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WSWS : Nouvelles et analyses : Etats-Unis

La persécution du fondateur de WikiLeaks, Julian Assange

Par Joseph Kishore
9 décembre 2010

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L'état américain, ses porte-parole dans les grands médias et ses alliés sur toute la planète sont engagés dans une campagne internationale de calomnies et de persécution contre le fondateur de WikiLeaks, Julian Assange.

Cette campagne n'a rien à voir avec un hypothétique crime qu'il aurait commis, puisqu'il n'en a commis aucun. Il est la cible d'une chasse à l'homme internationale en raison du rôle qu'il a joué dans la révélation des mensonges et des opérations criminelles des puissances impérialistes du monde entier – et surtout des États-Unis.

Cette même criminalité de type mafieux a maintenant déployé toute sa puissance contre WikiLeaks et le soldat Bradley Manning, qui est accusé d'avoir divulgué certains documents. Aux États-Unis, les politiciens des deux partis sont unis dans leur détermination de voir Assange arrêté. Le gouvernement Obama a qualifié WikiLeaks et ses sources de « criminels, » le procureur général américain a juré de « boucher la faille [juridique] » en inventant un fondement pseudo-légal à l'ouverture des poursuites s'il n'en existait pas pour le moment.

L'ex-candidat à la présidentielle Mike Huckabee et d'ex-officiers militaires ont exigé la peine de mort pour Manning, pendant que Sarah Pallin a insisté pour que WikiLeaks soit considéré comme une organisation terroriste.

Les associés de Washington à l'étranger ont été aussi loin dans leurs attaques. Tom Flanagan, ex-conseiller du Premier ministre canadien, a déclaré que Assange devrait être « assassiné, » qu'Obama devrait « mettre un contrat sur sa tête et peut-être utiliser un drone ou quelque chose du genre. » Le fait qu'Assange soit citoyen australien n'a pas empêché Julia Gillard, Premier ministre de ce pays, de déclarer, sans aucune preuve, que les actions d'Assange étaient « illégales, » plaçant son gouvernement au service de la chasse à l'homme américaine.

Assange risque d'être prochainement arrêté pour des accusations fabriquées de toutes pièces en Suède. Jeudi, les autorités suédoises ont obtenu un nouveau mandat d'arrêt pour des allégations d'atteintes sexuelles – invariablement, et faussement, qualifiées de "viol" dans les grands médias. Ces accusations avaient au départ été initialement considérées comme tellement douteuses que le procureur avait décidé de classer l'affaire. Cette décision a été annulée, cependant, et la Suède a publié jeudi un mandat à Interpol. La police de Grande-Bretagne – où se trouverait Assange – a promis de l'arrêter, ce qui pourrait arriver dès aujourd'hui.

Il ne fait aucun doute que les accusations dont Assange fait l'objet en Suède ne sont qu'un prétexte pratique pour obtenir sa mise en détention.

En effet, parmi les documents les plus révélateurs affichés par WikiLeaks jusqu'ici, il y en a un émanant de l'ambassade américaine en Suède, qui note les liens étroits de la Suède avec l'armée des États-Unis et « dément la politique officielle » de non-participation aux alliances militaires. Dans ce qui a commencé à apparaître comme l'un des grands thèmes des communications divulguées issues du ministère des Affaires étrangères américain, l'ambassadeur prévient que ces liens ne devraient pas être révélés parce que cela « exposerait le gouvernement à des critiques nationales. »

Les documents obtenus par WikiLeaks – dont seulement une petite fraction a été publiée pour l'instant – contribuent à révéler au grand jour une conspiration permanente contre les droits démocratiques de la population mondiale : de la couverture des bombardements américains de civils au Yémen, aux manœuvres d'arrière-cour pour empêcher les poursuites contre des agents de la CIA coupables de torture, à l'espionnage des représentants de l'ONU en violation des traités internationaux.

Ceux qui dirigent la campagne contre WikiLeaks sont eux-mêmes responsables d'atrocités horribles. Face aux affirmations de la ministre des Affaires étrangères Hillary Clinton selon lesquelles WikiLeaks a mis des vies en danger, Assange a donné une réponse juste dans un entretien avec le Time magazine. WikiLeaks, a-t-il expliqué, « n'a jamais fait qu'un individu […] subisse le moindre dommage physique ou soit emprisonné par erreur etc. C'est remarquable comparé aux organisations que nous essayons d'exposer et qui ont littéralement été impliquées dans la mort de centaines de milliers, ou potentiellement sur de nombreuses années, de millions de gens. »

Cette criminalité continue, actuellement sous le gouvernement Obama. Un document publié par WikiLeaks qui a été quasiment ignoré par les médias est pourtant particulièrement révélateur. À l'été 2009, le gouvernement Obama, allié avec des dirigeants du Parti républicain, est intervenu pour faire pression sur le gouvernement espagnol pour faire échouer une enquête sur des tortures commises par l'administration Bush.

