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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

Canada : Des viandes contaminées par une bactérie causent la mort de douze personnes

Par Carl Bronski
3 septembre 2008

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Une contamination par la bactérie Listeria d’une usine de transformation de viande de Toronto en Ontario a causé la mort d’au moins douze personnes de par le Canada. Des douzaines d’autres ont été rendues malades par l’infection.

Parce que la période d’incubation de la listériose est longue, les experts prédisent que plusieurs autres infections pourraient survenir au cours des prochaines semaines. Les personnes âgées, les jeunes enfants et les personnes connaissant un problème avec leur système immunitaire sont particulièrement vulnérables à la bactérie.

Après que l’éclosion de listériose se soit étendue, Maple Leaf Foods, propriété du milliardaire Wallace McCain et une des principales compagnies alimentaires au Canada, a retiré 220 produits de la viande manufacturés à son usine de Toronto des tablettes des épiciers. Un premier rappel, celui du 17 août, n’avait rappelé que 2 produits prêts-à-manger. La liste des viandes suspectes a ensuite allongé pour contenir 23 produits avant que la compagnie ne décide de retirer l’ensemble de ses produits plus tôt cette semaine.

McCain, avec l’aide du fonds de retraite des enseignants de l’Ontario, a acheté Maple Leaf Foods en 1995 et a immédiatement  entrepris de la rationaliser, achetant ses concurrents et coupant les salaires et les emplois dans les usines d’empaquetage et de traitement de la viande. Une grève acerbe de 12 mois en 1997-98 a résulté en un accord intervenu entre le syndicat United Food and Commercial Workers et la compagnie où les salaires ont été coupés de 40 pour cent, des emplois éliminés et l’usine d’Edmonton fermée.

Les commentaires éditoriaux des grands médias ont tous louangé la façon « active » avec laquelle Maple Leaf a répondu aux événements. La compagnie a prédit qu’elle perdrait au moins 20 millions de dollars à cause du rappel.

Le ministre fédéral de la Santé, le conservateur Tony Clement, du congrès national du Parti démocrate à Denver où il se trouvait lorsque la crise a éclaté, a louangé la réponse du gouvernement à l’éclosion de la maladie. « Notre système de surveillance a identifié le problème et nous a permis de répondre d’une façon efficace au développement d’un problème de santé publique. C’est un bon exemple de la façon dont notre système de surveillance fonctionne. »

Une douzaine de personnes décédées, des douzaines d’autres gravement malades et combien d’autres dans les semaines à venir, on se demande ce que le ministre qualifierait d’échec.

L’analyse des circonstances entourant l’incident soulève plusieurs questions importantes sur l’efficacité du système de sécurité alimentaire au Canada. Les responsables de la santé au niveau fédéral ont commencé à soupçonner dès la mi-juillet qu’une dangereuse infection bactérienne se développait dans une maison de retraite à Toronto. A la fin juillet, les autorités avaient déterminé que les infections de Toronto faisaient partie d’une éclosion beaucoup plus importante à l’échelle de la province. Et Maple Leaf Foods a été avertie par l’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) qu’au moins certains de ses produits étaient soupçonnés d’être responsables de la contamination au moins quatre jours entiers avant le premier avertissement public par la compagnie.

Seulement 2 pour cent des produits alimentaires au Canada sont vérifiés par des inspecteurs avant leur distribution à la population. Michèle Demers, présidente du syndicat représentant les inspecteurs alimentaires fédéraux, a blâmé le manque de personnel pour la croissance des contaminations alimentaires. « L’inspection des aliments avant qu’ils arrivent sur les tablettes, avant que les gens puissent les acheter, voilà le genre d’inspection qui n’est pas faite. Ce type d’inspection ne peut pas être fait parce qu’il manque de personnel. »

Le mois dernier, un document secret du cabinet des ministres a été obtenu par la presse indiquant que le gouvernement conservateur du premier ministre Stephen Harper considérait donner la responsabilité de l’inspection des aliments directement aux entreprises alimentaires, retirant les inspecteurs alimentaires de la chaîne de production et réduisant leur rôle à celui de « superviseur ». Le plan aurait aussi coupé des millions de dollars dans le financement de tests pour déterminer si les bovins souffrent de la maladie de la vache folle.

Les responsables gouvernementaux étaient clairement inquiets de la réaction de la population aux propositions draconiennes du ministre de l’Agriculture, Gerry Ritz. Le secrétaire du Trésor Wayne Wouters a ainsi expliqué le long délai avant l’implantation des mesures : « l’annonce de ces réallocations a été repoussée à cause d’importants risques de communication et pour permettre la complétion d’autres travaux de communications et de politique. »

Mais selon un article paru dans le Globe and Mail de mercredi passé, il semble maintenant que des portions importantes de la nouvelle politique gouvernementale aient déjà été implantées aussi tôt que l’an dernier ! Selon Richard Arsenault, un gestionnaire de l’ACIA, et Bob Kingston, un ancien inspecteur de l’ACIA et président actuel du syndicat de l’agriculture au sein de l’Alliance de la fonction publique du Canada, les inspecteurs fédéraux n’avaient pas effectué d’inspections à temps plein à l’usine de Toronto depuis un bon moment.

Au lieu de cela, un seul inspecteur, qui était aussi responsable de six autres usines, en était réduit à réviser des documents de la compagnie qui détaillaient ses pratiques sécuritaires. « Nous ne surveillons plus la Listeria. L’industrie s’en occupe elle-même, a dit Kingston. Ils documentent ce qu’ils font. Nous lisons leurs rapports. Si leurs rapports spécifient que tout est bien, alors tout est bien. » Kingston a noté que dans le nouveau système, les inspecteurs ne surveillent plus si les ouvriers de l’usine désinfectent correctement l’équipement ou ne passent plus beaucoup de temps sur le plancher de l’usine. « Une fois le travail de paperasse terminé, ils leur restent en fait très peu de temps pour voir quoi que ce soit et cela les inquiète. »

Des microbiologistes spécialisés dans l’alimentation ont suggéré que la contamination par la Listeria chez Maple Leaf n’est possible qu’avec une grande quantité de bactéries sur l’équipement de l’usine. Il faut plus d’un milliard de bactéries dans la viande pour que la maladie se développe. La pasteurisation du produit final de la viande, une mesure que l’on sait efficace pour contrer la Listeria, n’a jamais été adoptée par les compagnies au Canada et les gouvernements canadiens n’ont jamais demandé qu’elle soit implémentée.

Le scandale d’inspection alimentaire survient tout juste après la gigantesque explosion de propane plus tôt ce mois-ci à Toronto. Dans cet incident, on a aussi découvert que les mesures de privatisation entourant les inspections de sécurité mises de l’avant par le gouvernement provincial conservateur durant la dernière décennie et poursuivies par l’actuelle administration libérale ont mené à une négligence systématique face aux manquements industriels sur une longue période. Cette même philosophie de privatisation des procédures d’inspection a directement entraîné en 2000 le scandale de l’eau contaminée au E. Coli de la petite ville ontarienne de Walkerton lors duquel sept personnes ont perdu la vie et des centaines d’autres ont été gravement malades. Trois ministres fédéraux actuellement en poste, y compris Clement, faisaient partie du gouvernement ontarien de Mike Harris au moment de la tragédie.

(Article original paru le 28 août 2008)


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