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WSWS : Nouvelles et analyses : Moyen-Orient

Bush soutient Israël tandis que les Palestiniens commémorent 60 ans d'exil et d'oppression

Par Jean Shaoul
23 mai 2008

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Le président des États-Unis, George Bush, s'est exprimé devant la Knesset [assemblée] israélienne jeudi, axant ses remarques sur l'alliance de Washington avec l'Etat sioniste dans la « lutte contre le terrorisme et l'extrémisme » et déclarant qu'Israël était une « patrie pour le peuple élu ».

Le président américain, effectuant une visite de trois jours qui coïncidait avec le 60e anniversaire d'Israël, n'a fait qu'une vague allusion au peuple palestinien, évoquant un Etat palestinien — dans 60 ans. Il n'a fait aucune proposition pour faire avancer le « processus de paix » israélo-palestinien.

Au contraire, Bush a profité de son discours pour lancer une attaque à peine déguisée contre le sénateur Barrack Obama, le favori dans la course à l'investiture démocrate pour l'élection présidentielle, en comparant l'appel à des négociations avec l'Iran et la Syrie aux « tentatives d'apaisement » des nazis dans les années 30.

Trois députés israéliens d'origine arabe ont été expulsés de la chambre au début du discours de Bush après avoir déployé une banderole où il était écrit, « We shall overcome [Nous vaincrons] » et montré des photos d'enfants palestiniens et irakiens assassinés.

Parallèlement, deux membres de droite de la Knesset sont sortis avec fracas pour protester lorsque le premier ministre Ehoud Olmert a fait référence dans ses remarques introductives à une « solution à deux Etats » au problème israélo-palestinien, une remarque qui, d'après les médias, a été accueillie par un silence général ponctué de rires nerveux.

Au moment même où Bush et Olmert parlaient, le gouvernement israélien montrait la fausseté de sa supposée recherche de paix en continuant son offensive brutale contre la bande de Gaza et en bouclant tous les territoires palestiniens.

Israël assiège Gaza, la zone la plus densément peuplée du monde, tentant d'affamer les Palestiniens jusqu'à ce qu'ils se soumettent. Ce châtiment collectif cruel et illégal est sensé être en représailles aux tirs de roquettes contre Israël qui ont tué 15 personnes en huit ans. Seul le ravitaillement en produits de première nécessité peut parvenir à Gaza et même celui-ci a été complètement arrêté en janvier. Les réductions continues des réserves de carburant de 70 pour cent ont entraîné des coupures d'électricité et d'eau courante, le rejet chaque jour de 40 millions de litres d'eaux usées sur les plages de Gaza et l'amoncellement de tonnes de déchets dans les rues. La puanteur y est accablante.

Plus de 80 pour cent de la population de Gaza dépend de l'assistance humanitaire, l'aide alimentaire des Nations unies nourrit près de 1,1 million de personnes sur une population de 1,4 million. Mais même celle-ci est menacée, l'UNRWA [UN's Relief and Work Agency – Office de secours et de travaux des Nations unies] ayant été forcé d'arrêter ses distributions pendant plusieurs jours le mois dernier, après que ses véhicules ont manqué de carburant. Maintenant encore, ses opérations ne tiennent qu'à un fil.

Selon un rapport de la Banque mondiale publié le mois dernier, le taux de Palestiniens vivant en situation de « grande pauvreté » est passé de 21,6 pour cent en 1998 à 35 pour cent en 2006. Le taux de chômage officiel était de 29 pour cent avant les fermetures qui ont entraîné l'arrêt de 95 pour cent de l'industrie à Gaza, ainsi le chômage et la grande pauvreté – définie comme l'incapacité à répondre aux besoins humains de consommation de base – sont « certainement plus élevés ». La Banque mondiale estime que sans les apports financiers de l'étranger et l'aide alimentaire de l'ONU, le taux de grande pauvreté à Gaza atteindrait près de 67 pour cent.

En même temps, Israël a mené une guerre sans répit contre la bande de Gaza, assassinant ses opposants et tuant des centaines de Palestiniens, dont beaucoup de civils et d'enfants, en blessant beaucoup plus et démolissant leurs foyers.

