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WSWS : Nouvelles et analyses : Economie mondiale

Rapport d'ouverture de Nick Beams à l'université d'été du PES

Le krach de 2008 et ses implications révolutionnaires

Troisième partie

Par Nick Beams
18 mars 2009

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L'article qui suit est la troisième partie du rapport d'ouverture de Nick Beams, secrétaire national du Parti de l'égalité socialiste (Australie) et membre du Comité de rédaction du WSWS, lors de l'université d'été organisée par le PES en janvier 2009 à Sydney. Pour accéder aux autres parties : 1, 2, 4

Je voudrais insister sur l'importance d'une approche globale, parce que sans cela on ne peut rien comprendre des origines et des causes de la Grande Dépression. Et ce ne sont pas simplement des questions qui relèvent d'un intérêt historique. La Grande Dépression, de fait, est devenue une question politique brûlante, au moment où le gouvernement Obama prépare son prétendu plan de relance, et où divers économistes keynésiens et « de gauche » de par le monde entrent en scène pour expliquer que la crise qui menace actuellement les États-Unis et l'économie capitaliste mondiale pourrait être évitée si seulement les mesures qu'ils proposent étaient adoptées avec suffisamment de vigueur.

John Maynard Keynes était bien conscient de son rôle politique lorsqu'il chercha à démontrer que l'intervention étatique dans l'économie, en s'appuyant sur les dépenses en hausse, pouvait résoudre les problèmes de l'économie capitaliste. Son but politique était d'empêcher une révolution socialiste.

Comme il l'expliquait dans une lettre ouverte au président Roosevelt à la fin de 1933 : « Vous êtes devenu celui sur qui reposent les espoirs de tous ceux qui, dans chaque pays, cherchent à améliorer notre sort par des expériences raisonnables dans le cadre de l'ordre social existant. Si vous échouez, le changement rationnel sera gravement dévalué partout dans le monde, laissant l'orthodoxie et la révolution régler leurs comptes. »

Dans un cours présenté à l'Université de Columbia en juin 1934, Keynes insista sur le fait que le problème économique n'était plus de savoir comment chaque compagnie pouvait produire plus individuellement, mais comment assurer une demande suffisante pour que chacune produise ce qu'elle était capable de produire. Si ce « nouveau problème » n'était pas résolu, « l'ordre existant dans la société serait tellement discrédité que des changements sauvages, insensés, destructeurs, deviendront inévitables. »

Pour Keynes, la crise du capitalisme n'émanait pas de processus qui lui étaient inhérents, encore moins de lois objectives, mais d'une mauvaise compréhension de celui-ci. Dans l'introduction de ses Essais de persuasion, publiés en 1931, il résuma sa position comme « La conviction profonde que le problème économique, comme on pourrait l'appeler pour faire court, le problème du besoin et de la pauvreté et de la lutte économique entre les classes et les nations, n'est rien d'autre qu'une horrible période de troubles, une confusion transitoire et inutile. »

Toujours selon Keynes, la cause de la crise tient à une erreur intellectuelle. La solution, en conséquence, se trouve dans un raisonnement correct. C'était, comme le fait remarquer son biographe Robert Skidelsky, sa réponse à Marx. Si les dirigeants du capitalisme ne changeaient pas leurs habitudes et n'arrêtaient pas de réduire les salaires des ouvriers pour rétablir les profits, une guerre de classe risquait d'éclater et de confirmer Marx. Ces questions sont toujours d'actualité.

Les analyses de la Grande Dépression ont toujours été profondément politiques parce qu'aucun autre événement économique – avec ses conséquences monstrueuses, le chômage de masse, le fascisme et la guerre – n'a démontré aussi clairement la faillite historique du mode de production capitaliste.

Il est incontestable que des considérations politiques figurent au cœur de l'analyse avancée par Milton Friedman dans son livre Une histoire monétaire des États-Unis, co-écrit avec Anna Schwartz et publié en 1963. Friedman, un des défenseurs les plus acharnés du « libre marché », voulait démontrer qu'il n'y avait aucun problème inhérent à l'économie capitaliste qui aurait pu causer un tel désastre. Il ne voulait pas seulement réfuter les marxistes, mais aussi les keynésiens, qui attribuaient la dépression à un manque de demande effective et appelaient à ce que le gouvernement intervienne dans l'économie capitaliste.

