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Des milliers d'étudiants en grève en Californie pour protester contre les lois anti-immigration

Par Ramón Valle
Le 30 mars 2006

Immédiatement après la manifestation massive qui eut lieu samedi dernier à Los Angeles pour la défense des droits des immigrés, 40.000 lycéens cessèrent les cours lundi dans l'ensemble de la Californie du Sud pour protester contre une loi en attente au Congrès et qui criminalisera les travailleurs sans papiers ainsi que ceux qui leur viennent en aide. Ce débrayage se poursuivit mardi.

Dans le seul district scolaire de Los Angeles, 52 collèges [middle schools] et lycées furent touchés par la grève, soit près de 25.000 étudiants. Selon plusieurs sources d'information, les protestations et les marches qui partirent de l'énorme district scolaire de Los Angeles, le deuxième du pays par la taille, se répandirent rapidement à d'autres comtés avoisinants, y compris Orange, Riverside et San Bernardino.

Bien que les manifestations aient été généralement pacifiques, le trafic routier fut brièvement interrompu sur certaines grandes artères de Los Angeles, comme les axes autoroutiers de Hollywood et Harbor qui passent par la ville. Les cortèges des lycéens qui suivirent les débrayages spontanés perturbèrent également la circulation d'avenues bien connues telle le Sunset Boulevard, Melrose Avenue et Laurel Canyon Boulevard.

Une marche et une manifestation rassemblant 4.000 personnes dans le quartier San Fernando Valley de la ville, démarra au siège du gouvernement dans le quartier de Van Nuys pour se rendre à près de 3 kilomètres de là jusqu'au centre commercial de Panorama City.

Mardi, à Los Angeles, en dépit d'une pluie intense, environ 8.800 lycéens quittèrent leurs salles de classe pour manifester. Lors d'une réunion avec des dirigeants étudiants et des manifestants, Antonio Villaraigosa, le maire hispanique de Los Angeles, fut hué lorsqu'il appela les étudiants à retourner en classe.

Selon des participants, l'accueil réservé, tout le long du parcours aux marches et aux manifestations, fut très chaleureux et la plupart des automobilistes klaxonnaient en signe de soutien. La protestation comprit même Pacific Palisades, l'une des enclaves la plus riche et la plus huppée de Los Angeles.

Les manifestations spontanées, bien que pas vraiment très organisées, furent bien plus importantes que celles qui se déroulèrent en 1994 contre le projet de loi Proposition 187, loi d'Etat (qui fut annulée ultérieurement par la cour) instaurée par référendum et qui privait les travailleurs sans papiers des services sociaux, des services de santé et d'éducation publique. Elles furent également plus importantes que le célèbre débrayage des étudiants pour les droits de la communauté chicano et celui contre la guerre du Vietnam en 1968.

L'hôtel de ville, en centre ville, le lieu même où s'étaient retrouvés deux jours plus tôt un million de manifestants, fut le point de rassemblement à midi de milliers de jeunes.

Bien que les manifestations furent en général pacifiques, il y eut cependant quelques arrestations. Dans la ville d'Escondido, dans le comté de San Diego, la police arrêta environ 25 personnes lorsqu'elles refusèrent de se disperser. Des policiers anti-émeutes de Riverside interpellèrent six jeunes gens et un adulte après quelques bousculades. Et à Van Nuys, dans le comté de Los Angeles, quatre personnes furent arrêtées.

Au lycée de Fairfax, près du quartier Hollywood de Los Angeles, l'atmosphère était tout à fait différente et plus menaçante vu que les centaines d'étudiants manifestant contre le HR 4437, la loi anti-immigration adoptée par la chambre des représentants, faisaient face à des dizaines de policiers en tenue anti-émeute, et qui avaient laissé le coffre de leurs voitures ouvert pour disposer plus rapidement de leurs armes. Des voitures de police bloquaient l'accès à l'agglomération et trois hélicoptères survolaient le quartier.

Un groupe de quelque 200 étudiants se rassemblèrent à l'écart de la police, ils sautèrent par-dessus une clôture et commencèrent à manifester en marchant le long de Melrose Avenue pour se diriger vers l'est.

Selon les étudiants qui parlèrent au WSWS, la manifestation spontanée eut lieu pour exprimer leur indignation contre les mesures anti-immigration. La manifestation fut organisée par les étudiants eux-mêmes au moyen de courriels, de tracts, de messages instantanés, de téléphones portables, de beepers et d'affichage sur le site web myspace.com. Dans de nombreux cas, le personnel scolaire quitta également les établissements scolaires pour rejoindre les étudiants dans les manifestations.

Quand le WSWS demanda à l'un des étudiants si la manifestation était en majorité Latino, il répondit : « Nous bénéficions du soutien de non-Latinos. Elle est surtout de nature hispanique, mais les étudiants non-hispaniques ne sont pas contre. »

Mardi, le WSWS retourna dans cet établissement scolaire et interrogea un des étudiants sur les modifications apportées lundi à la loi sur l'immigration, du fait, semble-t-il, que le congrès aurait battu en retraite en raison des manifestations ayant eu lieu partout dans le pays.

« Et bien, maintenant elle est supposée ne pas criminaliser les personnes qui aident quelqu'un à entrer dans le pays de façon clandestine, mais à mon avis, elle pénalise encore ceux qui sont ici clandestins. Et ça, ce n'est pas juste. Laissez-moi vous demander ceci : est-ce quelqu'un a demandé aux Etats-Unis d'entrer en Iraq pour y tuer des milliers de personnes ? Le gouvernement américain n'est-il pas une force étrangère illégale dans ce pays ? Bon sang ! Qui a demandé aux Etats-Unis d'entrer en Iraq ? Qui a demandé à Bush ?

« Est-ce que vous voyez des étrangers clandestins venus d'Amérique latine tuer des milliers de gens dans ce pays ? Non, la plupart d'entre eux se tuent à travailler pour ce pays, comme mes parents qui sont venus de Jalisco (Mexique) il y a vingt ans. Ce sont des gens bien qui travaillent et qui respectent la loi.

« De plus, laissez-moi vous dire une chose. C'est juste un accident, un accident géographique qu'ils soient nés du côté Sud de la frontière. Quelle différence cela peut-il faire l'endroit où ils sont nés ? »

D'autres protestations et débrayages de la part des étudiants sont annoncés, mais certains fonctionnaires scolaires qui risquent de voir leur budget réduit en raison de l'absentéisme scolaire, ont annoncé que les établissements seraient « bouclés » ces prochains jours. Ce qui signifie qu'une fois que les étudiants auront pénétré dans l'enceinte de l'établissement, il ne leur sera plus permis de la quitter.

De plus, le chef de la police de Los Angeles, William Bratton a annoncé que la police va commencer à détenir les étudiants pour délit d'école buissonnière, délit passible de fortes amendes et d'imposition de travaux d'utilité publique pouvant aller jusqu'à 20 jours.

Pour certains fonctionnaires, cependant, le fait de transformer l'école en prison n'est apparemment pas suffisant. Les étudiants ne seront même pas autorisés à aller de classe en classe, et seront sanctionnés par des heures de colle et obligés de venir le samedi.


 

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