Signe de la récession économique continue aux Etats-Unis, les
chiffres publiés mardi montrent que les prix immobiliers et la confiance des
consommateurs sont en train de baisser nettement.
L’institut privé de recherche américain Conference Board
de New York a rapporté que son indice de confiance des consommateurs a chuté en
mars à son niveau le plus bas de ces cinq dernières années et a atteint 64,5
par rapport à son niveau revu en février de 76,4. Le niveau était bien
inférieur au niveau de 73,0 anticipé par Wall Street.
L’indice est une mesure relative, la confiance était
fixée à 100 en 1985. L’indice général affiche son plus bas niveau depuis
le début des années 1990, mis à part une courte période en 2003.
Le Conference Board a noté qu’il y avait eu une baisse
particulièrement prononcée de l’indice mesurant la confiance escomptée à
l’avenir, chutant de 58,0 à 47,9. « L’indice d’anticipation,
en fait, est au plus bas depuis 35 ans (décembre 1973, 45,2), des niveaux
jamais vus depuis l’embargo pétrolier et l’affaire du Watergate »,
a précisé un communiqué de presse.
L’effondrement de la confiance des consommateurs est le
reflet des difficultés économiques croissantes de millions d’Américains
qui ont été affectés par des prix à la consommation élevés, des salaires en
baisse et un chômage en hausse. En février, l’emploi a régressé de 63 000
emplois, un déclin pour le deuxième mois consécutif et le pire chiffre depuis
2003.
Un facteur majeur du déclin de la confiance des consommateurs
est l’atrophie continue du marché immobilier. Des prix immobiliers élevés
avaient permis à beaucoup de travailleurs de maîtriser les dépenses dans une
situation de stagnation économique. Avec la baisse des prix immobiliers, de
nombreux propriétaires découvrent que leurs dettes dépassent la valeur de leur propriété,
entraînant ainsi une recrudescence des saisies immobilières.
Les prix immobiliers américains ont enregistré une baisse
substantielle en janvier, selon l’indice du Standard & Poor’s/Case-Schiller.
L’indice « 20-City composite » a révélé un déclin de 10,7 pour
cent, soit la chute la plus forte depuis l’instauration de l’indice
en 1983.
La baisse des prix immobiliers a été la plus forte dans les
villes où la bulle immobilière a été la plus prononcée, dont Las Vegas, dans le
Nevada (-19,3 pour cent) ; Miami, en Floride (-19,3 pour cent) ;
Phoenix, en Arizona (-18,2 pour cent) ; San Diego, en Californie (-16,7
pour cent) ; et Los Angeles, en Californie (-16,5 pour cent).
A Detroit, dans le Michigan, les prix immobiliers ont baissé
de plus de 15 pour cent, reflétant le déclin économique en cours dans le centre
de l’industrie automobile américaine. Le prix moyen d’une maison
dans la ville de Detroit (en excluant les banlieues) a chuté de 54 pour cent
par rapport à l’année dernière, selon l’association des agents
immobiliers de Detroit (Board of Realtors).
Les chutes les plus importantes se sont produites dans les
villes où le taux de saisies est le plus élevé. Selon un article paru dans le Wall
Street Journal de mardi, les ventes par adjudication comptent pour plus de
40 pour cent de toutes les ventes dans de nombreuses villes, y compris Las
Vegas et San Diego.
Parmi les villes comprises dans l’indice, seule
Charlotte, en Caroline du Nord, a enregistré une hausse des prix immobiliers de
1,8 pour cent.
David Blitzer, président du comité des indices chez Standard
& Poor’s, a constaté, « Malheureusement, il ne semble pas que le
début de l’année 2008 marque un quelconque retournement du marché
immobilier, après l’année de déclin enregistrée en 2007… Les
données mensuelles montrent que chacune des divisions MSAs [Metropolitan Statistical
Areas] chute régulièrement tous les mois depuis septembre 2007, ce qui correspond
à cinq mois consécutifs. En plus de cela, » a-t-il précisé, « les
baisses sont plus importantes avec le temps, en général, vu que 13 des 20 MSAs
ont rapporté leur plus forte baisse mensuelle en janvier. »
Ceci signifie que le marché immobilier a encore beaucoup de
chemin à parcourir avant que les prix ne commencent à se stabiliser. Les
chiffres publiés lundi indiquent que le prix médian de maisons existantes et
ayant été vendues en février a chuté de 8,2 pour cent.
Le marché immobilier a été un facteur significatif de la crise
financière de Wall Street, où plusieurs grandes banques ont fortement spéculé
sur des titres adossés à des créances hypothécaires.
Lundi, l’agence indépendante du budget de New York
(Independent budget Office, IBO) a évalué que 20 000 personnes perdront
leur emploi à Wall Street au cours des deux prochaines années. Ce chiffre qui
ne tient pas compte de la récente crise de Bear Stearns, sous-estime
probablement la perte d’emplois. Selon l’agence de presse,
Bloomberg News, quelque 34 000 emplois du secteur financier ont été perdus
rien que ces neuf derniers mois, y compris 6200 emplois chez Citigroup, 4990
chez Lehman Brothers et 2940 chez Morgan Stanley. Bear Stearns risque de perdre
jusqu’à 8000 emplois en raison de la restructuration suite à son rachat
par la banque JPMorgan Chase.
Il y a une semaine, dans le but d’éviter une
déliquescence financière, la Réserve fédérale a soutenu la démarche de la JPMorgan
Chase de racheter Bear Stearns. Dans le même temps, la Fed a annoncé une action
sans précédent en ouvrant son guichet pour prêter directement de l’argent
à des banques d’investissement. Auparavant seules les banques commerciales
avaient le droit d’emprunter à des taux d’escompte spéciaux de la
Fed.
Les banques d’investissement furent rapides à saisir
l’offre de la Fed, un signe qu’elles ont de graves difficultés
financières et qu’elles sont avides d’argent liquide. Près de 30
milliards de dollars ont été empruntés jusqu’à présent.
Un autre signe indicateur de la crise permanente touchant les
banques d’investissement, est l’annonce faite mardi par JPMorgan
Chase et UBS AG de revoir à la baisse leurs projections de gains pour Merrill
Lynch. Tout comme Bear Stearns, Merrill Lynch est considérée être la principale
banque d’investissement la plus exposée à l’effondrement du marché
immobilier. Les analystes de JPMorgan Chase ont prédit que Merrill aurait à enregistrer
2,1 milliards de dollars supplémentaires de dépréciations liées aux « subprimes ».