Dans son discours sur
l'état de l'union délivré mercredi, le président Barack Obama a évité toute
présentation directe et concrète du véritable état de la société américaine.
Compte tenu de l'ampleur considérable de la crise économique et de son impact
destructeur sur des dizaines de millions d'Américains, le recours d'Obama à des
échappatoires et à des platitudes était d'autant plus étonnant.
Obama a parlé de vagues généralités au sujet
de la crise mais sans pratiquement citer des faits. Il a déployé une variété de
moyens rhétoriques pour feindre de la sympathie pour le sort des Américains
ordinaires, mais son discours n'a fait que révéler l'éloignement et
l'indifférence qui le séparent, non seulement lui et mais l'ensemble de l'establishment
politique, de la grande masse de la population.
Il a commencé en défendant les mesures
« agressives » qu'il a prises pour sauver le système financier en
affirmant qu'un « an plus tard, le pire de la tempête est passé. »
Vraiment ? Pour qui exactement la tempête est-elle passée ?
La réponse est évidente, pour les parasites
financiers dont la spéculation a provoqué le désastre économique. La situation
de la classe ouvrière ne s'est qu'aggravée. Les saisies de logements et la faim
battent des records et la pauvreté augmente rapidement. Quand Obama est arrivé
au pouvoir il y a un an, le taux de chômage officiel était de 7,6 pour cent. A
présent il est de 10 pour cent, soit un bond de 31 pour cent.
Après son affirmation stupéfiante, Obama a
enchaîné en faisant référence du bout des lèvres à la crise à laquelle est
confrontée la population laborieuse. « Un Américain sur dix ne peut
trouver un emploi, » dit-il, « de nombreuses entreprises sont
liquidées. La valeur des maisons a baissé. Les petites villes et les communes
rurales ont été touchées tout particulièrement durement. »
C'était là pratiquement tout ce qu'il avait
à dire pour décrire la crise économique la plus profonde depuis la Grande
Dépression.
Il a parlé des signes de mécontentement
croissant comme si c'était le résultat d'une fausse idée répandue dans la
population et non pas d'une réaction normale face à des faits réels et des
conditions réelles. « Ils ne comprennent pas, » a-t-il dit,
« pourquoi il semble que le comportement de Wall Street soit récompensé et
pas le dur travail de l'homme de la rue ; ou pourquoi Washington n'a pas
été capable ou n'a pas été disposé à résoudre le moindre de nos
problèmes. »
Apparemment il « semble »
seulement que le gouvernement Obama a concentré sa politique sur la protection
de la richesse de l'élite financière et que le système politique ignore les
souhaits et les intérêts de la population.
A un autre moment, Obama s'est vanté d'avoir
« sauvé » deux millions d'emplois et que « l'économie
connaissait un retour de croissance. » Les choses ne vont pas aussi mal
que semble le voir la populace peu éclairée.
De même il a attribué l'opposition populaire
à son plan de soins de santé à de mauvaises interprétations. « Je prends
ma part de responsabilité pour ne pas l'avoir expliqué suffisamment clairement
à la population américaine, » a-t-il dit. En réalité, un nombre croissant
de gens n'ont pas été dupés par la propagande du gouvernement et reconnaissent
ce que le plan représente effectivement, à savoir une réduction des prestations
et un rationnement des soins de santé pour des millions de travailleurs et de
retraités.
Invoquant l'un des nombreux chants
mensongers à la gloire du « peuple américain », Obama a déclaré qu'en
raison de sa « grande pudeur et de sa grande force. notre union est
forte. »
Lundi, le World Socialist Web Site publiera un rapport qui avait été donné au début du
mois lors d'une réunion nationale des membres du Parti de l'Egalité socialiste
sur la situation politique des Etats-Unis et internationalement. Ce rapport qui
est co-rédigé par le président national du SEP, David North et le secrétaire
national du SEP, Joe Kishore, place l'actuelle crise des Etats-Unis et du
capitalisme mondial dans son contexte historique en examinant les principales
forces motrices qui ouvrent vers une nouvelle période de lutte de classes
révolutionnaires.
Le rapport fait une analyse objective de
l'état de la société et de la politique américaines. Pour donner un aperçu de
notre évaluation de l'« état de l'union » nous donnons ci-dessous des
extraits de ce rapport.
Concernant les priorités du gouvernement
Obama, le rapport dit :
Le premier objectif du gouvernement Obama
est de rassurer l'élite financière que sa richesse sera protégée et que des
restrictions de type « New Deal » ne seront pas imposées sur les jeux
de spéculation à Wall Street. En fait, c'est tout le
contraire. L'injection massive de liquidités dans le
système financier mondial a relancé, comme c'était prévisible, un nouveau cycle
de spéculation irresponsable à Wall Street. Les cours des actions sont montés
en flèche en enrichissant les riches spéculateurs et en ne changeant en rien la
détresse profonde dans laquelle se trouve la grande majorité de la population
laborieuse.
Pour ce qui est des conditions sociales
existant au début de la deuxième décennie du 21ème siècle et de la
deuxième année du gouvernement Obama, le rapport constate :
La situation dans laquelle se trouve la
grande masse de la population aux Etats-Unis continue de se dégrader. Quelque
40 millions de personnes vivent sous le seuil de pauvreté, tandis que 6
millions de gens (ou 2 pour cent de la population) n'ont pas de revenu du tout
et ne dépendent pour survivre que de bons d'alimentation. D'ici la fin de la
décennie, le chômage officiel aura atteint les 10 pour cent aux Etats-Unis
étant donné que 4,2 millions d'emplois ont été éliminés en 2009... Le nombre
officiel des salariés, ceux que le gouvernement considère être à la recherche
d'un emploi, a en fait diminué de 661.000 en janvier en entraînant une
augmentation du chiffre du chômage à 17,3 pour cent, incluant aussi les
millions de gens qui sont obligés de travailler à mi-temps.
Dans certains Etats et villes, la crise a
déjà pris l'ampleur de celle d'une dépression. Au Michigan, le chômage est de
14,7 pour cent. A Detroit, la plus importante ville de l'Etat, le chômage
effectif est d'environ 50 pour cent. En Californie, l'Etat le plus peuplé du
pays, le taux official du chômage est de 12,3 pour cent. Le chômage de longue
durée tend à devenir un aspect courant de la vie américaine étant donné que près
de 40 pour cent des chômeurs sont demeurés sans emploi pendant une période de
27 semaines ou plus. L'effondrement du prix de l'immobilier au début de 2007 a
résulté dans une forte augmentation des saisies de logements en atteignant un
record d'un million au quatrième trimestre de 2009. Trois millions d'Américains
supplémentaires perdront probablement leur logement cette année.
La décennie aura été l'une des pires pour
l'emploi aux Etats-Unis. Le Washington Post a remarqué dernièrement, « Depuis décembre 1999, la création
nette d'emploi a été de zéro. Aucune décennie, en remontant jusqu'aux années
1940, n'a enregistré de croissance de l'emploi inférieure à 20 pour cent. Le
taux de croissance du produit intérieur brut a lui aussi été au taux le plus
faible de toute décennie depuis les années 1930. »
Les salaires des travailleurs américains ont
chuté tout comme les revenus des ménages américains. Mesuré en termes réels, le
salaire hebdomadaire moyen a baissé de 1 pour cent en 2009 en dépit d'une
rentabilité qui a augmenté en flèche. Un article du Los Angeles Times a commenté, « En dépit de toute la rhétorique
triomphaliste provenant de Wall Street et de la Maison Blanche, cette décennie
a été pour les familles américaines, du point de vue matériel, une décennie désastreuse.
Pour la première fois depuis la Deuxième guerre mondiale, selon le Département
du Commerce et du Travail, le revenu américain moyen a en fait chuté et ce,
d'un pourcentage exorbitant de 13 pour cent. »