wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Septième semaine de grève chez le fabricant de pièces automobiles américain

Le président des UAW demande de « véritables sacrifices » aux ouvriers d’American Axle

Par Jerry White
9 avril 2008

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

La grève menée par plus 3600 ouvriers d’American Axle est révélatrice du gouffre infranchissable qui sépare les ouvriers de l’industrie automobile de la direction du syndicat des United Auto Workers [UAW, Travailleurs unis de l’automobile].

Dans une lettre d’opinion qui a été publiée le 4 avril dans le Detroit News, Ron Gettelfinger, le président international des UAW n’a laissé aucun doute sur la position de la direction syndicale envers la grève qui entre maintenant dans sa septième semaine. Après avoir rappelé les nombreuses concessions que les UAW ont accordées à plusieurs reprises à American Axle, Gettelfinger écrit : « Cette année, nous avons encore une fois mis de l’avant des demandes responsables qui répondaient aux inquiétudes légitimes d’American Axle. Ces demandes, si elles étaient acceptées, signifieraient de véritables sacrifices pour nos membres et de véritables économies pour la compagnie. »

Le président des UAW reconnaît qu’il y a une entente fondamentale entre le syndicat et American Axle sur les demandes de la compagnie pour une diminution draconienne des coûts de main-d’œuvre.

Tout en condamnant les « mauvaises pratiques de négociations » de la compagnie qui font qu’il est plus difficile d’arriver à un accord, y compris l’annonce d’immenses bonus pour ses principaux dirigeants après le début de la grève, Gettelfinger affirme que « nos membres comprennent que la réalité de la concurrence dans l’industrie automobile a changé ».

« Voilà pourquoi, continue-t-il, nous avons déjà été très conciliants avec American Axle en 2004 et en 2006. » Gettelfinger souligne que l’accord de 2004 avait réduit les coûts de main-d’œuvre de la compagnie « d’au moins 200 millions de dollars par année ».

Loin d’accepter volontairement ces reculs, les ouvriers d’American Axle s’étaient résolument opposés aux précédentes concessions. Le syndicat et la direction de l’entreprise ont forcé leur acceptation au moyen de menaces de fermetures d’usines et de mises à pied massives, qui ont eu lieu malgré les concessions.

Les UAW ont collaboré avec la direction de l’entreprise pour « forcer » les ouvriers à accepter l’entente, selon une plainte maintenant devant le Conseil des relations du travail déposée contre le local 424 des UAW. Cette plainte a été déposée par les ouvriers de l’usine aujourd’hui fermée de Buffalo dans l’État de New York.

Les concessions que les UAW ont imposées aux ouvriers de l’industrie automobile ont permis au PDG d’American Axle, Richard Dauch, d’empocher plus de 250 millions de dollars depuis qu’il a organisé un groupe d’investisseurs privés pour acheter des usines de General Motors en 1994.

Si American Axle a de la difficulté à rivaliser avec d’importants concurrents comme Dana Corporation, c’est parce que l’UAW a mené une surenchère de concessions afin de gonfler les profits des trois grands constructeurs de Détroit : General Motors, Ford et Chrysler.

L’éditorial de Gettelfinger a été publié alors qu’UAW International était en pleine campagne pour étouffer la grève. La semaine dernière, l’UAW a annoncé que la compagnie avait commencé à fournir des informations au syndicat concernant ses coûts de main-d’oeuvre. Cela avait été suivi durant le week-end d’une rencontre entre UAW International et des représentants syndicaux locaux et d’une rencontre lundi entre Gettelfinger et Dauch.

Dans le but de faire pression sur GM pour qu’il s’entende avec American Axle et de conserver une certaine crédibilité devant des membres de plus en plus méfiants et hostiles, l’UAW a donné un avertissement de grève de dix jours à cinq usines GM au Michigan, en Ohio et au Texas, et a annoncé la tenu d’un rassemblement le 18 avril à Détroit. Cependant, le président de l’UAW a déclaré : « Il n’y a rien que nous aimerions plus que d’annuler ce rassemblement si la grève était réglée par la ratification d’un contrat. »

Il est clair dans la lettre que le syndicat offre d’importantes concessions sur les salaires et les bénéfices. Des documents dévoilés par Detroit Free Press ont aussi démontré que le syndicat avait fait d’importantes concessions juste avant la grève.

Bien conscient de l’opposition militante des travailleurs ordinaires, l’UAW se demande, non pas comment maintenir les salaires et les bénéfices, mais comment le mieux frustrer et miner la résistance des travailleurs au moment d’une entente de concessions.

Au même moment, Gettelfinger et compagnie sont déterminés à défendre les intérêts de la bureaucratie syndicale dans toute entente avec American Axle. L’UAW est prête à concéder encore plus d’élimination d’emplois, mais elle recherche immanquablement des garanties de la part d’American Axle qu’un nombre minimum d’emplois seront maintenus aux usines syndiquées par l’UAW, ce qui lui assurerait de continuer à recevoir des cotisations syndicales prélevées directement à la source.

L’UAW recherche aussi des garanties financières pour maintenir l’appareil syndical. En échange du sacrifice des gains durement réalisés par des générations de travailleurs de l’automobile lors des négociations avec les Big Three l’année dernière, l’UAW s’est vu offrir le contrôle d’un fond de santé pour les retraités (Association volontaire de bénéfices des employés ou VEBA) qui vaut plus de 50 milliards et qui est payé dans sa majeure partie par les actions de Ford et GM. Un VEBA fut aussi mis sur pied chez Dana Corporation et un accord similaire est possiblement en négociation chez American Axle.

Les travailleurs reconnaissent de plus en plus qu’ils ne peuvent défendre leurs intérêts au moyen de l’UAW et qu’une nouvelle façon de lutter doit être mise de l’avant. Comme un gréviste d’American Axle l’a dit à Detroit au World Socialist Web Site : « L’UAW servait à lutter contre la grande entreprise. Maintenant, ils sont une grande entreprise. »

Selon un récent classement avec le département du Travail, l’UAW a vu, l’année dernière, une augmentation de son revenu d’intérêt provenant de ses investissements, même si son nombre de membres a baissé à son niveau le plus bas depuis 1941.

De nouvelles organisations de la classe ouvrière industrielle doivent être construites en opposition aux syndicats corporatistes. Les travailleurs d’American Axle devraient initier cette lutte en élisant des comités composés de travailleurs de la base, dirigés par les militants les plus dévoués, afin de retirer des mains des TUA la conduite de la lutte et des négociations. Ces comités devraient en appeler directement à tous les travailleurs de l’automobile afin d’étendre la grève pour résilier les contrats ayant introduits les compressions salariales acceptées par les TUA pour l’ensemble de l’industrie automobile.

Une nouvelle stratégie politique est requise pour unifier la classe ouvrière contre les impacts de la crise financière et contre les reprises de maison, les mises à pied et contre l’assaut sur le niveau de vie.

Ceci requiert une rupture avec les démocrates et les républicains – qui sont tout deux redevables à la grande entreprise – et la construction d’un nouveau mouvement politique de la classe ouvrière en lutte contre le système capitaliste pour une alternative socialiste. Ceci inclut la nationalisation des grandes compagnies automobiles et son contrôle démocratique par la classe ouvrière.

C’est la perspective pour laquelle lutte le Parti de l’égalité socialiste.

(Article original paru le 8 avril 2008)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés