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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Un échange sur le Parti vert

9 novembre 2006

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La lettre suivante nous a été envoyée par Tim Tacker, le directeur des communications de Rich Whitney, le candidat du Parti vert au poste de gouverneur de l’Illinois et porte sur l’article publié le 11 octobre sur le WSWS, SEP candidate Joe Parnarauskis addresses University of Illinois forum. Kate Randall, l’auteur de l’article, lui répond.

Cet article est trompeur. Plus précisément :

Vous déclarez qu’« Abram, comme d’autres candidats verts au niveau local, de l’Etat et national, appelle pour des réformes mineures du capitalisme, tout en maintenant qu’il ne faut pas toucher au système de profit. »

Les Verts avancent une alternative tant au capitalisme des grandes entreprises qu’au socialisme d’Etat qui est nommée l’économie basée sur la communauté (EBC). L’EBC se concentre sur la façon dont une entreprise doit être réceptive à sa communauté plutôt qu’à ceux qui la possèdent et, en conséquence, les Verts avancent un plus grand rôle pour l’entreprise publique et l’expansion massive de structures économiques alternatives, comme la coopérative propriété des travailleurs. En fait, Rich Whitney, le candidat du Parti vert au poste de gouverneur de l’Illinois, veut donner aux travailleurs de l’Illinois le « premier droit de refus » lorsqu’une usine essaie de quitter l’Etat, permettant aux travailleurs d’acheter l’entreprise et de la faire fonctionner en tant que coopérative sous propriété ouvrière et où l’Etat octroie le financement pour leur permettre de le réaliser. Parce que l’EBC n'adresse pas la question de la propriété, certains Verts sont socialistes, d’autres sont capitalistes. L’EBC n’est pas égale au capitalisme.

Vous déclarez que « Comme les Verts le disent explicitement dans leur programme, “les sociétés sont devenues l’institution économique qui domine sur la planète” et elles n’ont simplement qu’à devenir socialement et environnementalement plus responsables. »

Non. Les Verts croient que les gens doivent reprendre contrôle des sociétés et de leur propre gouvernement, appelant pour des choses comme plus de démocratie au travail et pour la décentralisation de la richesse et du pouvoir. Les Verts s’opposent à l’idée que les sociétés sont des « personnes morales » où des personnes morales artificielles ont le pouvoir de réclamer des droits inaliénables.

Vous déclarez que « Sur la question de la guerre, le candidat du Parti vert pour le poste de gouverneur de l’Illinois, Rich Whitney, qui n’a pas participé au forum qui a eu lieu lundi, promet d’opposer “son veto à  toute autre mobilisation de la Garde nationale de l’Illinois qui aurait pour but le déploiement en Irak", mais ne préconise pas le retrait immédiat des troupes américaines de l’Afghanistan et de l’Irak. »

Rich a déjà dit qu’il défendait le retrait immédiat des troupes américaines de l’Afghanistan et de l’Irak, mais en tant que gouverneur, la seule chose qu’il peut faire, c’est d’opposer son veto à d’autres mobilisations de la Garde nationale de l’Illinois pour ce qu’il considère comme « une invasion et une occupation illégales et immorales ». La non violence est une valeur clé du Parti vert.

Il me tarde de lire vos futurs articles et j’espère que vous chercherez à corriger ces conceptions erronées. L’exactitude est une façon d’encourager les Verts, et d’autres, à lire et à connaître vos points de vue et j’espère que vous considérerez cela.

Tim Tacker

11 octobre 2006

***

M. Tacker,

Merci pour votre lettre. Vous vous opposez à la caractérisation que nous faisons de la politique des Verts comme appelant à des réformes mineures du capitalisme et au maintien du système du profit, pointant à la proposition des Verts d’adopter une « économie basée sur la communauté » qui « se concentre sur la façon dont une entreprise doit être réceptive à sa communauté plutôt qu’à ceux qui la possèdent ». Le fait demeure, toutefois, que dans le système économique actuel, les sociétés auxquelles vous faites référence sont des entreprises capitalistes.

L’« économie basée sur la communauté » ne représente aucune remise en question de la propriété capitaliste des moyens de production. Votre affirmation selon laquelle les Verts se concentrent sur les entreprises qui sont plus responsables envers leur communauté et défendent « un plus grand rôle pour l’entreprise publique et l’expansion massive de structures économiques alternatives » — sans remettre en cause la propriété privée et capitaliste — confirme l’analyse de mon article que vous n’offrez pas une alternative socialiste au capitalisme.

