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Pendant que la crise d'Abu Ghraïb prend de l'ampleur

Les documents sur la torture provenant de la Maison Blanche tracent le portrait d'un régime policier

Par Bill Van Auken
24 juin 2004

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Dans le but de se protéger de la crise grandissante sur les tortures et les meurtres commis par les États-Unis à l'endroit des prisonniers capturés au nom de la « guerre contre le terrorisme » de Bush, l'administration Bush a rendu accessible, mardi, une série limitée de documents provenant de la Maison Blanche, du Pentagone et du Département de la Justice.

La compilation des mémos secrets jusqu'à ce jour a été prise par l'administration comme une preuve que le président américain n'a pas ordonné les atrocités qui ont été perpétrées à la prison d'Abu Ghraïb en Irak, au camp de détention à Guantanamo à Cuba et à plusieurs autres établissements clandestins dirigés par l'armée et la CIA partout sur la planète.

Une partie des médias a endossé cette tentative évidente du gouvernement de limiter les dommages. L'article le plus remarquable provenait du New York Times et était intitulé : « La Maison Blanche affirme que sa politique envers les prisonniers est humaine. » Il met en évidence une déclaration hypocrite apparue dans un mémo de Bush en février 2002 selon lequel les valeurs américaines « nous appellent à traiter humainement les détenus. » Cette vague assertion était annexée à une déclaration selon laquelle les États-Unis ne seraient pas limitées par la Convention de Genève dans son traitement de tous ceux qu'elles captureraient en Afghanistan, mais le Times a traité cela comme un sujet de second ordre.

Malgré les affirmations du gouvernement, les documents offrent d'autres aperçues des manuvres internes d'un gouvernement organisé sur des bases de conspirations criminelles et engagé dans l'utilisation sans restriction de la violence et de la brutalité à la poursuite des intérêts de l'élite dirigeante américaine.

Ils révèlent que l'administration préparait activement sa défense contre d'éventuelles accusations de crimes de guerre, et que le Secrétaire d'État à la Défense Donald Rumsfeld avait spécifiquement autorisé plusieurs des méthodes barbares qui ont été dévoilées dans les photographies provenant d'Abu Ghraïb.

Les documents rendus accessibles ont été choisis dans le but de laver le président et ses plus hauts assistants de toutes responsabilités pour les cas largement publicisés de tortures. Ils n'incluent pas la plupart des mémos que, Patrick Leahy, membre démocrate influent du Comité judiciaire du Sénat avait exigé plus tôt dans ce mois-ci. Aucun de ces documents ne fait référence à la politique actuelle en Irak.

Cependant, pour une administration caractérisée par ses manuvres secrètes et par sa persistance à croire que le fait de cacher de l'information au public est une question qui relève des privilèges du pouvoir exécutif, même la publication de ce matériel est une indication à la crise grandissante et à son appréhension dans la Maison Blanche de Bush.

Mardi, devant la presse, Bush déclara, « Je n'ai jamais ordonné la torture. Je n'ordonnerai jamais la torture. » Depuis que Richard Nixon, en plein cur de la crise du Watergate, ait déclaré à la nation, « je ne suis pas un escroc, » il n'y a pas eu de président américain placé dans une telle position. En l'espace de quelques mois, Nixon avait dû démissionner.

La publication des documents coïncide avec l'ouverture des procès légaux contre quelques-uns des soldats qui ont été accusés relativement aux allégations de tortures, d'abus et d'humiliations sexuelles de prisonniers détenus à Abu Ghraïb.

Lors de l'audience du 21 juin, un juge militaire a envoyé un dur coup à la tentative du gouvernement de faire passer les atrocités à la prison comme le produit d'une poignée de gardiens de la prison. Il a décidé que les avocats de la défense ? étaient en droit de faire témoigner les supérieurs américains, incluant le chef du Commandement central, le Général John Abizaid, et le Commandant des forces américaines en Irak, le Lieutenant général Ricardo Sanchez.

Au moins quelques avocats de réservistes ont indiqué qu'ils allaient demander que le Secrétaire d'État à la Défense Donald Rumsfeld ainsi que Bush lui-même soient appelés à témoigner dans le but d'essayer de prouver que la torture était une politique qui provenait de la Maison Blanche.

Pendant ce temps, le juge militaire a indiqué que la prison d'Abu Ghraïb était une scène de crime et que, conséquemment, elle ne peut être détruite, faisant ainsi des appels de Bush pour raser l'établissement au nom de la « démocratie » une couverture maladroite et de l'obstruction à la justice.

La publication des documents par l'administration était en grande partie une réaction anticipative aux développements de la cour militaire de Baghdad. Les avocats des réservistes ont obtenu plusieurs des mêmes mémos et ont l'intention de les utiliser pour démontrer que les actions indécentes de leurs clients ont été exécutées au nom d'une politique criminelle établie dans les hautes sphères.

La plupart du matériel publié mardi est le produit d'une discussion mouvementée dans l'administration sur la façon d'effectuer des actes de torture contre ceux détenus par les forces américaines et sur quelles bases légales elle peut s'immuniser contre la loi internationale et les accusations de crimes de guerre.

Parmi les plus controversés des documents publiés, il y a une note du 1er août 2002 esquissée par l'assistant Gouverneur Général Jay Bybee à la demande du conseil de la Maison Blanche. Elle définie étroitement la torture comme des actes de violence commis contre des prisonniers et dont la souffrance équivaut à « la destruction d'un organe, la mise en danger des fonctions vitales ou même la mort. »

La note, qui a été remise à la presse plutôt ce mois-ci, élabore un argument légal pour que le président américain et l'armée américaine aient le droit d'ignorer et de violer le code international et américain qui interdit la torture. En même temps qu'elle donne plein pouvoirs au président en temps de guerre pour qu'il puisse utiliser n'importe quelles méthodes, incluant la torture et le meurtre de prisonniers, elle offre une série de défenses légales qui peuvent être utilisées si Bush ou d'autres officiers des hautes sphères étaient accusés de crimes de guerre.

