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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Des employés du transport en commun sortent en grève à Montréal

Par Eric Marquis et Richard Dufour
23 mai 2007

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Confrontés à des demandes patronales visant de front leurs conditions de travail, les 2.200 employés du service d’entretien de la Société de Transport de Montréal (STM), dont la convention collective est échue depuis le 6 janvier dernier, ont débrayé dans la nuit de lundi à mardi.

Les deux questions au cœur du litige sont les salaires et le régime de retraite. La STM veut imposer un gel des salaires la première année et deux pour cent d’augmentation les quatre années subséquentes. Même si le taux d’inflation devait rester à son niveau actuel d’environ deux pour cent, cela représenterait une baisse du salaire réel des employés. La STM veut aussi maintenir le régime actuel qui fait passer l’âge de la retraite de 30 à 35 ans d’ancienneté pour ceux qui prendront leur retraite après 2020, soit environ la moitié des travailleurs.

Dans une menace à peine voilée de soulever des exigences encore plus draconiennes, le président du conseil d’administration de la STM, Claude Trudel, écrivait la semaine dernière : « nous ne fermons pas l’entreprise, nous ne coupons pas de postes, … nous demandons seulement un gel de salaire en 2007 ». Cette remarque illustre combien l’intransigeance patronale à laquelle font face les employés d’entretien de la STM s’inscrit dans le cadre d’un assaut généralisé sur les conditions de travail dans tous les secteurs de l’économie.

Les employés du secteur public québécois sont en outre confrontés à une série de lois anti-syndicales. L’une d’elles concerne le Conseil des services essentiels, mis sur pied par le Parti québécois en 1982 pour enlever à toutes fins pratiques le droit de grève aux travailleurs des hôpitaux, des écoles et du transport en commun. Fidèle à son mandat, ce Conseil est immédiatement intervenu dans le conflit à la STM pour exiger que les services d’autobus et de métro soient maintenus aux heures de pointe et en fin de soirée, tant la semaine qu’en fin de semaine.

Malgré ces sévères restrictions, des personnalités politiques telles que Mario Dumont, populiste de droite dont le parti forme maintenant l’opposition officielle à Québec, ont appelé le gouvernement libéral minoritaire de Jean Charest à adopter une loi spéciale pour briser la grève.

Au même moment, comme il fallait s’y attendre, la presse patronale, la direction de la STM et l’administration de la ville de Montréal tentent de dépeindre les travailleurs des services d’entretien comme des ouvriers surpayés qui devraient accepter sans critique les salaires qu’on leur impose.

Par des commentaires démagogiques, ils invoquent la pénible épreuve que devront subir les familles à revenus plus modestes qui dépendent du transport en commun. Comme s’il était possible d’établir une comparaison entre l’impact d’une grève de travailleurs qui défendent leurs conditions de vie et les conséquences de décennies de coupures dans les services publics et sociaux.

Alors que le Conseil des services essentiels se pose en défenseur de la population face aux demandes supposément excessives des employés du secteur public, il ne souffle pas mot devant la dégradation continuelle des services publics sous le couperet des différentes instances gouvernementales, qui canalisent les ressources de la société vers des baisses d’impôts pour les riches et la grande entreprise.

Dans le cas de la Société de Transport de Montréal, les chiffres démontrent que malgré un achalandage croissant au cours des dernières années, la part des revenus du budget fournis par la ville de Montréal et la province de Québec n’a cessé de diminuer, alors que celle provenant des usagers augmentait.

Dans les prévisions du budget de la STM de 2007, on rapporte que 47,3 pour cent des revenus devraient provenir des usagers, comparativement à 42,9 pour cent pour la même donnée en 2000. Pour la même période, la part relevant de la municipalité et du gouvernement provincial devrait passer de 44,5 pour cent à 41,2 pour cent. Et alors que les usagers subissaient une augmentation considérable du prix de la passe mensuelle, 20 $ en neuf ans, de 45 $ à 65 $, les services offerts en terme de distances desservies par l’autobus et le métro demeuraient essentiellement les mêmes.

La bureaucratie privilégiée qui domine les syndicats n’a ni la volonté, ni la capacité, de mener l’offensive politique nécessaire pour démasquer la démagogique patronale en faisant appel aux couches les plus larges parmi les travailleurs et les classes moyennes. Le syndicat des travailleurs de l’entretien, affilié à la Confédération des syndicats nationaux (CSN), était plutôt occupé à faire des concessions dans le vain espoir d’éviter la confrontation avec la STM.

C’est qu’ainsi que la direction syndicale proposait à la dernière minute lundi de ne pas exercer le mandat à 97 pour cent pour la grève obtenu le 4 mars dernier, et de renoncer à ses demandes initiales, à savoir : des augmentations salariales de 2 pour cent plus l’indexation au coût de la vie sur un contrat de trois ans, et l’abolition du régime de retraite qui divise les travailleurs selon l’âge.

Dans un communiqué émis par le syndicat, on peut lire ce qui suit : « Selon les termes de la proposition syndicale, les sommes nécessaires au rétablissement de l’équité dans le régime de retraite, équivalant à plus ou moins 1 %, seraient puisées à même les sommes dévolues aux augmentations de salaire. »

Le syndicat des employés d’entretien se vante aussi de n’avoir recouru, depuis 1983, qu’une seule fois à la grève, qualifiant ce moyen de pression de « moyen ultime à utiliser de façon responsable ». Et de fait, la quasi-absence de grèves de 1983 à aujourd’hui à la STM contraste vivement avec la multitude de conflits de travail qui ont pris place lors des années précédentes.

Cette statistique reflète à quel point les luttes des travailleurs ont été étouffées durant cette période par une bureaucratie syndicale qui associe la défense de ses privilèges au maintien du système existant.


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