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L'administration Bush prend des mesures pour annuler les élections américaines

Déclaration du Parti de l'égalité socialiste
13 juillet 2004

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Dernièrement, des officiels de l'administration Bush ont demandé qu'une analyse détaillée des étapes légales nécessaires pour reporter l'élection 2004 soit effectuée. Cette demande contient implicitement la menace d'abroger la constitution américaine, d'oublier les droits démocratiques et d'établir une dictature basée sur l'armée et la police. C'est le geste désespéré d'un régime profondément discrédité et impopulaire qui craint non seulement une défaite électorale, mais une explosion d'agitation sociale et politique aux États-Unis.

L'existence de la demande a été rapportée au public le 11 juillet dans un article du Newsweek. Il y était écrit que trois agences fédérales étaient déjà impliquées : la nouvellement créée Commission d'aide aux élections, qui en a suggéré la possibilité; le département de la Sécurité intérieure, qui a émis de façon répétée et sans explication des avertissements de menaces terroristes planant sur les élections; et le Bureau des conseillers juridiques du département de la Justice, qui étudie les questions légales et constitutionnelles soulevées par la requête du secrétaire d'État à la Sécurité intérieure Tom Ridge.

Le président de la Commission d'aide aux élections, DeForest Soaries, a écrit une lettre aux leaders républicains et démocrates des deux chambres du Congrès américain le 12 juillet, dans laquelle il soulignait le fait qu'il n'existe aucune provision légale ou constitutionnelle pour ajourner une élection nationale. « Il ne semble pas y avoir un processus clairement défini pour suspendre ou reporter le vote durant une élection s'il y avait une attaque terroriste importante », a-t-il écrit.

Le Parti de l'égalité socialiste rejette comme un mensonge flagrant la déclaration selon laquelle les préparatifs pour repousser les élections sont nécessaires à cause de la possibilité d'une attaque terroriste. Tout comme les menaces terroristes ont été utilisées pour justifier l'invasion illégale de l'Irak, elles sont maintenant utilisées pour légitimer des mesures extrêmement antidémocratiques qui figurent dans le programme secret de l'administration Bush depuis qu'elle a réussi à voler les élections présidentielles 2000.

Rien de ce que dit cette administration au sujet des soi-disant « menaces terroristes » ne peut être cru. Le fait qu'elle a systématiquement menti au sujet des soi-disant menaces à la sécurité que faisait peser l'Irak et ses soi-disant « armes de destruction massive » a été irréfutablement établi par le rapport du Comité sénatorial sur la sécurité rendu public la semaine passée. L'administration Bush est composée de gens, du président et du vice-président en descendant, qui disent n'importe quoi pour justifier leurs politiques et les actions militaires criminelles.

L'administration Bush est aussi composée d'hommes désespérés et dangereux qui sont prêts à tout pour garder le pouvoir. Dans la mesure où il existe un danger pour un acte terroriste soit commis avant les élections de novembre, alors il beaucoup plus probable que les organisateurs et les auteurs seront des provocateurs de l'extrême-droite liée à l'administration Bush et aux diverses agences de police et du renseignement que des membres d'une quelconque cellule secrète d'al-Qaeda opérant aux États-Unis.

En laissant savoir qu'elle est en train d'établir les fondations pour ajourner et annuler les élections dans le cas d'une attaque terroriste, l'administration Bush a pour le moins offert un motif et un encouragement politique pour la réalisation d'un tel geste par les éléments néo-fascistes qu'elle trouve parmi ses partisans et qui ne sont pas prêts à accepter la défaite de l'administration Bush.

Même si on acceptait la possibilité qu'un geste terroriste soit organisé par al-Qaeda, cela ne justifierait aucunement que l'élection nationale soit repoussée, une décision qui n'a aucun précédent dans les 216 années qui ont suivi l'élection de George Washington. Les élections nationales ont eu lieu à temps durant la Première et la Seconde Guerre mondiale et même durant la Guerre civile, alors qu'une douzaine d'États étaient en guerre. Même lors de la Guerre de 1812, alors que Washington DC avait été envahi par les Britanniques et que la Maison blanche avait été brûlée, il n'y avait eu aucune tentative de la part du gouvernement de suspendre les élections.

Il n'y a eu aucune explication claire sur les raisons pour lesquelles une attaque terroriste, si elle devait avoir lieu, entraînerait que les élections de novembre soit repoussées. Par contre, on a fait référence à l'impact des explosions à Madrid sur les récentes élections en Espagne où le gouvernement de droite proguerre a été battu. La prémisse non explicitée, mais évidente qui sous-tend ces références est que l'élection devrait être reportée ou annulé dans le cas d'un incident terroriste parce que le peuple pour voter de la « mauvaise » façon, c'est-à-dire comme il l'a fait en Espagne.

Les contradictions sociales internes de la société américaine

Ce n'est pas la menace d'une attaque terroriste concoctée à l'étranger qui motive l'administration Bush à se préparer à reporter les élections de novembre. On trouvera la véritable raison pour cette menace sans précédent sur les droits démocratiques dans les conflits sociaux intérieurs et les contradictions de la société américaine. Que le gouvernement considère clairement annuler les élections présidentielles signifie que le tout le cadre de la démocratie bourgeoise américaine ne se trouve pas à un moment politique décisif, mais bien dans une impasse historique.