Les officiels de la Maison Blanche ont rejeté la note comme un document « spéculatif » et « vague et insignifiant », prétendant qu'elle était en train d'être refaite. Ils n'ont pas réussi à expliquer, cependant, pourquoi l'auteur de la note, loin d'être dénigré pour avoir rédigé un document plaidant pour la torture, a été récompensé en étant désigné comme juge de la cour d'appel fédérale.

Un autre document publié mardi-également rédigé par Bybee en janvier 2002-argumente essentiellement de la même façon. Il affirme que le président et l'armée ne sont pas sujets ni à la loi internationale, incluant la Convention de Genève, ni à la Loi Américaine sur les Crimes de Guerre, dans le traitement d'individus faits prisonniers pendant l'intervention américaine en Afghanistan.

« La loi internationale d'usage ne restreint pas le Président ou les Forces Armées Américaines dans leurs décisions concernant les conditions de détention » de ces prisonniers, mentionne le document.

Dans sa propre note rédigée le mois suivant, Bush endosse explicitement cette interprétation selon laquelle il a le pouvoir d'abroger la Convention de Genève comme il le veut. Il allègue qu'il n'a pas procédé ainsi en Afghanistan. Au même moment, cependant, il a adopté le point de vue selon lequel tout ceux qui s'opposaient à l'intervention américaine étaient des « combattants ennemis » qui n'étaient pas couverts par les Accords de Genève, un point de vue qui n'a pas de fondement dans la loi internationale.

Rumsfeld dévoila La signification de ce verdict présidentiel lorsqu'on lui demanda en août 2002 quel sort serait réservé aux Afghans transportés au camp de prisonniers à Guantanamo. « Des combattants illégaux n'ont aucun droit sous la Convention de Genève, » a-t-il déclaré.

Pourquoi il était nécessaire, si on voulait traiter les prisonniers humainement, de leur empêcher d'avoir la protection qui leur est accordée sous la Convention de Genève n'est pas expliqué par aucun des documents publiés.

Cependant, la réponse est graphiquement indiquée dans un des mémos, rédigé en décembre 2002 par Rumsfeld. Il autorise l'utilisation d'une série de « méthodes agressives d'interrogatoire » par les services militaires à Guantanamo.

Les méthodes approuvées par Rumsfeld définissaient dans certains cas les grandes lignes des célèbres photos provenant d'Abu Ghraïb. Ceci incluent de forcer les prisonniers à se promener nu avec des cagoules sur leur tête, l'utilisation de chien de garde contre eux et les forcer à demeurer dans une « position inconfortable » pendant plusieurs heures. Les directives permettent « le contact physique comme l'étreinte, enfoncer son doigt dans la poitrine et « les légères bousculades ».

Le mémo permet de détenir des prisonniers en isolation complète pour 30 jours et même plus long si l'officier responsable l'autorise. Assujettir les prisonniers à une privation sensorielle et à des séances d'interrogation de 20 heures ont aussi été autorisées par le Secrétaire à la Défense.

Un mémo écrit ultérieurement annula la carte blanche pour l'utilisation de ces techniques, requérant que les interrogateurs obtiennent l'autorisation du Pentagone avant d'employer ces techniques et d'autres mesures « agressives ». Les officiels de l'administration n'ont cependant donné aucune indication sur le nombre de fois que de telles demandes ont été effectuées et sur le nombre de fois qu'elles ont été autorisées. En outre, les officiels ont refusé de spécifier quelles méthodes d'interrogations sont présentement allouées.

Aucun document ne prouve encore que Bush a personnellement ordonné les actes de brutalité qui ont été infligées aux prisonniers en Afghanistan, à Guantanamo, en Irak et ailleurs. En tenant compte de l'intense discussion dans l'administration sur la façon de défendre aux tribunaux américains et internationaux les méthodes qui constituent des crimes de guerre, il est très peu probable que Bush soit assez stupide pour apposer son nom sur un ordre pour battre, abusé sexuellement ou torturer de tout autre manière des prisonniers.

Mais concernant cela, près de 60 ans après la chute du Troisième Reich, aucun ordre écrit pour l'extermination des Juifs européens n'est apparu avec la signature d'Adolf Hitler. D'autres qui sont allés devant les tribunaux pour des crimes de guerre à Nuremberg ont été jugés coupables sans qu'il y ait de document pour prouver qu'ils avaient donné l'ordre de faire exécuter les atrocités du régime Nazi.

Les documents publiés par l'administration Bush fournissent d'autres preuves substantielles que c'est un gouvernement composé de criminels de guerre. Bush, Cheney, Rumsfeld et compagnie méritent d'être poursuivis en justice et punis pour avoir comploter et lancer une guerre d'agression et pour avoir utiliser des méthodes barbares de torture qui sont en violation des fondements législatifs de la loi internationale.

Ce qui est remarquable, c'est que le jour après la publication de ces mémos, le candidat démocrate à la présidence, John Kerry, fit une déclaration « sur la construction d'un appui international pour notre mission en Irak » qui n'avait absolument aucune mention de la crise grandissante dans l'administration par rapport aux révélations de torture à Abu Ghraïb. Au lieu de cela, il a plaidé en faveur d'une pression accrue des États-Unis pour le déploiement des troupes de l'OTAN dans le pays occupé.

Le Parti Démocrate, pas moins que le Parti Républicain, est clairement dédié à une guerre répressive continuelle contre le peuple irakien, avec toutes ses conséquences brutales, incluant la torture.

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