et les régimes compradors et semi-féodaux qui ont été mis en place par l'impérialisme britannique, comme celui de Nuri al Saïd, qui était considéré comme un traître par son peuple et tout le monde arabe.

Les régimes nationalistes comme celui qui existait en Irak sont arrivés au pouvoir dans un ensemble de pays avec un programme national et social qui était lié à l'émergence d'un mouvement de masse anticolonial. En comparaison des régimes coloniaux pantins, des monarchies féodales et des émirats du Golfe qui les ont précédés, ils ont mis en place des politiques qui ont nettement changé les conditions de vie des masses, comme l'amélioration de la santé, de l'éducation et des droits sociaux des femmes. Ils ont aussi adopté des politiques, comme dans le cas de l'Irak et d'autres régimes du Moyen-Orient, qui ont été opposés par les principales puissances impérialistes, particulièrement la nationalisation du pétrole.

Les contradictions du Baas

Le Baas a été fondé durant la Deuxième Guerre mondiale comme partie de la vague grandissante du nationalisme et de l'anticolonialisme qui a balayé le Moyen-Orient, l'Afrique et l'Asie. Ses fondateurs, des intellectuels syriens qui étudièrent en France et qui étaient menés par Michel Aflaq, avançaient le programme du panarabisme qui visait à résoudre le problème du retard économique, de la division et de la domination étrangère dans cette région du monde. Le Baas proposait d'unir le monde arabe pour effacer les «frontières tracées dans le sable» qui étaient le legs de la division coloniale menée après la Première Guerre mondiale et qui divisaient le Moyen-Orient en un ensemble d'entités économiques et politiques non viables. Il appelait aussi pour la création d'un gouvernement démocratique et laïc.

Le slogan du parti était «Une nation, de l'Atlantique au Golfe Persique». Toutefois, comme les autres partis politiques de cette région, de l'Afrique et de l'Asie, les baasistes étaient intrinsèquement incapables de mener une lutte conséquente contre l'impérialisme. Après qu'ils soient devenus le principal instrument politique d'une bourgeoisie nationale petite, faible, mais rapace en Irak comme en Syrie, l'intérêt des élites dirigeantes locales dans le maintien des structures d'État héritées du colonialisme est apparu trop fort pour réaliser même l'unité de Damas et de Bagdad. En fait, les deux régimes sont demeurés des ennemis implacables durant toute la période qui a suivi l'arrivée au pouvoir des baasistes dans les deux pays.

En Irak, le principal conflit a été entre le régime et la classe ouvrière irakienne. Elle était la mieux organisée et la plus politiquement développée de tout le Moyen-Orient.

Hussein a intégré ce mouvement complexe et contradictoire en se joignant à une couche de nationalistes bourgeois qui étaient fanatiquement hostiles au communisme et qui étaient prêts à faire des affaires avec les principales puissances impérialistes. En 1958, il a été emprisonné pour avoir assassiné son beau-frère, un membre du Parti communiste. Cinq années plus tard, il est revenu d'exil en Irak après que le Parti baasiste qui avait participé à un coup d'État pour renverser le dirigeant nationaliste de gauche, le général Abdel-Karim Kassem avait été brièvement au pouvoir. Le renversement de Kassem a été mené avec l'appui de la CIA qui donna les noms des membres du Parti communiste aux organisateurs du coup. Ceux-là furent capturés et exécutés.

En 1968, un second coup d'État par les militaires a amené les baasistes au pouvoir. Ils l'ont gardé jusqu'à ce que les Américains envahissent le pays cette année. La sécurité intérieure était sous la responsabilité de Hussein qui a détenu de ce fait le véritable pouvoir dans le nouveau régime.

Les baasistes sont arrivés au pouvoir en Irak dans le contexte de l'alliance stratégique de Washington et de la dictature du Shah dans son voisin l'Iran. Les États-Unis ainsi que le régime du Shah ont fait pression sur l'Irak à cette époque pour qu'il accepte un partage désavantageux de la région de Shatt al-Arab.

