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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La candidature d’Obama et le nouveau consensus sur l’Afghanistan

Par James Cogan
25 juillet 2008

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Les déclarations faites par Obama durant sa visite en Afghanistan au cours du week-end dernier viennent confirmer que sa campagne pour la présidence se fait le porte-parole d’une importante section de l’élite dirigeante américaine qui appelle à un changement dans la politique étrangère américaine au Moyen-Orient et en Asie centrale. Loin de suggérer un recul du militarisme, Obama argumente en faveur d’une réduction plus rapide du nombre de soldats en Irak et d’une diminution des tensions avec l’Iran, afin de favoriser une intensification importante des opérations militaires américaines en Afghanistan, pour les étendre potentiellement au Pakistan.

Mardi, dans une longue interview avec Lara Logan de CBS, Obama a affirmé que la situation en Afghanistan était « précaire et urgente ». Les réseaux de terroristes mondiaux, a-t-il soutenu, ont trouvé « refuge » dans la région et se financent par le trafic de la drogue. « Je crois que nous avons été clairement distraits [par l’invasion de l’Irak] dans nos efforts pour traquer al-Qaïda et les talibans », a-t-il déclaré.

Obama a confié à Logan : « Il commence à y avoir un large consensus sur le fait qu’il est maintenant temps pour nous de retirer certaines de nos troupes de combat de l’Irak et de les déployer ici en Afghanistan. Et je crois que nous devons saisir cette occasion. C’est maintenant qu’il faut le faire... Si nous attendons à la prochaine administration, cela pourrait prendre un an avec que les soldats supplémentaires arrivent ici en Afghanistan. Et je crois que cela serait une erreur. Je crois que la situation est si urgente que nous devons faire quelque chose immédiatement. »

Obama a réitéré ses appels à une augmentation des forces en Afghanistan et à une plus grande intervention dans le Pakistan contre les militants anti-américains. « J’ai dit que si nous avions des renseignements suffisants contre des cibles d’importance d’al-Qaïda, et que le gouvernement pakistanais refusait de les traquer, nous devrions le faire », a-t-il déclaré. Bien qu’affirmant qu’il augmenterait l’aide au Pakistan et qu’il « l’inciterait fortement » à attaquer les camps d’insurgés avec sa propre armée, ses remarques démontrent clairement qu’il est prêt à déclencher unilatéralement des attaques de l’autre côté de la frontière.

En ce qui concerne l’Irak, le sénateur de l’Illinois a encore une fois souligné la déclaration du premier ministre Nouri al-Maliki selon laquelle le gouvernement irakien souhaitait l’inclusion d’un échéancier pour le retrait des forces américaines dans l’entente en cours de négociation pour établir son contrôle sur la présence des troupes américaines après décembre. Obama a déclaré : « C’est le moment idéal pour nous de dire : "Nous allons déplacer nos ressources. Nous allons déployer quelques brigades de plus ici en Afghanistan. Nous allons accepter d’augmenter notre aide envers le Pakistan.” »

Les commentaires d’Obama soulignent la complète supercherie des tentatives visant à le présenter comme un candidat « antiguerre ». Il parle au nom d’une couche de l’establishment politique et militaire américain qui considère que la guerre en Irak constitue une bourde stratégique coûteuse. Elle a nécessité le déploiement d’une large proportion des forces armées, a exigé de vastes ressources, et a aussi provoqué d’immenses divisions sociales aux Etats-Unis et une hostilité de masse envers le militarisme américain à travers le monde.

