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Les émeutes de Birmingham : contre une politique raciale ­ pour l'unité de classe

Déclaration du Parti de l'Egalité socialiste (Grande-Bretagne)
Le 26 octobre 2005

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Les émeutes raciales qui ont éclaté dans le quartier de Lozells à Birmingham sont un sérieux avertissement de l'exacerbation des tensions sociales existant en Grande-Bretagne. Elles confirment également l'impact réactionnaire de la politique identitaire avancée par les organisations de relations raciales, les soi-disant dirigeants communautaires et le gouvernement travailliste.

Au cours du week-end du 22-23 octobre, de violents affrontements entre des groupes d'Afro-caribéens et de personnes sud-asiatiques, se produisirent à Birmingham, la deuxième ville de Grande-Bretagne, et firent un mort et plus d'une trentaine de blessés graves. Il y eut également des problèmes avec la police, et des magasins, une église du quartier et une mosquée furent attaqués.

Le lendemain, un autre homme fut tué, mais la police a jusqu'ici refusé de confirmer tout lien avec les émeutes de la veille.

Le viol collectif supposé d'une jeune Jamaïcaine de 14 ans par un groupe de 18 hommes sud-asiatiques était la cause directe de l'émeute. Toutefois, le fait que cet incident présumé aboutisse à des émeutes raciales ne peut être interprété que comme l'aboutissement d'efforts délibérés de monter les noirs contre les asiatiques dans la lutte pour l'obtention de ressources rares et en diminution.

Les minorités ethniques comptent pour 82 pour cent de la population des quartiers de Lozells et de Handsworth. La circonscription électorale compte parmi les premiers dix pour cent des régions les plus défavorisées au plan national, enregistrant le plus fort taux de chômage de la ville et plus de 30 pour cent de chômeurs afro-caribéens et asiatiques.

Les tensions créées par une telle situation de précarité sont exacerbées par une politique gouvernementale cherchant à favoriser l'attribution de diverses aides et financements selon l'origine ethnique et la religion dans le but de cacher la véritable raison de l'inégalité sociale.

Des sections de la petite bourgeoisie afro-caribéenne affirment ­ sans aucun fondement ­ avoir moins bien réussi que les groupes de Sud-Asiatiques à bénéficier de ces financements et que les Sud-Asiatiques étaient également parvenus à dominer les commerces et autres formes d'affaires locales. Ce sont de telles considérations, plutôt qu'une réelle préoccupation pour une présumée victime de viol, qui motivèrent nombre de ceux qui ont joué un rôle prépondérant dans les événements débouchant sur les récentes émeutes.

La présumée agression sexuelle fut tout d'abord signalée le 18 octobre par une radio pirate locale noire et un site web associé qui lancèrent des appels à manifester devant le magasin où l'incident était supposé avoir eu lieu.

A ce jour, aucune preuve n'a été rapportée qu'un tel crime avait été commis. Le propriétaire du magasin, Ajaib Hussein, qui est supposé avoir initié le viol collectif, a, de son plein gré, accordé un entretien à la police et une expertise du magasin ne révéla rien.

Le fait que la victime présumée ne se soit pas manifestée a été expliqué par le fait qu'il s'agit d'une immigrée clandestine.

Compte tenu de ces circonstances, l'on pourrait supposer qu'une véritable campagne en faveur de la victime présumée se concentrerait sur des revendications pour que la police et les services d'immigration s'accordent à n'émettre aucun ordre de déportation contre elle ni contre les membres de sa famille au cas où ceux-ci viendraient témoigner et qu'une aide médicale et psychologique soit assurée à la victime.

Mais en lieu et place d'appels au calme et de recherche sincère de la vérité, le viol présumé fut transformé en un moyen de promouvoir les intérêts commerciaux noirs.

De manière provocatrice et délibérément incendiaire, la réponse immédiate de plusieurs organisations afro-caribéennes fut de lancer des appels à un boycott général des commerces sud-asiatiques.

Ajaib Hussein possède une petite chaîne de magasins vendant des produits de beauté Beauty Queens, gamme de produits destinés aux Afro-Caribéens. La semaine précédant les émeutes, une série de manifestations avait eu lieu devant ses magasins ainsi que des réunions publiques. Le mouvement « Campagne pour les victimes silencieuses » ( Campaign for Silent Victims) ainsi que d'autres mouvements avaient au départ appelé à boycotter ces magasins, mais bientôt ceci devait culminer en une revendication pour un boycott de l'ensemble des magasins d'articles de coiffure sud-asiatiques du quartier, s'étendant ensuite à l'ensemble des magasins sud-asiatiques de Birmingham et, et pour finir, à un boycott national des magasins sud-asiatiques.

Le site web noir Ligali avait rapporté le 19 octobre, « La colère de la communauté se transforme en appels pour un boycott national des commerces sud-asiatiques suite à l'agression sexuelle présumée d'une enfant africaine de 14 ans par un gang de dix-neuf hommes originaires d'Asie du sud. »

Il ne fut jamais expliqué pourquoi un viol présumé à Birmingham devait aboutir à un boycott local des magasins sud-asiatiques et à plus forte raison à une campagne nationale. Ligali se contenta de lier l'incident à un soutien à la campagne « Si vous êtes avec nous, achetez chez nous » (For us, buy us) incitant les travailleurs noirs à faire leurs courses dans des magasins dont les propriétaires sont des noirs. Il menaça, « Vous pouvez soit nous faire soutenir des représailles économiques, soit nous nous en lavons les mains et observons comment une approche bien plus physique se prépare et apparemment celle-ci n'est pas encore écartée. »

Un dépliant émanant de « Campagne pour les victimes silencieuses » et appelant à manifester à Birmingham et à Hackney le 22 octobre, concluait avec les gros titres « Soutenez les entreprises africaines. » Il affirmait sans aucun fondement qu'un « mur de silence » était érigé par la « communauté sud-asiatique » avant d'énumérer une série de plaintes contre les propriétaires de commerces sud-asiatiques sans aucun rapport avec un présumé acte criminel imputé à un groupe d'hommes.

