wsws.org/francais

Visitez le site anglais du WSWS

SUR LE SITE :

Contribuez au WSWS

Nouvelles et Analyses
Luttes Ouvrières
Histoire et Culture
Correspondance
L'héritage que nous défendons

A propos du CIQI
A propos du WSWS

AUTRES LANGUES

Allemand

Français
Anglais
Espagnol
Italien

Indonésien
Russe
Turque
Tamoul

Singalais
Serbo-Croate

 

WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

Les syndicats et les démocrates parrainent les manifestations réactionnaires sous le slogan « Keep it made in America »

Par Jerry White
19 mai 2009

Imprimez cet article | Ecrivez à l'auteur

Cette semaine, une coalition de groupes d'entrepreneurs, de responsables syndicaux et de politiciens du Parti démocrate ont parrainé plusieurs rassemblements sous le slogan « Keep it made in America » [Gardez la production en Amérique] dans diverses villes du Sud et du Grand Ouest des États-Unis. Ces événements visaient à détourner la colère populaire due aux massives réductions de personnel, de salaires et de retraites dans l'industrie automobile et à mettre l'opposition des ouvriers sur la voie réactionnaire du nationalisme économique et du militarisme.

Des rassemblements se sont tenu dans le Michigan, l'Ohio, le Missouri, l'Indiana et d'autres Etats où des dizaines de milliers d'emplois sont menacés à cause des restructurations organisées par le gouvernement chez Chrysler et General Motors et de leur effet sur l’industrie des pièces détachées et de la sidérurgie. Ces événements – qui n'ont attiré chacun qu'une audience de quelques centaines de personnes au mieux – ont reçu une couverture favorable de la part des médias d'information qui les ont présentés comme une montée du soutien populaire en faveur du protectionnisme et des campagnes « achetez américain ».

Ces rassemblements étaient parrainés par l'Alliance pour la production américaine (qui comprend US Steel, une compagnie qui a licencié, rien que l’an dernier, des milliers de travailleurs aux États-Unis et au Canada) et le syndicat United Steelworkers, qui a déjà à son actif une longue liste de trahisons, collaborant à la réduction des emplois, des salaires et des retraites. Bien que le syndicat United Auto Workers [UAW] ne soit pas mentionné comme commanditaire officiel, plusieurs de ses représentants à l'échelon local ou régional y ont participé.

Les travailleurs qui se sont rendus à ces rassemblements, croyant par erreur qu'ils pourraient y trouver un moyen de défendre leurs emplois, se sont vus proposer une perspective de droite, favorable aux employeurs. Le but des organisateurs était de prévenir toute lutte indépendante des travailleurs de l'automobile en les liant pieds et poings liés au gouvernement Obama et aux constructeurs en faillite.

Cette coalition du « Keep it made in America » qui comprend également divers responsables démocrates de municipalités frappées par les fermetures d'usines, milite pour des incitations fiscales en faveur des industriels de l'automobile et de la sidérurgie, des exigences plus strictes quant au « contenu national » des entreprises qui bénéficient des aides d'Etat et des mesures de guerre économique contre les concurrents des États-Unis.

Jesse Jackson et divers démocrates membres du Congrès ont pris la parole à ces rassemblements pour donner un alibi politique au gouvernement Obama, lequel est l'organisateur de ces attaques contre les travailleurs de l'automobile, et pour perpétuer le mythe selon lequel les démocrates parlent au nom des travailleurs.

Au rassemblement qui s'est tenu lundi à Sterling Heights, dans la banlieue nord de Detroit, où Chrysler fermera une de ses principales lignes d'assemblage l'année prochaine, Virg Bernero, le maire de Lansing dans le Michigan, a fait un discours démagogique dénonçant « l'alliance impie » entre Washington et Wall Street. « On renfloue Wall Street et on se fout de l'homme de la rue » a-t-il déclaré, oubliant de dire que c'est le président démocrate qui donne des milliers de milliards à l'élite financière tout en exigeant des salaires de misère pour les ouvriers de Chrysler et GM.

Ces appels pseudo populistes s’accompagnaient de chauvinisme américain et d’efforts pour inciter à la haine contre les travailleurs en Chine, au Mexique et dans d’autres pays, parce qu’ils « volent » les emplois américains. Sander Levin, sénateur de longue date du Michigan a expliqué qu'une industrie automobile installée sur place était cruciale parce qu'on ne peut pas faire confiance aux pays étrangers pour construire du matériel militaire, sous-entendu parce que l'Amérique pourrait être en guerre contre eux. « Les chars et les véhicules blindés ne peuvent pas être produits en Chine, en Allemagne ou au Japon », a-t-il martelé.