Vous déclarez que parce que l’« économie basée sur la communauté » ne s’adresse pas à la question de la propriété, alors « L’EBC n’est pas égale au capitalisme. » C’est l’opposé qui est vrai. Puisque le statu quo capitaliste est basé sur la propriété privée des moyens de production, que les Verts demeurent évasifs sur cette question représente une acceptation tacite des rapports de propriétés capitalistes.

Vous ne pouvez pas gagner sur les deux aspects, mais vous cherchez précisément à faire cela lorsque vous déclarez que « certains Verts sont socialistes, d’autres sont capitalistes ». Il peut très bien en être ainsi, mais le programme de votre parti est décisif et ce programme n’est en rien socialiste.

Le Parti vert, naturellement, est libre de défendre un programme réformiste libéral basé sur la prémisse que le système capitaliste peut être significativement réformé d’une façon progressiste. Le Parti de l’égalité socialiste rejette cette perspective comme non viable et s’y oppose parce qu’il sert de diversion pour les tâches politiques auxquelles font face les travailleurs dans leur lutte contre la guerre, la répression, l’exploitation et l’inégalité sociale.

C’est un comportement sans principe de votre part qui cherche à obscurcir le fait que votre programme est la réforme du capitalisme plutôt que son renversement.

L’exemple que vous présentez, la défense des coopératives propriétés de travailleurs, a une histoire amère dans les dernières décennies aux Etats-Unis. Plusieurs exemples peuvent être donnés, peut-être le plus illustratif est l’expérience du rachat par les travailleurs — ou plutôt le programme d’achat des actions des employés — d’United Airlines. Ce programme est en place depuis plus de dix ans chez United, mais durant cette période, les travailleurs ont été forcés d’accepter des diminutions de salaire et coupes dans les avantages sociaux et des dizaines de milliers de travailleurs ont perdu leurs emplois.

Il n’est pas possible dans le cadre de cette réponse de détailler exhaustivement l’économie politique moderne, mais certains points peuvent être faits. Dans l’époque actuelle de mondialisation capitaliste et de production transnationale, l’économie communautaire défendue par les Verts est complètement irréaliste. Toutefois, si elle se voyait concrétisée, cela représenterait en fait un énorme recul. Cela entraînerait un important retour en arrière en terme de méthodes productives et de technologie et une réduction incalculable des conditions de vie de centaines de millions de personnes à travers le monde.

L’économie mondiale, par opposition à l’économie nationale ou locale, est un fait objectif, et est en elle-même tout à fait progressiste. C’est le produit des développements révolutionnaires en science et technologie qui ont grandement augmenté les capacités de l’homme à développer ses forces productives et ainsi, potentiellement, à hausser ses conditions de vie et son niveau culturel.

Le problème n’est pas la mondialisation en soi, mais le fait que l’économie mondiale demeure confinée à l’intérieur du cadre démodé, réactionnaire et destructeur de la propriété privée capitaliste des moyens de production et du système d’États-nations rivaux auquel le capitalisme est historiquement lié. Ce cadre entre partout en conflit avec le développement rationnel, humain et progressiste des forces productives mondiales, créant des fléaux tels que la guerre, la pauvreté, les inégalités sociales et la répression politique.

Les forces productives sont mondiales et doivent être rationnellement et démocratiquement harnachées et développées à une échelle internationale. Cette nécessité objective trouve son expression politique consciente dans le programme du Parti de l’égalité socialiste, qui est basé sur le socialisme internationaliste, c’est-à-dire la lutte pour unir la classe ouvrière internationale dans le combat pour le pouvoir politique de la classe ouvrière et l’établissement d’une économie socialiste.

Le concept d’une sorte d’autonomie et de contrôle locaux des forces économiques à l’intérieur du système capitaliste existant est une utopie irréalisable, et réactionnaire de surcroît.

Vous parlez d’un contrôle local sur la vie économique sans aborder la question des relations de propriété existantes et des réalités sociales et économiques du capitalisme moderne. Cela ignore le fait que les décisions économiques affectant les travailleurs dans une partie du monde sont souvent prises à des milliers de kilomètres de distance.

Le fait qu’un travailleur en Illinois aura un emploi, ou qu’une usine sera construite ou fermée, peut être décidé à Tokyo, ou à Berlin, ou dans les quartiers généraux d’une autre corporation transnationale. La question cruciale est celle-ci : quelle force sociale aura le contrôle de telles décisions ? Le contrôle démocratique ne peut être dissocié du fait de savoir qui possède le pouvoir politique et économique : l’élite capitaliste ou la classe ouvrière, c’est-à-dire la grande majorité de la population.

