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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada : GM veut discuter avec les TCA pour faire lever le « blocus » à Oshawa

Par Carl Bronski
18 juin 2008

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Alors que s’accentue l’indignation des travailleurs de l’automobile et de la population d’Oshawa en Ontario face à l’annonce récente de General Motors de la fermeture de l’usine de camions d’Oshawa, le leadership du syndicat Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA) travaille avec la compagnie pour tenter de dissiper la colère des travailleurs.

La semaine dernière, le président des TCA Buzz Hargrove, le président du Local 222 Chris Buckley et le président du syndicat de l’usine d’Oshawa Keith Osborne furent pris de court par l’annonce de GM que 2600 travailleurs de l’automobile perdraient leur emploi à partir de mi-2009, lorsque la compagnie cessera toute production de camions aux installations d’Oshawa.

À peine deux semaines plus tôt, la bureaucratie des TCA avait fait voter en vitesse un nouveau contrat de trois ans qui faisait d’importantes concessions et acceptait la fermeture prochaine de l’usine de transmissions GM à Windsor en échange de soi-disant garanties d’emplois à d’autres usines GM. Ces garanties, selon Hargrove, devaient permettre la production de camions à Oshawa jusqu’en 2011 et même plus. Mais GM, reprenant les termes du contrat nouvellement signé, soutint que les conditions du marché avaient changé et que les ententes de maintien de la production n’étaient ainsi plus valides.

Hargrove, qui avait soutenu avoir sauvé des milliers d’emplois en offrant des concessions sans précédent, apparaît maintenant comme le vendeur d’un remède de charlatan. Tout ce qu’il a pu dire est que la fermeture de l’usine d’Oshawa constitue une violation du contrat, alors que GM réplique que le nouveau contrat n’entre pas en vigueur avant la mi-septembre et, de toute façon, permet à GM de sabrer dans les emplois en toute liberté advenant la détérioration des conditions du marché.

Afin de conserver ce qui lui reste de crédibilité parmi les travailleurs ordinaires, la direction des TCA a mis en place mercredi un soi-disant « blocus » au siège social national de GM, qui est aussi situé à Oshawa. Mais ce blocus n’a rien de vraiment très menaçant. Le syndicat n’empêche pas les cols blancs de pénétrer à l’intérieur du building. Lundi, le président local Buckley, annonçait qu’il « avait offert à GM de laisser entrer les travailleurs s’occupant de la paye et tous ceux qui sont essentiels à leurs opérations canadiennes ». 

Pour sa part, GM a indiqué dès le tout début à ses cols blancs de mobiliser autant que possible les travailleurs de réserve et ceux travaillant de la maison, pendant que la compagnie et le syndicat tentaient de résoudre la situation. Même lorsque GM se préparait à faire appel à une injonction des tribunaux contre les manifestations de lundi, un porte-parole de la compagnie cherchait tout de même régler la situation par une approche « de collaboration » avec le syndicat.

Alors que plusieurs travailleurs demeuraient sceptiques à propos de l’efficacité du « blocus », Buckley organisa dimanche un défilé de véhicules qui a roulé à basse vitesse autour du complexe pendant trois heures et qui, selon le président de l’usine Keith Osborne, a ralenti la production d’environ 45 minutes en retardant l’arrivée des pièces.

Hargrove, Buckley et la compagnie travaillent clairement ensemble pour empêcher que la situation ne devienne incontrôlable. La bureaucratie, tout comme GM, sait très bien qu’il y a eu des discussions parmi les travailleurs de la base pour une grève spontanée. Mardi, au congrès des TCA sur la négociation collective et l’action politique tenu à Toronto, des délégués s’adressant du plancher, ont souligné la colère au sein des travailleurs et poliment demandé que la direction considère à tout le moins organiser une grève d’une journée. Du podium, un Hargrove stoïque refusa de commenter.

Le président local Chris Buckley a rapidement rassuré la direction de GM que la direction des TCA n’avait pas l’intention d’interférer dans la production des usines de camions ou de l’usine adjacente d’assemblage automobile. « J’encourage mes membres à rester à l’emploi », a-t-il dit au début de la discussion. « Je veux que mes membres demeurent à l’emploi et continuent à construire les meilleurs camions et autos de l’industrie. » Signalant clairement ses intentions à la compagnie – soit d’offrir une façon de faire baisser la pression parmi les travailleurs de l’automobile – Buckley poursuivit, « les membres veulent que la direction prenne des actions. C’est clairement ce que nous avons fait. »

Lundi, Hargrove a déclaré qu’il n’était pas surpris par la décision des fabricants automobiles de chercher à obtenir une injonction et leva son chapeau à leur patience : « C’est très intéressant de noter qu’ils reconnaissent que la colère et la frustration étaient très élevées et qu’il était mieux de laisser la pression descendre quelques jours avant de tenter d’obtenir [l’injonction]. Je suis content qu’ils aient attendu quelques jours. »

De plus en plus conscient de son rôle premier de garant de la productivité et des objectifs de la compagnie et conséquemment des profits pour les actionnaires, la « contre-offensive » de la bureaucratie des TCA est en partie de la poudre aux yeux et en partie publicité, et pour le reste une virulente campagne chauvine antiaméricaine et antimexicaine.

