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Israël se prépare à déclencher une guerre terrestre au Liban

par Mike Head
24 juillet 2006

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Avec l’appui de Washington, Israël se prépare à déclencher une invasion terrestre du Liban, ayant mobilisé des milliers de réservistes et regroupé des chars d’assaut et des véhicules de transport de troupes blindés à la frontière.

En dix jours de bombardements, Israël a déjà tué plus de 350 civils, chassé un demi million de personnes de leurs demeures et détruit la plupart des infrastructures du pays. Maintenant, Israël compte intensifier son offensive afin de subjuguer le Liban sud.

La chaîne télévisée américaine CNBC a rapporté que, selon des agences de renseignement, une invasion israélienne terrestre était imminente. Une source militaire a déclaré que plus de 3.000 réservistes avaient été mobilisés. La radio militaire israélienne a affirmé que la poussée pourrait comprendre six bataillons, ce qui voudrait dire jusqu’à 6.000 soldats. Ce serait l’une des plus grandes forces armées assemblées par Israël depuis son invasion du Liban en 1982.

Vendredi, le chef d’état-major des Forces de défense d’Israël (FDI), Dan Halutz, a déclaré à des journalistes à Tel-Aviv que toute incursion militaire au Liban serait «limitée» dans son envergure mais pourrait durer «plusieurs semaines».

Le gouvernement des partis Kadima et travailliste d’Israël agit avec l’appui indéniable de l’administration Bush, la secrétaire d’État Condoleezza Rice rejetant les appels renouvelés à un cessez-le-feu afin du donner du temps à l’armée israélienne pour réaliser ses plans.

Israël a laissé tomber des tracts partout au Liban sud avertissant les civils de quitter les villes et les villages «immédiatement» et de se diriger vers Beyrouth au nord. Utilisant la radiodiffusion, ainsi que des enregistrements téléphoniques et des messages textes intimidants, envoyés tard en fin de soirée, les Israéliens ont incité les résidents à fuir au-delà du fleuve Litani, qui se trouve entre 20 et 40 kilomètres au nord de la frontière israélienne.

Les routes vers le nord ont ainsi été congestionnées par des familles transportant leurs biens dans des voitures et des camionnettes. Environ 300.000 personnes, pour la plupart des musulmans libanais chiites, vivent en temps normal au sud du Litani. Il est impossible d’évaluer combien ont déjà fui les bombardements et les combats des dix derniers jours.

Des raids aériens ont détruit un grand nombre de routes et de ponts dans la région, et ils se poursuivent même si les gens tentent de fuir. Des porte-parole des FDI ont affirmé que des corridors d’évacuation humanitaires seraient établis, mais la police du Liban a soutenu que, vendredi, des avions de guerre de la Force aérienne israélienne (FAI) avaient pilonné la route principale reliant le Liban à la Syrie avec des missiles et avaient mis le feu à trois autobus voyageurs. Vendredi, dans les montagnes du centre du Liban et sur l’autoroute menant de Beyrouth à Damas, quatre avions à réaction de la FAI ont tiré quatre missiles sur un pont qui reliait deux sommets escarpés. Une partie du pont s’est effondrée, après avoir été atteinte précédemment par des bombes israéliennes. Les autobus voyageurs qui ont pris feu se trouvaient à Taanayel dans la vallée de la Békaa, environ à 15 kilomètres de la frontière syrienne, sur la route reliant Beyrouth à Damas.  

La mobilisation des FDI est survenue un jour après que le ministre de la Défense Amir Peretz, chef du Parti travailliste, eut parlé d’une possible offensive terrestre. «Ne donnons à aucune organisation terroriste l’impression que nous pourrions redouter une quelconque opération», a-t-il déclaré. «Nous n’avons aucune intention de conquérir le Liban, mais si nous devons agir pour terminer notre travail et atteindre la victoire nous le ferons.»

Le général israélien qui commande les forces combattant sur le front libanais a communiqué clairement que l’offensive se poursuivrait, peu importe les pertes civiles. «Nous devons changer notre manière de penser. La vie humaine est de la plus haute importance, mais ceci est une opération exigeante, et nous sommes en guerre», a affirmé le major général Udi Adam lors de commentaires diffusés à la télévision israélienne. «La guerre fait des victimes; regardez combien de civils ont été tués. Je propose de ne pas compter les morts tant que ce n’est pas fini.»