Votre concept de « contrôle communautaire » est une version illusoire et idéalisée d’un lointain passé perdu à tout jamais. Il évite la question critique des classes sociales et du conflit d’intérêts objectif et irréconciliable entre les deux principales classes : la classe dirigeante capitaliste et la classe ouvrière. Cela, à son tour, fournit la base d’une perspective politique orientée vers des pressions sur l’élite dirigeante et ses deux principaux partis, et particulièrement le Parti démocrate, pour des réformes, par opposition à la lutte nécessaire pour établir l’indépendance politique de la classe ouvrière du système biparti et de tous les représentants politiques de l’élite capitaliste.

Vous dites que les Verts sentent le besoin « des gens de réaffirmer leur contrôle sur les compagnies et leur propre gouvernement, appelant pour des choses telles que plus de démocratie sur les lieux de travail et la décentralisation de la richesse. »

Encore une fois, il est impossible d’atteindre ces objectifs en dehors d’une remise en question par la classe ouvrière de la propriété privée des moyens de production. La question du contrôle démocratique de l’économie ne peut être discutée sans répondre à la question des relations de propriétés qui existent présentement. Aujourd’hui, les principaux leviers de la vie économique sont sous le contrôle d’une classe définie de capitaliste (les grands investisseurs, actionnaires, banques, PDG) qui, en vertu de leur droit de propriété des moyens de production, exercent un pouvoir dictatorial sur les masses de travailleurs. Une mince couche de la population prend toutes les décisions critiques concernant la production, l’emploi, le marketing, etc., incluant la décision de fermer ou non une entreprise.  La réalité sous le capitalisme est que les travailleurs n’ont pas un mot à dire sur les décisions importantes qui affectent leur vie.  Suggérer que ceci peut être sérieusement modifié sans remettre en question la propriété de ces forces économiques est absurde.

Le Parti de l’égalité socialiste dit aux travailleurs et aux jeunes que notre but est le renversement politique du système capitaliste sur la base d’un programme internationaliste et socialiste. Nous disons que la lutte pour la démocratisation des lieux de travail et la défense des droits démocratiques doit être consciemment dirigée contre le système de profit – et non dirigée vers des demandes réformistes qui ne servent qu’à nourrir les illusions. Nous rejetons toute perspective basée sur l’application de pressions sur le système biparti, particulièrement le Parti démocrate, et menons au lieu de cela une lutte pour l’indépendance politique de la classe ouvrière.

La classe ouvrière internationale est passée à travers de nombreuses expériences avec des partis – dont certain se proclamaient socialistes – ce qui, alors qu’ils avançaient certaines demandes pour des réformes au capitalisme – coupait cour à toute défense des intérêts politiques indépendants de la classe ouvrière. Que ce soit dans le cas des mouvements nationaux bourgeois ou de partis dominés par le stalinisme ou la politique du réformisme social, les résultats ont été tragiques.

Finalement, vous déclarez que le candidat du Parti vert pour le poste de gouverneur en Illinois, Rich Whitney, défend “le retrait immédiat des troupes américaines en Afghanistan et en Irak; mais comme gouverneur, la seule chose pour laquelle il a officiellement autorité c’est d’imposer son veto à toute nouvelle mobilisation de la Garde Nationale de l'Illinois. »

Nulle part sur le site Internet de la campagne électorale de Whitney, peut-on trouver une demande pour le retrait immédiat des troupes américaines. Une campagne électorale menée en pleine occupation coloniale de l’Irak a la responsabilité d’articuler une attitude politique claire à l’égard de cette guerre d’agression, pas seulement une position limitée au pouvoir officiel qu’il pourrait un jour avoir en occupant le poste. 

Dans sa campagne en tant que candidat du PES pour le Sénat dans le 52e district de l’Etat de l'Illinois, Joe Parnarauskis, a été critiqué pour son appel au retrait immédiat et inconditionnel des troupes américaines sur la base du fait qu’il ne s’agissait pas d’une « question locale » - comme si les conditions auxquelles doivent faire face les travailleurs et les jeunes de l’Illinois n’étaient pas directement et destructivement affectées par le gaspillage massif de vie humaine et de ressources pour cette guerre criminelle !  Nous rejetons une telle approche sans principes et cet esprit de clocher et voyons chacune des élections dans lesquelles nous participons comme une occasion d’engager une discussion sur ces questions critiques et mettre de l’avant notre programme socialiste indépendant.

Kate Randall pour le WSWS

(Article original anglais paru le 3 novembre 2006)

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