Pour Friedman, la cause fondamentale de la Dépression tenait à la politique monétaire contradictoire poursuivie par la Réserve fédérale (la Fed), qui réduisit les liquidités, en particulier lors de la crise bancaire de 1932, et transforma ce qui n'aurait dû être qu'une mauvaise passe normale dans le cycle des affaires en une catastrophe.

Dans l'esprit de Friedman, une expansion de la masse monétaire aurait pu empêcher l'effondrement si seulement des personnalités différentes avaient été à la tête de la Fed. Pourquoi n'y étaient-elles pas ? Friedman faisait remonter le problème à la mort de Benjamin Strong, le gouverneur de la réserve fédérale de New York en 1928. Son départ a perturbé l'équilibre de la Réserve fédérale et l'a laissé sans une direction efficiente.

Cette explication ne passe pas même un examen sommaire. Il n'y a aucune preuve que même avec la présence de Strong les décisions de la Fed auraient été différentes. Après tout, la réponse de la Fed à la crise des années 30 a été la même que celle qu'elle avait apportée à la contraction sévère de 1920-21. Elle s'attendait à ce que l'économie reparte, tout comme elle l'avait fait dans les « Roaring twenties ».

Malgré sa pauvreté intellectuelle, la thèse de Friedman a guidé la Réserve fédérale américaine. Le président actuel de la Fed a résumé ses conceptions lors d'un discours tenu en 2002, à l'occasion du 90e anniversaire de Friedman. Décrivant l'analyse de Friedman et Schwartz comme une théorie puissante, il conclut : « en ce qui concerne la Grande Dépression. Vous [Friedman] avez raison, nous l'avons fait. Nous en sommes désolés. Mais grâce à vous, nous ne le referons pas. »

Dans la foulée du krach du marché des actions de 1987, les autorités financières américaines, d'abord sous la direction de Greenspan à la Fed puis celle de Bernanke, ont suivi les recommandations de Friedman. Chaque crise financière ou crise potentielle a été traitée par une baisse des taux d'intérêt et une extension du crédit. Et ces méthodes ont semblé marcher pendant près de 20 ans.

Des crises financières ont éclaté, mais elles ont passé assez vite après l'injection de liquidités dans le système financier, ce qui créait les conditions d'une nouvelle embellie.

Cependant, avec l'émergence de la crise des subprimes comme on l'appelle, – elle-même le résultat de la bulle financière créée à la suite de l'effondrement du marché des actions de 2000-2001 – ces méthodes ont fini de fonctionner. L'expansion des liquidités n'a pas pu arrêter la crise, qui n'a fait que s’aggraver, les banques et autres institutions financières arrêtant de prêter les unes aux autres.

L'effondrement de tout l’ordre du « libre marché » a donné un nouvel élan aux keynésiens. Ils maintiennent que cette crise ne peut être résolue qu'avec un retour de l'intervention gouvernementale et des plans de relance.

Lorsqu'on leur fait remarquer que les mesures du New Deal n'ont pas pu mettre fin à la Grande Dépression, ils répondent que le problème est qu'elles n'ont pas été poursuivies avec suffisamment de vigueur. Devant l'argument selon lequel le déclin sur neuf mois de septembre 1937 à juin 1938 était, selon les termes d'un historien des événements, « sans parallèle dans l'histoire économique américaine » et « le déclin le plus fort de toutes les périodes pour lesquelles il existe des statistiques » (Kenneth D. Rose "The recession of 1937-38", Journal of Political Economy, juin 1948) ils insistent sur le fait que ce passage à vide suivant l'amélioration de 1933-37 résultait de ce que Roosevelt avait suivi de mauvais conseils en augmentant les impôts.

De plus, les keynésiens maintiennent que l'amélioration de l'économie qui eut lieu à la suite des dépenses de guerre par le gouvernement vient confirmer leur analyse. Les dépenses du gouvernement, affirment-ils, sont efficaces si elles sont assez grandes. Le capitalisme peut alors être régulé pour répondre aux besoins sociaux. La crise actuelle n'est pas, comme le maintiennent les marxistes, le produit des contradictions irréconciliables de l'ordre capitaliste, mais émane de l'abandon des sages conseils du programme keynésien en faveur des poncifs de l'agenda du « libre marché » au cours des trente dernières années.