En février, le WSWS commentait l’appui d’importantes figures de la bourgeoisie, telles que le milliardaire Warren Buffet et l’ancien directeur de la Réserve fédérale Paul Volcker, pour Obama dans un article intitulé « Les deux visages de Barack Obama ». Nous avions écrit : « Sans doute croient-ils qu’Obama, qui serait le premier président africain-américain des Etats-Unis, est le mieux équipé pour faire face aux dangers posés par une crise économique perpétuelle et des tensions économiques grandissantes. Qui d’autre que lui est le mieux placé pour demander des sacrifices encore plus grands à la classe ouvrière, au nom de l’unité et du changement ? Au même moment, il présenterait un nouveau visage au monde, espérant que cela aiderait l’impérialisme américain à se sortir des débâcles de la politique étrangère et de l’isolation mondiale croissante qui sont l’héritage de l’administration Bush. »

C’est précisément le contenu des recommandations d’Obama pour les guerres en Irak et en Afghanistan. Pendant qu’une grande proportion de la machine de guerre américaine s’est embourbée dans l’occupation de l’Irak, les ambitions économiques et stratégiques en Afghanistan et en Asie centrale ont encaissé de sérieux revers. Des insurgés parmi les membres de la tribu pachtoune du sud de l’Afghanistan et des provinces frontalières du Pakistan conduisent présentement une guérilla de grande envergure non seulement contre les troupes américaines et de l’OTAN ainsi que contre le gouvernement pro-occupation du président Hamid Karzaï, mais aussi contre le gouvernement pakistanais, qui est depuis longtemps un allié crucial des Etats-Unis dans la région. Le Pakistan a réellement perdu le contrôle de ses zones frontalières.

Indiquant les inquiétudes des cercles dirigeants américains, la présente édition du magazine Time a une page couverture intitulée : « L’Afghanistan : la guerre juste ». Il met en évidence l’appel pour plus de troupes par Obama et son rival républicain, John McCain.

La situation militaire en Afghanistan s’est fortement détériorée cet été. Le nombre d’attaques lancées contre les forces d’occupation a augmenté de plus de 40 pour cent et les morts et les blessés ont augmenté fortement. Une mesure des combats qui s’intensifient et du désespoir parmi les commandants militaires américains et de l’OTAN est le nombre de bombes larguées par les avions américains. En juin, 646 bombes furent larguées, le deuxième plus haut total pour tous les mois de cette guerre qui dure depuis près de sept ans. Dans la première moitié de 2008, 1853 bombes et missiles ont été utilisés, 40 pour cent plus que pour la même période l’an passé. Les analystes parlent ouvertement que la guerre en Afghanistan pourrait durer encore 10 ou 20 ans.

Le chef d’état-major interarmées, l’amiral Michael Mullen, a déclaré que jusqu’à trois brigades de combat de plus sont nécessaires en Afghanistan, mais il a admis qu’il ne peut pas en envoyer, vu le nombre de troupes au Moyen-Orient.

Les alliés des Etats-Unis continuent de se dérober face aux appels que ceux-ci leur lancent pour qu’ils déploient une plus grande force militaire en Afghanistan. Un facteur majeur est que les gouvernements européens craignent l’hostilité répandue qui existent envers l’administration Bush en raison de son invasion illégale et meurtrière de l’Irak. Avec Obama qui commence cette semaine ses visites de la France, de l’Allemagne et de la Grande-Bretagne, il n’y a pas de doute qu’il tentera d’exploiter les illusions et les faux espoirs dans sa campagne pour tenter de renverser cette hostilité avec de la démagogie populiste sur la légitimité de la guerre en Afghanistan.

Dans des conditions où la situation militaire en Afghanistan se détériore, les appels par des éléments dans et autour de l’administration Bush pour des frappes américaines ou israéliennes contre les établissements nucléaires en Iran sont vus par le camp Obama et plus largement comme le meilleur moyen pour tomber dans la catastrophe.

Des inquiétudes claires ont été exprimées dans l’armée qu’une guerre contre l’Iran affaiblirait les efforts pour stabiliser l’occupation américaine de l’Irak et tout redéploiement des forces vers l’Afghanistan. Malgré les accusations américaines que l’Iran soutien les insurgés, Téhéran a régulièrement intervenu pour consolider le gouvernement soutenu par les Etats-Unis à Bagdad contre des éléments plus radicaux de la majorité chiite de la population. La pression iranienne fut un facteur critique cette année dans la capacité du gouvernement Maliki et des forces américaines pour détruire grandement l’Armée du Mahdi, la milice anti-occupation du chef religieux Moqtada al-Sadr.

