Il faut rejeter la capitulation de l’UAW devant American Axle et mobiliser les travailleurs de l’automobile contre les attaques sur les emplois et les salaires!
Déclaration du World Socialist Web Site et du Parti de l’égalité socialiste (Etats-Unis)
23 mai 2008
Le vendredi 16 mai, le syndicat américain des
travailleurs de l’automobile (UAW) et American Axle ont annoncé en être arrivés
à une entente de principe pour mettre un terme à la grève qui dure depuis
maintenant onze semaines. La déclaration suivante a été distribuée aux
travailleurs d’American Axle qui ont assisté le dimanche 18 mai aux rencontres
d’information organisées par l’UAW.
Les travailleurs d’American Axle doivent rejeter cette
entente, qui n’est rien de moins qu’une capitulation, négociée par le syndicat
des Travailleurs unis de l’automobile (UAW) et lutter pour mobiliser les
travailleurs de l’automobile et la classe ouvrière en entier contre les
attaques patronales sur les salaires et les emplois.
Selon l’entente de principe finalisée vendredi, les salaires
passeront de 28 dollars l’heure à 18,50 dollars, et à 14,55 dollars l’heure
pour les travailleurs qui ne participent pas directement à la fabrication. Les
ouvriers à l’usine de Three Rivers au Michigan recevront encore moins selon les
conditions d’une entente séparée qui met un terme au contrat national.
Ces salaires de misère seront la nouvelle référence pour
les trois grands constructeurs automobiles et les autres entreprises qui
comptent bien faire payer les travailleurs de l’automobile pour le ralentissement
économique et la chute des ventes de voitures.
L’UAW a aussi accepté la fermeture des forges de Détroit et
de Tonawanda dans l’Etat de New York, et a laissé le champ libre à d’autres
fermetures d’usines et mises à pied.
Cette trahison vient confirmer ce qu’affirment le World
Socialist Web Site et le Parti de l’égalité socialiste depuis le tout début
de cette lutte : les travailleurs font face à deux ennemis. D’un côté se
trouve le directeur général multimillionnaire de la compagnie, Richard Dauch,
qui a l’appui de General Motors et de Wall Street, et de l’autre, il y a l’UAW.
Dès le début de la lutte, les principales préoccupations du
président Ron Gettelfinger et de la bureaucratie de l’UAW ne concernaient pas
les emplois et les conditions de vie des membres de l’UAW. Deux éléments
majeurs motivaient plutôt leurs actions : comment venir à bout de
l’opposition des travailleurs ordinaires face aux baisses de salaire, et ce
qu’allait obtenir la bureaucratie de l’UAW en échange pour d’importantes concessions.
Une véritable lutte contre la compagnie n’est possible que si
les travailleurs rompent avec cette organisation pro-patronale et développent
une nouvelle forme de lutte. Les travailleurs d’American Axle doivent élire des
comités d’ouvriers, menés par des militants fiables, afin d’enlever la conduite
de la grève et les négociations des mains de la bureaucratie de l’UAW.
Un appel doit être lancé aux travailleurs de GM, Ford,
Chrysler, Delphi et des autres compagnies afin d’élargir la grève à toute l’industrie
et de renverser les conventions collectives qui ont amené des coupes de
salaires et qui ont été signées par l’UAW. Un appel spécial doit être aussi
lancé aux travailleurs canadiens de l’automobile qui font face à des attaques
similaires sur leurs emplois et au rôle traître que joue la direction des
Travailleurs canadiens de l’automobile.
Il faut organier des piquetages de masse pour s’opposer aux
menaces de Dauch d’amener des briseurs de grève et convoquer des manifestations
afin de rallier le plus large appui de la classe ouvrière dans cette lutte.
La mobilisation industrielle doit être combinée à une nouvelle
stratégie politique. La lutte chez American Axle fait partie d’une lutte contre
le système capitaliste auquel la classe ouvrière entière est confrontée. Après
avoir produit de grandes fortunes pour les PDG, les gestionnaires de fonds
spéculatifs et les autres spéculateurs financiers, le système capitaliste est
au beau milieu d’une crise économique qui menace d’engendrer une autre grande
dépression.
La crise du capitalisme américain condamne la population
ouvrière à une pauvreté grandissante : les salaires sont en chute
libre ; les prix grimpent pour les produits de première nécessité ; des
maisons sont saisies ; des coupes prennent place dans les programmes
sociaux ; et les emplois bien payés se font éliminer. Les travailleurs aux
Etats-Unis font face aux mêmes questions de base que les travailleurs partout
dans le monde, y compris la montée des inégalités sociales et l’explosion du
militarisme et de la guerre.
Pour lutter contre ces conditions, la classe ouvrière doit
avoir son propre parti politique, qui soit indépendant des partis républicain
et démocrate soutenus par la grande entreprise et qui vise à réorganiser
l’économie sur la base des besoins de la classe ouvrière et non les intérêts de
l’élite fortunée. L’industrie automobile et tous les leviers de base de
l’économie devraient être transformés en propriété commune et placés sous le
contrôle démocratique de la classe ouvrière.
Il faut répondre à la destruction des emplois décents aux
États-Unis et au transfert de la production vers les régions à bas salaire du
Mexique, de la Chine et d’ailleurs par la lutte pour unifier la classe ouvrière
à l’échelle internationale contre les géants de l’automobile organisés à
l’échelle du globe. Les travailleurs de partout ont des intérêts communs à un
emploi et un niveau de niveau décents.
La trahison de l’UAW n’est pas seulement une question de
corruption et de lâcheté individuelle de la direction de Solidarity House. Elle
découle de la faillite du programme politique de l’UAW et des autres syndicats,
programme basé sur la défense inconditionnelle du système capitaliste, le
nationalisme économique et la subordination de la classe ouvrière au Parti
démocrate.
Son appui au système de profit a fini par faire de l’UAW elle-même
une entreprise, qui a pris le contrôle de la caisse de retraite et de santé, la
VEBA, un fonds de plusieurs milliards de dollars et de plusieurs millions
d’actions mis sur pied par GM et Ford.
Les travailleurs de American Axle n’ont pas lutté durant
près de trois mois pour un tel contrat. Les travailleurs de l’automobile et la
classe ouvrière en son ensemble réclament une prise de position ferme pour la
défense des emplois et des conditions de travail.
Le rejet du contrat pourri de l’UAW doit être le début
d’une contre-offensive de la classe ouvrière. La question clé, cependant, est celle
de la direction et de la stratégie politiques. Nous encourageons les
travailleurs à étudier l’histoire et le programme du Parti de l’égalité socialiste
et à bâtir le PES en tant que direction nouvelle et révolutionnaire de la
classe ouvrière.