La Banque mondiale décrit une situation à peine meilleure, et qui ne peut qu’empirer, en Cisjordanie. Là-bas, le régime fantoche à la solde des États-Unis, l'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas contrôle une entité tronquée : 40 pour cent en ont été confisqués pour des colonies, actuelles ou en projet, qui abritent actuellement 450 000 israéliens, avec des postes avancés, des routes, des zones militaires exclusives, des limites de communes et des juridictions coloniales régionales. Ces mesures ont découpé la Cisjordanie en une série de cantons isolés, séparés de Jérusalem Est, cœur de la Cisjordanie et capitale théorique d’un Etat palestinien, tandis que ses nappes phréatiques sont utilisées pour arroser les pelouses des colons et remplir leurs piscines, privant les Palestiniens de leurs ressources en eau déjà limitées.

Les Palestiniens sans autorisation spéciale sont exclus des principales régions agricoles de la vallée du Jourdain, et les producteurs sont isolés de leur marché à Jérusalem Est. Le mur qui sépare Israël de la Cisjordanie et au-delà duquel les Palestiniens ne peuvent se rendre, est situé profondément à l'intérieur du territoire de l'Autorité palestinienne, déplaçant et appauvrissant encore de nombreux Palestiniens, en particulier à Jérusalem Est, qui doivent faire un choix entre leur foyer ou leur lieu de travail.

Les cinq points d'accès commerciaux à Israël vont devoir utiliser, comme à Gaza, un système de transfert « dos à dos » du fret, qui n’est pas à même de transporter les 95 pour cent du commerce palestinien qui traversent Israël ou lui sont destinés sans de longs délais et des coûts supplémentaires. Cela va perturber davantage l'économie cisjordanienne et plonger encore plus de Palestiniens en situation de grande pauvreté.

Au total, le PNB des territoires occupés a baissé de 14 pour cent depuis son pic de 1999. Mais comme leur population s'accroît de quatre pour cent par an, le PNB par habitant a rapidement chuté à 40 pour cent en dessous de ce pic. Quatre millions de Palestiniens en Cisjordanie et à Gaza n'ont survécu que grâce aux prêts, aux apports financiers des membres de leurs familles travaillant à l'étranger et à l'aide internationale.

Ces crimes n’ont provoqué aucun commentaire, sans même parler de critiques, de la part des dirigeants mondiaux. Un ancien président des États-Unis, Jimmy Carter, fut l'un des rares à condamner ce qui se passait à Gaza et à l'appeler par son vrai nom. Il a soutenu que « Le monde ne doit pas rester passif alors que des innocents sont traités cruellement. Il est temps que des voix fortes en Europe, aux États-Unis, en Israël et ailleurs s’élèvent et condamnent la tragédie humanitaire qui s'abat sur le peuple palestinien. »

Naturellement, son appel est tombé dans l'oreille d'un sourd.

La Nakba et la création de la diaspora palestinienne

Les crimes commis contre les Palestiniens commencèrent au moment des préparatifs de la création de l'Etat israélien en 1948. Alors qu'Israël célèbre son 60e anniversaire, les Palestiniens commémorent « la catastrophe », ou al-Nakba pour utiliser le terme arabe. En Cisjordanie, il y a eu des rassemblements au son des sirènes d'alarme et le lancement de milliers de ballons noirs, tandis qu'à Gaza, le Hamas organisait une marche en direction d'un poste frontière israélien fermé.

La Nakba a entraîné l'exil forcé et la dispersion de la moitié de la population palestinienne ainsi que l'expropriation de leurs biens. C'était un exemple brutal de nettoyage ethnique.

À l'origine majoritaires en Palestine, ils sont devenus une minorité, persécutés dans leur propre pays, réduits à mener une existence misérable dans les camps de réfugiés ou à chercher l'exil à l'étranger. Le mouvement sioniste ne proposait pas la lutte pour les droits démocratiques et sociaux des Juifs comme solution à la persécution des Juifs d'Europe et à la plus grande tragédie du 20e siècle, l'Holocauste, il proposait leur existence séparée dans un nouvel Etat, Israël. Cet Etat allait être établi sur une partie du patchwork d'Etats que la Grande-Bretagne et la France avaient créé à partir du vieil empire ottoman après la Première Guerre mondiale.

À la suite de la Deuxième Guerre mondiale, la création d'Israël était considérée avec compassion par des millions de gens dans le monde, horrifiés par la catastrophe qui s'était abattue sur les Juifs. Cela, ainsi que les calculs politiques des grandes puissances, amena les Nations unies à voter la partition de la Palestine en deux Etats en 1947. Elle prit effet le 15 mai 1948, lorsque le mandat que la Grande-Bretagne avait reçu de la Société des nations pour diriger le pays expira : un Etat pour les Juifs, dont la moitié de la population serait palestinienne, et un pour les Palestiniens. Ce serait un état théocratique basé sur l'exclusivité religieuse.