À la fois pour favoriser l'Iran et pour punir le régime baasiste pour la nationalisation des intérêts pétroliers américains en Irak, Washington et Téhéran, avec la collaboration de l'Israël, ont fomenté et organisé une rébellion nationaliste kurde contre Bagdad. La CIA a fourni armes et argent aux groupes kurdes alors que l'armée iranienne a fourni l'appui logistique.

Lorsque le vent a brusquement tourné en Iran avec l'effondrement de l'État policier du Shah et l'arrivée au pouvoir d'un régime fondamentaliste islamiste, les États-Unis ont changé leur politique dans la région. Maintenant, ils cherchaient à tisser des liens plus étroits avec l'Irak, le pressant de prendre l'offensive sur le litige frontalier de Shatt al-Arab et de s'opposer activement à la propagation de la révolution iranienne. En particulier, ils craignaient que l'Iran attise la révolte chiite qui pourrait gagner les régions pétrolifères cruciales du sud de l'Irak et de l'est de l'Arabie saoudite, menaçant de ce fait l'approvisionnement américain.

La réponse de l'Irak à la nouvelle orientation stratégique de Washington a résulté en une purge massive au sein du Parti baasiste et en l'accession de Hussein à la présidence en 1979. Le principal changement qui a été réalisé par cette purge fut de mettre un terme à l'alliance entre le Baas et le Parti communiste irakien qui avait rejoint ce dernier dans un gouvernement de coalition national. L'exécution des membres du Parti communiste ainsi que des baasistes les plus étroitement associés avec cette alliance se voulait une branche d'olivier présentée à Washington. Un peu plus d'une année après, le régime irakien déclarait la guerre à l'Iran sur la question du Shatt al-Arab.

Même si les objectifs de l'Irak étaient modestes et que Hussein espérait de façon opportuniste pouvoir les réaliser facilement en vertu du nouvel appui que lui donnaient les États-Unis, cette action militaire fut une erreur politique. L'Irak s'est retrouvé embourbé dans un conflit meurtrier qui devait coûter la vie à plus d'un million de personnes et qui était alimenté par les politiques de la révolution iranienne.

C'est à cette époque que Washington a forgé ces liens les plus étroits avec Hussein, faisant parvenir au régime baasiste des milliards de dollars d'aide et d'armements, y compris la technologie militaire et de communication la plus moderne.

En mai 1987, en plein milieu du conflit, l'appui américain pour Hussein a pris une forme des plus dramatiques lorsqu'un avion de chasse irakien a fait feu avec un missile Exocet sur le USS Stark dans le Golfe persique, tuant 33 marins américains. La réaction de Washington fut d'exonérer le régime irakien et de blâmer l'Iran pour l'attaque, la cible de la force de frappe militaire qu'ils mettaient en place dans la région du Golfe dont le Stark faisait partie. À peine un an plus tard, le USS Vincennes, un bateau de guerre voguant dans les eaux territoriales iraniennes, abattait d'un missile un avion de ligne iranien, tuant ses 290 passagers.

Plusieurs des personnes qui jouent un rôle clé dans la politique américaine avaient des relations amicales avec Hussein durant la guerre Iran-Irak. Donald Rumsfeld, en tant qu'envoyé spécial de l'administration Reagan s'est rendu à Bagdad à la fin de 1983 pour un entretien privé avec Hussein dans lequel il offrait à l'Irak d'établir des rapports diplomatiques directs avec les États-Unis.

Rumsfeld est retourné à Bagdad en mars 1984 pour des pourparlers avec celui qui était alors le ministre des Affaires étrangères, Tariq Aziz, et il fut annoncé que les rapports étaient entièrement rétablis, sans que cela ne prenne un caractère officiel.

En tant que secrétaire d'État de l'administration de Bush père, James Baker a préparé un important plan d'aide américain et a illégalement armé l'Irak. Baker a donné les autorisations nécessaires pour que l'Irak obtienne une technologie militaire d'un certain niveau, y compris le matériel pour produire les armes biologiques et chimiques. Il a aussi mis en place un programme de ventes d'armes organisées par la CIA entre Bagdad et des alliés américains tels le régime chilien de Pinochet et le régime de l'apartheid en Afrique du Sud ainsi que des pays de l'OTAN.

