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Une correspondante du WSWS s’adresse à la conférence internationale sur la guerre civile espagnole

1er décembre 2006

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La correspondante du World Socialist Web Site Ann Talbot s’est adressée à la Conférence internationale sur la guerre civile espagnole qui a eu lieu du 27 au 29 novembre à Madrid.

La conférence a lieu 70 années après la guerre civile, au moment où le pacte du silence qui est en vigueur depuis la mort du général Franco, le dictateur espagnol, en 1975 commence à être remis en question. La guerre civile est devenue une question politique brûlante en Espagne, alors que les familles des victimes de Franco tentent de découvrir ce qui est arrivé à leurs parents et qu’une nouvelle génération allant vers la gauche arrive sur l’avant-scène de la vie politique.

L’invitation faite au World Socialist Web Site de participer à la conférence démontre sa réputation en tant que source tant pour les événements politiques courants que pour les commentaires et l’analyse historiques d’un point de vue marxiste.

La conférence a coordonné par le professeur Santos Julia de l’université d’apprentissage à distance de l’Espagne (UNED). Santos Julia, qui est professeur d’histoire sociale et de pensée politique à l’UNED, est l’auteur d’Une Histoire de l’Espagne moderne et de Histoire de deux Espagnes. Les conférenciers invités à cette conférence comprennent Sir Raymond Carr, l’auteur de La tragédie espagnole : la guerre civile en perspective; Angel Vinas, auteur de El oro español en la guerra civil; Ronald Fraser, auteur de Sang en Espagne : une histoire orale de la guerre civile espagnole;  et Gabriel Jackson, auteur de La République espagnole et la guerre civile.

L’article d’Ann Talbot est intitulé L’Espagne républicaine et l’Union soviétique : politique et intervention étrangère dans la guerre civile espagnole, 1936-39. Il traite de la question du caractère politique de la relation entre l’Union soviétique et le gouvernement républicain et explore les raisons pour lesquelles la république espagnole est devenue dépendante de l’Union soviétique et quelles en ont été les conséquences. Il est habituellement considéré que pour le meilleur et pour le pire, l’Espagne devait compter sur l’URSS parce que la République était isolée sur le plan international et l’Union soviétique était le seul pays voulant lui fournir des armes. Peu importe alors que l’on considère l’Union soviétique comme un allié amical ou comme un prédateur opportuniste, la relation était, en conséquence, inévitable. L’article se base sur du matériel archivistique disponible depuis peu pour remettre l’orthodoxie en cause.

Talbot fait l’argument que même si la République espagnole était isolée, elle n’avait pas à compter sur un protecteur puissant. Elle souligne qu’un Etat isolé peut mobiliser ses propres ressources sociales comme la France l’a fait en 1790 et comme l’Union soviétique durant sa guerre civile. Ces deux Etats ont connu une révolution et ne pouvaient compter sur l’aide extérieure ce qui ne les a pas empêchés de se défendre contre une coalition de puissances étrangères qui fournissaient un soutien financier et militaire aux opposants internes du régime.

Les deux pays ont pu puiser à même les forces sociales que leurs révolutions avaient libérées. La France a découvert la levée de masse, l’Union soviétique a développé l’Armée rouge, qui étaient un nouveau genre d’armée qui dépendait pour leur existence de l’engagement de leurs soldats envers un nouvel ordre social et un nouveau système de rapports de propriété. Dans ce sens, les deux guerres ont été une continuation de la révolution sociale.

La décision du gouvernement républicain espagnol de se soumettre si complètement à la puissance d’un autre Etat ne vient pas seulement de la conjoncture des relations internationales, argumente Talbot, mais principalement de la dynamique sociale intérieure de l’Espagne elle-même et de l’intérêt commun des dirigeants de la République espagnole et de la bureaucratie soviétique dans l’étranglement de la révolution sociale naissante en Espagne.

Se basant sur du matériel des archives soviétiques maintenant disponibles et d’autres documents récemment des agences du renseignement britannique et américain récemment rendu public, elle démontre que l’Union soviétique s’était donnée pour but d’écraser les éléments de l’opposition qui s’identifiait avec le trotskysme. Il l’a fait au moyen d’une campagne impitoyable de mensonges qui décrivaient ses opposants de gauche comme des fascistes et des agents de la Gestapo, en fabriquant de fausses preuves et en enlevant, torturant et assassinant. Andres Nin, le dirigeant du POUM (Parti ouvrier pour l’unification marxiste), une organisation centriste et Ervin Wolf, le secrétaire de Trotsky, ont tous les deux été tués par la police secrète soviétique, le GPU, tout comme l’a été le socialiste autrichien Kurt Landau. L’objectif de Moscou était de supprimer la révolution qui se développait, de liquider physiquement ses principaux représentants, de terroriser les larges couches de travailleurs et de paysans et de prévenir que leurs désirs révolutionnaires prennent une forme politiquement consciente.

La guerre civile espagnole a été un des événements séminaux qui ont déterminé les caractéristiques essentielles politiques du vingtième siècle et, dans la mesure où les questions politiques qui ont été posées dans ce siècle ne sont toujours pas résolues, elle demeure une des influences formatrices du monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. Si la révolution espagnole avait réussi, nous aurions eu un vingtième siècle très différent et nous serions dans un monde très différent. Ouvrir la discussion sur la question de la guerre civile espagnole est ainsi une partie importante du développement de la conscience historique qui est si vitale à la conscience de classe.

(Article original anglais publié le 24 novembre 2006)

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