L'établissement d'Israël et la guerre qui s'en suivit entraînèrent l'expulsion forcée de leur foyer de 750 000 Palestiniens, alors que les Israéliens s'arrogeaient 80 pour cent du pays contrôlé par les Anglais durant le Mandat. Le roi Abdullah de Transjordanie, l'Etat client de la Grande-Bretagne, prit le contrôle de la Cisjordanie, et l'Égypte prit le contrôle de Gaza, les deux régions devinrent un lieu d'accueil pour beaucoup de réfugiés expulsés Israël.

Ce fut l'une des plus importantes migrations forcées de l'histoire moderne. Beaucoup furent expulsés sous la menace des armes, d'autres s’enfuirent par peur. Israël présente ces expulsions, ainsi que quelques massacres occasionnels commis par des groupes terroristes sionistes, comme celui de Deir Yassin en avril 1948, comme des représailles contre les actions hostiles des Palestiniens et contre la guerre qui éclata le 15 mai 1948 lorsque les voisins arabes d'Israël attaquèrent l'état naissant.

Des historiens israéliens ont démontré que ce n'était pas le cas. The Ethnic Cleansing of Palestine [Le nettoyage ethnique de la Palestine, ouvrage non traduit] d'Ilan Pappe explique que près de 300 000 expulsions eurent lieu avant la guerre ; qu'elles étaient délibérées et conçues comme un moyen de provoquer une guerre qui permettrait à Israël d'acquérir plus de territoires que ce que l'ONU lui accordait. Les dirigeants sionistes déclarèrent ouvertement en mars 1948 qu'ils s'empareraient des terres et expulseraient la population indigène par la force suivant leur tristement célèbre plan Dalet.

Ceux qui fuirent ne furent pas autorisés à retourner en Israël. Ils devinrent des réfugiés, vivant dans des villes de tentes et des taudis en Jordanie, en Syrie et au Liban, et se dispersèrent de par le monde. D'après l'ONU, les premiers réfugiés et leurs descendants sont maintenant au nombre de quatre millions.

Expulser les Palestiniens, s'emparer de leurs terres sans compensation, et révoquer leur citoyenneté et leur droit au retour constituaient les conditions préalables fondamentales pour l'établissement d'une majorité juive. De plus, Israël chercha immédiatement à encourager l'immigration et promulgua la Loi sur le retour en 1950 et la Loi sur la citoyenneté en 1952, accordant à chaque Juif dans le monde le droit à la citoyenneté immédiate dès son arrivée.

Les expropriations continuèrent après 1948. Parmi les Palestiniens restés en Israël, beaucoup furent expulsés de leur foyer et réinstallés ailleurs en Israël. Ils sont toujours des citoyens de seconde zone et jusque dans les années 60 ils étaient soumis aux lois militaires établies par la Grande-Bretagne à l'époque du Mandat.

Les Arabes  vivant en Israël, qui forment maintenant 20 pour cent de la population, sont confrontés à une discrimination constante. Ils n'ont pas le droit d'épouser des Palestiniens hors d'Israël et d'amener leurs conjoints vivre avec eux. Il leur est quasiment impossible de trouver des emplois dans les industries qualifiées de  comme « stratégiques », comme l'électricité et l'eau, ou de louer des terres au Fond national juif, et ce malgré une décision de la Cour suprême en leur faveur. Leurs cités, leurs villes et leurs villages perçoivent moins d'aides financières du budget national.

Israël n'a pu survivre que parce qu'elle sert d'Etat garnison recevant le soutien des grandes puissances – d'abord de la France et de la Grande-Bretagne, puis des États-Unis. Washington utilise Israël à ses propres fins géopolitiques, pour contrôler cette région riche en pétrole. Du point de vue des États-Unis, les Palestiniens, et la classe ouvrière et les pauvres des campagnes arabes dans leur ensemble, constituent une menace. Israël a ainsi toujours eu les mains libres pour étendre son territoire et pour réprimer les Palestiniens.

En 1967, après la défaite des Etats arabes dans la Guerre de juin, Israël devint le maître de Jérusalem Est, de la Cisjordanie et de la bande de Gaza, contrôlant ainsi toute la Palestine, ainsi que le plateau du Golan syrien et des parties de l'Égypte, ce qui entraîna un autre transfert de population. Environ 250 000 réfugiés parmi ceux qui s'étaient établis dans les camps de Cisjordanie et de Gaza en 1948, s'enfuirent. Durant les années qui suivirent, comme les conditions se détérioraient, des milliers quittèrent les territoires occupés pour étudier et chercher du travail à l'étranger, en particulier dans le Golfe. On refuse maintenant à tous le droit de rentrer dans leur pays. Selon des sources israéliennes, le nombre de Palestiniens qui ont quitté la Cisjordanie et Gaza entre 1967 et 2003 était de 414 800.