Je traiterai de ces questions en examinant d'abord théoriquement puis historiquement, en passant en revue les origines et la résolution de la Grande Dépression.

Les fausses conceptions foncières du keynésianisme s'appuient sur une mauvaise appréciation de la nature de l'économie capitaliste. La force motrice du mode de production capitaliste n'est pas la production de valeur d'usage ou la consommation, mais l'accumulation de capital par l'extraction de la plus-value. La question clef est donc : quel est l'effet des mesures keynésiennes – basées sur une augmentation des dépenses gouvernementales – sur ce processus ? quel est leur effet sur les profits ?

Pour les keynésiens, le problème fondamental tient au manque d’une demande effective. S'il y a un manque de demande, les denrées produites ne peuvent pas être vendues. Si les firmes qui les ont produites ne peuvent pas les vendre, elles doivent réduire la production. Ce qui entraînera une réduction de la demande pour les denrées que ces firmes achètent elles-mêmes, entraînant une nouvelle baisse de la demande effective, et ainsi de suite. La question centrale est alors de restaurer le niveau de la demande effective pour que l'économie puisse recommencer à croître.

Regardons cela de plus près. Qu'est-ce que la demande effective ? Elle est constituée de deux choses : la demande des travailleurs pour des biens de consommation et la demande des entreprises capitalistes pour des biens servant à la production. La demande des travailleurs pour des biens de consommation – une demande s'appuyant sur leurs salaires – ne peut jamais fournir un marché suffisant au capital pour réaliser ses profits, parce que le prix des biens de consommation comprend les profits qui vont au capital. En d'autres termes, la sous-consommation de la classe ouvrière est permanente. Cela découle de la nature même de la production capitaliste. La valeur de la force de travail – le salaire reçu par l'ouvrier – est toujours inférieure à la valeur que l'ouvrier apporte dans le processus de production. Cette différence est la source de la plus-value et du profit.

La source de la crise ne peut donc pas être la sous-consommation par les travailleurs, puisque c'est une condition permanente du mode de production capitaliste. Le niveau de la demande effective doit être déterminé par les autres composants, la demande des entreprises capitalistes pour les biens servant à la production. Et le niveau de cette demande sera déterminé par le taux de profit. Si les profits augmentent, les dépenses d'investissement augmenteront. Si l'investissement augmente, il y aura plus de travailleurs employés dans les industries qui produisent ces biens. Si on emploie plus de travailleurs, la consommation augmentera et l'économie dans son ensemble se développera.

Keynes soulignait le rôle décisif de l'investissement. Il voyait dans son déclin la conséquence de prévisions pessimistes faites à partir de l'état du marché. Mais si la psychologie des hommes d'affaires capitalistes et leur propension à investir est déterminée par l'état du marché, on en revient à la même question : qu'est-ce qui détermine l'état du marché ?

Il ne fait aucun doute qu'une crise ou une dépression prend la forme, sur le marché, d'un manque de demande effective. Mais ce manque n'est que la forme apparente d'un processus qui n'a pas ses origines dans le marché, mais dans la sphère de la production.

Examinons cela de plus près. Chaque entreprise capitaliste est confrontée aux diktats du marché. C'est par le marché que chaque entreprise capitaliste réalise la plus-value – c'est-à-dire qu'elle la transforme en argent – qu'elle a extraite de la classe ouvrière, ou, pour être plus exact, qu’elle participe à l'appropriation de la plus-value totale qui a été extraite de la classe ouvrière dans son ensemble.

Pour que la profitabilité d'une section quelconque du capital puisse augmenter, le marché dans son ensemble doit s'étendre. Cette extension se réalise par l'extraction de plus en plus forte de plus-value par d'autres sections du capital.

Comme l’a dit Marx, la création de la plus-value par le capital est « conditionnée à une expansion, spécifiquement une expansion constante, de la sphère de la circulation. La plus-value créée en un endroit requiert la création de plus-value en un autre endroit, contre laquelle elle pourra être échangée. » (Marx, The Grundrisse, p. 407).

