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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Obama fait la promotion d’une extension de la guerre en Afghanistan : encore une course à la présidence entre deux candidats bellicistes

Par Jerry White
28 juillet 2008

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La campagne présidentielle de Barak Obama, c’est clair, est devenue le moyen d’introduire un changement de priorité dans la politique d’agression militaire américaine. Cette priorité n’étant plus l’Irak mais l’Afghanistan et l’Asie centrale.  

Obama qui a remporté la primaire démocrate en puisant dans le sentiment populaire anti guerre et en exploitant le vote de sa rivale en faveur de la guerre en Irak, est devenu le principal porte-parole d’une escalade de la guerre en Afghanistan et d’une possible extension de celle-ci au Pakistan ; une politique qui jouit d’un soutien grandissant au sein de l’establishment politique et militaire.

On assistera une fois de plus à une élection présidentielle américaine où le sentiment largement partagé de la population contre la guerre sera ignoré et où sera laissée pour compte une majorité du peuple américain qui se trouve en opposition aux guerres d’agression. Les électeurs auront à choisir entre deux candidats, Barak Obama et son adversaire républicain John McCain, dont les divergences visibles en politique étrangère reflètent des différends de nature tactique sur la politique impérialiste américaine et ayant surtout trait à la question  de savoir sur quoi la violence militaire américaine doit se concentrer.  

Les allures d’opposant à la guerre que s’est donné Obama durant la campagne des primaires démocrates était un moyen cynique destiné à duper ceux qui veulent voir se terminer la guerre en Irak. C’était un effort calculé pour fixer une opposition de principe à la guerre et la subordonner à des sections de l’establishment politique et militaire dont le désaccord avec la politique militaire de Bush n’a rien à voir avec une opposition au militarisme américain ou aux visées néocoloniales de l’impérialisme américain.    

Obama a été choisi et promu par des figures telles que Zbigniew Brzezinski, le conseiller à la Sécurité nationale de Jimmy Carter qui considère l’invasion de l’Irak comme une bourde stratégique ayant miné l’influence des Etats-Unis et affaibli leur position stratégique internationale. La fixation faite par l’administration Bush sur l’Irak, disent ces figures, a détourné des ressources militaires et financières de tâches plus importantes, parmi lesquelles la consolidation de la puissance américaine dans une Asie centrale riche en pétrole.

Leur candidat Obama a dit en même temps clairement, et l’a répété de façon démonstrative lors de son récent voyage en Irak, qu’il soutenait le régime fantoche de Washington dans ce pays et que, en tant que président, il y maintiendrait indéfiniment une présence militaire américaine forte de dizaines de milliers de soldats afin de garantir les intérêts des Etats-Unis dans un pays qui comporte les deuxièmes plus importantes réserves pétrolières du monde.   

L’élection présidentielle de 2008 n’est que le plus récent exemple de la façon dont le Parti démocrate et ses candidats ont saboté et miné l’opposition anti guerre. Aux élections du Congrès en 2002, le Parti démocrate a fait disparaître la question des préparatifs de guerre contre l’Irak de la campagne électorale tout en faisant la promotion des mensonges de Bush sur les armes de destruction massives et il a fourni les voix nécessaires au Congrès pour autoriser l’invasion.

En 2004, la direction du Parti démocrate et les médias ont fait dérailler la campagne pour la nomination du gouverneur de l’Etat de Vermont, Howard Dean et l’ont fait stopper, une campagne utilisée au départ pour canaliser le sentiment anti guerre croissant derrière le Parti démocrate. Le sénateur John Kerry qui lui, avait lors des primaires fait campagne en tant que critique de la guerre, escamota la question une fois sa nomination assurée. Vers la fin de la campagne électorale pour la présidence, sa campagne battant de l’aile, Kerry se présenta alors comme un héros de la guerre du Viet Nam qui, s’il était élu, conduirait la guerre en Irak de façon plus efficace que Bush.     

Dans la période qui a précédé l’élection au Congrès de 2006, les démocrates firent une fois de plus de leur mieux pour empêcher que l’élection ne devienne un référendum sur la guerre. Cela fut cependant rendu impossible par l’importance du sentiment anti guerre existant. Une mobilisation de masse des électeurs opposés à la guerre assura la défaite de dizaines de députés et de sénateurs républicains et donnèrent pour la première fois depuis 1994 au Parti démocrate le contrôle des deux chambres du parlement.   