Les massacres, l'utilisation des gaz et les autres atrocités que l'administration Bush a évoqués pour décrire Saddam Hussein comme le pire tyran depuis Hitler et pour justifier l'invasion de l'Irak ont été pour la grande partie réalisés à cette époque. L'alliance des États-Unis avec l'Irak atteignait alors son zénith et Washington a fourni les armes qui furent utilisées pour commettre ces atrocités.

Ce n'est pas que les États-Unis qui s'étaient lancés dans cette aventure. Comme l'origine du missile qui a coulé le USS Stark le révèle, la France avait elle aussi tissé des liens étroits avec Saddam Hussein. Dans le cas de la France, c'est Jacques Chirac qui fut le plus impliqué dans cette affaire, ce qui ne l'a pas empêché de faire parvenir ses félicitations à Bush pour la capture de l'ancien président irakien.

La provocation du Koweït

Après la guerre Iran-Irak, l'alliance entre les États-Unis et l'Irak a éclaté à cause de la dispute obscure entre Bagdad et l'émirat koweïtien. La revendication historique de l'Irak sur le Koweït qui considérait ce dernier comme une création artificielle de l'impérialisme britannique s'est entremêlée avec tout un ensemble de différents conflits. Le Koweït faisait délibérément baisser les cours mondiaux du pétrole tout en faisant du forage horizontal pour siphonner le pétrole des nappes de al-Ramallah situées au sud de l'Irak. Alors que le Koweït demandait le paiement immédiat de milliards de dollars en prêts consentis à l'Irak durant la guerre contre l'Iran, ces gestes représentaient une provocation grossière qui menaçait la stabilité économique et politique de l'Irak.

Au beau milieu de ce conflit avec le Koweït, Saddam Hussein a eu une rencontre avec l'ambassadrice américaine en Irak, April Glaspie, qui avait alors affirmé que Washington n'avait «aucune opinion en ce qui concerne les conflits entre Arabes, tel votre conflit sur la frontière avec le Koweït». Elle avait ajouté que le secrétaire d'État Baker mettait «l'accent» sur le fait que les États-Unis n'avaient aucun intérêt dans cette question. Hussein a pris cette déclaration comme un feu vert pour lancer son invasion du Koweït en août 1990. Après huit années d'alliance de facto avec les États-Unis contre l'Iran, il a cru qu'il avait le consentement de Washington.

Encore une fois, le dictateur irakien avait très mal évalué la situation. Il est aisé de croire que la rencontre avec Glaspie avait été une tentative délibérée pour pousser l'Irak à attaquer le Koweït dans le but d'offrir le prétexte pour réaliser les vieux plans américains d'établir une présence militaire américaine dans le Golfe persique. Washington était aussi prêt à se débarrasser d'un allié encombrant de dont elle n'avait plus besoin.

Hussein n'avait pas réalisé que la situation géopolitique était entièrement changée. Comme les dirigeants de tant d'autres régimes nationalistes bourgeois, il avait réussi à consolider son pouvoir en grande partie en balançant entre Moscou et Washington, oscillant d'un à l'autre. Mais en 1990, ces manoeuvres étaient devenues impossibles. La bureaucratie stalinienne à Moscou, sous la direction de Gorbatchev était déjà bien engagée sur la voie de la restauration du capitalisme et cherchait l'appui des États-Unis en offrant tout ce qu'elle pouvait. Hussein s'est rendu compte que son régime faisait lui aussi partie du lot à vendre.

Rien n'aurait pu empêcher une guerre avec les États-Unis qui a fait 100.000 morts selon les estimations et qui a laissé l'Irak en ruines. Néanmoins, une fois le conflit terminé, lorsque les chiites au sud et les Kurdes au nord se sont soulevés contre Hussein, Washington a fait la preuve encore une fois qu'ils considéraient le dictateur irakien comme une force oeuvrant pour la stabilité de la région.

