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WSWS : Nouvelles et analyses : Canada

La répression de masse au sommet du G20 à Toronto

Par David Walsh
6 juillet 2010

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La violence et la répression exercées le week-end dernier par les autorités à Toronto, où se tenait le sommet du G20, étaient dignes d'un Etat policier. Une armée d'agents de sécurité, en uniforme et en civil, se sont emparés du centre-ville de Toronto, une grande métropole, créant ainsi, dans les mots d'un chroniqueur du droitier Toronto Sun, des conditions de « loi martiale ».

L'opération policière a servi à réprimer violemment une manifestation pacifique de milliers de gens opposés aux politiques des gouvernements représentés au sommet. Avant même la manifestation, la police avait procédé à l'arrestation préventive de présumés organisateurs de la manifestation. L'énorme opération d'Etat était un assaut éhonté sur les droits de liberté d'expression et de réunion.

Une série de vitrines fracassées samedi par de soi-disant anarchistes du « Black Bloc » - un geste portant la marque d'une provocation d'Etat - sont devenues le prétexte pour pouvoir arrêter et battre les manifestants en masse. Selon l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC), dans les 36 heures qui ont suivi, « plus de 900 personnes (peut-être près de 1000) ont été arrêtées par la police - la plus grande arrestation en masse de l'histoire du Canada. Médias, observateurs des droits humains, manifestants et passants ont été ramassés dans les rues. Les personnes détenues n'étaient pas autorisées à parler ni à un avocat ni à leur famille. Des perquisitions arbitraires ont eu lieu partout dans la ville, dans de nombreux cas à plusieurs kilomètres du site du sommet du G20. Des manifestations pacifiques ont été violemment dispersées. Dans un effort de localiser et de démobiliser quelque 100-150 casseurs, les forces policières ont ignoré les garanties constitutionnelles de milliers de personnes. »

Le rapport de l'ACLC minimise l'ampleur de la répression. Selon plusieurs témoignages, la police - des unités antiémeutes portant des masques à gaz - a agi de manière extrêmement brutale et provocatrice, frappant les manifestants et les passants, tirant des balles de caoutchouc, prenant d'assaut des foules pacifiques, encerclant des manifestants et les faisant attendre des heures durant sous la pluie battante, privant les détenus de nourriture et de médicaments et piétinant en général les droits fondamentaux avec la joie la plus sadique. Les policiers avaient carte blanche pour agir comme bon leur semblait contre la population.

Ces actions étaient le point culminant d'un long processus. Selon la CBC, « le SCRS (Service canadien du renseignement de sécurité) a passé les 12 à 18 derniers mois à amasser des informations qu'il espère pourront aider la GRC (Gendarmerie royale du Canada) advenant "toute violation de la loi qui pourrait survenir" » au sommet du G20.

Dans un geste profondément antidémocratique, le gouvernement provincial a voté le 2 juin une nouvelle loi basée sur une loi de 1939 sur la protection des travaux publics permettant aux policiers d'exiger des individus approchant la « zone de sécurité » autour de la réunion du G20 qu'ils présentent une pièce d'identité et qu'ils se soumettent à une fouille corporelle sous peine d'arrestation s'ils refusent.

Les autorités ont harcelé et intimidé des groupes de protestation et des individus « avant et durant le sommet » selon Toronto Media Co-op. Le site web mentionne que « quatre organisateurs arrêtés et accusés de complot ont été interpelés plusieurs heures avant même le début des "violentes" manifestations d'hier. Un des organisateurs a été arrêté au moment où elle allait donner une conférence de presse pour dénoncer les fouilles des maisons [des autres organisateurs]. »

Les attaques sur les droits démocratiques avant le sommet du G20 et la gigantesque opération policière du week-end dernier avaient très peu à voir avec le fait de localiser et neutraliser « 100-150 casseurs », parmi lesquels se trouvaient sans aucun doute un nombre considérable d'agents provocateurs - autant que la guerre des Etats-Unis en Afghanistan a pour présumé objectif de capturer ou éliminer 50-100 membres d'Al-Qaïda.

L'opération de sécurité à Toronto (et à Huntsville, en Ontario, pour le sommet du G8), qui a coûté au gouvernement canadien environ 1,2 milliard de dollars, visait à criminaliser davantage la protestation politique, intimider l'opposition et créer les conditions pour une répression encore plus importante.