« Pendant des années, la population africaine a contribué au succès des commerces sud-asiatiques, devant souvent supporter d'être suivie pas à pas dans tout le magasin, avec un service clientèle médiocre et des articles de mauvaise qualité, » se plaignait-il. « C'est pourquoi nous soutenons la communauté de Birmingham en appelant à un boycott national de tous les salons et magasins d'accessoires de coiffure jusqu'à ce que justice soit faite et que le mur de silence soit brisé. De plus, nous encourageons activement un soutien accru et la promotion des commerces africains. »

Les journaux nationaux noirs, tel The Voice se firent l'écho du même thème. Relatant les faits qui ont mené aux appels au boycott, il expliqua, « Un autre sujet de discorde est le succès manifeste des entrepreneurs sud-asiatiques dont les affaires dominent littéralement le paysage de Handsworth, Aston et Lozells. L'apparition récente de services d'aide dirigés par des noirs, Community Roots et 3b (Black Business in Birmingham) [services d'aide accordant leur soutien à de jeunes entrepreneurs noirs des minorités ethniques], fut affaiblie par l'incapacité d'un nombre croissant d'entrepreneurs noirs à remporter un soutien réel pour leurs idées d'affaires. »

En précisant ses propres craintes, The Voice poursuivit « S'ajoutant à tout cela, l'agression présumée d'une jeune fille noire mineure par un groupe d'hommes sud-asiatiques dans un magasin à succursales multiples qui fut construit grâce à la clientèle noire, c'est, aux yeux de beaucoup, doubler ses torts d'un affront. »

Son éditorial soutenait explicitement le boycott des commerces sud-asiatiques dans le but d'assurer que ce sont les commerçants noirs qui encaissent la «l'argent de la clientèle noire » en affirmant, « Il est temps de voter avec notre argent. »

Après une brève référence au viol présumé, il déclara, « Ceux d'entre vous qui avez envoyé des messages pour vous plaindre d'être traités de façon irrespectueuse et avec une certaine suspicion à chaque fois que vous entrez dans certains magasins dont le propriétaire ou le gérant est sud-asiatique, nous vous posons la question : pourquoi continuez-vous à être clients de ces magasins ? »

D'autres « dirigeants communautaires » auto proclamés, ont également dépeint la fracture sociale qui existe à Birmingham en des termes raciaux ­ ignorant le fait que de nombreux commerçants sud-asiatiques pratiquent des marges de bénéfices leur permettant à peine de subvenir aux besoins de leurs familles ou que la majorité des Sud-Asiatiques figurent parmi les habitants les plus pauvres de Birmingham.

Un exemple typique est Maxi Hayle, du Birmingham Racial Attacks Monitoring Unit (agence qui répertorie les attaques raciales de Birmingham) qui déclara aux reporters : « A Birmingham on a pendant trop longtemps rangé au placard la question du succès ou de l'échec économique basé sur la distinction ethnique La réalité est que la communauté Afro-Caribéenne n'a pas l'argent ­ elle n'a pas les magasins de proximité, les kiosques à journaux ou même les emplois dans ces quartiers. »

La promotion du capitalisme noir a été renforcée par un appel direct à un sentiment anti-sud-asiatique comme en témoignent d'innombrables affichages incendiaires sur les sites web noirs et qui, à leur tour, ont encouragé des sentiments racistes anti-noirs parmi les Sud-Asiatiques.

C'est sur la base de ce mélange malsain qu'un appel fut lancé à des jeunes exclus pour qu'ils se positionnent face à ce qui est délibérément décrit comme un conflit intercommunautaire. Il ne fait pas de doute que des éléments criminels, à la fois noirs et sud-asiatiques, qui se disputent le contrôle du trafic de drogue local se servent des tensions qui en résultent.

L'on ne pourrait trouver d'exemple plus grotesque du rôle diviseur d'une politique basée sur l'ethnicité que celui fourni par les événements de Birmingham.

La réponse de la classe ouvrière doit d'abord et avant tout être déterminée par le rejet de tout effort visant à semer la division raciale par la manipulation des injustices sociales.

Le recours opportuniste au viol présumé comme plateforme politique par des promoteurs du capitalisme noir doit être condamné. L'accusation selon laquelle les Sud-Asiatiques portent une part de la « culpabilité collective » pour ce délit présumé est une diffamation raciste sans fondement. En ce qui concerne cette affaire, il est indispensable que les conditions soient créées pour permettre une enquête approfondie dans laquelle le principe « de présomption d'innocence» puisse être garanti.

Les travailleurs et les jeunes doivent également rejeter toute tentative du gouvernement et de la police de se saisir des divisions, crées en partie par ces derniers, pour mettre en avant des mesures sécuritaires.

La division fondamentale de la société n'est pas sur la base de l'origine ethnique mais sur la base de la classe sociale. Les difficultés sociales auxquelles est confronté un nombre croissant de travailleurs noirs, sud-asiatiques et blancs trouvent leurs origines dans la poursuite continue de l'élite dirigeante d'accroître massivement le taux d'exploitation de façon à permettre au capitalisme britannique d'être compétitif face à ses rivaux tout en supprimant les services sociaux vitaux.

Combattre ceci, requiert une lutte unifiée de la part de tous les travailleurs ­ indépendamment de leur religion, ethnicité ou nationalité ­ pour transformer la société et satisfaire les besoins de la majorité et non les profits de la minorité privilégiée.

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