De plus, des hauts officiers américains ont remis en question leur capacité à entreprendre une offensive de grande ampleur contre l’Iran. L’amiral Mullen a dit sur Fox News : « Je m’inquiète beaucoup à ce sujet… J’ai déjà dit lorsque l’on m’a demandé son avis que j’avais déjà deux guerres à faire et que je n’avais pas besoin d’une troisième… Ce ne pas que nous n’avons pas les réserves aux Etats-Unis pour le faire. Nous les avons. Je m’inquiète de l’instabilité dans cette région du monde… les conséquences possibles qu’auront une frappe comme celle-là, qui auront en fait un impact sur toute la région, sont difficiles à prévoir exactement et ensuite les actions qu’il faudra que nous entreprenions pour les endiguer. »

Une conséquence évidente de récentes discussions au sujet de préparatifs d’une agression sur l’Iran par les Etats-Unis ou Israël a été de contribuer à l’augmentation des prix du pétrole et aux pressions inflationnistes. Devant déjà faire face à la plus sérieuse crise depuis les années 1930, l’élite américaine du monde des affaires ne souhaite pas voir le prix du pétrole atteindre les 200 dollars le baril en conséquence de la guerre en Iran.

L’administration Bush s’est clairement réalignée sur la ligne avancée par Obama et ceux qui l’appuient. Les tensions avec l’Iran se sont atténuées quelque peu et l’accent est mis sur la diplomatie pour satisfaire les demandes américaines que Téhéran ferme ses installations d’enrichissement de combustible nucléaire. Le diplomate américain senior, William Burns, a participé à une rencontre d’un week-end entre les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, l’Allemagne et l’Iran sur la question nucléaire, ce qui constitue la première fois que les Etats-Unis participent à une telle rencontre.

Sur la question de l’Irak, la Maison-Blanche a annoncé vendredi passé qu’elle se préparait à accepter l’appel de Maliki pour une « limite générale du temps » qu’il faudra avant de connaître « la réduction du nombre des soldats combattants américains en Irak ». Le commandant américain en Irak, le général David Petraeus, soupèse apparemment la possibilité de rapatrier trois brigades en septembre pour que des troupes soient disponibles pour venir en « renfort » en Afghanistan d’ici la fin de l’année. Il est implicite dans l’entente telle que présentée que des dizaines de milliers de soldats demeureront en Irak indéfiniment, occupant les principales bases que l’armée américaine a construites en Irak depuis cinq ans.

Ceci vient à la suite d’annonces par le gouvernement irakien que des contrats pour le pétrole seront octroyés à de grandes entreprises américaine et d’autres conglomérats dans le secteur de l’énergie. Une réduction du nombre des troupes en Irak, en d’autres mots, vient après qu’un des principaux objectifs de l’invasion, la prise de contrôle des vastes ressources énergétiques du pays, est sur le point d’être réalisé.

La candidature d’Obama, qu’il gagne ou non en fin de compte, est ainsi utilisée pour effectuer un changement de la politique étrangère. Durant les primaires et les caucus, des millions de personnes ont été mobilisées sous le prétexte qu’Obama était le dirigeant d’un mouvement de la base contre le statu quo. Aussitôt qu’Obama a été nommé candidat présidentiel, il a commencé à virer vers la droite, adoptant les politiques de la droite républicaine. Il est maintenant évident que peu importe celui qui gagnera la présidence, les guerres continueront.

Encore une fois, les élections américaines sont organisées de façon à priver le peuple américain de toute influence ou de la capacité à mettre fin à la politique militariste du gouvernement. Les décisions d’intensifier la guerre néo-coloniale en Afghanistan ont déjà été prises. Elles sont justifiées avec encore plus de propagande sur la « menace terroriste ». Les conséquences seront la perte de milliers d’autres vies et le pillage de milliards de dollars en ressource.

(Article original anglais paru le 21 juillet 2008)


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