La semaine dernière, l'UAW, qui a marché au pas derrière Obama, demandant elle aussi que les travailleurs de l'automobile acceptent des pertes d'emplois massives et des concessions sur les salaires et les retraites, a dénoncé GM pour son plan de restructuration qui fermerait des usines aux États-Unis tout en maintenant la production en Chine, au Mexique et en Corée du Sud.

Ce thème a été repris par l'orateur suivant, Bill Parker, président du local 1700 de l'UAW à l'usine d'assemblage de Chrysler, à Sterling Heights. La tirade nationaliste de Parker est particulièrement importante en regard de son passé, notamment de son appartenance à l'International Socialist Group dans les années 1960 et 1970.

Comme bon nombre d'ex-radicaux petit-bourgeois qui défendent l'UAW, il a trouvé une position dans l'appareil de cette organisation, dans son cas, en tant que directeur du comité national des négociations de Chrysler. Dans cette fonction, il a récemment négocié l'accord au rabais qui sacrifie les acquis de plusieurs générations de travailleurs en échange de l'obtention pour l'UAW de 55 pour cent des parts dans Chrysler après la restructuration.

Parker a feint la surprise au sujet de l'annonce par la compagnie de la fermeture de huit usines, dont la sienne, moins d'un jour après avoir « voté un contrat de concessions visant à garder les usines de Chrysler ouvertes ».

Il n'a pas mentionné les affirmations de l'UAW selon lesquelles accepter ces concessions empêcheraient Chrysler d'enregistrer une banqueroute et « sauverait » des emplois. Il a préféré, comme les autres orateurs, détourner l'attention du rôle de l'UAW et du gouvernement Obama en blâmant les travailleurs étrangers.

Parker a mentionné plusieurs des usines visées, dont celles de St. Louis dans le Missouri, Kenosha dans le Wisconsin, et Sterling Heights, et s'est plaint qu'elles étaient en train de fermer alors que la production était maintenue à Windsor au Canada ainsi qu'à Saltillo et Toluca au Mexique.

« Il n'y a pas une seule usine Chrysler qui ferme en dehors des frontières des États-Unis » s'est-il plaint, suggérant qu'il était dans l'intérêt des travailleurs de l'automobile des États-Unis de demander que les travailleurs canadiens et mexicains soient licenciés à leur place.

Ce poison nationaliste est destiné à séparer les travailleurs américains et leurs frères et sœurs des autres pays qui ont devant eux une lutte commune contre les atteintes à leurs emplois et leurs niveaux de vie. La reprise prévue de Chrysler et GM en Europe par Fiat devrait entraîner plus de 10 000 pertes d'emplois à travers l'Europe. Les analystes prédisent que la baisse mondiale des ventes de voitures – qui devraient tomber de 70 à 50 millions de véhicules – entraînera une nouvelle vague de fusions et de banqueroutes, ne laissant que six géants de l'automobile dans le monde et des centaines de milliers de travailleurs du secteur au chômage.

Depuis qu'elle s'est jointe aux patrons de l'automobile dans les campagnes « Achetez américain » des années 1970 et 1980 l’agitation de drapeaux nationaliste de l'UAW n'a pas sauvé un seul emploi. Au nom de la « sauvegarde des emplois américains » l'UAW a réprimé toutes les luttes contre les licenciements massifs, les concessions et l'accélération des cadences, déclarant que toute résistance aux employeurs saperait la compétitivité des constructeurs automobiles américains. Le résultat en a été la perte de 750 000 emplois à Chrysler, Ford et GM au cours des trente dernières années.

Si les travailleurs ne veulent pas être réduits à une lutte fratricide pour savoir qui gardera un emploi à très bas salaire et aux pires conditions – pour être en fin de compte entraîné dans une nouvelle guerre mondiale – ils doivent rejeter le programme nationaliste des syndicats aux États-Unis et internationalement, et monter une lutte commune pour défendre les emplois de tous les travailleurs dans chaque pays, en s'appuyant sur une perspective socialiste.

(article original paru le 15 mai 2009)


Untitled Document

Haut

Le WSWS accueille vos commentaires


Copyright 1998 - 2012
World Socialist Web Site
Tous droits réservés