Selon un reportage dans le journal israélien Haaretz, la guerre terrestre avait déjà commencé lorsque les FDI avaient envoyé de milliers de soldats au Liban sud jeudi. L’armée israélienne a aussi confirmé que certains de ses soldats opéraient au Liban depuis plusieurs jours.

Un responsable des Nations unies observant le déploiement des forces au sud du Liban a dit à Associated Press à Beyrouth qu’on pensait qu’entre 300 et 500 soldats israéliens se trouvaient dans le secteur ouest du sud du Liban, appuyés par une trentaine de chars d’assaut.

La secrétaire d’État américaine Rice a dans les faits donné le feu vert pour une attaque prolongée. Il n’y a pas de «solutions rapides», a-t-elle dit, et a encore une fois accusé le Hezbollah et ses partisans d’avoir plongeé tout le Moyen-Orient dans la guerre. «Il est inacceptable d’avoir une situation où la décision d’un groupe terroriste peut plonger un pays entier, et même une région entière, dans la violence», a-t-elle déclaré.

Rice a dit qu’un cessez-le-feu immédiat serait une «fausse promesse» à moins qu’on s’en prenne à la «source» de la violence. Par «source», Washington ne veut pas dire la longue historique de terrorisme et d’annexions par Israël, mais la résistance des masses arabes et le soutien accordé au Hezbollah par la Syrie et l’Iran.

Pour faire dérailler les appels du Conseil de sécurité des Nations unies à un arrêt des hostilités, Rice a annoncé qu’elle partirait lundi en tournée diplomatique comprenant des visites en Italie et en Israël. Elle rencontrera le premier ministre israélien Ehud Olmert et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Habbas, mais a exclu de visiter la Syrie ainsi que le Liban, dont le premier ministre Fouad Siniora a demandé un cessez-le-feu immédiat pour que cesse la destruction de son pays.

Même si l’armée libanaise n’a pas été impliquée dans les combats à ce jour, environ vingt soldats libanais ont été tués par des frappes israéliennes contre leur base.

Les avions des FDI ont augmenté le rythme des bombardements au Liban sud vendredi, particulièrement dans la région où les soldats israéliens et la guérilla ont eu de violents affrontements jeudi soir. Une maison dans la ville frontière d’Aitaroun a été rasée alors que l’on croit que dix personnes s’y trouvaient, mais les sauveteurs n’ont pas pu s’y rendre à cause des tirs d’artillerie, ont dit des responsables de la sécurité.

L’augmentation des bombardements a intensifié le désastre humanitaire dans la région. «Le siège du Liban empêche l’aide humanitaire de se rendre au pays» a dit Hisham Hassan, un porte-parole du Comité international de la croix rouge (CICR). «Le sud est isolé», a-t-il ajouté.

Deux camions du CICR partant de Beyrouth pour se rendre à un hôpital à Tyre, où le personnel a commencé à enterrer les corps temporairement dans une fosse commune creusée dans des baraques de l’armée pour faire de la place dans la morgue remplie.

Les forces israéliennes ont aussi continué leurs attaques dans la bande de Gaza au cours des dernières 24 heures. Un char d’assaut israélien a fait feu sur la maison d’un militant du Hamas, le tuant ainsi que trois autres membres de sa famille, selon des responsables de la sécurité palestiniens.

Des milliers de manifestants au Moyen-Orient ont protesté encore une fois vendredi, jour de prière musulman, contre les attaques israéliennes et contre la complicité des dirigeants arabes qui ont dénoncé le Hezbollah et refusé de condamner Israël. Des milliers de personnes se sont réunies après le principal service religieux hebdomadaire à la mosquée al-Azhar au Caire en Égypte. En Jordanie, environ deux mille manifestants ont marché dans le centre-ville d’Amman.

Il y a eu aussi d’autres manifestation anti-guerre en Israël, et d’importantes manifestations étaient prévues à Tel-Aviv samedi.

 

 

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