Le Parti démocrate se mit ensuite à voter en faveur de chaque loi d’Appropriation requise par la Maison-Blanche, y compris celle autorisant le financement du « surge », l’escalade de la tuerie demandée par Bush. Les démocrates votèrent aussi pour confirmer la nomination de chacun des responsables militaires nommés par Bush, y compris celle du ministre de la Défense, Robert Gates, du commandant des troupes US en Irak, le général David Petraeus et du chef d’état-major des armées, l’amiral Michael Mullen.

Les démocrates ont, par de tels moyens, réussi à désorienter, démoraliser et dissoudre toute manifestation significative et organisée du sentiment anti guerre, alors même que l’opposition des américains à la guerre continuait de grandir.

A présent l’establishment libéral s’aligne sur Obama pour faire la promotion d’une « guerre juste » en Afghanistan. Comme l’a écrit l’éditorialiste Eugene Robinson mardi dans le Washington Post : « Les évènements se sont ligués pour faire de la stratégie avancée par Barack Obama et d’autres dirigeants démocrates (déterminer un calendrier de clôture du show accessoire en Irak ; concentrer l’attention et les ressources sur l’action principale en Afghanistan) la seule façon sensée de continuer. »

Dimanche, l’éditorialiste du New York Times, Frank Rich critiquait vertement McCain pour avoir un an de retard sur Obama et ne pas avoir reconnu « l’Afghanistan comme le front principal de la guerre contre Al Quaeda ». Et il ajoutait : « M. McCain ne comprend toujours pas que nous ne pouvons pas envoyer de troupes en Afghanistan si on ne les retire pas d’Irak ».

Comment cela fut-il réalisé?

Le Parti démocrate a réussi à exploiter la vulnérabilité d’une population exposée à des décennies de propagande droitière et de désinformation de la part des médias et à l’absence de toute opposition véritable à la réaction politique au sein des deux partis.

Il a joui pour cette opération cynique et réactionnaire d’une aide indispensable de la part des groupes protestataires petit-bourgeois, des ex-radicaux et des libéraux de gauche qui ont agi de façon résolue pour canaliser le mouvement anti guerre derrière le Parti démocrate, insistant pour dire qu’aucune lutte contre la guerre n’était permise ou légitime hors de l’orbite du système bipartite.

Des organisations telles que United for Peace and Justice et le magazine Nation se sont opposés à toute lutte cherchant à mobiliser le sentiment anti guerre indépendamment des partis capitalistes et à associer celle-ci à un programme socialiste pour unir la classe ouvrière contre les attaques sur les conditions sociales et les droits démocratiques. Par leur ignorance politique et leur opportunisme sans fin, ils ont miné le mouvement même qu’ils prétendaient diriger.

A présent beaucoup de ces groupes « de gauche » se désespèrent et se montrent consternés devant les déclarations belliqueuses du candidat démocrate. Katrina Vanden Heuvel, la rédactrice en chef de Nation écrit : « il est troublant de voir qu’alors qu’il témoigne d’une pensée saine en Irak, Obama continue aussi de parler d’escalade de la présence militaire en Afghanistan ». Elle exhorte le candidat démocrate à « penser fort et dur » sur le fait d’« extraire les Etats-Unis d’une guerre pour se diriger vers une autre ».

Cette déclaration mêle l’illusion à la tromperie et à la réaction pure et simple. Comme Obama lui-même insiste pour le dire, il a appelé il y a plus d’un an à une escalade militaire en Afghanistan. Qui plus est, faire l’éloge de la politique d’Obama en Irak en disant qu’elle est « saine » constitue un soutien à une présence militaire permanente et à l’imposition pour toujours à ce pays d’un statut de protectorat américain.   

Lancer de tels appels au candidat démocrate ne sert qu’à encourager les illusions sur le fait qu’on pourrait le faire bouger et le faire adopter un cours moins militariste par une pression d’en bas et que le Parti démocrate ou une partie de celui-ci pourraient être l’instrument pour arriver à la paix.

Ces gens hostiles au marxisme sont incapables de faire une analyse de classe du Parti démocrate, un des plus vieux partis capitalistes du monde.

Il est nécessaire de tirer les leçons de ces expériences importantes. Le Parti démocrate est depuis longtemps un cimetière pour mouvements de protestation et d’opposition populaire, du mouvement populiste des années 1890, au mouvement des droits civiques et anti guerre des années 1960, en passant par le mouvement syndical industriel des années 1930

C’est seulement grâce à une rupture décisive et irréversible d’avec le Parti démocrate et par la mobilisation indépendante de la classe ouvrière américaine et internationale, dans une lutte contre la guerre et le système capitaliste qui est sa cause première, que sera mis un terme aux guerres d’Irak et d’Afghanistan.

 

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