Aujourd'hui, les premiers réfugiés et leurs descendants, ainsi que ceux qui le sont devenus après la guerre de 1967, recensés par l'UNRWA, sont au nombre de 4,5 millions dans les territoires occupés, au Liban, en Syrie et en Jordanie. Mais, il faut ajouter aux réfugiés recensés, 5,2 millions de Palestiniens vivants à l'étranger, près de 3 millions d'entre eux en Jordanie, 1,7 millions dans les autres pays arabes, et 600 000 autres en Europe et les Amériques.

L'échec du mouvement national palestinien

Cette répression terrible a produit un mouvement politique de masse pour la libération nationale des Palestiniens. Mais l'expérience de ce projet national s'est révélée être une impasse.

Pendant une longue période, la libération de la Palestine était conçue comme participant d’un projet plus grand du nationalisme arabe qui mettrait fin à la domination impérialiste dans la région, sous la direction du président égyptien, Gamal Abdul Nasser. Mais après les défaites de 1967 et 1973, les prétentions des Etats arabes, Syrie, Jordanie et Égypte, à être les soutiens officiels de la lutte palestinienne contre Israël se sont estompées.

En 1968, Yasser Arafat et sa faction, le Fatah, assumèrent un rôle prépondérant dans l'Organisation pour la libération de la Palestine (OLP) et cherchèrent à mener leur propre lutte indépendante. Bien que populaire et radical, c'était fondamentalement un mouvement bourgeois. Son objectif était un état démocratique séculier – mais un état capitaliste où la bourgeoisie palestinienne serait libre d'exploiter sa propre classe ouvrière.

En dépit de son héroïsme, l'OLP était incapable de mener un combat victorieux contre Israël et ses soutiens impérialistes.

Arafat chercha le soutien d'Etats arabes comme la Jordanie et la Syrie, tentant d'utiliser leurs propres conflits avec Israël ainsi que la lutte d'influence globale entre l'Union Soviétique et les États-Unis pour disposer d'une marge de manœuvre et d'un degré d'indépendance. Plusieurs Etats arabes avaient leurs propres factions au sein de l'OLP.

Mais, bien que les dirigeants arabes aient été prêts, à l'occasion, à apporter un soutien limité aux Palestiniens pour gagner un peu d'opinions favorables pour leurs régimes corrompus et pour faire pression sur leur rival israélien, leur principal souci était de maintenir leurs relations commerciales avec les puissances impérialistes auxquelles ils restaient subordonnés. En premier lieu, ils ne voulaient pas trop contrarier Washington et ils étaient déterminés à éviter la contagion de la discorde et de la révolution dans leur propre classe ouvrière et leur paysannerie.

Les uns après les autres, les soi-disant amis d'Arafat le trahirent, toujours avec des conséquences tragiques. Durant vingt ans, l'OLP reçut des coups cruels et

répétés de la part des régimes arabes, notamment le massacre de Palestiniens par la Jordanie lors du « Septembre noir » de 1970, la complicité de la Syrie dans le massacre commis par la Phalange libanaise aux camps de Karantina et Tel al Zaatar en 1975 et les massacres de Sabra et Shatilla au Liban en 1982.

Dans le contexte des derniers jours de l'Union Soviétique et de la tendance à la restauration du capitalisme, la bureaucratie stalinienne sous Michael Gorbatchev s'étant déclarée en faveur d'une solution politique au conflit avec Israël et ayant promis de réduire ses fournitures d'armes à ses clients du Moyen-Orient, les régimes arabes (à la seule exception de la Libye) s’alignèrent sur Washington contre l'Irak en 1991.

En décembre 1988, Arafat signa une déclaration dictée par le département d'Etat américain, garantissant la sécurité d'Israël, acceptant que la paix avec Israël soit « une stratégie et non une manoeuvre dilatoire », et renonçant au « terrorisme ». En 1993, il signa les Accords d'Oslo – renonçant officiellement à l'objectif initial de l'OLP de libérer la totalité de la Palestine de 1948 et acceptant finalement la création d'un Etat palestinien sur seulement 22 pour cent du territoire, aux côtés de l'Etat Israël, et dont l’Etat palestinien promettait de défendre la sécurité.