Comme l'histoire sanglante du vingtième siècle l'a si souvent montré, la transition d'une démocratie bourgeoise à une des différentes formes de dictatures militaro-policières et même au fascisme a toujours commencé au moment où les antagonismes et les conflits sociaux d'une société donnée étaient devenus si aigus qu'ils ne peuvent pas se résoudre dans le cadre des arrangements constitutionnels traditionnels. C'est une telle situation que l'on trouve maintenant aux États-Unis alors que le gouffre entre l'élite superriche et les vastes masses des travailleurs est plus large et plus profond que dans tout autre pays capitaliste avancé.

La menace d'annuler les élections doit être comprise dans le contexte de l'histoire politique récente des États-Unis qui est caractérisée par des attaques toujours plus grandes sur les normes démocratiques traditionnelles. Un aspect central de cette période a été la prise de contrôle du Parti républicain par des éléments avec des inclinaisons fascistes qui considèrent le processus électoral lui-même comme un empêchement intolérable à leurs plans pour éliminer toute contrainte à l'accumulation de la richesse personnelle à l'intérieur et au renforcement de la puissance militaire américaine à travers le monde. Il est impossible de mener de telles politiques démocratiquement, même dans des conditions où la seule opposition officiellement reconnue est celle du Parti démocratique, une opposition sans dents et flasque, tout aussi dévouée à défendre le système de profit et les intérêts de l'élite du monde des affaires.

Depuis le milieu des 1990, l'extrême-droite a entrepris une campagne systématique pour, tout d'abord, miner et faire tomber l'administration Clinton, au moyen de l'enquête de Starr et du procès sénatorial pour la destitution de Clinton et, ensuite, pour voler les élections 2000, vol dont le point culminant fut l'intervention de la Cour suprême dans la crise en Floride.

On en est maintenant rendu dans ce processus à des discussions ouvertes sur des plans pour suspendre les élections 2004. Personne ne doit se méprendre sur ce qu'on veut faire : reporter le vote de l'élection 2004 signifie l'annulation des élections et le retranchement de George W. Bush à la Maison blanche pour une durée indéterminée.

L'évolution est frappante et ne laisse aucun doute : premièrement, la subversion d'un président élu; ensuite, mettre au pouvoir un président non élu qui n'a pas obtenu la pluralité des voix; et aujourd'hui, les efforts pour empêcher le vote dans son ensemble, ce qui revient à un coup d'État de la part de Washington.

La menace d'annuler les élections 2004 est le point culminant de toutes les mesures répressives qu'a adoptées l'administration Bush en utilisant le prétexte des attaques terroristes du 11 septembre 2001 : l'adoption du Patriot Act, la création du département de la Sécurité intérieure, la création du Northern Command (la première fois qu'un poste de commandement militaire contrôle l'ensemble des troupes établies aux États-Unis même), la création d'un réseau mondial de camps de concentration pour les prisonniers de l'armée américaine et de la CIA, l'usage de la torture dans ces camps et dans les prisons militaires en Irak et la pression constante des cours (avec des centaines de juges nommés par Bush) pour ratifier les atteintes toujours plus draconiennes aux droits civils.

Le Bureau des conseillers juridiques qui revoit en ce moment les provisions constitutionnelles et légales nécessaires pour ordonner la suspension des élections, est la même agence qui, il y a deux ans, a écrit un mémorandum de 50 pages justifiant la torture contre les prisonniers détenus au nom de la « guerre au terrorisme » de l'administration Bush. Le Bureau des conseillers juridiques a déclaré que le président, en tant que « commandant en chef », avait essentiellement des pouvoirs dictatoriaux en temps de guerre. Il était au-dessus de la loi et ne pouvait pas être contraint ni par les cours ni par des lois votées au Congrès.

Il n'y a aucun doute que les préparatifs impliquent plus qu'une simple analyse légale. Les plans d'urgence exigent l'implication de toute une série d'agences de police fédérales.

Il y a deux mois, l'Agence fédérale de gestion des urgences, une unité se rapportant au département de la Sécurité intérieure, a organisé un exercice appelé Vers le défi 2004 (Forward Challenge '04) qui a mobilisé 4000 agents fédéraux dans plus d'une centaine de sites secrets qui avait pour but de simuler la réponse à une attaque terroriste sur Washington. L'Agence fédérale de gestion des urgences est depuis longtemps la principale agence pour préparer la répression intérieure de masse. Ses activités dans ce domaine remonte à aussi loin que l'époque de Reagan où elle était responsable de l'Opération Rex '84 qui visait à mettre sous arrêt des centaines de milliers d'immigrants en provenance de l'Amérique centrale et d'activistes antiguerre dans le cas où les États-Unis seraient entrés en guerre contre le Nicaragua.

