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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Votez ‘non’ au bradage organisé par l’UAW chez General Motors !

Élisez des comités de base pour lutter contre le contrat !

Une déclaration du Parti de l’égalité socialiste et du World Socialist Web Site
15 octobre 2007

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La déclaration ci-dessous est distribuée dans les meetings de ratification du nouveau contrat dans les locaux de l’UAW (United Auto Workers, le syndicat américain de l’automobile) dans l’ensemble des Etats-Unis. Nous engageons les lecteurs du WSWS et les travailleurs de l’automobile à le distribuer aussi largement que possible.

Les travailleurs de l’automobile doivent fermement rejeter la capitulation totale de l’UAW et reprendre la lutte contre General Motors. Le contrat pilote signifie la destruction de pratiquement tous les gains obtenus par des générations entières de travailleurs de l’automobile. S’il est signé, il aura des conséquences désastreuses pour les travailleurs en activité ; les travailleurs à la retraite et ceux qui travailleront à l’avenir pour les trois grands constructeurs automobiles des Etats-Unis.

Le président de l’UAW, Ron Gettelfinger, a échangé les salaires, les retraites, l’assurance maladie et les emplois des membres de l’UAW contre le droit de contrôler un fonds de placement VEBA (Voluntary Employees’ Beneficiary Association).de plusieurs milliards de dollars et de faire de lui-même et de ses acolytes des millionnaires.

Le fait qu’aucun des dirigeants de syndicaux locaux n’ait voté contre l’accord ne constitue guère une surprise pour quiconque connait l’UAW. Cela prouve néanmoins que, pour ce qui est des intérêts des travailleurs, l’UAW est bel et bien morte et ne peut pas être ressuscitée.

Un rejet du contrat ne représenterait qu’un premier pas. Les travailleurs de l’automobile ne devraient pas laisser la lutte aux mains de l’UAW, mais élire des comités de base afin de reprendre la grève et formuler des revendications défendant les emplois des ouvriers, leur niveau de vie et leurs conditions de travail. Un appel devrait être lancé aux travailleurs de Ford, Delphi et Chrysler pour qu’ils rejoignent cette lutte et aux travailleurs de l’automobile du Canada, d’Amérique latine, d’Asie et d’Europe qui sont confrontés aux mêmes attaques de la part des mêmes géants de l’automobile dans le monde entier.

La défense des conditions de travail et des droits des ouvriers doit se faire sur une base tout à fait nouvelle. Cela signifie avant tout la construction, indépendamment des deux partis du grand patronat, d’un nouveau mouvement politique de la classe ouvrière, qui lutte pour un programme partant des besoins de la population travailleuse et non pas des profits et des portefeuilles d’actions de l’élite patronale.

Les travailleurs devraient rejeter absolument l’affirmation selon laquelle il n’y aurait pas de ressources pour garantir des emplois sûrs, bien payés, des retraites décentes et une couverture santé complète. Le problème, c’est le système de profit et le monopole politique bipartite qui le défend et qui subordonnent les besoins de la grande majorité de la population aux chevaliers brigands de l’ère moderne. Pour sortir de cette situation, les travailleurs ont besoin d’un parti à eux qui lutte pour un programme socialiste basé sur l’égalité et sur une démocratie véritable.

La version abrégée du contrat distribuée par l’UAW est une justification faite de semi-vérités et de mensonges de sa part. Sa mention de la sécurité de l’emploi est une tromperie. Ses assurances que les soins médicaux et les retraites sont garantis ne contiennent pas une once de vérité

La perception par Wall Street de ce contrat confirme qu’il s’agit d’un bradage de proportions historiques. La valeur des actions du groupe a augmenté de sept pour cent cette semaine. Le Wall Street Journal écrivait jeudi que le contrat signalait la fin d’une ère où « les salaires et les indemnités des ouvriers de l’automobile déterminaient le niveau de vie de la classe moyenne américaine ».

Le contrat négocié à GM constitue, pour l’ensemble du patronat américain, un précédent. Déjà certains responsables de Ford se plaignent de ce qu’il ne va pas assez loin dans la réduction des coûts de main-d'œuvre.

Les termes du contrat

* L’assurance maladie

Le contrat met fin au paiement de l’assurance maladie des ouvriers retraités par le constructeur automobile, un acquis des années 1950 et 1960. Dans le cadre du VEBA, l’assurance maladie sera soumise aux fluctuations de la bourse et à la pression exercée par les grands investisseurs pour procéder à des coupes plus sévères encore.

L’UAW sera transformée en entité patronale et contrôlera un des fonds d’investissement les plus importants des Etats-Unis. Des dizaines de millions de dollars iront à des firmes-conseils, des firmes d’investissement, des avocats et des fonctionnaires syndicaux de haut rang.

Le syndicat a approuvé une augmentation de la « participation aux frais » et d’autres restrictions comme la limitation de l’accès aux soins des proches ; il a aussi accepté de faire des efforts pour réduire les dépenses de GM en matière d’assurance-invalidité.

Une partie des avoirs contrôlés par l’UAW sera liée au prix des actions de GM, un encouragement direct à la bureaucratie syndicale de réduire les salaires et les prestations des membres de l’UAW dans le but de faire monter la valeur des avoirs du fonds VEBA.

* Un système de salaires à deux vitesses

Les travailleurs de l’automobile seront forcés de payer des cotisations à un syndicat leur imposant un retour aux bas salaires et aux conditions de travail accablantes des années 1930. L’accord se targue de ce que les réductions de salaire seront basées sur le modèle Delphi ; le salaire horaire sera réduit à 14 dollars et la répudiation du principe à travail égal salaire égal entraînera une baisse de la solidarité.

Jusqu’à 24 000 ouvriers employés depuis longtemps par le groupe seront poussés vers la sortie et remplacés par des ouvriers nouvellement recrutés qui n’atteindront que la moitié du taux salarial habituel. Les emplois non qualifiés dans la production et les emplois commerciaux qualifiés seront redéfinis comme « non-essentiels », ce qui signifie que ces emplois pourront être payés moins et avoir des prestations sociales réduites.

* Gel des salaires

Le salaire de base des ouvriers employés actuellement sera gelé. En conséquence, le salaire net sera mangé par l’inflation. Le Cost of Living Adjustment (COLA- Ajustement au coût de la vie), acquis par l’UAW en 1949 est abandonné. Les 10 premiers cents de ces augmentations trimestrielles indexées sur le coût de la vie seront détournés pour consolider le fonds VEBA et contribuer aux dépenses santé de la société pour les travailleurs employés actuellement.

* Retraites

Les retraites des ouvriers actuellement sous contrat et celles des retraités seront minées par le détournement des caisses de retraite vers le fonds VEBA. Les ouvriers nouvellement embauchés n’auront pas de retraite, en lieu et place de quoi ils recevront un plan d’épargne retraite 401 (K). C’est là le premier pas vers l’élimination des retraites pour tous les ouvriers de l’automobile. 

* Emplois

Les soi-disant garanties d’emploi sont frauduleuses. GM a explicitement exempté trois usines de tout engagement à ouvrir de nouvelles chaînes de production. Cela signifie que ces usines seront vendues ou fermées. Quant au reste, les engagements de GM dépendent de nouveaux accords locaux qui imposeront des augmentations brutales de cadences, des heures supplémentaires obligatoires et autres mesures de « flexibilité ».

En tant que propriétaire du fonds VEBA, l’UAW aura moins de raisons de s’opposer aux licenciements qu’auparavant, étant donné qu’elle dépendra moins pour son revenu du nombre de membres payant des cotisations.

Il faut rejeter cette trahison. Il faut avant tout en tirer les leçons politiques. La transformation de l’UAW en une entreprise à faire du profit est le point culminant d’un long processus au cours duquel le syndicat est devenu de plus en plus hostile aux intérêts de la base et s’est de plus en plus mué en instrument d’une bureaucratie privilégiée qui n’est plus responsable devant ses membres.

Cette trahison provient de la faillite de toute la perspective et de toute la politique non seulement de l’UAW, mais encore du mouvement ouvrier officiel dans son ensemble.

Les dirigeants syndicaux issus des luttes de classes des années 1930 se sont opposés à la construction d’un parti ouvrier par la classe ouvrière et ils ont aligné les syndicats sur le Parti démocrate. Cela signifia que les intérêts des travailleurs furent subordonnés au système de profit et qu’on abandonna toute lutte pour des programmes sociaux universels gérés par l’Etat tels que l’assurance maladie. L’UAW a chassé du syndicat les éléments socialistes ou de gauche et a accepté la dictature économique exercée par le Capital américain sur la classe ouvrière. 

L’UAW a réagi à la crise de l’industrie automobile aux Etats-Unis en renonçant à toute forme de lutte de classe et en embrassant la politique corporatiste de partenariat entre ouvriers et direction. Sur cette base, elle a collaboré à la destruction de 600 000 emplois tenus par des membres de l’UAW chez les Trois Grands (GM, Ford et Chrysler) depuis 1978.

L’unification de la production au niveau mondial a été le dernier coup porté aux syndicats, non seulement aux Etats Unis, mais aussi internationalement. Du fait de leurs programmes nationalistes, les syndicats ont été transformés, d’organisations faisant pression sur les entreprises pour des concessions en faveur des ouvriers qu’elles étaient, en organisations qui font pression sur les ouvriers pour des concessions en faveur des entreprises.

L’affirmation de la bureaucratie de l’UAW selon laquelle le Parti démocrate réalisera une réforme sérieuse de l’assurance maladie est une farce. Les démocrates sont, comme les républicains, financés par le grand patronat, y compris par les monopoles de l’assurance maladie.

Le Congrès contrôlé par les démocrates donne à Bush des centaines de milliards de dollars pour sa guerre du pétrole en Irak et qui aura bientôt dévoré un milliard de dollars, sans parler de la vie de milliers de soldats américains et de centaines de milliers d’Irakiens. C’est la classe ouvrière qui paie tout le prix du gâchis terrible de sang et d’argent que représente cette guerre.

Un mouvement politique indépendant des deux partis contrôlés par le grand patronat doit être construit par la classe ouvrière partant d’un principe social fondamentalement différent : la vie économique doit être organisée non pas pour être au service des profits patronaux et de la richesse privée, mais des besoins de la population laborieuse et de la société en général.

Les vastes industries dont dépend la société moderne ne peuvent plus rester le domaine privé des PDG et des spéculateurs en bourse. L’industrie automobile doit être transformée en entreprise publique contrôlée démocratiquement par ceux qui y travaillent.

C’est cette politique que défendent le Parti de l’égalité socialiste et le World Socialist Web Site. Nous pressons les travailleurs de l’automobile à contacter le WSWS pour discuter de ce programme et de la construction d’une nouvelle direction de la classe ouvrière.

(Déclaration parue en anglais le 1er octobre)

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