Une fois que l'Autorité palestinienne (AP) a été établie conformément aux accords d'Oslo, la véritable nature de classe de l'OLP s’est révélée clairement. L'AP est devenue le moyen pour la bourgeoisie palestinienne d'exploiter la classe ouvrière et de devenir fabuleusement riche. Elle disposait du plus grand nombre de policiers par habitant au monde. Le Fatah a été associé à la corruption, au gâchis et à l'inefficacité au point que même Arafat ne pouvait le cacher.

Alors qu'Arafat renâclait quant à lui à accéder aux exigences les plus draconiennes de Washington, son successeur, Mahmoud Abbas, au nom de  la couche de millionnaires corrompus qu'il représente, n'a pas de tels scrupules.

Le Hamas a été le bénéficiaire politique de cette situation : il a gagné du soutien non seulement en raison de l'incapacité de l'OLP à mettre fin à l'oppression nationale des Palestiniens et à sa corruption, mais aussi à cause de l'incapacité de l'AP à résoudre les problèmes sociaux les plus pressants. S'il y avait les moindres services sociaux dans l'AP, ils étaient surtout fournis par le Hamas, grâce aux contributions des royaumes arabes.

Le processus d'Oslo qui avait démarré en fanfare en 1993 s'est terminé par le confinement des Palestiniens dans des quasi-camps de prisonniers. Cela démontre que l'OLP, dans sa perspective de former un nouvel Etat capitaliste par une nouvelle division du Moyen-Orient, s'est montrée incapable de réaliser les espoirs de liberté et d'égalité des travailleurs palestiniens et des masses opprimées. Le Hamas ne propose aucune alternative, avec son appel à la création d'un Etat islamique sur les mêmes bases économiques. Sa montée en puissance représente un développement rétrograde dans le mouvement national palestinien – le prix payé pour l'échec politique de l'OLP. Sa perspective n'est pas séculière, c'est celle d'un Etat religieux qui imite celui des extrémistes sionistes, lesquels prétendent faire de la Palestine tout entière un Etat juif sans place pour les autres peuples.

Une nouvelle perspective

Aucun mouvement national n'a été plus radical que l'OLP d'Arafat. Mais cela ne fait que souligner l'importance de sa désintégration. La cause ne doit pas en être cherchée dans les trahisons de dirigeants particuliers, mais dans l'échec d'une perspective historique selon laquelle la bourgeoisie nationale serait capable d'assurer la libération des masses arabes.

Il n'est possible de comprendre le sort du mouvement national palestinien que du point de vue de la théorie de la révolution permanente de Léon Trotsky, qui ne partait pas du niveau économique ou des relations de classes internes d'un Etat donné, mais plutôt de la lutte des classes mondiale et du développement d'une économie capitaliste internationale.

Dans les pays arriérés et anciennes colonies, cette perspective a démontré que la bourgeoisie – subordonnée aux grandes puissances impérialistes qui dominaient l'économie mondiale, et craignant sa propre classe ouvrière – n'était plus en position de faire sa propre révolution démocratique, ou de mettre fin à la domination impérialiste.

Cette tâche ne pouvait être menée à bien que par la mobilisation politique de la classe ouvrière, indépendante et soutenue par les masses paysannes opprimées, dans la lutte pour le pouvoir. Le caractère permanent de cette révolution tient en premier lieu au fait que la classe ouvrière, ayant pris le pouvoir, ne pourrait se limiter à des tâches démocratiques, mais serait obligée de prendre des mesures à caractère socialiste. En second lieu, les obstacles à la construction du socialisme imposés par le faible niveau de développement économique ne peuvent être franchis que par le développement de la révolution dans les pays capitalistes avancés, qui atteindra son apogée avec la transformation socialiste du monde entier.

Pour qu'il soit mis fin à six décennies de querelles sanglantes, la tâche qui s'impose aux travailleurs arabes et juifs consiste à forger une lutte commune contre toutes les élites bourgeoises de la région soutenues par l'impérialisme et pour la construction d'une société socialiste qui ferait partie de la lutte pour les États-Unis socialistes du Moyen-Orient. Cela supprimerait les frontières artificielles séparant les peuples et les économies de la région, et permettrait aux vastes ressources naturelles et humaines de la région d'être utilisées pour répondre aux besoins essentiels de tous ses habitants.

(Article original anglais paru le 16 mai 2008)


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