À un moment, un représentant de l'ambassade américaine, accompagné de l'ex-président du Parti républicain Mel Martinez, a rencontré le ministre des Affaires étrangères espagnol en exercice pour insister sur le fait que « les poursuites ne seraient pas comprises ni acceptées aux États-Unis et auraient un effet énorme » sur les relations américano-espagnoles. Ces poursuites ont été rapidement abandonnées.

Si les actions de WikiLeaks ont aidé à révéler, en temps réel, les mensonges du gouvernement américain, elles ont également révélé le rôle des grands propagateurs de ces mensonges : les médias américains. Pendant des décennies, le gouvernement américain a cultivé les médias au point qu'ils s'infligent eux-mêmes la censure par habitude, qu'ils n'ont pas honte de se qualifier eux-mêmes d'« enrôlés » (« embedded ») dans telle ou telle unité ou autre corps de l'Etat.

Les grands journaux épurent régulièrement des articles majeurs en consultation avec la Maison-Blanche et le Pentagone, retardant la sortie des reportages qui pourraient être politiquement dommageables. Maintenant, ce qui est censé être une obligation centrale des médias – révéler les secrets du gouvernement et fournir des informations à la population – est traité par les médias eux-mêmes comme une entreprise criminelle.

Les grands médias ont été inquiétés depuis longtemps par le potentiel d'Internet à permettre aux gens d'accéder à une information non filtrée par les canaux officiels. Il ne fait aucun doute que les révélations de WikiLeaks alimenteront la campagne du gouvernement américain pour affermir son contrôle sur les réseaux informatiques.

Le site Web de WikiLeaks a déjà été la cible d'attaques répétées l'empêchant de fonctionner, dont l'origine est suspecte. Au cours d'une tentative pour remettre en service le site, WikiLeaks a loué des serveurs à Amazon. Mercredi, Amazon a empêché WikiLeaks d'utiliser ses serveurs, apparemment sous la pression d'officiels américains et de l'ex-Démocrate devenu indépendant, le Sénateur Joseph Lieberman, président du Comité à la sécurité intérieure.

La persécution étatique contre Assange - soutenue avec enthousiasme par les grands médias – est une expression du déclin profond de la démocratie aux États-Unis et sur toute la planète. Les gouvernements du monde entier, à la suite des États-Unis, mènent des politiques profondément impopulaires – le renflouement à plusieurs milliers de milliards de dollars des institutions financières, les exigences sans cesse renouvelées d'austérité sociale ainsi que la guerre et le pillage mondial qui s'étendent.

Les proclamations répétées sur la nécessité du secret, que WikiLeaks a violé en publiant des documents gouvernementaux, émanent fondamentalement du conflit irréconciliable entre les intérêts sociaux que ces gouvernements représentent et les besoins et aspirations de la vaste majorité de la population.

La persécution d'Assange et la tentative de faire taire ces révélations ne sont pas simplement une menace contre un individu particulier. Les méthodes employées contre WikiLeaks seront utilisées contre toute opposition à la politique de l'aristocratie financière et patronale.

Le World Socialist Web Site exige une fin immédiate de la campagne contre WikiLeaks et Julian Assange. Tous les documents que WikiLeaks a en sa possession devraient être publiés et révélés au grand jour.

En dernière analyse, la chasse aux sorcières hystérique contre Assange et WikiLeaks n'est pas un signe de force de la part de l'élite dirigeante américaine et de son Etat, mais plutôt un signe de ses craintes et de ses faiblesses. Intensément consciente de la crise et de l'instabilité du système politique et économique, ils craignent que les révélations de crimes étatiques ne fassent qu'alimenter l'irruption inévitable d'une opposition massive de la classe ouvrière à leur politique réactionnaire aux États-Unis et de par le monde. C'est ce mouvement émergeant de luttes sociales à l'échelle mondiale qui doit prendre fermement la défense d'Assange, de WikiLeaks et de tous ceux qui cherchent à révéler au grand jour les crimes et les conspirations de l'impérialisme.

(Article original paru le 3 décembre 2010)

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