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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

L’élection de Barack Obama

Par le comité de rédaction du WSWS
6 novembre 2008

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Le candidat démocrate Barack Obama a remporté une écrasante victoire face au républicain John McCain lors de l'élection présidentielle tenue mardi et les démocrates ont augmenté de façon significative leur majorité à la Chambre des représentants et au Sénat américain.

Avec seulement quelques Etats où les résultats trop serrés n'ont pas encore été confirmés, Obama a recueilli les votes de 349 Grands Electeurs contre 163 pour McCain. Un total de 270 votes électoraux est nécessaire pour la victoire. Les démocrates ont obtenu au moins 5 sièges de plus au Sénat et presque 20 sièges de plus à la Chambre des représentants.

Obama a remporté 27 Etats : tous les 19 gagnés par le candidat démocrate de 2004 John Kerry et 8 Etats gagnés par Bush lors de cette élection, soit la Virginie, la Floride, l'Ohio, l'Indiana, l'Iowa, le Colorado, le Nouveau-Mexique et le Nevada. Il mène de plus présentement dans un autre Etat remporté par Bush en 2004 : la Caroline du Nord.

A l'échelle nationale, l'avance d'Obama en termes de vote populaire va s'approcher des dix millions. Cela constitue la plus importante avance pour un nouveau candidat à la présidence depuis Eisenhower en 1952.

D'abord et avant tout, le résultat de l'élection représente un rejet massif du mandat présidentiel de Bush, du Parti républicain et de près de trois décennies de domination de la droite sur la politique américaine. Cette élection marque un point tournant qui reflète, au niveau électoral, les énormes changements démographiques, socioéconomiques et culturels qui se sont produits au cours du dernier quart de siècle.

Tout le discours infaillible de droite régurgité par les médias et l'establishment politique de deux partis durant les dernières années, (que les Etats-Unis sont un pays de « droite » ou de « centre-droite » avec une majorité d'Etats acquis aux républicains, et que les questions politiques critiques sont la religion et les « valeurs » culturelles), vient de s'effondrer.

Plus significativement, les résultats de l'élection ont réfuté l'assertion selon laquelle les Etats-Unis sont une nation raciste où l'irrationnelle hostilité raciale éclipse toutes les autres questions. Selon les sondages menés à la sortie des bureaux de scrutin, seul un tout petit pourcentage d'électeurs a mentionné que la question de la race avait influencé leur vote. Sous l'impact de la guerre, de la crise financière et d'une récession qui s'aggrave, des dizaines de millions de personnes ont plutôt, de manière tout à fait rationnelle, voté pour exprimer essentiellement leurs désirs de démocratie et d'égalité bien que, en raison du cadre biaisé et limité de la politique officielle, la seule avenue pour l'expression de ces sentiments était de voter pour les démocrates.

Selon les sondages, deux tiers des jeunes, une immense section de la population, ont aussi voté pour Obama.

Tout ceci signifie que le Parti républicain a subi un naufrage, sa base électorale pour la présidence étant maintenant limitée à quelques régions, le Sud profond et les Etats largement ruraux de l'Ouest intérieur. Obama a balayé la côte est, du Maine à la Floride, le Midwest industriel, toute la côte du Pacifique et la plus grande partie de l'Ouest montagneux.

Les républicains ont perdu des sièges au Sénat dans toutes les régions du pays. Les démocrates ont gagné les sièges vacants en Virginie, au Colorado et au Nouveau-Mexique et défait les républicains sortants au New Hampshire, en Caroline du Nord. Les résultats pour l'Alaska, le Minnesota et l'Oregon sont toujours incertains. Pas un seul sénateur démocrate sortant n'a perdu son siège.

A la Chambre des représentants, les démocrates ont arraché plusieurs sièges aux républicains : trois dans l'Etat de New York, trois en Virginie, deux en Ohio, deux en Floride, deux au Nouveau-Mexique et un au Connecticut, en Pennsylvanie, en Caroline du Nord, en Alabama, en Illinois, au Colorado, en Arizona, au Nevada et en Idaho. Seulement trois démocrates sortants ont été défaits (en Floride, en Louisiane et au Texas).

Des millions de personnes aux Etats-Unis et des milliards d'autres de par le monde ont salué la défaite cuisante des républicains, avec soulagement et même euphorie. Toutefois, leur interprétation de la victoire d'Obama est très différente de celle des dirigeants du Parti démocrate, y compris Obama lui-même, et de l'élite dirigeante qui a donné son soutien au sénateur de l'Illinois.

Les médias américains diront, on ne peut en douter, que la victoire des démocrates ne signifie pas qu'ils ont le mandat pour un changement de cap radical. Toutefois, même avant que les votes eurent été comptés et que la victoire d'Obama fut officiellement annoncée, les principaux dirigeants démocrates adoptaient précisément cette position. Le gouverneur du Nouveau-Mexique, Bill Richardson, qui a fait connaître son appui à Obama lors des primaires, a averti mardi soir que les démocrates doivent « demeurer modestes » et « chercher à former des alliances ». Le représentant au Congrès de la Géorgie John Lewis a fait écho à ces remarques, déclarant que les démocrates doivent aller « très lentement » et prendre une voie « bipartisane ».

En fait, l'élection de mardi a été un mandat clair de la population pour la fin des politiques de droite, qui ont eu un caractère largement bipartisan.

Toute satisfaction que le Parti démocrate tirera de sa victoire sera contrecarrée par la compréhension au sein du cercle rapproché du président-élu Obama, de la direction du parti et de l'establishment politique que les attentes et les espoirs des masses, gonflés par les résultats électoraux, ne pourront pas facilement être contenus. Le résultat des élections ouvre la voie à une nouvelle et longue période d'intenses conflits de classe aux Etats-Unis.

(Article original anglais paru le 5 novembre 2008)

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