Clairement, l'article du Newsweek a été le résultat d'un coulage délibéré de l'administration Bush qui avait pour but de tester la réaction du public et des médias à la possibilité de l'annulation de l'élection. Le bref article a été écrit par Michael Isikoff qui a joué un rôle clé dans l'affaire Lewinsky, étant le lien entre Linda Tripp, qui avait enregistré les conservations de Lewinsky sur ses relations avec Clinton et le bureau du conseiller indépendant Kenneth Starr.

Au moins un important congressiste républicain, le représentant Christopher Fox de Californie, a répondu de façon favorable, traitant la possibilité de l'annulation de l'élection comme une question entièrement technique. Dans une entrevue télévisée qu'il donnait le 11 juillet au soir, il rappelait que les représentants de la ville de New York avaient annulé les primaires qui devaient avoir lieu le 11 septembre 2001 pour ensuite les tenir à une date ultérieure.

« Il n'y a personne qui a l'autorité pour faire la même chose pour les élections fédérales, alors ce que le secrétaire d'État Ridge a demandé au département de la Justice de faire, c'était de lui donner un avis légal, de lui dire ce qui était nécessaire. Est-ce que nous devons aller devant le Congrès et voter une loi? »

Jusqu'à ce jour, la réponse du Parti démocrate et des médias en dit long. Les médias ont minimisé l'événement, la couverture des quotidiens se limitant à de brèves dépêches qui ne furent même pas publiées dans les plus importants comme le New York Times et le Washington Post. La couverture des actualités télévisées a été sommaire, traitant la requête extraordinaire comme un cas de planification de désastre, un exercice bureaucratique sans signification politique.

Au cours d'une entrevue qu'elle donnait à CNN, la conseillère à la sécurité nationale Condoleezza Rice a eu un échange qui semblait avoir été pratiqué avec le présentateur Wolf Blitzer qui lui a demandé ce qu'il en était avec l'article publié dans Newsweek. Après que Rice eut déclaré que l'administration Bush n'avait « aucune intention » de suspendre les élections de novembre, Blitzer est passé à un autre sujet.

Le camp de Kerry-Edwards n'a pas réagi officiellement à la suggestion que ses efforts électoraux pourraient être rendu vains dans le cas d'un « incident » terroriste, qu'il soit véritable ou manufacturé. Kerry a apparemment déclaré qu'il était « trop tôt » pour commenter l'affaire.

Les plus influents congressistes démocrates ont aussi offert des commentaires modérés. Le représentant du Massachusetts, Edward Markey, un membre du comité sur la sécurité intérieure de la Chambre des représentants, a dit malgré le fait qu'il était mieux de prévenir une attaque terroriste pré-électorale, la planification d'un tel événement serait payante plus tard.

Ces réponses viennent confirmer l'avertissement qu'avait fait le Parti de l'égalité socialiste en décembre 2000, après que la capitulation du Parti démocrate devant la décision de la Cour suprême dans Bush v. Gore : il n'existe aucune section importante de l'élite dirigeante qui défende les droits démocratiques. L'élite perçoit la démocratie comme une menace à sa richesse et à ses privilèges.

Il y a à peine deux mois, le PES a parlé du danger d'une provocation antidémocratique au cours du processus électoral de 2004. Dans notre déclaration électorale «Appuyez le Parti de l'égalité socialiste en 2004», publiée le 28 avril 2004, nous avons donné l'avertissement suivant :

« La décision de Bush de faire dépendre sa survie politique de son rôle autoproclamé de «président de guerre» a de très sombres implications pour le peuple américain. Il n'y a aucune raison de croire que l'administration Bush va laisser le pouvoir de plein gré, peu importe le sentiment populaire. Il existe le réel danger qu'au cours de la campagne de 2004, l'administration actuelle permettra, ou peut-être même organisera, une nouvelle et dévastatrice attaque terroriste aux États-Unis, spécialement s'il s'avérait que les chances de Bush de l'emporter ne soient pas très grandes. Il y a déjà eu plusieurs indices dans la presse que si une telle attaque devait se produire, les élections du 2 novembre pourraient être reportées ou entièrement annulées ou encore tenues dans les conditions de la loi martiale.»

Rien n'est plus dangereux que la complaisance. Le report, c'est-à-dire l'annulation, d'une élection n'est pas une question technique. Reporter les élections américaines aura autant d'impact sur le sort de la démocratie américaine que la traversée du Rubicon par César en a eu sur la République romaine. Cela représenterait un point de non-retour, une brisure définitive avec les normes démocratiques et la légalité constitutionnelle. En d'autres mots, ce serait un virage vers les méthodes de la dictature d'un État policier et de la guerre civile.

Le plus grand danger dans cette situation, c'est le manque de conscience et de préparation politique de la classe ouvrière. Cela ne pourra être surmonté que par la lutte pour organiser la classe ouvrière comme une force politiquement indépendante. La question fondamentale est la création d'une véritable alternative politique aux démocrates et aux républicains, les partis de la ploutocratie du monde des affaires et des finances. C'est là la signification de la campagne politique que mène le Parti de l'égalité socialiste dans les élections 2004.

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