Quel effet une augmentation des dépenses de consommation – que ce soit directement par le gouvernement ou indirectement par des réductions d'impôts – peut-elle avoir sur l'accumulation de la plus-value ? Elle ne l'augmente pas. En fait, dans la mesure où les dépenses supplémentaires du gouvernement doivent être financées par la création de dettes, elles peuvent aggraver le problème à long terme en augmentant les exigences des détenteurs de bons du Trésor en matière d'intérêts.

L'augmentation des dépenses de gouvernement peut entraîner une expansion économique, c'est-à-dire une augmentation du revenu national, pour un temps. Mais elle n'apportera pas par elle-même une augmentation de l'accumulation de plus-value et du taux de profit.

Faisons une analogie avec la médecine. Si une jeune personne reçoit un choc électrique qui arrête son cœur, une piqûre d'adrénaline va redémarrer le cœur et lui sauver la vie. L'adrénaline fonctionne parce que c'est le cœur d'une jeune personne en bonne santé. Mais si le cœur est en mauvais état, aucune quantité d'adrénaline aussi élevée soit-elle ne résoudra le problème sous-jacent.

Dans l'économie capitaliste, si le régime de production est en bonne santé – s'il continue à produire suffisamment de plus-value – alors une piqûre d'adrénaline économique sous la forme de dépenses gouvernementales augmentées peut faire des miracles. Mais pas si le mécanisme d'extraction est défectueux ou usé, pas si les artères par lesquelles la plus-value s'écoule sont sclérosées.

En nous appuyant sur ces considérations théoriques, nous pouvons nous tourner à nouveau vers le développement historique de la Grande Dépression.

En 1933, l'économiste britannique Lionel Robbins écrivait : « Nous ne vivons pas la quatrième mais la dix-neuvième année de la crise mondiale. » Il voulait dire que la crise n'avait pas commencée en 1929, mais en 1914. Adopter cette approche nous permet d'avoir une compréhension correcte des causes de la Grande Dépression.

L'éclatement de la crise mondiale sous la forme de la Première Guerre mondiale a eu lieu, comme nous l'avons déjà remarqué, à un point d'infléchissement de la courbe du développement capitaliste. Après une période de croissance à toute vapeur à partir du milieu des années 1890, les taux de profit ont recommencé à baisser. Ce n'était pas une simple fluctuation du cycle des affaires mais, comme le démontre l'incapacité ultérieure de l'économie européenne à effectuer une reprise dans la période d'après-guerre, une nouvelle phase du développement économique.

Dans les années 1920, de nombreux observateurs ont pu envisager comment le capitalisme pouvait avancer : l'économie européenne devait être reconstruite à la manière américaine, en utilisant les méthodes de production américaines largement plus productives pour se développer. Mais c'était impossible. La guerre elle-même avait éclaté en raison du conflit entre l'expansion des forces productives et les restrictions imposées par le système des États nations. Loin de calmer ce conflit, la fin de la guerre – le traité de Versailles – n'a fait que l'aggraver.

L'expansion de l'industrie européenne, l'introduction de méthodes de production à grande échelle, était bloquée par les barrières douanières, les cartels, les accords pour limiter la production, et les frontières nationales.

Au même moment, les États-Unis vivaient une croissance rapide. Mais elle ne se suffisait plus à elle-même. Pour que l'expansion économique américaine se poursuive, il fallait une expansion de l'économie européenne. L'extraction de la plus-value de la classe ouvrière par la méthode bien plus productive du capitalisme américain exigeait une extraction accrue de plus-value en Europe. Cela ne put se produire, et le résultat fut l’effondrement de l'économie américaine en 1929. En d'autres termes, même si la Dépression prit la forme d'un effondrement de la demande effective, sa cause ne résidait pas dans la sous-consommation, mais dans la sous-production de plus-value, en particulier en Europe.

La Grande Dépression n'était pas une crise débutant dans un pays donné puis se diffusant au reste du monde. C'était une crise globale, qui trouva son expression la plus dramatique dans les deux économies les plus productives du monde, les États-Unis et l'Allemagne.

