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WSWS : Etats-Unis

Le socialisme et la défense de l’éducation publique

Par Jerry White
4 janvier 2010

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Le gouvernement Obama est en train de perpétrer des attaques sans précédent contre l’éducation publique aux Etats-Unis. Tout en octroyant des billions de dollars à Wall Street, Obama prive les gouvernements des Etats et les gouvernements locaux de fonds en exigeant d’eux qu’ils résolvent leur déficit budgétaire qui grimpe en flèche par la fermeture d’écoles d’Etat publiques et l’ouverture d’écoles semi privées.

Au Michigan et dans d’autres Etats, les districts scolaires procèdent à des coupes claires dans les emplois en supprimant des services essentiels tels le transport scolaire. La durée de la semaine scolaire à Hawaii a été réduite à quatre jours en raison du congé des professeurs. Les réductions ont également été étendues à l’enseignement supérieur, la Californie se trouvant à l’avant-garde en imposant une augmentation de 32 pour cent des frais de scolarité.

Le peu de financement fédéral alloué par le gouvernement Obama, une modeste somme de 4 milliards de dollars dans le cadre de son programme « Race to the Top » (« La Course au Sommet ») est tributaire de l’abandon des restrictions sur l’expansion des écoles semi privées et au financement de l’école et de la rémunération des enseignants sur la base des résultats obtenus par les écoliers à des tests standardisés.

La catastrophe à laquelle les écoles publiques ont à faire face est l’aboutissement de trois décennies d’attaques contre l’éducation nationale qui a coïncidé avec l’assaut général contre la position sociale et les droits démocratiques de la classe ouvrière. L’assaut avait vraiment débuté dans les années 1980 avec Reagan qui avait réduit de moitié le financement fédéral destiné à l’éducation nationale. Il se poursuivit avec la promotion de Clinton des écoles privées sous contrat et du « school choice » (« choix des écoles ») dans les années 1990 et de la loi de Bush « No Child Left Behind-Act » (« qu’aucun enfant soit laissé pour compte »), co-parrainée par le sénateur démocrate Edward Kennedy.

Ce fut sans aucun doute un choc pour de nombreux enseignants et partisans de l’éducation publique que le gouvernement actuel, élu grâce au vote populaire pour mettre fin à la réaction sociale et en exploitant la conviction qu’un président afro-américain serait plus compatissant à l’égard de la population laborieuse, soit devenu un moyen de perpétrer des attaques de plus en plus impitoyables contre les écoles publiques. Toutefois, l’assaut contre l’éducation n’est qu’une partie de l’ensemble de la politique d’Obama, y compris l’escalade de la guerre et l’enrichissement supplémentaire de l’aristocratie financière.

La politique d’Obama et de son secrétaire à l’Education, Arne Duncan, représente une répudiation du principe de base de la démocratie que tous les enfants, indépendamment de leurs antécédents socio-économiques ont le droit à une éducation libre de qualité. Le gouvernement est en train d’initier la transformation de l’éducation en un système en grande partie privatisé au moyen de subventions accordées à des écoles privées sous contrat destinées à éduquer qu’une partie des jeunes de la classe ouvrière. Le restant étant condamné à des écoles ressemblant plus à des centres d’apprentissage pour tenir correctement un crayon qu’à apprendre vraiment.

L’éducation de qualité est en train de devenir rapidement le privilège de quelques-uns, et non un droit pour tous.

Detroit, la plus pauvre des grandes villes américaines, est devenu le point de convergence de cette attaque. En étroite collaboration avec le gouvernement Obama ainsi qu’avec le syndicat des enseignants, American Federation of Teachers, et sa section locale de Detroit, le « directeur financier d’exception » du district scolaire nommé par l’Etat vient d’imposer un contrat qui oblige chaque professeur à « prêter » au district 10.000 dollars de son traitement sur les deux prochaines années. Le contrat accélèrera la fermeture de soi-disant « écoles en faillite » et le licenciement d’enseignants expérimentés ainsi que l’établissement d’« écoles prioritaires » pour une section choisie d’étudiants.

Les conditions de chômage de masse dans l’ancien centre mondial de la production automobile, aggravées par des bâtiments scolaires vétustes et mal entretenus et un manque cruel d’outils de base tels des livres, des ordinateurs, des laboratoires, etc., ont entraîné une chute des résultats de tests et une baisse du taux d’obtention de diplômes. Au lieu de remédier à ce désastre, les politiciens et les administrateurs des écoles se sont servis de la crise pour faire des enseignants les boucs émissaire en sapant la confiance de l’opinion publique dans le système éducatif.

Ceci est une politique de classe délibérée. L’élite dirigeante américaine qui est dominée par une oligarchie financière fabuleusement riche et corrompue n’a aucune intention d’investir de l’argent dans l’éducation de vastes sections de jeunes issus de la classe ouvrière et dont les perspectives d’avenir sont le chômage ou des salaires de misère.

Le critère le plus essentiel pour mesurer la santé d’une société est la valeur qu’elle accorde et les ressources qu’elle attribue au rehaussement du niveau culturel et intellectuel de la prochaine génération. L’état de l’éducation publique aux Etats-Unis est une mise en accusation de la société capitaliste.