L'opération avait tout d'une répétition pour des interventions encore plus massives. La violence d'Etat à l'extérieur du sommet du G20 était étroitement liée aux discussions de politiques tenues à l'intérieur du Palais des congrès du Toronto métropolitain, qui étaient centrées sur des plans pour faire payer les travailleurs du monde entier pour la crise économique capitaliste.

Tous les chefs d'État présents, la plupart d'entre eux méprisés par leurs propres citoyens, savent que les mesures à prendre contre le niveau de vie de centaines de millions de personnes dans le monde entier vont provoquer la colère et l'opposition, comme les événements en Grèce l'ont démontré. Les politiques d'austérité ne peuvent être mises en ouvre pacifiquement et démocratiquement. Elles doivent être ultimement imposées par la force.

La transformation du centre-ville de Toronto en un camp militaire, dans le but de protéger la cabale de politiciens bourgeois, en plus du directeur général et président du Fonds monétaire international et le président de la Banque mondiale, est l'expression de l'état réel des rapports sociaux à l'échelle mondiale. Rangés d'un côté, les banquiers, l'élite des affaires et leurs valets politiques; de l'autre côté, de larges couches de la population, encore peu conscientes politiquement, mais déterminées à lutter pour des conditions de vie décentes pour leurs familles.

L'élite dirigeante a l'avantage, à ce point-ci, d'une conscience accrue de sa crise et des mesures qu'elle doit prendre. Le gouvernement minoritaire conservateur de droite de Stephen Harper au Canada, ainsi que le gouvernement libéral provincial de l'Ontario de Dalton McGuinty, ainsi que les autorités locales de Toronto, ont pris la peine d'organiser une confrontation majeure avec les manifestants, qu'ils espéraient pouvoir utiliser à leur avantage politique.

La tenue de l'événement au centre de Toronto était en soi une provocation. La ville est un pôle du sentiment antimondialisation et la manifestation d'une opposition de masse était attendue.

Une chroniqueuse du Vancouver Sun a manifesté son étonnement (ce qui en dit peut-être plus qu'elle ne voulait) devant la « décision des conservateurs l'automne dernier de tenir le G20 dans un endroit densément peuplé comme le centre-ville de Toronto ». Elle a commenté : « Il est difficile de comprendre pourquoi Ottawa, en connaissance de cause, aurait accepté de fournir un lieu pour les fauteurs de trouble ». Une bonne question, qui ne peut guère permettre une réponse innocente.

La violence elle-même a été largement mise en scène. Avec des milliers de policiers sur place, aucun n'a fait quoi que ce soit pour protéger les magasins et les banques dans le centre-ville. Une chronique dans le Ottawa Citizen, écrit par un témoin oculaire, a noté que, malgré 1 milliard de dollars consacrés à la sécurité, « sur la rue la plus longue au Canada [Yonge Street], à l'intersection la plus occupée du Canada, en plein après-midi, la police brillait par son absence tandis que des membres du soi-disant Black Bloc jaillissaient de la foule, juste assez longtemps pour qu'ils fracassent les fenêtres des magasins avec des pioches. Où était donc la police à ce moment? »

Les affirmations de la police, qui avaient infiltré et surveillé les organisateurs des manifestations du G20 pendant un an et demi, voulant qu'ils aient été pris de court par la violence, sont trop grossières et cousues de fil blanc pour être prises au sérieux. Personne ne devrait douter que la police connaissait les plans des anarchistes mieux que les anarchistes eux-mêmes, les aidant même à les élaborer.

L'incendie de voitures de police, qui avaient été laissées convenablement dans le chemin des forces du Black Bloc (il a été rapporté que la trappe à essence d'une des voitures était ouverte), était un autre événement douteux, servant avant tout de matériel pour les nouvelles nationales. Le gouvernement Harper espère que le spectacle d'anarchistes « saccageant tout » à travers les rues de Toronto attisera la colère des sections les plus naïves et arriérées de la population canadienne en plus de renforcer l'appui pour la loi et l'ordre et ses politiques anti-ouvrières.

Les événements de Toronto représentent un sérieux avertissement. Le niveau de violence d'Etat est intensifié. Face aux bouleversements à venir, les gouvernements de tous les pays préparent des plans pour la répression de masse.

Ce qui domine la politique et les rapports sociaux de tous les pays est la crise économique mondiale, laquelle a atteint un stade avancé. Tout l'accent doit maintenant être mis sur le développement d'un mouvement consciemment socialiste et internationaliste de la classe ouvrière, la seule réponse progressiste aux provocations et à la violence de l'élite dirigeante.

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