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Retrait d’Afghanistan de toutes les troupes ! Une réponse socialiste à la guerre et au militarisme

Déclaration du Socialist Equality Party (Grande-Bretagne) et du Partei für Soziale Gleichheit (Allemagne)
22 septembre 2008

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Des manifestations appelant au retrait d’Afghanistan des troupes étrangères ont lieu aujourd’hui en Allemagne, en France et en Grande-Bretagne. Le Socialist Equality Party et le Partei für Soziale Gleichheit, sections britannique et allemande du Comité international de la Quatrième Internationale soutiennent cette revendication. Nous appelons au retrait immédiat et inconditionnel de toutes les troupes en Afghanistan.

Cependant on ne peut atteindre ce but en utilisant les méthodes politiques prônées par les organisateurs de ces manifestations et qui se limitent à faire pression sur « leur » gouvernement et cherchent à influencer une partie de l’élite dirigeante.

La guerre en Afghanistan est une guerre impérialiste. L’objectif de l’opération « Enduring Freedom » conduite par les Etats-Unis et la Force internationale d’assistance à la sécurité conduite par l’OTAN est d’imposer un contrôle géostratégique sur l’accès aux réserves de pétrole et de gaz.

Le projet de conquête de l’Afghanistan était déjà prêt depuis longtemps lorsque les deux avions ont frappé le World Trade Center le 11 septembre 2001. On peut remonter jusqu’aux années 1970, où l’occident acheminait des fonds aux seigneurs de guerre de la région et aux intégristes islamiques, dont al-Qaïda, afin qu’ils renversent le régime de Kaboul soutenu par Moscou. Après que la lutte entre seigneurs de guerre eût réduit le pays en cendres, les talibans finirent par prendre le pouvoir. Ils avaient été entraînés par les services secrets pakistanais.

Maintenant l’OTAN, à force de bombardements, a remis au pouvoir les seigneurs de guerre et les barons de la drogue, avec des conséquences désastreuses. La production d’opium a atteint 8 200 tonnes l’année dernière, ce qui représente 93 pour cent de la production mondiale. L’Afghanistan se situe au 174e rang sur 178 sur l’index de pauvreté de l’ONU. L'espérance moyenne de vie, y est d'à peine 40 ans et 60 femmes y meurent chaque jour de faim et par manque de soins médicaux. Le taux d’analphabétisme y est de 70 pour cent dans les villes et atteint 99 pour cent à la campagne. Un quart de la population seulement a accès à l’eau propre et dix pour cent seulement ont l’électricité.

Comme toute occupation coloniale, la prise impérialiste de l’Afghanistan provoque aussi une résistance populaire que les médias occidentaux attribuent sans discrimination aux « talibans » ou aux « terroristes. » L’OTAN riposte par des frappes brutales qui tuent un très grand nombre de civils.

Ces dernières semaines, les Etats-Unis ont élargi la guerre au territoire pakistanais, menaçant de pousser à la guerre civile ce pays détenteur de l’arme nucléaire et de déstabiliser l’ensemble du sous-continent indien.

Crise du système capitaliste

Cette politique irresponsable et dangereuse ne peut s’expliquer comme étant l’action arbitraire de tel ou tel homme politique comme le président Georges Bush. La preuve en est que le candidat républicain à la présidentielle John McCain et son rival démocrate Barack Obama ont tous deux appelé à ce que l’on augmente le nombre de soldats américains envoyés en Afghanistan ainsi qu’à des mesures plus sévères contre le Pakistan.

La vraie cause de la guerre, comme de tous les autres maux sociaux, réside dans les contradictions d’un système social qui subordonne les besoins humains et sociaux à la course aux profits des ultra-riches.

 « Mais tant que les principales forces productives de la société seront entre les mains des  trusts, c'est-à-dire des cliques capitalistes isolées, et tant que l’Etat national demeurera un instrument docile entre les mains de ces cliques, la lutte pour les marchés, pour les sources de matières premières, pour la domination du monde, prendra inévitablement un caractère de plus en plus destructif, » avait écrit Léon Trotsky au début de la Seconde Guerre mondiale.

Plus la crise du capitalisme s’intensifie et plus impitoyable est la lutte pour gagner des marchés et des matières premières. S’assurer l’accès aux réserves de pétrole et de gaz d’Asie centrale et du Proche-Orient est la tâche première de la politique étrangère impérialiste. C’est la raison pour laquelle les Etats-Unis et leurs alliés européens conduisent la guerre en Afghanistan.

Pas plus tard que le mois dernier l’attaque, sans avoir été provoquée, de la Géorgie contre l’Ossétie du Sud a soulevé la possibilité d’un conflit entre les deux plus grandes puissances nucléaires du monde, la Russie et les Etats-Unis. Tout comme l’Afghanistan, la Géorgie occupe une position stratégique au milieu d’un important corridor énergétique et a été armée jusqu’aux dents par les Etats-Unis avant d’être encouragée à lancer son attaque.

