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Au moins 11 personnes décèdent dans un incendie au centre de détention de l'aéroport d'Amsterdam

Par Chris Marsden
28 octobre 2005

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Le jeudi 27 octobre, aux premières heures de la matinée, un incendie qui n'a pu être éteint qu'au bout de 3 heures a causé la mort d'au moins 11 personnes et 15 personnes ont dû être hospitalisées au centre de détention de l'aéroport
d'Amsterdam. La police a déclaré que le nombre de morts pourrait être revu à la hausse.

Quelque 350 personnes étaient détenues dans un groupe de bâtiments préfabriqués. Des immigrés sans papiers et des demandeurs d'asile déboutés sont détenus avec des centaines de trafiquants de drogue ­ pour la plupart trafiquants de cocaïne en provenance des Antilles Néerlandaises et d'autres îles des Caraïbes ­ en attendant leur expulsion.

Il fut reporté que quarante ­ trois personnes étaient enfermées dans l'aile qui a pris feu, et qui comporte deux douzaines de cellules pour un ou deux prisonniers. Dix ou douze cellules ont été détruites. L'incendie s'est déclaré à minuit et il n'a pas pu être éteint avant l'aube. L'origine du sinistre n'a pas encore été déterminée, mais les autorités n'excluent pas l'origine criminelle.

Les detenus parlent d'événements atroces. Plusieurs détenus ont affirmé que les gardes avaient tout d'abord ignoré leur alerte au feu et leurs coups sur la porte des cellules.

Un détenu a déclaré : "Ils ont commencé par dire qu'il n'y avait aucun problème et ils nous ont maintenus enfermés."

Il expliqua que les gardiens ne voulaient pas croire les détenus qui leur signalaient un départ de fumée, et déclara que les autorités affirmaient qu'il n' y avait aucun souci à se faire. « Nous avons commencé à avoir mal à la gorge. Nous avons donné des coups de pied, nous avons crié, nous avons bien évidemment tiré sur la sonnette. Ensuite la panique s'est installée ».

Un autre détenu a déclaré : « Les gardiens refusaient de nous ouvrir les portes. Nous avons crié le plus fort possible, jusqu' à en perdre la voix."

Le Maire d' Haarlemmermeer (commune où se trouve l'aéroport de Schiphol), Michel Bezuijen, a dit que les onze personnes décédées étaient des prisonniers mais ni leur nationalité, ni leur identité n'ont été communiquées. Parmi les quinze personnes blessées, on compte six prisonniers, six policiers, deux gardiens ainsi qu' un fonctionnaire responsable du centre. Quatre d'entre eux sont restés à l'hôpital, et l'un d'entre eux est dans un état grave.

Le Conseil National Néerlandais des Réfugiés a émis des critiques sur les conditions de vie au centre, et plus particulièrement sur le manque de système d'ouverture automatique des portes des cellules. Martin Bruinsma, du Bureau du Procureur a dit à la presse que les portes des cellules ne pouvaient s'ouvrir que manuellement et une à la fois.

Des hélicoptères ont été utilisés pour la recherche de huit prisonniers dont on pense qu'ils se sont évadés du centre. La police a déclaré que trois prisonniers ont été arrêtés alors qu'ils tentaient de s'évader. Certains prisonniers ont été transférés vers d'autres centres de détention. D'autres, vers une prison proche dans la banlieue d' Utrecht. C'est le deuxième incendie au Centre de Détention de Schiphol. Le premier incendie se produisit en 2002, peu de temps après l'ouverture du Centre.

Jan Peter Balkenende, Premier Ministre Néerlandais, s'est engagé à faire ouvrir une enquête indépendante, en plus d'une enquête criminelle ordinaire. EORG, Organisme Européen du Droit des Prisonniers a annoncé que, de leur côté, ils allaient aussi ouvrir une enquête. Un porte ­ parole de EORG a déclaré : « La rapidité avec laquelle l'incendie s'est propagé de cellule en cellule soulève des questions. »

Michel Bezuijen a déclaré aux journalistes : « Nous allons demander à un tiers de mener une enquête indépendante sur les événements, et pas uniquement pour savoir comment l'incendie s'est déclaré mais aussi pour savoir si les mesures de sécurité étaient ou non efficaces, etc. »

Les morts atroces au centre sont finalement le résultat des politiques xénophobes et anti immigrés menées par les Pays Bas où le gouvernement de centre ­ droit qui est arrivé au pouvoir il y a trois ans est en train d'expulser 26 000 demandeurs d'asile déboutés.

En mai 2002, l'assassinat du politicien populiste de droite, Pim Fortuyn, contribua à créer les conditions pour la victoire électorale des Chrétiens Démocrates qui, avec le Parti de Fortuyn et le Parti du Peuple pour la Liberté et la Démocratie font des immigrés des boucs émissaires afin de détourner l'attention d'une crise sociale montante aux Pays Bas.

Le gouvernement a promis de « lutter contre la marée d'immigrés » à l'aide de contrôles stricts aux frontières et en refusant le droit de demande d'asile aux immigrés incapables de prouver leur identité. Le séjour clandestin est devenu un délit et il a été créé un corps de police spécial pour arrêter et expulser étrangers ou demandeurs d'asile déboutés.

En février 2004, le parlement vota l'expulsion des Pays Bas de quelques 26 000 demandeurs d'asile au cours des trois années à venir. Cette mesure touchait des Afghans, des Somaliens et des Tchétchènes menacés d'un retour dans des contrées frappées par la guerre civile ou sans gouvernement en fonction.

Nombre d'entre eux étaient aux Pays Bas depuis plus de cinq ans et leurs enfants avaient été élevés dans le pays. Des centres d'expulsion ont été ouverts dans le but de détenir des familles entières. Ceux qui refusaient de partir se voyaient menacer de six mois d'emprisonnement et de la perte de tout droit de travail, d'aides sociales, de logement ou d'accès aux services de santé.

Des groupes d'action pour les droits civils ont prévenu que ces gens risquent d'être expulsés vers des pays où ils pourraient être torturés ou assassinés, au mépris des lois internationales.

En 2004, Human Rights Watch envoya une lettre ouverte au Ministre de l'immigration des Pays Bas pour s'opposer au rejet du droit de séjour et d'aide sociale aux demandeurs d'asile déboutés. Cette lettre disait : « Nous voulons exprimer notre profonde inquiétude parce que certaines des personnes menacées d' expulsion courent probablement un grand danger s' ils retournent dans un pays ou dans une région de pays où leurs vies et leur liberté serait menacées. Nous avons appris que des Afghans ou des Somaliens figurent parmi les groupes touchés par les propositions d'expulsion. Il est largement reconnu qu'actuellement les retours vers ces pays pourraient les mettre en danger pour leur vie ou pour leur sécurité. »

Plus loin la lettre disait : « Parmi les milliers de personnes menacées d'expulsion par les mesures actuelles, les enfants constituent une proportion importante....Les états sont dans l'obligation absolue de protéger des enfants sous leur juridiction contre les violences, la négligence, l'exploitation et de s'assurer que les enfants bénéficient d'un niveau de vie décent pour leur développement physique, mental, spirituel, moral et social. »

Les conditions brutales et humiliantes dans lesquelles les demandeurs d'asile, les immigrés sans papier et les personnes souvent désespérées mêlées à des traffics de drogue étaient été maintenus à l'aéroport de Schiphol font partie intégrante de ces mesures immorales et contraires aux principes démocratiques.


 

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