Dès le départ, Hargrove s’était démené pour assurer à GM et ses investisseurs de Wall Street et Bay Street qu’indépendamment des moyens qui devront être utilisé par le syndicat pour contrôler la colère des travailleurs, une grève contre les manœuvres flagrantes et cyniques de GM pour fermer l’usine de camion n’était pas envisagée. « Quelle est la meilleure approche ? demanda Hargrove. Est-ce la procédure de grief ? Est-ce le conseil des relations de travail de l’Ontario, ou les tribunaux ? Nous déciderons selon là où nous serons le plus efficace et prendrons une décision le plus rapidement possible avant que les choses ne dégénèrent. »

Bien sûr, Hargrove, en tant que bureaucrate syndical d’expérience, sait très bien qu’il n’y a absolument aucune possibilité que de tels appels offrent un sursis à l’usine de camions. De plus, afin d’assurer sa servilité, GM n’a pas encore annoncé le produit additionnel anticipé pour l’usine d’automobiles voisine de l’usine de camion qui sera vraisemblablement bientôt fermée.

Pour limiter les dégâts, Hargrove a donné le ton dès le début du conflit en se lançant dans une campagne nationaliste. Il dit : « C’est une compagnie américaine, contrôlée par des Américains, et ils prennent des décisions dans des temps difficiles pour protéger leurs emplois », ignorant les milliers de travailleurs américains qui sont jetés à la rue. Il a aussi dénoncé les travailleurs mexicains parce que GM a décidé de construire des camions hybrides là-bas, plutôt qu’au Canada. Il n’a jamais mentionné une seule fois le fait que deux des quatre usines de camions et de véhicules utilitaires sport fermées par GM sont aux Etats-Unis et au Mexique. Les responsables des TCA ont, sur un ton moqueur, fait référence à opération destinée à fermer une usine mexicaine comme étant une petite opération de « largage ».

La « contre-attaque » des TCA donne une place de choix aux prétentions que l’usine d’Oshawa est l’une des plus rentables de la compagnie. Les TCA font ceci dans le but de convaincre GM que de couper dans les emplois américains ou mexicains, au lieu des emplois canadiens, serait mieux pour ses actionnaires.

Ken Lewenza, le président du Local 444 de l’exploitation de Chrysler à Windsor, qui est vendu comme un successeur possible de Hargrove, a marché à grands pas vers le micro mardi lors du congrès sur les négociations et il a offert à tous les délégués un t-shirt « Made in Canada Matters » (« Fabriqué au Canada, ça compte ») porté par les membres de la bureaucratie locale présents au « blocus ». L’offre a été faite au moment où Hargrove proposait une résolution d’urgence qui a été acceptée par les délégués et qui demandait au gouvernement fédéral d’exiger des fabricants d’automobiles de produire au Canada un montant total de véhicules et de camions légers équivalant au nombre de véhicules qu’ils vendent au Canada. Une deuxième résolution demandait aux conseils municipaux d’adopter une politique « Acheter canadien ».

Étant donné la perspective droitière et nationaliste qui a animé le blocus des TCA, ce n’est pas surprenant que le chef du Parti libéral Stéphane Dion ainsi que le chef du social-démocrate Nouveau Parti démocrate soient allés lui rendre visite pour montrer leur appui.

Hargrove a fait une tournée électorale pour la réélection du gouvernement minoritaire libéral lors des élections fédérales de 2006, faisant des apparitions, lors de la campagne, au côté de Paul Martin, l’ancien premier ministre, et de la députée libérale Belinda Stronach, la fille de Frank Stronach, l’actionnaire majoritaire du géant de pièces d’autos Magna International.

(Article original anglais paru le 11 juin 2008)

Lire aussi :

Les leçons politiques de la grève à American Axle [7 juin 2008]

Une opposition sans précédent à l’accord de concessions intervenue entre les TCA et Ford Canada [16 mai 2008]

Les ouvriers de l’automobile roumains en grève contre des salaires de misère [14 avril 2008] 


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