Les puissances européennes poursuivent, elles aussi, leurs propres intérêts géostratégiques. Elles ont toutes reconverti leurs forces armées en forces d’intervention internationale afin de s’assurer les voies d’acheminement du gaz et du pétrole.

Les attaques perpétrées contre la population laborieuse à l’intérieur du pays vont de pair avec le militarisme. Partout l’inégalité sociale prend des formes de plus en plus flagrantes. Les prestations sociales sont supprimées, les salaires et les emplois sont détruits. Ceci s’accompagne d’attaques contre les droits démocratiques, au nom de la soi-disant « guerre contre le terrorisme. »

On ne pourra mettre fin aux combats en Afghanistan et on ne pourra éviter d’autres guerres que si le pouvoir et le contrôle de l’économie sont arrachés des mains des cliques impérialistes prédatrices. La lutte contre la guerre est inséparablement liée à la lutte pour une société socialiste, qui place les besoins de la majorité avant les profits de la minorité.

Le fondement d’une telle lutte ne peut être une adaptation à l’une ou l’autre des ailes de l’élite dirigeante du pays mais seulement à un mouvement indépendant et international de la classe ouvrière.

La perspective du « mouvement pour la paix »

Les soi-disant mouvements pour la paix des différents pays rejettent une telle orientation. Au lieu de cela, ils resserrent les rangs avec ceux des éléments de la classe dirigeante qui veulent se distancer de Washington et mettre en avant leurs propres intérêts nationaux.

En Allemagne, le mouvement pour la paix ne rejette même pas le contrôle impérialiste sur l’Afghanistan, mais préconise plutôt des méthodes civiles aux méthodes militaires. En juin, il y a eu un congrès sur l’Afghanistan dans le but de développer des « alternatives au déploiement militaire. » André Brie, député européen et membre du Parti La Gauche (Die Linke), a dit que la tâche clé en Afghanistan était « la reconstruction du système policier et judiciaire en souffrance depuis longtemps. »

Le déficit véritable de la politique européenne en Afghanistan a-t-il souligné, est qu’elle « ne s’est pas émancipée de Washington et qu’elle est toujours prête à se subordonner à Washington… Le plus grand obstacle à une stratégie afghane nouvelle et constructive est  l’attachement européen pour une politique pro-américaine. »

En France, l’appel à la manifestation s’adresse directement au parlement et au président de la République en réclamant « le retrait des troupes françaises ». Il insiste lui aussi pour dire : « Nous refusons une France alignée sur la stratégie américaine… »

On compte parmi les signataires de cet appel le Parti communiste et les Verts (en 2001 tous deux étaient dans le gouvernement Jospin qui a envoyé les troupes françaises en Afghanistan) et Olivier Besancenot de la Ligue communiste révolutionnaire (LCR).

En Grande-Bretagne, la manifestation de la Coalition Stop the War s’est concentrée sur la conférence du Parti travailliste et s’orientant notamment sur la poignée de travaillistes de « gauche » restants, a appelé le gouvernement Brown à « changer ses priorités ».

Une telle orientation politique qui subordonne le mouvement anti-guerre à une aile de la classe dirigeante qui serait de gauche ou progressiste, ne peut mener qu’à une impasse.

Que l’on se souvienne de l’expérience faite avec les Verts allemands. A la fin des années 1970, lorsque les Etats-Unis cherchaient à stationner en Europe des missiles de moyenne portée ciblant la Russie et menaçant de transformer l’Allemagne en un champ de bataille nucléaire, les Verts se trouvaient à la tête du mouvement pour la paix. A peine vingt ans plus tard, après que le rideau de fer se soit effondré et que l’Allemagne réunifiée ait été en mesure une fois de plus de poursuivre sa propre politique étrangère, les Verts se trouvent dans le camp de l’impérialisme allemand. En tant que ministre des Affaires étrangères, le dirigeant du Parti des Verts, Joschka Fischer, porte une responsabilité dans la participation de l’Allemagne à la guerre en Afghanistan et dans la nomination d’Hamid Karzaï, un consultant de l’entreprise pétrolière américaine Unocal, à la tête du pays.

Un mouvement contre la guerre doit se développer indépendamment de l’élite dirigeante et de ses conseillers de « gauche » et doit lier la question de la guerre aux questions sociales. Les conditions existent déjà pour qu’un tel mouvement s’amplifie vu que l’opposition populaire au militarisme et à l’inégalité sociale ne cesse de croître. Le Comité international de la Quatrième Internationale s’efforce de construire un nouveau parti international de la classe ouvrière qui lutte pour une perspective socialiste. Nous appelons tous ceux qui manifestent aujourd’hui à lire le World Socialist Web Site et à nous contacter.

(Article original anglais paru le 20 septembre 2008)

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