L’inégalité sociale et l’éducation

L’établissement des écoles publiques aux Etats-Unis avait été le produit de révoltes révolutionnaires contre l’inégalité sociale et l’oppression au 18ème et au 19ème siècle. Les plus grands dirigeants de la Révolution américaine croyaient que chaque individu avait une capacité innée pouvant être concrétisée à la condition qu’il puisse bénéficier des moyens d’acquérir un savoir et une formation. En 1779, Thomas Jefferson avait proposé une loi pour une « diffusion plus générale du savoir ». Elle prévoyait l’établissement d’écoles publiques libres. Ceci, avait-il dit, activerait « cette masse de talents qui se trouve ensevelie sous la pauvreté dans chaque pays faute de moyens de développement… »

Les révolutionnaires américains pensaient qu’une population éduquée était le seul moyen pour empêcher la tyrannie et l’oppression. Les coûts publics de l’établissement d’un système d’écoles libres, avait dit Jefferson, « ne seraient que la millième part de ce qui sera payé aux rois, aux prêtres et aux nobles qui s’élèveront parmi nous si nous laissons le peuple dans l’ignorance. »

Les défenseurs de l’éducation publique, du « père de l’école publique » Horace Mann, de l’abolitionniste Thaddeus Stevens et du philosophe John Dewey, aux premiers dirigeants de la classe ouvrière et des dirigeants socialistes ainsi qu’aux pionniers du mouvement des droits civiques, étaient poussés par la profonde conviction que chaque enfant, qu’il ait été un ancien esclave, un enfant travailleur ou un immigrant ouvrier, devrait et pourrait être éduqué et que l’existence continue de la démocratie en dépendait.

De nos jours, l’establishment industriel et politique américain a répudié cette conception égalitaire. A ses yeux, les coûts éducatifs de dizaines de millions de jeunes de la classe ouvrière, notamment des centres villes, sont une infraction intolérable à sa richesse. Cette politique de classe misanthrope est dissimulée sous les appels à « la responsabilité individuelle. » Comme Obama, qui a fait carrière et accumulé ses millions en prêtant ses services aux riches et aux puissants, l’a répété à maintes reprises, la pauvreté et des écoles vétustes ne sont « pas une excuse pour un échec. »

L’assaut contre l’éducation publique est la conséquence de l’inégalité sociale grandissante aux Etats-Unis et qui à son tour est l’expression la plus perverse de la décrépitude du capitalisme américain et mondial. Le gouffre énorme et croissant entre le 1 pour cent au sommet et la grande masse de la population est incompatible avec la démocratie. La destruction de l’éducation publique est une expression profonde de la crise terminale de la démocratie aux Etats-Unis.

L’aristocratie financière américaine, parasite et criminelle dans son essence sociale et économique, exerce une dictature de fait, en dominant les deux partis ainsi que chaque institution politique. Elle est organiquement hostile aux principes démocratiques.

L’impact de décennies d’une politique réactionnaire, l’effondrement du vieux mouvement ouvrier et la semi criminalisation de la politique et de la pensée socialiste ont causé le délabrement de la vie intellectuelle et culturelle. L’intelligentsia libérale critique et oppositionnelle d’antan a depuis longtemps cessé d’exister. En ce qui concerne les questions de base de la politique, les partis Démocrate et Républicain sont devenus quasi indiscernables comme le montre la poursuite par le gouvernement Obama de la politique militariste et pro patronale du gouvernement Bush.

Aucune section de l’establishment politique n’est engagée dans la défense des droits démocratiques, y compris le droit à une éducation décente.

Pour ce qui est des syndicats, ils sont devenus des partenaires corporatistes dans la destruction des niveaux de vie et des conditions sociales de la classe ouvrière. Les syndicats Americain Federation of Teachers et le National Education Association se sont ralliés à la politique anti-éducation et anti-enseignant de l’élite corporatiste et du gouvernement en espérant ce faisant sauvegarder les salaires et les avantages des dirigeants syndicaux.

La crise de l’éducation publique aux Etats-Unis est profondément enracinée dans la crise du système économique et politique en vigueur. La lutte pour la défense de l’éducation est une question politique et révolutionnaire.

L’éducation publique ne peut être défendue qu’au moyen d’une lutte pour le socialisme. Ceci signifie la mobilisation de la classe ouvrière pour briser l’emprise de l’aristocratie financière et soumettre au contrôle démocratique de la population laborieuse la vie économique et politique. C’est la seule façon pour allouer la richesse produite par la classe ouvrière et pour utiliser les immenses ressources techniques et humaines qui existent déjà pour améliorer les écoles et pour rehausser le niveau économique et culturel de la population en empêchant qu’elles soient pillées au profit de l’aristocratie d’aujourd’hui.

La lutte des enseignants, des étudiants et des parents pour la défense de l’éducation publique est une lutte politique contre le gouvernement Obama, les Démocrates et les Républicains et contre le système capitaliste qu’ils défendent.

(Article original paru le 24 décembre 2009)


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