Si l'effondrement a été tellement marqué aux États-Unis, c'était parce que les économies européennes n'ont jamais réellement émergées de l'état de dépression où elles étaient entrées après la guerre. Et s'il a été si fort en Allemagne, c'est parce qu'aucune autre économie n'était aussi comprimée par le système des Etats nations européens – une restriction que la bourgeoisie allemande chercha à dépasser lorsqu'elle apporta son soutien à Hitler, dans l'espoir qu'il se montrerait capable d'établir un Lebensraum [espace vital] par ses conquêtes militaires à l'Est.

Au lieu de fournir une voie vers le progrès au capitalisme américain, le New Deal de Roosevelt a convaincu, par son échec, les cercles dirigeants américains que seule une réorganisation complète de l'ordre mondial dans son ensemble pouvait résoudre l'impasse historique qui avait entraîné la Grande Dépression. La voie devait être déblayée pour les méthodes plus productives de l'industrie américaine. Comme l'expliquait Trotsky en novembre 1933 : « Tôt ou tard, le capitalisme américain devra se frayer une voie, dans toutes les directions, sur toute la planète. » Cette tâche serait menée à bien, écrivait-il, par tous les moyens disponibles, y compris la guerre.

Frayer un chemin au capitalisme américain signifiait que les plans allemands pour un empire sur le continent européen devaient être contrés. Il en allait de même pour les plans japonais d'un empire à l'Est, la prétendue sphère de co-prospérité. Cela signifiait également, comme le découvrit Churchill lors de sa rencontre avec Roosevelt en 1941 pour discuter du Traité de l'Atlantique, que les plans américains pour le monde d'après-guerre n’incluaient pas l'Empire britannique, avec ses frontières closes et ses accords de préférence impériale en matière de commerce et de finance.

La réorganisation d'après-guerre, telle qu’elle se manifeste dans les accords de Bretton Woods de 1944 et le plan Marshall de 1947, apporta les fondements économiques d'une nouvelle période d'expansion capitaliste. Ces mesures ont ouvert la voie à l'extension des méthodes industrielles américaines au reste du monde, avec leur productivité du travail plus élevée et une plus grande extraction de la plus-value, et à l'expansion de l'investissement américain.

En moins de trente ans pourtant, toutes les contradictions fondamentales du mode de production capitaliste allaient réapparaître. L'histoire de l'effondrement du système monétaire de Bretton Woods en 1971-73 peut être racontée du point de vue des excédents de dollars circulant dans le monde comparés à l'or stocké aux États-Unis qui était supposé leur servir de garantie. Mais ce n'était que l'expression d'un processus plus fondamental : la contradiction entre la croissance de l'économie mondiale, que le système monétaire lui-même avait rendu possible, et l'ancrage de ce système monétaire sur la monnaie d'un seul Etat-nation – fut-il le plus puissant – les États-Unis. En d'autres termes, la contradiction entre l'économie mondiale et le système des États nations avait refait surface. Dans la foulée de l'effondrement de Bretton Woods, chaque proposition visant à mettre au point une unité de compte internationale stable échoua à cause des intérêts nationaux opposés des grandes puissances capitalistes, tout comme avait échoué auparavant la proposition de Keynes d'une monnaie internationale.

L'autre contradiction à laquelle nous avons fait référence est également réapparue. La récession mondiale de 1974-75 ne résultait pas seulement d'une augmentation des prix du pétrole, ce n'était que le facteur déclenchant. Elle émanait d'une baisse du taux de profit qui commença à la fin des années 1960. La courbe du développement capitaliste avait entamé une baisse.

J'ai décrit les développements que cela a entraîné dans ma présentation The World Economic Crisis : A Marxist Analysis en décembre, je ne répéterai donc pas les points que j'y ai soulevés, sauf pour en souligner la question centrale. L'effondrement dans lequel le capitalisme mondial est entré en 2008 n'était pas la conséquence de mauvais choix politiques, ou d'une compréhension erronée de la part des politiciens bourgeois et qui pourraient être corrigés à présent. Il était dû à des processus qui ont été mis en branle par la crise du début des années 1970 et qui étaient inscrits dans la logique économique et historique du mode de production capitaliste lui-même.

À suivre

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