wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Israël dresse des plans pour attaquer l’Iran avec l’arme nucléaire

Par Peter Symonds
9 janvier 2007

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Un reportage paru dans le dernier Sunday Times, un journal de Londres, a révélé que l’armée israélienne s’entraînait pour faire usage d’armes nucléaires tactiques sur les usines d’enrichissement d’uranium iraniennes, celle de Natanz entre autres. Se basant sur plusieurs sources militaires israéliennes, l’article écrit que deux escadrilles de l’armée de l’air seraient impliquées et la préparation de l’attaque serait supervisée par le commandant de l’armée de l’air, le major général Eliezer Shkedi.

Les hauts responsables israéliens ont rapidement nié le reportage. Le porte-parole du ministre de l’Intérieur, Mark Regev, a « officiellement nié » les affirmations du Sunday Times et réitéré la position officielle qu’Israël voulait une solution diplomatique et qu’il soutenait la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU du mois passé imposant des sanctions à l’Iran. Des personnalités en vue du gouvernement et de l’armée ont averti à plusieurs reprises, toutefois, qu’Israël ne permettrait pas que Téhéran développe l’arme nucléaire.

Le mois dernier, le premier ministre Ehoud Olmert a ostensiblement inclus Israël dans la liste des puissances nucléaires responsables, et en a nommément exclu l’Iran. Jusqu’à ce jour, Israël avait toujours refusé de reconnaître qu’elle possédait un arsenal nucléaire, que différents experts évaluent être composée de 80 à 200 ogives. Le commentaire d’Olmert n’était pas tant une erreur qu’un avertissement calculé et destiné à l’Iran qu’Israël possédait l’arme nucléaire et qu’il se préparait à l’utiliser pour conserver son avantage militaire au Moyen-Orient.

Le reportage du Sunday Times indique que les préparations militaires sont très avancées. « Selon ce qui est planifié, des bombes conventionnelles guidées par laser ouvriraient des “tunnels” dans les cibles. Ensuite, des “mini-bombes nucléaires” seraient immédiatement lancées dans l’usine à Natanz, explosant profondément sous la surface, ce qui réduirait le risque de retombées radioactives », a déclaré le journal. Plusieurs parcours sont envisagés et au cours des dernières semaines, des pilotes se sont entraînés à réaliser une distance de 3200 kilomètres en se rendant jusqu’à Gibraltar.

« Aussitôt que nous aurons le feu vert, ce sera une mission, une frappe et le projet nucléaire iranien sera démoli », a déclaré une source au Sunday Times. Selon le journal, les cibles comprennent l’usine iranienne de conversion de minerai d’uranium près d’Ispahan et le réacteur à eau lourde à Arak, qui seraient frappés avec des armes conventionnelles. « Il ne peut y avoir un succès à 99 pour cent pour cette mission. Il faut qu’elle soit réussie à 100 pour cent ou aussi bien ne pas l’entreprendre », a expliqué un des pilotes.

Avec cette fuite, qui est presque certainement délibérée, le régime israélien cherche à réaliser un certain nombre d’objectifs. Après le retrait humiliant de l’armée israélienne du Liban l’an dernier, le gouvernement Olmert est déterminé à adopter une ligne plus dure. L’article du Sunday Times vise en partie à envoyer un message au Moyen-Orient et au monde qu’Israël veut utiliser tous les moyens à sa disposition pour écraser tout rival potentiel dans la région.

Selon le Sunday Times, Israël justifie l’emploi d’armes nucléaires tactiques par le fait que l’usine d’enrichissement d’uranium iranienne à Natanz serait protégée par environ 20 mètres de béton et de roc. Toutefois, toute utilisation de bombes atomiques — pour la première fois depuis l’incinération de Hiroshima et Nagasaki par les Etats-Unis en 1945 — constituerait avant tout une décision politique, plutôt que militaire, ayant pour but de réaffirmer la supériorité stratégique d’Israël en tant que seule puissance nucléaire au Moyen-Orient.

Quiconque jugerait impossible une attaque nucléaire israélienne sur l’Iran devrait reconsidérer tout ce qu’Israël a fait et qui était impensable. Durant la dernière année, cet Etat a mené une guerre d’attrition contre la population des territoires palestiniens. En juillet dernier, sous le prétexte de libérer deux soldats capturés, Israël a déclenché une guerre totale contre le Liban, tuant des centaines de civils et transformant une bonne partie du pays en ruines ; ceci devait être la première étape d’une opération dirigée d’abord contre l’Iran et la Syrie. Rappelons-nous aussi que des avions de guerre israéliens avaient attaqué, sans qu’Israël n’eut été provoqué, un petit réacteur irakien consacré à la recherche à Osirak en 1981.

Ni le gouvernement Olmert, ni l’administration Bush n’ont fourni de preuve concluante que Téhéran possédait un programme d’armes nucléaires. Le régime iranien a toujours soutenu qu’il avait le droit, sous le Traité de non-prolifération nucléaire (TNP), de procéder à l’enrichissement d’uranium et que son usine de Natanz servirait à fournir le combustible pour ses réacteurs nucléaires, dont le premier serait bientôt complété à Bushehr. Israël a ouvertement fait fi des efforts internationaux de non-prolifération, refusant de signer le TNP ou de permettre l’inspection de ses installations nucléaires.

Dans ce contexte, les déclarations ouvertement antisémites du président iranien Mahmoud Ahmadinejad, qui a appuyé, le mois dernier à Téhéran, une conférence internationale pour ceux qui nient la Shoah nazie, ont joué directement en faveur des sections les plus à droite et militaristes de l’élite dirigeante israélienne. Les dirigeants israéliens ont exploité les appels d’Ahmadinejad à la destruction d’Israël afin d’attiser les craintes « d’une deuxième Shoah ».