Alors que l'armée américaine occupait un cinquième du territoire irakien, Washington a ordonné que rien ne soit entrepris pour stopper la répression sauvage du régime de Hussein contre les rebelles chiites et kurdes. En fait, la directive fut donnée de laisser le champ libre aux hélicoptères irakiens. Comme le -New York Times l'a noté dans son édition du 11 avril 1991, les révoltes «ont amené les États-Unis et ses alliés arabes à une vue remarquablement unanime : peu importe les péchés du dirigeant irakien, il a offert à l'Ouest et à la région un meilleur espoir de stabilité dans son pays que le feraient ceux qui ont souffert de sa répression».

La décennie suivant la guerre du Golfe a été marquée par une campagne déchaînée de l'extrême-droite de la politique américaine pour une guerre pour conquérir l'Irak. Un de péché capital de l'administration Clinton aux yeux de cette couche était justement qu'il ne menait pas une telle campagne. Une fois l'administration Bush à la Maison blanche, ces éléments des think thanks de droite proches du Parti républicain ont été nommés aux positions-clé, y inclus pratiquement tous les postes civils au Pentagone et ont commencé à préparer la guerre de «prévention» pour renverser Hussein.

Dans un discours télévisé dimanche passé, Bush a lu un «message au peuple irakien» dans lequel il déclarait que la capture de Hussein mettait un terme «à une ère noire et douloureuse» et signalait le retour d'un «jour d'espoir».

Le président américain a affirmé que cet événement permettrait que se réalise la politique américaine pour ramener «la souveraineté dans votre pays, la dignité de votre grande culture et, pour chaque citoyen irakien, l'opportunité d'une vie meilleure».

Loin de redonner leur souveraineté aux Irakiens, l'administration Bush a entrepris un programme pour recoloniser l'Irak et utiliser sa richesse en pétrole et sa position géopolitique stratégique dans le but de renforcer son programme pour l'hégémonie mondiale des États-Unis. L'occupation a enlevé toute dignité à des couches de plus en plus larges du peuple irakien, créant un appui populaire grandissant pour les attaques contre les forces américaines. Quant à l'opportunité, il y a bien une quantité illimitée pour les compagnies corrompues avec les bonnes relations comme Halliburton de piller les ressources de l'Irak et l'argent des contribuables américains alors que les masses irakiennes connaissent le chômage et la pauvreté.

L'arrestation de l'ancien dictateur irakien ne fera rien pour légitimer l'occupation illégale ou les personnes serviles que Washington a choisies pour former un régime avec un «visage irakien». Tout compte fait, elle ne permettra pas non plus de mettre un terme à l'augmentation du sang que l'on verse en Irak, que ce soit celui des Irakiens ou celui des jeunes soldats américains.

L'administration Bush espère clairement que la capture de Hussein va entraîner la désintégration plus ou moins rapide de la résistance irakienne à l'occupation. Alors que le temps passera toutefois, elle aura en toute probabilité l'effet inverse. L'impact inattendu de l'arrestation de l'ex-président irakien sera d'enlever encore plus de légitimité à l'occupation de l'Irak par les Américains et ainsi d'intensifier le conflit.

La question sera inévitablement soulevée avec encore plus de force : si Saddam Hussein n'est plus une menace, alors pourquoi 130.000 soldats américains en Irak? La réponse immédiate est que les États-Unis n'ont pas l'intention de partir. Ils ont mené une guerre de prédation et ont l'intention d'établir une occupation permanente pour leur assurer le contrôle sans partage sur les ressources énergétiques vitales que l'on trouve dans toute la région.

Alors que les rapports entre Hussein et Washington ont largement été cachés au public américain, ils sont bien connus de la population éduquée de l'Irak. La véritable question est de déterminer si les Rumsfeld, les Baker et leurs semblables doivent être considérés comme des complices des crimes de Saddam Hussein ou si plutôt, ce ne serait pas Hussein lui-même qui n'a été qu'un simple complice de crimes plus grands de l'impérialisme américain.

On doit répondre au voeu pieux de Bush que Saddam Hussein fasse face à la «justice» en répondant avec la demande pour le retrait immédiat des toutes les troupes américaines et de tous les représentants américains qui sont responsables pour la guerre actuelle aussi que pour les politiques qui ont causé la mort de centaines de milliers d'Irakiens d'être accusés de ces crimes.

Voir aussi :

 


 

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés