WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis
La déclaration
ci-dessous est distribuée dans les meetings de ratification du nouveau contrat
dans les locaux de l’UAW (United Auto Workers, le syndicat américain de
l’automobile) dans l’ensemble des Etats-Unis. Nous engageons les lecteurs du
WSWS et les travailleurs de l’automobile à le distribuer aussi largement que
possible.
Les travailleurs
de l’automobile doivent fermement rejeter la capitulation totale de l’UAW et
reprendre la lutte contre General Motors. Le contrat pilote signifie la
destruction de pratiquement tous les gains obtenus par des générations entières
de travailleurs de l’automobile. S’il est signé, il aura des conséquences
désastreuses pour les travailleurs en activité ; les travailleurs à la
retraite et ceux qui travailleront à l’avenir pour les trois grands
constructeurs automobiles des Etats-Unis.
Le président de
l’UAW, Ron Gettelfinger, a échangé les salaires, les retraites, l’assurance
maladie et les emplois des membres de l’UAW contre le droit de contrôler un
fonds de placement VEBA (Voluntary Employees’ Beneficiary Association).de
plusieurs milliards de dollars et de faire de lui-même et de ses acolytes des
millionnaires.
Le fait qu’aucun
des dirigeants de syndicaux locaux n’ait voté contre l’accord ne constitue
guère une surprise pour quiconque connait l’UAW. Cela prouve néanmoins que,
pour ce qui est des intérêts des travailleurs, l’UAW est bel et bien morte et
ne peut pas être ressuscitée.
Un rejet du
contrat ne représenterait qu’un premier pas. Les travailleurs de l’automobile
ne devraient pas laisser la lutte aux mains de l’UAW, mais élire des comités de
base afin de reprendre la grève et formuler des revendications défendant les
emplois des ouvriers, leur niveau de vie et leurs conditions de travail. Un
appel devrait être lancé aux travailleurs de Ford, Delphi et Chrysler pour
qu’ils rejoignent cette lutte et aux travailleurs de l’automobile du Canada,
d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe qui sont confrontés aux mêmes attaques de
la part des mêmes géants de l’automobile dans le monde entier.
La défense des
conditions de travail et des droits des ouvriers doit se faire sur une base
tout à fait nouvelle. Cela signifie avant tout la construction, indépendamment
des deux partis du grand patronat, d’un nouveau mouvement politique de la
classe ouvrière, qui lutte pour un programme partant des besoins de la
population travailleuse et non pas des profits et des portefeuilles d’actions
de l’élite patronale.
Les travailleurs
devraient rejeter absolument l’affirmation selon laquelle il n’y aurait pas de
ressources pour garantir des emplois sûrs, bien payés, des retraites décentes
et une couverture santé complète. Le problème, c’est le système de profit et le
monopole politique bipartite qui le défend et qui subordonnent les besoins de
la grande majorité de la population aux chevaliers brigands de l’ère moderne.
Pour sortir de cette situation, les travailleurs ont besoin d’un parti à eux
qui lutte pour un programme socialiste basé sur l’égalité et sur une démocratie
véritable.
La version
abrégée du contrat distribuée par l’UAW est une justification faite de
semi-vérités et de mensonges de sa part. Sa mention de la sécurité de l’emploi
est une tromperie. Ses assurances que les soins médicaux et les retraites sont
garantis ne contiennent pas une once de vérité
La perception par
Wall Street de ce contrat confirme qu’il s’agit d’un bradage de proportions
historiques. La valeur des actions du groupe a augmenté de sept pour cent cette
semaine. Le Wall Street Journal écrivait jeudi que le contrat signalait
la fin d’une ère où « les salaires et les indemnités des ouvriers de
l’automobile déterminaient le niveau de vie de la classe moyenne
américaine ».
Le contrat négocié
à GM constitue, pour l’ensemble du patronat américain, un précédent. Déjà
certains responsables de Ford se plaignent de ce qu’il ne va pas assez loin
dans la réduction des coûts de main-d'œuvre.
Les termes du contrat
* L’assurance
maladie
Le contrat met
fin au paiement de l’assurance maladie des ouvriers retraités par le
constructeur automobile, un acquis des années 1950 et 1960. Dans le cadre du
VEBA, l’assurance maladie sera soumise aux fluctuations de la bourse et à la
pression exercée par les grands investisseurs pour procéder à des coupes plus
sévères encore.
L’UAW sera
transformée en entité patronale et contrôlera un des fonds d’investissement les
plus importants des Etats-Unis. Des dizaines de millions de dollars iront à des
firmes-conseils, des firmes d’investissement, des avocats et des fonctionnaires
syndicaux de haut rang.
Le syndicat a
approuvé une augmentation de la « participation aux frais » et
d’autres restrictions comme la limitation de l’accès aux soins des
proches ; il a aussi accepté de faire des efforts pour réduire les
dépenses de GM en matière d’assurance-invalidité.
Une partie des
avoirs contrôlés par l’UAW sera liée au prix des actions de GM, un
encouragement direct à la bureaucratie syndicale de réduire les salaires et les
prestations des membres de l’UAW dans le but de faire monter la valeur des
avoirs du fonds VEBA.
* Un système
de salaires à deux vitesses
Les travailleurs
de l’automobile seront forcés de payer des cotisations à un syndicat leur
imposant un retour aux bas salaires et aux conditions de travail accablantes
des années 1930. L’accord se targue de ce que les réductions de salaire seront
basées sur le modèle Delphi ; le salaire horaire sera réduit à 14 dollars
et la répudiation du principe à travail égal salaire égal entraînera une baisse
de la solidarité.
Jusqu’à
24 000 ouvriers employés depuis longtemps par le groupe seront poussés
vers la sortie et remplacés par des ouvriers nouvellement recrutés qui
n’atteindront que la moitié du taux salarial habituel. Les emplois non
qualifiés dans la production et les emplois commerciaux qualifiés seront
redéfinis comme « non-essentiels », ce qui signifie que ces emplois
pourront être payés moins et avoir des prestations sociales réduites.
* Gel des
salaires
Le salaire de
base des ouvriers employés actuellement sera gelé. En conséquence, le salaire
net sera mangé par l’inflation. Le Cost of Living Adjustment (COLA- Ajustement
au coût de la vie), acquis par l’UAW en 1949 est abandonné. Les 10 premiers
cents de ces augmentations trimestrielles indexées sur le coût de la vie seront
détournés pour consolider le fonds VEBA et contribuer aux dépenses santé de la
société pour les travailleurs employés actuellement.
* Retraites
Les retraites des
ouvriers actuellement sous contrat et celles des retraités seront minées par le
détournement des caisses de retraite vers le fonds VEBA. Les ouvriers
nouvellement embauchés n’auront pas de retraite, en lieu et place de quoi ils
recevront un plan d’épargne retraite 401 (K). C’est là le premier pas vers
l’élimination des retraites pour tous les ouvriers de l’automobile.
* Emplois
Les soi-disant
garanties d’emploi sont frauduleuses. GM a explicitement exempté trois usines
de tout engagement à ouvrir de nouvelles chaînes de production. Cela signifie
que ces usines seront vendues ou fermées. Quant au reste, les engagements de GM
dépendent de nouveaux accords locaux qui imposeront des augmentations brutales
de cadences, des heures supplémentaires obligatoires et autres mesures de
« flexibilité ».
En tant que
propriétaire du fonds VEBA, l’UAW aura moins de raisons de s’opposer aux
licenciements qu’auparavant, étant donné qu’elle dépendra moins pour son revenu
du nombre de membres payant des cotisations.
Il faut rejeter
cette trahison. Il faut avant tout en tirer les leçons politiques. La
transformation de l’UAW en une entreprise à faire du profit est le point
culminant d’un long processus au cours duquel le syndicat est devenu de plus en
plus hostile aux intérêts de la base et s’est de plus en plus mué en instrument
d’une bureaucratie privilégiée qui n’est plus responsable devant ses membres.
Cette trahison
provient de la faillite de toute la perspective et de toute la politique non
seulement de l’UAW, mais encore du mouvement ouvrier officiel dans son
ensemble.
Les dirigeants
syndicaux issus des luttes de classes des années 1930 se sont opposés à la
construction d’un parti ouvrier par la classe ouvrière et ils ont aligné les
syndicats sur le Parti démocrate. Cela signifia que les intérêts des
travailleurs furent subordonnés au système de profit et qu’on abandonna toute
lutte pour des programmes sociaux universels gérés par l’Etat tels que
l’assurance maladie. L’UAW a chassé du syndicat les éléments socialistes ou de
gauche et a accepté la dictature économique exercée par le Capital américain
sur la classe ouvrière.
L’UAW a réagi à
la crise de l’industrie automobile aux Etats-Unis en renonçant à toute forme de
lutte de classe et en embrassant la politique corporatiste de partenariat entre
ouvriers et direction. Sur cette base, elle a collaboré à la destruction de
600 000 emplois tenus par des membres de l’UAW chez les Trois Grands (GM,
Ford et Chrysler) depuis 1978.
L’unification de
la production au niveau mondial a été le dernier coup porté aux syndicats, non
seulement aux Etats Unis, mais aussi internationalement. Du fait de leurs
programmes nationalistes, les syndicats ont été transformés, d’organisations
faisant pression sur les entreprises pour des concessions en faveur des
ouvriers qu’elles étaient, en organisations qui font pression sur les ouvriers
pour des concessions en faveur des entreprises.
L’affirmation de
la bureaucratie de l’UAW selon laquelle le Parti démocrate réalisera une
réforme sérieuse de l’assurance maladie est une farce. Les démocrates sont,
comme les républicains, financés par le grand patronat, y compris par les
monopoles de l’assurance maladie.
Le Congrès
contrôlé par les démocrates donne à Bush des centaines de milliards de dollars
pour sa guerre du pétrole en Irak et qui aura bientôt dévoré un milliard de
dollars, sans parler de la vie de milliers de soldats américains et de
centaines de milliers d’Irakiens. C’est la classe ouvrière qui paie tout le
prix du gâchis terrible de sang et d’argent que représente cette guerre.
Un mouvement
politique indépendant des deux partis contrôlés par le grand patronat doit être
construit par la classe ouvrière partant d’un principe social fondamentalement
différent : la vie économique doit être organisée non pas pour être au
service des profits patronaux et de la richesse privée, mais des besoins de la
population laborieuse et de la société en général.
Les vastes
industries dont dépend la société moderne ne peuvent plus rester le domaine
privé des PDG et des spéculateurs en bourse. L’industrie automobile doit être
transformée en entreprise publique contrôlée démocratiquement par ceux qui y
travaillent.
C’est cette
politique que défendent le Parti de l’égalité socialiste et le World
Socialist Web Site. Nous pressons les travailleurs de l’automobile à contacter le WSWS
pour discuter de ce programme et de la construction d’une nouvelle direction de
la classe ouvrière.
(Déclaration
parue en anglais le 1er octobre)
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