En novembre dernier, afin de consolider son gouvernement, a intégré Avigdor Lieberman, le chef du parti d’extrême droite Yisrael Beitenu (Israël est notre maison), à son conseil de ministres en tant que vice-premier ministre. On lui a accordé le poste tout spécialement créé de ministre aux Affaires stratégiques, qui consiste à s’occuper des menaces envers Israël, et particulièrement celles venant de l’Iran. Lieberman, un raciste et nationaliste de droite, est reconnu pour ses appels à une épuration ethnique des Arabes israéliens, au bombardement de civils palestiniens et à l’attaque du haut barrage d’Assouan en Egypte. En 2001, il a ouvertement défendu l’utilisation d’armes nucléaires contre l’Iran.

La semaine dernière, Lieberman a demandé à l’ONU d’expulser l’Iran et aux grandes puissances d’agir contre Téhéran. « L’Etat d’Israël peut se tenir seul devant l’Iran, et il le fera, mais on ne devrait pas nous le demander », a-t-il affirmé. « Si on permet à l’Iran de construire des armes nucléaires, le monde libre au complet le paiera très cher. Israël sera le premier et paiera le plus chèrement, mais l’agressivité iranienne ne s’arrêtera pas là. »

Lieberman n’est pas le seul à se plaindre que les sanctions de l’ONU contre l’Iran sont inadéquates. Dans son rapport annuel publié la semaine dernière, l’Institute for National Security Studies (INSS), un groupe de réflexion israélien, a affirmé d’un ton sinistre : « Malgré les inquiétudes croissantes dans la communauté internationale, l’INSS se demande si des sanctions efficaces seront imposées. Le temps est du côté de l’Iran et, sans action militaire, la possession d’armes nucléaires par l’Iran n’est qu’une question de temps. »

Ces commentaires suggèrent une autre raison pour la fuite au Sunday Times : mettre de la pression sur l’administration Bush afin qu’elle prenne action contre l’Iran, ou, au moins, qu’elle donne son appui à Israël pour le faire. Le journal citait les propos du ministre adjoint israélien à la Défense, Ephraim Sneh le mois passé, disant : « Le moment approche pour Israël et la communauté internationale de décider si elle va s’engager dans une action militaire contre l’Iran. » Le Sunday Times notait également qu’Israël et les Etats-Unis s’étaient réunis à plusieurs reprises afin de considérer l’option militaire.

Dans un article du New Yorker d’avril dernier, le journaliste vétéran américain Seymour Hersh a donné les détails d’une planification de haut niveau à la Maison-Blanche et le Pentagone pour une attaque aérienne massive contre l’Iran, incluant, mais non limitée, ses installations nucléaires. L’aspect le plus terrifiant des révélations est le débat féroce sur l’utilisation d’armes nucléaires tactiques contre des cibles tel que l’usine d’enrichissement de Natanz.

L’article de Hersh cite un ancien officiel de la défense qui a révélé que les avions de guerre américains, opérant à partir de porte-avions naviguant dans la Mer d’Arabie ont fait des vols « de simulation de mission de bombardement nucléaire – des ascensions rapides désignées sous le nom « bombardement sur l’épaule » — depuis l’été dernier… à portée des radars côtiers iraniens ».

L’administration Bush n’a jamais écarté la possibilité d’attaques militaires contre l’Iran et elle a rejeté la proposition faite par les membres de haut niveau du Groupe d’étude sur l’Irak de négocier directement avec l’Iran et la Syrie afin de stabiliser l’Irak. La section la plus militariste de l’élite dirigeante américaine défend ouvertement la guerre contre l’Iran. Dans un article paru à la fin de l’an passé étayant la stratégie néoconservatrice, Joshua Muravchik, de l’Institut pour l’entreprise américaine, déclarait candidement : « Ne vous y trompez pas, le président Bush va devoir bombarder les installations nucléaires de l’Iran avant de quitter son poste. »

Il existe déjà des indications que le Pentagone se prépare pour une telle éventualité. Au cours des derniers mois, des officiels seniors américains ont voyagé vers l’Arabie saoudite et d’autres pays du Golfe afin de voir à renforcer leurs liens en matière de défense et de capacité militaires. Une des raisons évidentes pour de telles discussions est la nécessité de défendre les bases militaires américaines au Koweït, Qatar et Bahrayn des possibles attaques de représailles iraniennes dans l’éventualité d’une attaque américaine.

Les Etats-Unis et l’Angleterre renforcent leur force navale dans la région. Un second porte-avion américain (le USS John C. Stennis) et des navires d’escortes doivent entrer dans le golfe Persique plus tard ce mois-ci. Le président Bush a également pris l’initiative inhabituelle de nommer un amiral – William Fallon – pour la première fois comme dirigeant du commandement central qui est chargé de diriger les opérations au Moyen-Orient incluant l’Iran et l’Irak.

Le colonel à la retraite, Sam Gardiner, a dit au Sunday Times qu’il croyait qu’une attaque américaine contre l’Iran demeurait une possibilité. Il a décrit le déploiement d’un second porte-avion et des démineurs britanniques, « d’énorme affaire ». « Il est nécessaire de faire une telle action seulement si on planifie de mener une attaque contre l’Iran et ensuite parer aux éventualités », a-t-il dit, ce qui inclut la possibilité que l’Iran ferme le détroit d’Hormuz, la voie maritime qu’emprunte une bonne partie du pétrole mondial.

Quels que soient les motifs précis derrière toutes ces menaces inquiétantes, les Etats-Unis et Israël plongent dangereusement vers de nouvelles conflagrations qui incluent la possible utilisation d’armes nucléaires.

(Article original anglais publié le 8 janvier 2007)

Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés