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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Le préjugé religieux entrave la science

Bush oppose son veto à la loi sur les cellules souches

Par Joe Kay
25 juin 2007

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Bush a opposé son veto pour une troisième fois durant sa présidence pour bloquer une loi qui élargissait le financement par le gouvernement fédéral d’une partie de la recherche sur les cellules souches. Encore une fois, Bush cherche à imposer les conceptions religieuses de la droite en s’opposant à une recherche scientifique qui pourrait aider des millions de personnes et qui a le soutien de la vaste majorité de la population américaine.

En rejetant la loi, Bush a répété ses inquiétudes « éthiques » par rapport à la recherche sur les cellules souches. Dans une déclaration de la Maison-Blanche, Bush a déclaré : « Les Etats-Unis sont aussi une nation fondée sur le principe que toute vie humaine est sacrée. Et notre conscience nous appelle à explorer les possibilités de la science d’une façon qui respecte la dignité humaine et en accord avec nos valeurs morales. »

Il a insisté que les cellules souches obtenues à partir de l’embryon sont « créées en détruisant la vie humaine » et que « la destruction de la vie humaine dans l’espoir de sauver la vie humaine n’est pas éthique ».

Les déclarations de l’administration non seulement font la démonstration d’une mépris complet des droits démocratiques — soutenant que le président a le droit de déterminer ce que « notre nation » soutiendra sur la base de ses conceptions religieuses médiévales — ils impliquent aussi la promotion délibérée de l’ignorance et des préjugés.

La recherche sur les cellules souches provenant de l’embryon, un champ relativement nouveau de la science, implique qu’il faut extraire des cellules souches d’un ovule fertilisé au tout début du processus de développement de l’embryon. A ce stade, l’embryon — ou plus précisément, le pré-embryon ou blastocyte — ne consiste qu’en une poignée de cellules indifférenciées. La recherche est critique parce que les cellules ont la capacité de se développer en tout autre type de cellule (elle sont pluripotentes). Les scientifiques espèrent développer des technologies qui pourront, par exemple, régénérer le tissu cérébral de patients souffrant de la maladie d’Alzheimer.

D’un point de vue rationnel ou scientifique, les embryons en question dans cette recherche ne peuvent être considérés comme « des vies humaines ». Un blastocyte ne peut être considéré comme une vie humaine qu’en vertu de la notion religieuse qu’une âme humaine est donnée par un dieu au moment de la conception.

Bush a émis un ordre exécutif restreignant la recherche sur les cellules souches en août 2001, interdisant au gouvernement fédéral de financer cette recherche sauf pour les lignées de cellules souches qui existaient déjà. Cette décision a eu un impact immédiat sur la recherche scientifique, parce que le gouvernement fédéral est la plus importante source de financement de la recherche et que les lignées de cellules souches existantes n’étaient pas adéquates.

Le projet de loi auquel Bush a opposé son veto mercredi renverserait une ordonnance de 2001, permettant le financement de la recherche sur les cellules souches provenant d’embryons qui seraient autrement rejetés par les cliniques de fertilité. Le projet de loi n’a pas réussi à obtenir les deux tiers d’appuis nécessaires au Congrès pour supplanter un veto. Il fut accepté à la Chambre des représentants à 247 contre 176 en juin et à 63 contre 45 au Sénat en avril.

Deux des trois vetos de Bush concernent la recherche sur les cellules souches. Le premier s’opposa à une précédente tentative, en 2006, visant à adopter une loi similaire pour l’accroissement du financement fédéral. Son seul autre veto fut le rejet d’une loi sur le financement de la guerre qui comportait un échéancier non contraignant pour le retrait d’un certain nombre de soldats d’Irak. Même si cette loi n’aurait pas mis un terme à la guerre, les vetos de Bush aident à souligner le caractère complètement hypocrite du souci de l’administration pour la « vie humaine ». Bien que l’administration n’accorde pas de financement fédéral supplémentaire à la recherche sur les cellules souches, il soutient totalement la destruction de véritables vies humaines — dont environ 750.000 Irakiens et plus de 3.500 soldats américains — pour accroître la domination des Etats-Unis sur les champs de pétrole du Moyen-Orient.

Et au même moment où il opposait son veto à la loi sur les cellules souches, Bush décréta une loi pour favoriser les « autres méthodes » de développement de cellules souches pluripotentes. L’administration considère que ces méthodes sont « éthiquement responsables » car elles n’impliquent pas l’utilisation d’embryons. Le décret-loi renomme aussi le « registre des cellules souches humaines embryonnaires » par le « registre des cellules souches humaines pluripotentes », afin d’y inclure toute cellule souche pluripotente développée à l’aide d’autres méthodes.

Aucune de ces méthodes, bien que prometteuses, ne peut remplacer la recherche sur les cellules souches embryonnaires, et la plupart sont encore très loin de la possibilité d’être utilisées sur des cellules humaines. Elles sont défendues par la Maison-Blanche dans le but de calmer l’appui écrasant de la population pour la recherche sur les cellules souches et à la fois pour satisfaire la droite chrétienne.

L’une de ces méthodes comprend l’utilisation de cellules souches qui ne proviennent pas d’un embryon mais qui sont extraites du sang du cordon ombilical, de la moelle osseuse ou d’autres tissus. Toutefois, ces types de cellules sont difficiles à isoler et ne sont pas aussi flexibles que les cellules souches embryonnaires. Une autre méthode implique la transformation potentielle de cellules ordinaires de la peau en cellules pluripotentes. Des recherches publiées ce mois-ci documentaient le succès de cette méthode sur des cellules de souris mais on est encore loin de l’emploi de cette méthode sur les cellules humaines.

Dans un article du 20 juin, le New York Times rapporta que deux éminents chercheurs dans le domaine des cellules souches qu’il avait interviewés ont déclaré que les méthodes « ne pouvaient remplacer la recherche sur les cellules souches embryonnaires ». Le journal cita Douglas Melton, un scientifique étudiant les cellules souches à l’Université Harvard, qui affirma que les nouvelles méthodes « devaient être explorées tout aussi activement que la recherche sur les cellules souches humaines embryonnaires… Tout ce que nous demandons est que la recherche sur les cellules souches embryonnaires obtienne sa part du financement public comme toute autre recherche », a-t-il déclaré.

Toute cette campagne pour en arriver à une recherche sur les cellules souches « éthiquement acceptable » est une imposture et une attaque contre la science. En fait, aucun conflit n’est justifié sur la question du financement fédéral pour la recherche sur les cellules souches embryonnaires. Il n’y a conflit que si l’on accepte la notion inconstitutionnelle que des concepts religieux devraient être à la base de la politique gouvernementale et devraient déterminer ce qui constitue une forme de recherche scientifique valable.

Les médias ainsi que le Parti démocrate ont aidé à donner de la légitimité au débat sur les cellules souches, reprenant les expressions de l’administration Bush. Pour ne citer que quelques exemples, le Washington Post fait référence dans son article du 20 juin au développement de « cellules souches éthiquement acceptables », et le New York Times a plusieurs fois fait référence à la possibilité que de nouvelles méthodes pourraient « rendre caduque la controverse éthique sur les expériences avec les cellules souches provenant de l’embryon ».

La loi à laquelle Bush a opposé son veto faisait référence à des « exigences éthiques », y compris la nécessité que les cellules souches soient extraites d’embryons donnés aux cliniques de fertilisation et qui auraient été de toute façon éliminés. Dans une tentative d’apaiser la droite chrétienne, la loi réclamait aussi le développement d’autres méthodes pour le développement de cellules pluripotentes.

Dans une déclaration faite plus tôt ce mois demandant à Bush de ne pas opposer son veto à la loi, le leader de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid, a insisté que la loi « reconnaît les importantes questions éthiques en jeu et met en place des directives plus contraignantes pour la recherche que celles de l’actuelle politique du président ».

En ce qui concerne l’adaptation à l’irrationalité religieuse, toutefois, c’est la leader de la majorité démocrate à la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, qui a battu tous les records en déclarant : « La science est un don de Dieu pour nous tous et la science nous a amené à un endroit biblique quant à son pouvoir de guérir. Et cela, c’est la recherche sur les cellules souches provenant de l’embryon. »

La détermination de Bush à opposer son veto à la loi sur les cellules souches malgré l’immense soutien dont elle jouit dans la population (les sondages indiquent un soutien compris entre 60 et 70 pour cent) doit être vue dans son contexte politique. Le niveau d’approbation de Bush continue à plonger à cause de l’opposition grandissante à guerre en Irak et de l’augmentation des inégalités sociales aux Etats-Unis mêmes. L’administration espère obtenir un certain soutien pour sa politique de droite sur la base de questions religieuses, y compris l’avortement, le mariage entre homosexuels et la recherche sur les cellules souches.

Les démocrates et des sections du Parti républicain appuient l’élargissement de la recherche sur les cellules souches, particulièrement parce que les Etats-Unis pourraient prendre du retard sur les autres pays qui n’ont pas de restrictions comparables. Malgré ces inquiétudes, toutefois, les démocrates ont constamment cherché à s’adapter aux mêmes conceptions religieuses que celles prônées par l’administration Bush.

En ce sens, la question de la recherche sur les cellules souches n’est pas unique. Les démocrates ont confirmé les juges de la Cour suprême Samuel Alito et John Roberts dans leur poste, tout en sachant qu’ils chercheraient à renverser les décisions établissant le droit à l’avortement — un processus qui a déjà commencé avec la décision de la Cour suprême plus tôt cette année confirmant l’embargo fédéral sur le soi-disant avortement par naissance partielle. Ils se sont aussi adaptés aux républicains lors de leur intervention écœurante dans le cas Terri Schiavo.

Une campagne sérieuse contre l’administration exigerait des démocrates qu’ils expliquent les objectifs visés par la défense du fondamentalisme religieux. Toutefois, les démocrates soutiennent essentiellement la politique même que l’administration Bush cherche à sauver en embrassant le fondamentalisme religieux, y compris la guerre en Irak et les attaques incessantes contre les droits démocratiques aux Etats-Unis. Mener une campagne contre le fondamentalisme religieux demande un appel aux véritables intérêts de la masse du peuple, un appel que les démocrates sont déterminés à éviter. Plutôt que chercher à contrer les tendances théocratiques au sein de l’administration, les démocrates cherchent plutôt à s’y adapter.

(Article original anglais paru le 21 juin 2007)

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